[Fête au village] Manger, jouer, boire ? Quel choix ... [Libre]

Zander :

Le jeune homme eut un petit sourire. Il avait réussi à convaincre l'homme de sa bonne foi. Il écouta attentivement ses explications sur la façon dont ranger les trampolines, en hochant la tête de temps en temps. Malgré tous les autres mensonges, Zander avait un bon fond, et il comptait réellement ranger les trampolines à la fin de la soirée. Du coup, il fallait qu'il sache comment.

- Merci beaucoup.

Le forain attacha ensuite Sherlock, et une nouvelle fois, le jeune homme se retint de rire. Elle jouait vraiment bien le rôle de l'enfant. Mais le forain reprit la parole et l'anglais eut alors un pincement de culpabilité. Si le forain savait qu'au moment où il disait ces mots,  Zander lui avait déjà trahi sa confiance un bon nombre de fois, par de successifs mensonges ...

- Vous pouvez compter sur moi.

Enfin, l'homme s'éloigna. Sherlock éclata de rire, et l'anglais l'imita. Pourtant, au fond de lui, la pointe de culpabilité persistait.

- Bah, ce n'était pas grand chose. Il suffisait de trouver les bons mots au bon moment. Et puis, toi aussi tu joues super bien le rôle de la gamine. Tes pleurs étaient vraiment très convaincants.

Zander s'assit par terre, et regarda ce qui les entourait. Il y avait encore quelques visiteurs, mais tous se dirigeaient vers l'église. Autour d'eux, il n'y avait plus aucun manège d'ouvert. Tous étaient destinés aux enfants. Cependant, Zander préférait se méfier. Il restait encore quelques risques qu'ils se fassent repérer. Il préférait donc éviter de se faire remarquer trop vite.

- Tu crois qu'on pourra être sûrs qu'il ne reviendra pas dans combien de temps ?

Sherlock:

Elle riait, beaucoup. Réussir un coup pareil, ça avait l'air d'être plus une idée folle comme ça, qui passait dans la tête de la jeune femme, à la manière de milliards d'autres avant celle-ci. Seulement, c'était un succès phénoménal. Avoir la dégaine d'une enfant pouvait présenter quelques avantages, parfois.

Elle fit une petite série de salto avant de ralentir la cadence et de décrocher son harnais pour venir s'allonger sur le bord du trampoline. Sa tignasse semi-rousse pendait dans le vide alors qu'elle pencha sa tête à hauteur de Zander.

- Des années de manipulation parentale pour un résultat aussi parfait.

La jeune femme lâcha un rire nostalgique.

- Avoir des frères, ça a des bons côtés finalement.

Surtout quand ils étaient aussi caractériels que les siens, il fallait exceller dans l'art de la manipulation. Elle replia ses coudes de façon à poser son menton sur ses mains. Le garçon semblait s'inquiéter un peu, il y avait même une sorte de pointe de remords dans sa voix.

- Le feu va commencer dans une quinzaine de minutes, tout en sachant qu'il en dure trente, et si en plus on rajoute le temps qu'il mettra pour aller chez lui puis revenir... On a au minimum 2 heures tranquilles.

Elle fit une pause et se pencha un peu plus pour lui lancer un regard de défi.

- Le génie du mal regretterait-il ses actions ?

Ils n'avaient pas non plus fait quelque chose d'illégal, l'homme était d'accord pour leur laisser le trampoline ouvert. En soit, la seule chose "malhonnête" qu'ils avaient faite était de mentir.

- Faut-il que je t'attache avec ce harnais pour que tu ne nous dénonces pas à la police avant la fin de la soirée.

Sherlock aimait bien taquiner les gens.

Zander :

Le sourire de l'anglais s'agrandit alors que Sherlock prononçait ses deux dernières répliques. A la fin, il éclata même de rire.

- Mais non ... t'es bête !

Il rit encore quelques secondes, puis tenta de reprendre un semblant de sérieux, pour pouvoir s'expliquer.

- Je demandais pas ça dans ce sens. C'est plutôt que je le vois bien revenir comme un parent qui vient vérifier que son gosse dors. Par contre après le feu je pense pas qu'il reviendra. Il doit se lever demain ... Donc on sera sûrement tranquille. 

Il regarda une nouvelle fois autour d'eux. Le forain n'avait pas l'air d'être dans la foule. Zander se leva donc brusquement, et se dirigea vers un deuxième trampoline.

- Ça devrait être bon là.

Il eût un sourire en coin, et installa l'objet. Lui aussi voulait profiter de leur manipulation. Il monta ensuite doucement dessus, totale en testant la solidité des ressorts. Il espérait ne pas non plus se retrouver par terre au bout de trois sauts.

- Tu restes dans le baudrier ?

Même si ça aidait pour faire des sauts, Zander n'aimait pas du tout les baudriers. C'était drôle à voir, mais très inconfortable. Surtout pour les hommes. En plus, c'était quand même pour enfants. 

Sherlock:

Pendant que le garçon faisait le tour du trampoline pour atteindre le deuxième, Sherlock se releva, énergique, un sourire radieux aux lèvres. Elle marcha en tentant de ne pas perdre l'équilibre jusqu'au centre de l'installation, attrapa le harnais et commença à l'attacher à un des poteaux qui composaient l'ensemble.

- Non, pas besoin, je préfère pouvoir bouger comme je veux.

Elle fit ensuite une grimace.

- Et puis, même si les saltos sont beaucoup plus impressionnants et faciles à réaliser, les sangles me serrent trop. J'ai l'impression d'être un rôti.

Et savoir ce que vivaient les rôtis de porc de l’intéressait pas plus que ça. La jeune femme jeta un bref coup d'œil à ce qui se trouvait autour d'elle. Les attractions étaient maintenant presque toutes fermées et par conséquent la place était déserte, mis à part quelques badauds par-ci par-là.

La jeune femme fit quelques sauts pour s'échauffer un peu puis tenta un salto sans l'aide précieuse des fils : échec. Elle se rétama le dos contre le tissu rebondissant, la projetant en l'air à une hauteur assez impressionnante. Après ça, elle se préparait à en tenter un autre, mais se ravisa au dernier moment et décida de passer de sa plateforme à celle où se trouvait Zander en un bond de géant. Elle atterrit sur les fesses avec une telle puissance que le jeune homme fut soulevé dans les airs, ce qui la fit beaucoup rire.

Elle prit une voix grave, comme un militaire puant la testostérone tout droit sorti d'un film de type Rambo, ce qui contrastait avec celle qu'elle utilisait pour jouer l'enfant.

- C'est comme ça qu'on lance les missiles.

Son père faisait souvent cette voix pour amuser ses enfants et elle adorait l'imiter.

Zander :

L'anglais commença à sauter doucement, tout en regardant Sherlock se détacher du baudrier. Un rôti ... drôle de comparaison, mais en même temps bien trouvée

Puis elle tenta de faire un salto. En vain, puisqu'elle retomba. Zander, lui n'osait pas essayer. Il n'était pas très gymnastique. Surtout depuis qu'une des filles avec qui il avait voulu sortir à New York lui avait préféré un gymnaste (plus de muscles avait elle dit pour justifier son choix). Qu'importe. Zander s'en était remis. Simplement, il ne savait pas faire de salto, ni de rondade,  ni de quoi que ce soit.

Finalement, Sherlock abandonna ses figures, et vint sauter sur le trampoline du jeune homme, qui se retrouvait projeter dans les airs. Là haut, il rit, et se mit en position pour bien retomber, de tout son poids. 

- Vengeance !

Il cria ce mot en rebondissant violemment contre l'objet, de façon à ce que Sherlock se retrouve projeter comme lui dans les airs.

Il se décala légèrement vers les ressorts, tout en riant de bon coeur. La voix qu'avait pris la jeune femme ajoutait aussi à son amusement.

Il sauta ensuite vers le trampoline que le forain leur avait laissé, et qui était maintenant désert. Il rebondissait dessus, en attendant patiemment que Sherlock le rejoigne. Il espérait qu'il serait assez réactif pour sauter au bon moment, de façon à échapper au rebond, tout en faisant rebondir la jeune fille.

Sherlock:

Fière de son coup, elle n'avait pas prévu le revers de la cuillère et se retrouva fortement dépourvue quand celui-ci revint avec deux fois plus de force se heurter contre le tissu élastique, la projetant par conséquent elle aussi vers l'infini et au-delà (environ trois mètres). Elle resta quelques millisecondes en apesanteur, ce qui lui laissa largement le temps de prévoir sa prochaine offensive. Malheureusement, il coupa court à ses idées de contre-vengeance en se déplaçant hors de sa portée sur ce qui était son premier trampoline. Il se trouvait sur son territoire à présent, quelle tragédie.

- Toi.

Elle le désigna en le pointant du doigt, sautant pour maintenir sa vitesse.

- Regretter.

Elle mima une larme roulant sur sa joue.

- Acte.

À ce dernier mot, elle prit tout son élan pour se jeter à nouveau sur l'autre côté de l'aire de jeu. Elle avait même pris tellement d'élan qu'elle réussit non seulement à traverser, mais également à réaliser un semi-salto de profil et à atterrir pile en face de lui. Pas de bol pourtant, car malgré ce magnifique saut qui mériterait un oscar, il anticipa la puissance du saut et ne fut pas plus ébranlé que ça.

- Ehhh !

Une défaite de trop, elle décida de la jouer déloyale et de le faire basculer de son propre chef pour s'éclater sur le trampoline à la manière d'un grand catcheur. Il se fit emporter encore plus haut que la fois précédente. 

Zander :

Il riait de bon coeur. Vu la hauteur à laquelle était montée Sherlock, il pouvait considérer que sa vengeance était plutôt réussie. Mais les quelques mots qu'elle prononça ensuite montrèrent qu'elle aussi souhaitait se venger. Une vengeance de la vengeance ... quel cercle vicieux !

Heureusement Zander avait prévu le coup. Il l'attendait de pied ferme. Ainsi, alors qu'elle était à la moitié de son demi- salto, il sauta à son tour dans les airs. De cette façon, lorsqu'elle arriva, il ne touchait pas le trampoline.

Cependant, lorsqu'il retomba, elle s'étala simultanément sur la toile, ce qui força le jeune homme à rebondir plutôt haut. Il ne fallait pas avoir le vertige avec eux sur le trampoline.

L'anglais, dans les airs, se mit en position pour faire une bombe comme à la piscine, avant de retomber une nouvelle fois. Toute la toile rebondit sous le choc, et il les renvoya tous les deux dans les airs.

- Je n'abandonnerai jamais. Jamais !

Et soudain, juste après son dernier mot, une explosion retentit. Zander tourna rapidement la tête, croyant que s'était le feu d'artifice qui commençait, et ouvrit de grands yeux stupéfaits quand il ne vit aucune lumière dans le ciel. Il s'était encore fait avoir par un pétard.

Sherlock:

C'est qu'il était malin, le garçon. Il anticipait ses coups, y comprit les plus vicieux, pour les contrer de manière à se venger. Mais elle pouvait se montrer vraiment déterminée à gagner et grâce à un pétard venu exploser non loin de là où les deux se trouvaient, elle venait d'obtenir la seconde d'inattention dont elle avait besoin pour le mettre en désavantage.

- C'est ce qu'on va voir !

Elle se pencha en un angle incongru et atterri sur la toile d'une telle façon que Zander vola contre le filer, rebondit dessus et s'écrasa à côté d'une Sherlock victorieuse. Elle se baissa à sa hauteur pour le narguer avec un sourire puis fit mine de presser un fusil invisible sur sa tempe.

- Rends-toi et tout se passera bien.

La jeune femme laissa échapper un rire : elle parlait à présent comme un shérif, cela faisait beaucoup de voix pour un si petit corps.

Zander :

L'anglais riait de bon coeur, alors que Sherlock profitait de la diversion du pétard pour le forcer à se retrouver couché sur la toile du trampoline. "Rends-toi" disait elle. Zander n'en ria que plus fort.

- Qu'est ce que tu ne comprends pas dans jamais ?

Il prononça ses mots avec un petit sourire en coin digne du coup qu'il préparait.

Il commença à taper à pied joint contre la toile, avec une force croissante. Celle ci commençait à rebondir. Puis il ajouta les mains, et de cette façon, la toile commença à les faire rebondir. Le jeune homme mettait tout son poids dans les rebonds de son corps, de façon à ce que très rapidement, il se retrouva assez pour se redresser, d'abord en position assise, puis debout.

- Tu vois, j'ai toujours des ressources.

Maintenant qu'il était debout sur le trampoline, il fallait qu'il trouve un moyen d'immobiliser Sherlock. Ce n'était qu'un juste retour des choses non ?

Il continuait à sauter, de façon à ce que la toile soit toujours en mouvement, et qu'ainsi, quelque soit les tentatives de la jeune femme,  il puisse toujours rebondir (au sens propre et figuré).

Sherlock:

La jeune femme sourit devant les prouesses du garçon pour se dégager de son emprise. C'est qu'il avait de très bonnes idées lui aussi, mais manque de bol, il s'était attaqué à la mauvaise personne, et cette personne possédait un nombre incalculables d'issues. Elle était complètement à fond dans le petit jeu qu'il faisait, bien que de l'exterieur cela devait semblait bien ridicule.

- Pas assez pour me battre !

Pendant qu'il tentait de reprendre de la vitesse et de la hauteur en sautant sur place, la petite Sherlock le faisait tourner en rond avec des feintes. Elle allait à gauche, puis à droite, encore à droite, à nouveau à gauche... Et tandis qu'il essayait de prévoir le prochain coup qui ne venait pas, elle, gagnait des secondes de la diversion.

Alors qu'elle faisait mine d'aller à gauche, elle se projeta contre le filet de tout son poids se qui la fit rebondir comme un ballon de handball et, durant l'instant où elle se trouvait dans les airs, se jeta sur le dos de Zander (tout en prenant soin à ne pas lui faire mal, quand même) pour le faire s'étaler pour de bon sur la toile.

- Alors, on est coincé ?

Elle afficha un grand sourire.

- Game over, Zander.