[Fête au village] Manger, jouer, boire ? Quel choix ... [Libre]

Zander :

Le jeune homme avait très vite compris qu'il ne servait à rien d'essayer de suivre Sherlock dans tous ses mouvements. Il ne ferait que se fatiguer. Il la suivait simplement du regard, pour lui faire ainsi croire qu'il tombait dans son piège. Mais il avait une idée derrière la tête.

Ainsi, lorsque Sherlock essaya de le plaquer par derrière, il se mit simplement en position de boule. La jeune fille avait donc l'impression de le plaquer, alors qu'en vérité, il pouvait se déplier à tout moment pour la chasser de son dos.

Il avait un nombre important de ressources comme celle ci, datant d'une soirée bien arrosée à New York, chez le riche capitaine de lutte de son lycée. Ils avaient fini tous bourrés sur la sorte de trampoline que possédait leur hôte, et Zander, qui lui n'était pas du tout un lutteur, avait donc appris à se battre sur trampoline contre des personnes ayant une masse musculaire beaucoup plus importante que la sienne.

Cependant, Zander ne se redressa pas pour chasser la jeune fille de son dos. Il préférait attendre. Car sous eux, la toile rebondissait encore légèrement des précédents sauts de l'anglais. Il attendait, attendait ... Là ! D'une légère extension du genoux, il les fit bondir tous les deux. Pour lui, la retombé serait facile, mais pour Sherlock, un peu plus compliquée. En effet, à moins qu'elle n'ait le réflexe de s'écarter, elle tomberait sur la colonne vertébrale du jeune homme  (placé de façon à ne pas se casser, merci du cours les lutteurs).

Mais la suite du plan de l'anglais tomba à l'eau lorsque sous l'effet de tous leurs sauts accumulés, le trampoline se déchira violament, pile sous le corps de Zander. Il tomba à terre, s'égratina genoux et poignets, alors que dans le ciel retentit la première explosion du feu d'artifice.

L'anglais se retourna alors sur le dos, et éclata de rire.

Sherlock:

Alors qu'elle pensait avoir le contrôle total de la situation, d'être le maître du trampoline de la fête foraine, c'est quand Zander ne dit rien suite à sa remarque sur son échec qu'elle comprit que c'était plutôt elle qui s'était faite lamentablement avoir par une stratégie qu'elle n'avait pas eu le temps de capter.

Il attendit une, deux secondes puis il la fit voler, lui aussi. Elle s'était conduite comme un bleu, son grand frère aurait été si peu fier, lui qui avait passé tant de temps à la former, à se battre avec elle et à lui apprendre des techniques de défense imparables. Honte à elle.

Cependant, la chute ne due pas se passer exactement comme prévue car quand Zander toucha la toile en premier (il était de loin le plus lourd des deux), elle s'ouvrit dans un bruit mélangeant les derniers grincements infernaux des ressorts et le tissu s'éventrant avec violence. Elle pouvait presque entendre chaque petit fil se couper violemment sous le poids du jeune homme.

Sherlock ne tarda pas à le rejoindre par terre, s'écrasant lamentablement sur les jambes du garçon. Son cerveau bouillait dans ce qui restait de l’excitation précédente, si bien qu'elle répondit à son rire par le sien. Elle resta comme ça pendant bien une à deux minutes, à se poiler comme une idiote avant que la réalité lui arrive en pleine face : ils venaient de casser le trampoline.

- ON VIENT DE CASSER LE TRAMPOLINE QUE CET HOMME NOUS A PRÊTÉ !

Elle releva le dos d'un coup, droite comme un piquet et plus paniquée qu'elle ne l'avait jamais été, oubliant au passage la présence du feu d'artifice qu'elle voulait tant voir.

Zander :

Pendant un certain temps, les deux rirent ensemble de bon coeur. Il y avait vraiment quelque chose de comique dans cette sorte de tragédie qui venait de se dérouler. Mais le cri de Sherlock ramena l'anglais à la réalité. Effectivement, la toile du trampoline était fendue en deux.

Le jeune homme se redressa à son tour.

- Il faut qu'on trouve un moyen d'arranger ça.

Racheter un trampoline n'était pas une option envisageable. Ça coûtait beaucoup trop cher pour deux lycéens. Peut être juste une toile ? Après tout, les ressorts n'étaient pas abîmés. Mais où pouvait-on trouver une toile entre 11h et minuit ? Le recoudre ? Ça ne tiendrait pas. En plus il aurait fallu trouver du gris fil, une aiguille solide, et réussir à mettre le fil dans l'aiguille. Zander était à court d'idée.

Une suite d'explosion retentit, et coupa court à ses vaines réflexions.

Il regarda vers le ciel. Une idée, une idée ...

- Tu n'as pas une idée toi ?

Si seulement c'était les ressorts qui s'étaient retrouvés décollés, la réparation aurait été plus facile ...

Sherlock:

C'était le drame. Il y a à peine quelques minutes, ils s'amusaient comme des dingues, à se pousser, se faire sauter le plus haut possible sur le trampoline, et maintenant, ils étaient au sol, paniqués, sous le trampoline. Enfin, ce qu'il restait de lui plutôt.

- Ok, ok, ok, ok, ok...

La jeune femme se leva, son esprit marchait à toute vitesse, à l'affût d'une bonne idée pour ce sortir de cette situation désespérée. Elle faisait les cent pas et déblatérait ce qui lui passait par la tête en un rythme effréné.

- Ok, on ne peut définitivement pas acheter un nouveau trampoline. Déjà, parce qu'aucun magasin n'ouvre à presque 23h à part McDonald's, mais McDonald's ne vends pas ça, à moins qu'on puisse en voler un à l'aire de jeu pour enfants. Non, non. Je n'ai pas d'argent, ma famille non plus, on ne peut pas se retrouver endettés à vie à cause d'un bout de plastique, si ? 

Elle se mordillait également les ongles.

- Le réparer, en admettant que ce soit possible, rendrait la déchirure tout de même apparente et il se rendrait compte de quelque chose, en plus de devoir remplacer plus tôt son matériel.

Elle manqua de se cogner contre Zander dans son intense réflexion. Soudain, elle s'arrêta net, ouvrit grands les yeux et se tourna vers le garçon.

- Je sais ! J'ai un pote qui habite pas loin d'ici avec sa famille, son petit frère a un modèle d'à peu près ce diamètre dans leur jardin. On peut passer chez eux et récupérer la toile, il m'en doit une bonne. Je n'ai pas d'argent, ma famille non plus, on ne peut pas se retrouver endettés à vie à cause d'un bout de plastique, si ?

Zander :

Après avoir posé sa question, Zander remarqua que Sherlock était elle aussi en pleine réflexion. À voix haute pour elle. Et elle se trouvait plus ou moins les mêmes contres arguments que lui pour chaque idée. Même si Zander lui, se disait que sa  famille pourrait peut être racheter le trampoline. Sauf qu'elle n'accepterait jamais. Ils avaient compris qu'il fallait éviter de passer trop d'argent au jeune homme, sous peine de se retrouver ruiné (sauf en matériel photo.) Du coup, si Zander les appelait, il risquait de s'essuyer un refus, car ses parents penseraient que ce n'était qu'un mensonge, et que l'argent serait en réalité destiné à s'acheter un appareil de paparazzi. Et pour ça, ils n'avaient pas les moyens.

Une idée plutôt réalisable sortit de la tête de Sherlock. Zander y vit comme une pointe d'espoir.

- Tu peux l'appeler ?

Le problème c'était de savoir ce que pas loin voulait dire. Sur quelle distance pouvait-on raisonnablement transporter une toile de trampoline sans véhicule ? A moins que Sherlock n'est aussi la solution pour ça. Peut être que son pote pouvait le ramener à la fête ... Si c'était possible les deux jeunes gens seraient sauvés. Peut être même qu'ils pourraient profiter du feu d'artifice qui se déroulait tranquillement au dessus de leur tête.

Cette dernière idée n'était pas vraiment raisonnable. Il fallait qu'ils installent la nouvelle toile. L'anglais se dirigea alors vers une des accroches entre l'ancienne et un ressort. Comment la défaire ?

Sherlock:

A la question du jeune homme, elle répondit par un hochement de tête. En théorie, son plan marchait comme sur des roulettes, sauf qu'il fallait encore que son ami réponde au téléphone, ce qui n'était pas gagné avec lui vu qu'il le perdait sans cesse, en particulier dans les moments où il en avait le plus besoin. Elle sortit son portable de la poche avant de son petit sac et chercha dans ses contacts le nom. Elle appuya ensuite sur le bouton d'appel puis porta le combiné à son oreille.

Une sonnerie, deux sonneries.

- Allez, allez décroche.

Troisième sonnerie, une voix résonna à l'autre bout du fil.

- Ouais allo ? Qu'est-ce qu'il t'arrive Sher' ? Tu t'es encore faite kidnappée par une troupe d'enfants ?

- Salut Atan, non pas encore, c'est arrivé qu'une seule fois et tu le sais bien ! 

- Bah j'me méfie tu sais hein. Bref, tu veux quoi du coup ?

- Tu te souviens de la fois où j'ai sacrifié une de mes créations pour ta petite amie ?

- Non.

- Arrête de mentir. C'était son anniversaire et t'avais complètement zappé, alors tu m'as supplié de te passer mon "étoile filante" a utilisation unique pour lui faire ton petit numéro.

- P't'être bien, mais tu veux en venir où là ?

- Tu m'as dit, je cite "Merci, merci, merci, je t'en dois une, t'es la meilleure". Le temps est venu.

- Et donc t'as besoin de quoi ? Si c'est pour cacher un cadavre dans ma salle de bain c'est mort.

- Non non ! J'aurais besoin de la toile de ton trampoline !

- Celui de Charlie ? Mais pourquoi ?

- C'est une looooongue histoire, je te raconterai plus tard. T'es ok pour qu'on la prenne ?

- "On" ? Tu t'es trouvé un mec Sher' ? Ou t'as un dédoublement de personnalité soudain ?

- Boucle-là un peu Satan. C'est bon alors ?

- C'est Salatan, espèce de lutin roux écossais raté, et ouais. Enfin, je peux te l'apporter avec la caisse de ma mère parce que je sais pas décrocher ce truc de son cerclage. Au pensionnat c'est ça ?

- Non, à l'entrée de la fête foraine, s'il te plait.

- Mais qu'est-ce que t'as foutu bordel.

La personne au bout du fil raccrocha. Sherlock regarda le téléphone en souriant.

- Toujours un plaisir de discuter avec toi, Atan.

Elle se tourna ensuite vers Zander en lui montrant son pouce vers le haut.

- C'est bon !

Zander :

Alors qu'il essayait de décrocher la toile, Sherlock appela. Il écouta d'une oreille distraite la conversation. Après tout, il n'entendait que les réponses de l'interlocuteur de la jeune femme, et cela perdait forcément de son intérêt.

En plein milieu de leur dialogue, Zander sourit. Il avait réussi à décrocher le ressort. Il avait bien observer la façon dont c'était fait, de façon à pouvoir le raccrocher après. Il n'était cependant pas sûr d'y arriver. À part développer des photos, et les retoucher en cas de besoin, Zander ne faisait pas grand chose de ses mains. Il se disait que Sherlock serait surement plus douée que lui, puisqu'elle fabriquait des objets ...

Il fit demi-tour, pour se diriger vers un autre ressort, quand il remarqua que la jeune femme avait fini sa conversation. Elle le regarda, et lui annonça la bonne nouvelle. L'inquiétude qui rongeait Zander disparu enfin, et un grand sourire s'afficha sur son visage.

- Merci.

Elle avait clairement sauvé la situation. Sans elle, Zander aurait sûrement finit par abandonner le trampoline cassé, et se serait fait retrouver quelques jours après lorsque les flics auraient fouillé le pensionnat à la recherche du petit malin qui avait fait des dégâts sur le bien d'autrui. Ou quelque chose comme ça.

- Il va le ramener ?

Sherlock:

- C'est le moins que je puisse faire, je veux dire, c'était mon idée à la base, toute cette histoire de trampoline.

Elle s'approcha de lui pour l'aider à décrocher les ressorts de ce qui restait du tissu extrasensible qu'ils avaient déchiré avec leurs petits jeux. La jeune femme avait beau être bien plus rapide que lui pour s'occuper des bouts de métal, il y en avait quand même un nombre conséquent, ce qui n'allait pas leur faciliter la tâche.

- Oui, d'ici quelques minutes avec sa remorque, à l'entrée de la fête foraine. Il faudra qu'on la transporte jusqu'ici par contre, il ne peut pas rentrer avec sa voiture.

Tandis qu'elle continuait à défaire les mécanismes, elle levait de temps en temps la tête vers le ciel pour admirer le feu d'artifice que Zander et elle avait finit par partiellement rater à cause de l'incident. Comme prévu, il n'était pas aussi impressionnant que ceux qu'elle avait vu en Asie, mais ils étaient vraiment pas mal, pour des explosifs de fête de village.

- Désolée que la soirée ne se soit pas passée exactement comme elle aurait due.

Elle esquissa un petit sourire d'excuse à son égard. 

Zander :

Avec Sherlock qui l'aidait, enlever les ressorts devenait beaucoup plus rapide. Zander avait bien pensé, la jeune fille était plus manuelle que lui. 

Zander se demandait si ce n'était pas problématique de laisser les trampolines sans surveillance pendant qu'ils allaient chercher la toile. Enfin, mieux valait ne pas se faire de soucis avec ça pour le moment.

- Pas de problème.

Ils continuaient, chacun de leur côté, a enlevé les ressorts. Zander ne savait pas quoi dire, et il se demanda s'il en allait de même pour Sherlock. Pourtant, les explosions du feu résonnaient au dessus de leur tête, et cela comblait le silence.

Zander enleva le dernier ressort qui retenait la première moitié de la toile, puis la ramassa. Il enjamba le cadre du trampoline, et la reposa à l'extérieur. Pendant ce temps, Sherlock avait repris la parole.

- Tu sais, au tout début, je ne savais pas qu'il y aurait un feu d'artifice. Donc heureusement que la soirée ne se soit pas passé comme prévu, car c'était beaucoup plus drôle ainsi.

Zander lui lança un sourire qui se voulait rassurant. C'était vrai qu'à part l'inquiétude liée à la déchirure de la toile, la soirée avait été vraiment sympa. Et même en y repensant, la déchirure avait quelque chose de sacrément comique. Il était prévisible qu'un trampoline pour enfant ne supporte pas le poids de Zander seul, alors les poids des deux réunis, il fallait être inconscient pour l'oser. Et cette inconscience était plutôt drôle en y repensant.

Sherlock:

Savoir que Zander n'était pas déçu par la soirée la rassurait un peu. Elle avait beau ne le connaitre que depuis quelques heures (sans compter la fois où ils s'étaient croisés pour les pouvoirs du garçon), mais elle avait l'impression de lui parler comme à un ami. Ils étaient amis maintenant d'ailleurs, non ?

- C'est vrai. Finalement, sans ce vendeur à la vue déplorable, j'aurais passé le reste de la journée à attendre qu'Athéna finisse ses concours de bières pour finalement la ramener chez Omar complètement cuite.

Elle se rendit compte qu'elle venait de donner une assez mauvaise image de la jeune allemande alors que le garçon ne la connaissait sûrement même pas. Elle décida donc de se rattraper.

- Pas qu'Athéna soit une alcoolo ou quoi que ce soit, c'est juste que...

Oui bon, elle n'était pas très doué pour corriger ses maladresses de langages.

- Enfin, tu vois le tableau quoi !

Il valait mieux ne pas empirer son cas et couper court à ses clarifications foireuses.

- Atan ne devrait pas tarder à arriver, on y va ?

Avec deux paires de bras, les ressorts avaient été presque tous totalement décrochés.