Ce qu'on ferait pas pour des patates [Fermé]

Liseron :

Liseron crut voir l'ombre d'un sourire passer sur le visage de l'infirmier. Mais ce serait le comble, qu'un professionnel de la santé se moque de son cas. Cas très rare, d'accord, mais tout de même. 

Elle mit quelques secondes avant d'hocher la tête.

- Oui... Qu-quand j'y pense. 

Mais pourquoi remettre sa maladie sur le tapis ? Elle savait que la patatose la contraignait au quotidien, lui imputant une fatigue lancinante, une irritabilité permanente, ce genre de trucs quoi. Ce pourrait-ce que la patatose y soit aussi pour quelque chose dans l'état de ses jambes ? N'importe qui écoperait d'une paralysie après une chute comme la sienne... Non ?

- Vous... Vous pensez que... Q-que c'est à cause d'elle ? M-mes jambes ; c'est l-la patatose ? 

Alexandre :

Electrodes en main, l'infirmier prit le temps de songer à sa réplique. Il devait lui donner une réponse, oui, sans y laisser son avis personnel - parce que pour lui, c'était terrible, ce mode de vie, ne se nourrir que d'un aliment était nuisible autant pour sa santé physique que mentale (qu'allait-elle faire si on la forçait à manger autre chose??) - mais ça, il ne pouvait pas lui dire. Il se racla la gorge encore une fois, s'approchant du lit où elle était allongée.

- Et bien...Forcément, oui. Les patates..ne sont pas vraiment l'aliment le plus...nutritif, alors votre corps doit manquer de beaucoup de choses.

Il ne serait pas surpris si elle souffrait d'anémie ou quelque chose du genre - d'un côté, il ne pouvait pas s'empêcher non plus de se sentir un peu triste pour Liseron, parce que...ce n'était pas de sa faute, cette maladie qui affectait son mode de vie comme pas possible!

Il colla les électrodes sur les jambes de Liseron, et alluma l'électrostimulateur tout en parlant.

- Je vais envoyer des décharges à vos jambes pour stimuler leurs nerfs - ça va picoter..Un tout petit peu, d'accord ?

Liseron :

Quelque part, c'était d'une évidence absolue. Et puis, c'était pas comme si elle le sentait pas au quotidien, qu'elle le voyait pas au moment de s'habiller ou de passer sous la douche, la façon dont la patatose affectait son corps, dedans comme dehors... Elle acquiesça simplement, silencieusement. 

- Euh... d'a... D'accord ?

Est-ce qu'elle avait franchement le choix ? Douillette et flipette à souhait, elle agrippa les pends du drap avec ses doigts. Ca devait faire moins mal qu'une piqûre, à priori...  

Alexandre :

Silencieusement, il appuya sur l'un des boutons de l'électrostimulateur. Quelque secondes passèrent. Un...deux..trois...Bip. Le choc fut envoyé, Alexandre regarda d'un oeil avisé la réaction du corps de Liseron - et puis surtout, si ça marchait! En la voyant...perplexe, il approcha sa main pour appuyer doucement sur sa jambe.

- ...Ça a marché?

Il espérait vraiment que ça ait marché, qu'il ne se retrouve pas avec une élève paraplégique sur le dos..Littéralement.

Liseron :

Liseron eut le souffle coupé l'espace d'une seconde - ça faisait pas vraiment mal, ça chatouillait un peu, ça... C'était surprenant. 

- Ouille...

Vraisemblablement, Mr. Bessala avait appuyé sur son bleu numéro 9, le bleu-vert là, super douloureux. Oh ! Du coup... 

- Je...

Elle tenta de bouger ses orteils, comme Ariel quand elle perd sa queue de sirène au profit d'une paire de gambettes. Un succès. 

- O-oui ! Ça a marché !

Précautionneuse, elle se dit qu'elle allait pas faire de mouvement brusque tout de suite, ou changer de position trop vite, avant que l'infirmier ne l'y autorise. 

Alexandre :

..Ouf. C'était moins bien qu'une, 'infirmier relâcha son souffle, soulagé pour lui et pour Liseron. Il ne savait pas ce qu'il aurait fait si jamais ça aurait pas marché - sans doute aurait-il paniqué, peut-être crié un peu...Mais bref. Il décolla délicatement les électrodes de la peau de la jeune fille, et rangea l'électrostimulateur dans son armoire, puis revint pour osculter sa patiente.

- Donc..Vos... seins. Contre un arbre, vous avez dit...

Alexandre n'aurait jamais pensé dire ça un jour dans sa vie, surtout qu'un cas de seins hématomés à cause d'une altercation avec un arbre, c'était pas vraiment commun. Tentant de cacher sa gêne, Alexandre se racla la gorge, tirant vers lui un petit chariot avec des cotons et des scalpels - pas qu'il allait s'en servir, mais qu'il fasse quelque chose de ses mains.

- Vous pouvez retirer votre haut ?

Liseron :

Liseron n'avait même pas le temps de se réjouir de sa mobilité retrouvée, qu'il fallait passer à ses seins. Non, pas contre un arbre. Mais c'est ce qu'elle a dit, oui. Parce que, c'est bizarre, une mordue de patates qui se fait massacrer les seins avec des patates, on pourrait presque croire à un fétiche tordu. Elle déglutit, gênée au possible. Retirer son haut. Liseron se sent pâlir d'un coup - on a beau dire, c'est purement professionnel blablabla, médical machin chouette, c'est pas aussi simple que de montrer ses jambes. Mais puisqu'il le fallait.

Les mains tremblantes, elle retira sa veste. Et puis, doucement, son chemisier. Ca lui fit un petit choc, parce qu'elle les avait pas zieuté depuis qu'elle avait grimpé sur le dos de Ryan, et ils étaient tous tuméfiés, bleus-violets. Quelle horreur. Pense à autre chose. Le regard fuyant, c'est là qu'elle vit les cotons et les scalpels. Des scalpels ????? 

- Pou-pou... Pourquoi est-ce que... V-vous avez des scalpels ? Je... Non... Non s'il vous plaît... N-ne me charcutez pas !!!

Elle était à deux doigts de se mettre à pleurer, c'était assez embarrassant comme ça d'être à moitié à poil pour qu'en plus on la dissèque !

Alexandre :

- ..Hein?

Alarmé, Alexandre n'eut pas le temps de s'attarder sur le bleu vif de la poitrine de Liseron - non, elle semblait plutôt inquiéter par...ce qu'il tenait dans ses mains. Son regard jongla entre les deux. Liseron, sa mine de hamster apeuré. Ses mains, qui tenaient...des scalpels. Puis vinrent les plaintes de la jeune fille. Alexandre se garde un sourire, il repose les lames sur le petit chariot à sa droite, et fait glisser sa chaise roulante jusqu'au lit de Liseron.

- Je suis infirmier, pas chirurgien esthétique.

Son sourire s'estompa vite en voyant l'état de ses seins - aouch. Ils étaient gonflés (et pas dans le bon sens) et d'une couleur bleue-violettée, avec quelque veines qui apparaissaient....Double-aouch. Rapidement, il alla récupérer une poche de glace et la tendit à l'élève, jugeant qu'elle pouvait l'appliquer elle-même.

- Je pense qu'il va falloir que vous restiez à l'infirmerie. Moins d'une semaine, ne vous inquiétez pas.

Liseron :

O... Ok. C'était rassurant. Liseron avait pas prévu de passer sous le billard aujourd'hui. Ni jamais... A priori. Elle ravala sa salive (et ses larmes), hocha fébrilement la tête et saisit la poche de glace entre ses deux mains. Rester à l'infirmerie... C'était plutôt une bonne chose, elle avait clairement besoin de repos. Mais ce qui l'inquiétait entre autre, c'était tout ce qui se ramenait à son petit confort et à ses petites habitudes quotidiennes. Elle allait rester plusieurs jours dans la même tenue ? On allait lui fournir un pyjama ? Est-ce qu'on allait lui préparer un menu sur-mesure, où est-ce qu'on la forcerait à engloutir des plateaux-repas sans patates ? Est-ce que y avait du démaquillant à l'infirmerie ?? Une petite couche d'anticerne demandait à être retirée de sous ses yeux. Enfin, de toutes ses préoccupations, il y en avait peut-être de plus urgentes. Elle pressa doucement la glace contre sa poitrine, l'air préoccupé.

- J-je me disais, hum... Est-ce qu'une p-pommade anti-inflammatoire ne s-serait pas de rigueur ?? J-je veux dire...

C'était peut-être déplacé - enfin bon, elle n'allait pas lui apprendre son métier, il devait savoir ce qui était nécessaire et bon pour elle. Mais peut-être que quand on a pas de seins, on se doute pas du désarroi que ça peut amener, d'en avoir des bleus et des boursouflés du jour au lendemain ! Liseron ne voulait pas de séquelles de ce malheureux événement. Son altercation avec... Un arbre. 

Alexandre :

Il masqua un ricanement à la phrase de la jeune fille - c'était drôle, oui, elle pensait qu'il allait juste lui donner de la glace et lui dire "démerde-toi" ? En se penchant dans l'armoire pour chercher une pommade (style à la semence d'aloe vera), l'infirmier eut une pensée pour le blond évanoui en salle d'attente. Est-ce que lui aussi, il était rentré dans un arbre et avait les seins boursouflés ? Il alla vérifier par lui-même quand la porte de l'infirmerie s'ouvrit en fracas, dévoilant le fameux blond.

Ryan :

Oh mon dieu. J'ai perdu Liseron, ce fut les premières pensées de Ryan en se réveillant (avec une douleur atroce au torse, ça faisait mal les sièges d'attente!) dans la salle d'attente qui menait à l'infirmerie. Il se souvenait juste d'être rentré avec Liseron sur le dos, puis de s'être affalé de fatigue, et de l'infirmier qui avait l'air pas très commode...Et..Oh mon dieu. L'infirmier a kidnappé Liseron, il se dit alors, parce que Liseron n'était visiblement pas sur son dos comme elle l'était tout à l'heure.

Une soirée avec elle et il avait réussi à la faire presque pleurer, à se disputer avec elle, à la rendre tétraplégique, à lui niquer les seins et il était même pas fichu de s'assurer qu'elle reste près de lui - mais quel genre d'ami était-il ??? Ryan se leva rapidement (trop rapidement vu les vertiges qu'il eut après) et fit son chemin jusqu'à la porte, tel une toupie enragée.

- V-vous avez kidnappé Lisero-oh...

Visiblement, non, vu que l'infirmier était en plein dans un armoire et que la dite demoiselle était allongée sur un lit entrain de presser une poche de glace sur ses seins meurtris.