• there's a tear in my beer [privé]


    Samedi 7 Août 2021 à 16:35
    Upside

    Rory:

    La journée tendait doucement sur sa fin, Rory avait profité d'un peu de temps libre pour se balader, profitant du temps doux qui flottait au dessus du centre-ville en ce début de soirée. Beaucoup de travail l'attendait encore au pensionnat et il n'avait pas très envie de s'y replonger dès son retour dans ses appartements. Ces derniers temps étaient troubles, la confusion que semait Bambi dans son être avait l'hideuse tendance à raviver quelques blessures qu'il pensait cicatrisées. Ses pas s'arrêtèrent devant un bar à la devanture plutôt jolie, il repensa à cette escapade nocturne après laquelle il s'était échoué autour d'un verre, en compagnie de ladite jeune femme qui occupait ses pensées. Ca faisait des années qu'il n'avait pas mis les pieds dans un bar seul. Il prit une légère inspiration. Il allait se laisser tenter ce soir, et puis, il n'allait prendre qu'un petit verre de manière, il n'y avait pas de soucis à se faire pour ça.

    D'un geste assuré, il poussa la porte d'entrée du lieu et s'y engouffra. Il y faisait un peu plus chaud que dehors, et quelques personnes y déjà attablées en compagnie d'une boisson aux couleurs ambrées. Le grand blond chercha une place du regard, préférant un coin tranquille où il ne serait gêné et ne gênerait personne quand une silhouette familière attira son regard. Il s'avança doucement, reconnaissant le visage de l'inconnu, il s'agissait là de Basile, Mr. Bàthory, le secrétaire administratif de Headwinds. Rory avait ce drôle de hasard inopiné qui lui collait à la peau, de croiser des collègues dès qu'il mettait les pieds hors du pensionnat. Il se demanda ce qui avait pu l'inciter à venir boire seul, lui aussi.

    S'approchant du comptoir, un serveur se pencha vers lui, le saluant poliment avant de lui demander ce qu'il souhait.

    - Une bière fruitée s'il vous plaît.

    L'homme de service acquiesça avant de s'en aller s'affairer sur la commande qui venait de lui être passée. Le psychologue tourna la tête un instant vers Basile, songeur. Il se sentirait impoli de ne pas aller le saluer et à vrai dire, un peu de compagnie de le dérangerait même pas. Il prit alors les devants, faisant les quelques pas qui les séparait avant de prendre la parole.

    - Bonsoir Mr. Bàthory, dit-il en annonçant sa présence auprès de son collègue. Est-ce que ça dérange si je m'installe à côté de vous?

    Il voulait bien un peu de compagnie, mais il n'allait tout de même pas s'imposer à quelqu'un qui ne voudrait pas de la sienne.

    Dimanche 8 Août 2021 à 15:01
    AUREUM.UMBRA

    Basile:

    Accoudé au comptoir, Basile écoutait avec mélancolie le cliquetis des glaçons au fond de son verre. Ce soir, il avait opté pour la robe brune d'un rhum. Depuis qu'il était arrivé en ville, il ressentait comme un malaise. Quelque chose clochait. Quelque chose manquait sans qu'il puisse mettre le doigt dessus. Pourtant il ne regrettait pas le moins du monde d'avoir quitté sa côte azur sous les conseils d'une jolie russe. Sa Vanille était en sécurité, c'était tout se qui comptait. Pourtant, quelque chose lui échappait.

    Il s'était abandonné au dessus de sa boisson, ne perdant rien de sa posture nonchalante habituelle. Une coupe ramenée superbement en arrière dont certaines mèches s'évadaient pour boucler devant son regard, sauvages. Une chemise dont il avait remonté les manches jusqu'au coude, le secrétaire semblait être dans son élément. Son regard, d'un vert terrible, qui se faisait lourd sur la scène.

    Perdu dans ses songes, se fut quand son nom accrocha l'oreille qu'il détourna le regard. Il reconnu instantanément son collègue, Mr Donovan. Grand blond à la carrure assurée, homme tout à fait correct à la première impression. Et Basile aimait bien ce genre d'hommes, droit dans ses bottes, alors quand celui ci lui proposa de venir lui tenir compagnie, il accepta.

    - Bonsoir. Non, allez y. Je vous en prit.

    Il se redressa en l'invitant d'un mouvement de main, prêt à se lancer dans une conversation qui s'annonçait courtoise. Après tout, boire seul avait toujours été bien trop déprimant pour lui.

    - Qu'est ce qui vous amène ici Donovan?

    Ils n'avaient jamais eu l'opportunité de faire vraiment ample connaissance, sans doute en serait-ce l'occasion.

    Dimanche 8 Août 2021 à 18:41
    Upside

    Rory:

    Le secrétaire dégageait quelque chose d'étrange. Il avait toujours suscité chez lui une curiosité qu'il n'avait jamais réussi à s'expliquer, lui et sa petite fille. Néanmoins, outre dans un cadre purement professionnel, il n'avait jamais cherché à se rapprocher ou à simplement engager la conversation, se contentant de le regarder parfois du coin de l'oeil quand il passait. Il admirait d'ailleurs le courage qu'il avait de travailler proche de Mme Van Dowell, bien que pleine de bonnes attentions et de bonté, elle n'avait pas l'air d'être tout repos. C'était peut-être la raison pour laquelle ses yeux avaient l'air de se noyer dans les abîmes de son verre.

    Il accepta sa proposition, l'invitant à s'asseoir à ses côtés d'un mouvement de main.

    - Merci.

    Rory tira la chaise et s'installa. Le serveur revint rapidement avec sa commande, déposant devant lui une pinte d'un breuvage rougeâtre. Mr. Bàthory s'enquit de la raison de sa présence. À vrai dire, même lui n'était sûr de pourquoi est-ce qu'il était entré.

    - Je suis entré sur un coup de tête. J'avais juste envie de boire un verre.

    Il desserra un peu sa cravate, signe que le travail ne serait sûrement pas au rendez-vous ce soir.

    - Et vous?

    Son dernier verre remontait à son escapade nocturne en compagnie d'une femme qui ne quittait pas ses pensées, mais sa dernière beuverie solitaire, quand à elle, il n'aurait su le dire exactement. Il se surprenait parfois à ressasser la façon dont elle lui avait dit au revoir après le cinéma, d'un bisou timide sur la joue, admettant que son voeu le concernait. Est-ce que c'était arrogant de penser que ça puisse signifier quelque chose sur ce qu'elle ressentait pour lui, ou est-ce qu'il se faisait des idées?

    Il chassa encore une fois les songes qui venaient le bousculer un peu, buvant quelques premières gorgées de sa bière goût cerise. Ce soir, c'était plutôt l'occasion d'apprendre à connaître un peu son collègue.

    Dimanche 8 Août 2021 à 19:12
    AUREUM.UMBRA

    Basile:

    - Nous sommes deux à avoir eu une envie soudaine de relâcher la pression alors.

    Il n'avait pas eu de raisons particulières lui non plus ou, en tout cas, pas à s'avouer. Peut être était-ce l'anxiété qui poussait à la consommation? Il imita son collègue et poursuivit aussi la dégustation alcoolisée. Quand l'on discutait, l'attention détournée, cela se buvait toujours comme du petit lait. Avant même que l'on ne s'en rendre compte le breuvage finirait vide et sur les startingblock pour la tournée suivante. Une vrai saloperie.

    Basile avait la flemme. Flemme des banalités que deux inconnus échangent généralement dans un bar. Il décida donc de poursuivre sur un sujet qu'il maitrisait plutôt bien et qui l'aiderai surement avec ses propres questionnements. La paternité. Observateur, il lui était déjà arrivé de jeter un coup d'œil par sa fenêtre apercevant son collègue accompagné de petits humains aux traits juvéniles.

    - Vous avez des enfants? Il me semble vous avoir déjà croisé avec deux bambins à vos chevilles.

    Sujet sur lequel, une fois lancé, on ne l'arrêtait plus. Malgré sa stoïque, il ne pouvait empêcher un sourire en coin de lui échapper à l'idée que Rory lui retournerai la question. Un papa poule qui s'ignore. Basile posa son regard sur l'homme à ses côtés prêt à encenser sa mini dulcinée.

    N'en ayant strictement rien à faire de l'intrusion de sa question, il attendrait patiemment de connaitre le point de vue de son collègue. Après tout, c'est à travers d'opinions de ce genre qu'on en apprenait le plus sur les autres.

    Et sur ses belles paroles, il s'enfila trois belles gorgées de plus. Un grand gaillard n'a pas peur du taux de nocivité d'un verre de plus.

    Dimanche 8 Août 2021 à 19:49
    Upside

    Rory:

    Sa petite marche lui avait ouvert la soif, l'étancher avec un peu d'alcool n'était pas la plus fine des idées. Surtout quand il n'avait consommé aucun repas qui tenait au corps avant d'en prendre ses premières gorgées. Il espérait que ce n'était pas le cas de son collègue, à moins qu'il soit un habitué de la boisson, auquel cas ce n'était pas forcément une meilleure option.

    Le niveau de sa bière avait baissé dangereusement, cette envie de relâcher la pression, comme l'avait si bien dit Basile, entravait un peu sa présence d'esprit. Le verre qui trônait en face de son collègue avaient une belle couleur et il risquait de prendre la même chose dès qu'il aurait terminé le sien. Desserrer les rênes de temps à autre, ça ne pouvait pas faire trop de mal non plus.

    Basile n'avait pas froid aux yeux et ne comptait pas s'embarrasser de quelques banalités avec lesquelles toutes les conversations s’amorçaient. Ça ne déplaisait pas au grand blond qui n'était pas friand d'échanges sans trop d'utilité. Son collègue s'enquit sans préavis sur s'il avait des enfants, c'est vrai qu'il était parfois aperçu avec les petiots de sa soeur et n'avait jamais éprouvé le besoin de devoir s'en justifier à qui que ce soit. Il avait obtenu le droit de les accueillir à ses côtés et c'était suffisant.

    - Non, mais vous avez peut-être dû voir ma nièce et mon neveu, dit-il sans trop s'étaler.

    De son côté, il apercevait souvent le secrétaire en compagnie de d'une petite fille aux cheveux blonds. C'était tout naturel de lui retourner la question. Et puis si ça lui permettait d'en apprendre sur le secrétaire sans avoir à trop parler de lui avant, c'était tant mieux.

    - Et vous?

    Dimanche 8 Août 2021 à 20:38
    AUREUM.UMBRA

    Basile:

    - Je vois.

    Ceci expliquait cela. Réponse simple et efficace comme on les aime chez les secrétaires. Si seulement tout le monde pouvait être si directif, cela lui aurait épargné bon nombre d'heures supplémentaires au bureau. La perche fut saisit avec brio par son collègue, pour le plus grand bonheur de Basile.

    - Une petite fille. Vanille. Un redoutable petit ange.

    Au sens propre comme au figuré vu les petites ailes dont elle était maintenant affublée. Le grand brun au teint halé venait de finir en cul sec les dernières gouttes sombres et d'un geste de main fit signe au serveur de lui remettre la même chose avec politesse. C'est qu'il avait une sacré descente en plus de ça. Il se disait, s'en doute à tord, que cela l'aiderai à y voir plus clair.

    - Vous en voudriez dans l'avenir?

    La vigilance commençait déjà à être mise à mal. Pourtant, ce ne sera que trois verres et demi plus tard que l'alcool sournois commencera à leur retourner le cerveau - revêtant à cet éternel bonhomme un masque bien plus joueur et taquin. La boisson, c'est bien connu, délie les langue et a ce don tout particulier de donner courage et hardiesse insoupçonnée au plus réfractaire des bougres.

    Tout commença avec un picotement au bout des lèvres, signe d'un engourdissement lent mais inévitable qui vint avec l'imprudence de l'adition qui se rallonge. Le serveur, sans doute bien décidé à faire son pourboire sur leur détresse, s'amusait maintenant à remplir leurs verres avant même qu'il ait eu le temps de les vider entièrement. Et les deux hommes n'y voyaient que du feu, absorbés par la discussion, imbibés d'alcool. Ils le remerciaient même de plus en plus chaudement. Les centilitres s'écoulaient maintenant dans leurs gorges aussi fluidement que l'heure sur l'horloge. Ce fut donc tout naturellement que de nouveau sujet très peu adaptés commencèrent à rouler doucement dans la conversation qui battait son plein. Les confidences pointant le bout de leur nez avec les problèmes.

    Sans doute étais-ce le fait qu'il n'ait pas autant bu depuis plusieurs années mais Rory lui semblait à présent bien trop familier. Ils en étaient même venus par abandonner le tutoiement, les bouches pâteuses et amicales. Basile lui avait relater ses souvenirs d'Italie avec bon cœurs et à présent il était devenu curieux, bien trop curieux. 

    Les paroles qui se désordonnent dans ses phrases, échos à celles de son collègue.  Des chemises qui perdent de leur superbe. L'ombre d'une amertume qui plane sur eux. Ils avaient sombrés ensemble.

    - Tu sais, ze...hummm... je sais reconnaitre le trouble dans les yeux d'un homme. Et toi, mon ami, tes yeux ils en débordent. 

    Il avait ponctué sa phrase en posant une main fraternelle sur l'épaule de Donovan, comme pour l'encourager à se confier. Basile avait l'alcool tactile.

    Dimanche 8 Août 2021 à 23:13
    Upside

    Rory:

    La délicate petite tête blonde qui le suivait partout semblait bel et bien être sa fille mais ne se permit pas plus de questions sur ce qui ne le regardait pas. C'était une enfant tout à fait adorable d'ailleurs. Basile fit un signe au serveur de lui resservir un verre et Rory en profita pour commander la même chose, terminant la fin de sa bière cerise d'une traite. Grossière erreur.

    L'homme qui lui tenait compagnie renchérit sur le fait qu'il n'avait pas d'enfant, lui demandant s'il en souhaiterait un jour. Le psychologue laissa ses yeux tomber dans le fond de son verre vide. C'était une excellente question qu'il se posait parfois lorsqu'il voyait sa soeur et ses joyeux marmots. À vrai dire, oui, un peu. Au fond de lui, il savait qu'il aurait bien voulu fonder une famille, avoir un enfant et le voir grandir. Mais ça impliquait d'avoir quelqu'un avec qui lui donner vie et l'élever, ce qui était une toute autre histoire. Rory avait érigé des murs autour de ses émotions, la porte est close, il a jeté la clé.

    - Oui, je pense.

    Il releva le regard sans trop oser à croiser celui de Basile. Il se sentait vulnérable, les effets de son premier verre commençait à faire effet. Le serveur revint avec la suite, et il le grand blond ne se fit malheureusement pas prié pour assouvir un peu plus cette mauvaise soif. S'en suivit une discussion plus ouverte et décontractée entre les deux hommes dont les filtres tombaient peu à peu. Même si le plus farouche des deux n'était pas totalement hors de gonds, sa langue se déliait peu à peu, osant relancer son interlocuteur sur les différentes discussions dans lesquelles il les engouffrait. Ils se tutoyaient à présent, autour de souvenirs d'Italie à en faire rêver plus d'un.

    La conversation allait bon train jusqu'à ce qu'une main se pose sur son épaule et une voix maladroite pointe de doigt le trouble que l'alcool avait dévoilé.

    - Tu sais, ze...hummm... je sais reconnaitre le trouble dans les yeux d'un homme. Et toi, mon ami, tes yeux ils en débordent.

    Il leva les yeux vers Basile, peinant à cacher ce que ses yeux voulait garder secret. La proximité initiée par son collègue le mit en confiance, se sentant assez désinhibé pour oser confier quelques mots.

    Il n'avait pas l'habitude d'extérioriser ce qu'il ressentait. Rory était une éponge. Éponge à sentiments. Il absorbait toutes les émotions qui risquaient de s'échapper, les gardant emprisonnées, entassées et entremêlées. Parfois le temps guérit les maux, parfois le temps ne résout rien. Les éponges qu'on essorent pas, elle macèrent, elles absorbent jusqu'à exploser, jusqu'à déverser leur eau croupie, pourrie, la marée noire. Là, on lui tendait la perche pour lui sortir la tête de l'eau, désamorcer la gangrène avant qu'elle ne le bouffe, encore une fois.

    Il se frotta le front et passa une main dans ses cheveux, s'ôtant quelques mèches rebelles du visage avant de reposer son regard sur son collègue.

    - Ah, oui.. C'est bien le cas de le dire. Mais c'est pas grand chose.

    Il ne minimisait jamais les peines, sauf les siennes

    - C'est juste que.. J'ai rencontré quelqu'un, je crois. Et ça me fait beaucoup douter.

    Est-ce qu'il pouvait formuler ça comme ça ou est-ce qu'il se faisait des films? Beaucoup de questions se bousculaient dans son esprit. Encore peu sûr de lui, l'alcool le faisait néanmoins répondre aux questions. Il attrapa le verre que le serveur venait de lui apporter en emportant les vides qui étaient encore échoués devant lui. Ce quelqu'un à qui il pensait était évidemment cette professeure de physique-chimie qui avait le don le bousculer tout ce sur quoi il reposait.

    Il y a dix ans, il aurait tenu l'alcool effroyablement bien et le voilà à présent ravagé. Il aimait le contrôle mais là, il l'avait perdu.

    Lundi 9 Août 2021 à 00:05
    AUREUM.UMBRA

    Basile:

    Ah Basile, Basile... L'alcool n'enlevait rien à sa perspicacité, bien au contraire. Lorsque son collègue, qui semblait tout à fait vaporeux, osa lui avouer entre deux gorgées qu'il pensait à quelqu'un, il ne fut pas compliqué de comprendre qu'il s'agissait là d'émoi naissant. Un sourire compréhensif flanqué au visage, notre italien avait sentit en lui une vague nouvelle de justicier en carton. Un élan héroïque qui le décida à aider son nouveau camarade de boisson à se délester même rien qu'un peu du poids qui semblait lui peser bien trop lourd sur les épaules.

    "Ah, oui.. C'est bien le cas de le dire. Mais c'est pas grand chose."

    Le secrétaire adressa un clin d'œil malicieux à son collègue à ses mots. Généralement quand l'on prononçait "pas grand chose", c'était tout l'inverse. Après ses quelques heures de discussion, le grand brun avait commencé à cerner son interlocuteur qui avait visiblement un petit soucis à apprécier ses propres émotions comme légitimes. Basile était plutôt costaud pour cerner les autres, surtout avec 5 grammes dans le sang visiblement. Et si Donovan semblait aussi solide qu'un iceberg en temps normal, ce n'était pas si compliqué de le décrypter bourré au rhum et à la bière.

    - Douter de quoi? 

    Les questions toujours aussi direct. A cœur charitable, il se sentait emplit d'un sentiment de proximité avec cet homme qu'il considérait visiblement, après bien trop de verre en excès, comme un ami. Donovan doutait beaucoup trop à son goût, et il lui parût évident que quelque chose sillonnait sous la surface. Quelque chose qui expliquerait pourquoi un psychologue aussi dur en apparence pouvait porter un cœur si compliqué.

    Il attendit la réponse du blondinet avant de le sermonner gentiment. Sermon qui se voulait plus comme un conseil.

    - Si tu veux mon avis, tu te prends trop la tête. Tu apprécie cette personne? Alors soit courageux. La vie est courte. Ne laisse pas tes angoisses passées te bousiller l'avenir. Enfin...ce que j'en dis...c'est que les regrets, ça craint!

    Après ses belles paroles, Basile, satisfait de sa prestation s'étira avant de revenir à sa boisson. Dans une autre vie, il se réincarnerai en Yoda à présent il en était persuadé. Il entamait avec entrain son cinq...sept...dix...bref. Il entamait avec entrain son nouveau verre, fort de sa sagesse.

    Lundi 9 Août 2021 à 01:40
    Upside

    Rory:

    Il n'en menait pas large, son esprit noyé sous l'alcool n'arrivait plus à remonter à la surface. La vision trouble, il sentait son corps lui faire défaut, s'il avait le malheur de se lever, il savait au fond de lui qu'il ne garderait pas sa dignité. Ca tombait bien, il n'avait pas l'intention de le faire, il était bien, là, le cul vissé sur sa chaise.

    Il voyait que son collègue semblait bien trop emballé par ce qu'il avait à dire et ne put ignorer ce clin d'oeil qu'il venait de lui faire avant s'interroger sur ses doutes. Il était confus, un peu perdu, il s'était naïvement dit qu'il ne laisserait plus jamais le coeur prendre le dessus sur la raison. Force est de constater qu'il s'était trompé tout ce temps. Il soupira doucement avant de tourner la tête vers Basile en faisant légèrement la moue. Les derniers degrés venaient de monter, c'en était fini de lui. Le peu de consistance qui lui restait était tombé en miette.

    Ses traits d'habitude si sérieux s'étaient détendus, laissant place à un visage étonnement plus doux. Les sourcils un peu levés, ahuri par les effets de la boisson, il écoutait les encouragements du secrétaire. Ils se parlaient familièrement, les verres pris réduisant à néant les barrières de la politesse, ils avaient l'air proches sans réellement se connaître. C'est que les regrets, ça craint! et le psychologue ne pouvait pas lui donner tord.

    - Si seulement c'était aussi facile..

    Il haussa légèrement les épaules avant de s'enfoncer un peu dans son siège. Il avait une voix un lascive, altérée par les effets dissipés de ce qui coulait dans son sang.

    - Je pense que je l'apprécie, mais je sais même pas si cet intérêt est retourné...

    Elle l'avait suggestivement taquiné lors du retour du fameux objet dont il n'avait utilité, elle avait accepté son invitation au cinéma, avait pris sa main par peur. Un frisson lui remonta l'échine en repensant à son pouce audacieux qui avait osé caresser sa paume. Elle avait même fait un vœu, l'interpellant doucement par son prénom en lui disant que ce vœu le concernait. Il porta une main peu assurée à sa joue.

    - Et elle m'a embrassé sur la joue.

    À mesure qu'il y pensait, il se sentait de plus en plus troublé, il se voilait la face avec une aisance effrayante. Tous les indices criaient à l'évidence et Rory refusait de les voir. Si les filtres étaient tombés, ces incertitudes raisonnaient de plus belle, profitant de toute la place qui leur était possible de prendre. Ses peurs frénétiques de l'échec, de l'attachement et de l'abandon lui susurraient doucement tout ce qui pourrait mal se passer. Et des exemples, elles en avaient à donner, à rappeler.

    - Mais... C'était sûrement amicalement... Je sais pas si j'oserais vraiment tenter quelque chose.

    La main qu'il avait posé sur sa joue remonta légèrement pour lui frotter la tempe, pas vraiment sûr ce qu'il était en train de raconter exactement. Ses pensées commençaient à se mélanger entre elles et les mots n'allaient pas tarder à en faire de même.

    Lundi 9 Août 2021 à 02:58
    AUREUM.UMBRA

    Basile:

    Il avait observé le court monologue de son collègue et ses petites manies dramatiques avec grand intérêt. Son air désabusé face à chaque parole, il comprenait un peu ce qu'il entendait par là. Lui même avait du mal à décrypter une femme. Non sans grande difficulté pour garder son attention focus sur son accompagnateur, le secrétaire tentait de maintenir un semblant de contenance alors que sous ses pieds, le monde semblait tanguer dangereusement. 

    - Sur...sur la joue?

    Basile avait tellement fondu sous le joug de l'alcool qu'il ne put s'empêcher de pouffer de rire. S'en était trop pour lui. Ses derniers remparts de caractère avaient cédés, il était en impro total. La tête dans les nuages, l'euphorie d'une bonne conversation et les paroles luttant pour s'accrocher à la cohérence. Il venait d'ingérer la dose de trop...et pourtant ça ne l'arrêtait pas. Il adressa encore une fois deux petites tapes amicales sur l'épaule de Rory. Cela lui procurait un bien être étrange de se retrouver déchiré avec lui.

    - Et bien, ça a l'air d'être un drôle de phénomène ta nana. 

    L'homme lui paraissait un peu moins tendu, mais vu sa vision plus trouble que jamais, il ne pouvait pas vraiment en déceler l'origine. Ses traits peut être assouplis? Ou bien la prunelle brumeuse et ivre de liquide amer? Pourtant alors que Basile décollait, lui semblait s'enfoncer dans des réflexions plus tout à fait linéaires.

    - J'ai quand même une question pour toi. Pourquoi toi tu ne lui montres pas qu'elle te plait, tout simplement? T'as quoi à perdre à essayer au fond?

    Et là, il percuta. Il percuta que les conseils qu'il donnait, il aurait mieux fait de les suivre lui même. Alors, apeuré que son "pote" reproduise les même - que lui aussi, rate son occasion - il se tourna vers le grand blond pour attraper plus fermement la clavicule. L'adulte responsable qu'il n'était plus se pencha vers lui comme pour apporter de la profondeur à son action, bien décidé à le motiver de manière sportive.

    - Donovan. T'es un homme oui ou non? lui demanda t-il le plus sérieusement du monde. Si t'en es un, alors va y.

    Il était explosé et ne se souviendrait surement plus des détails de leur conversation. Mais au vu de son état, Basile ne semblait emplit que par un éland de solidarité. Il faisait comme il pouvait pour se démêler entre chaque mot pâteux. Le rhum avait du être largement sous estimé par sa violence chez les deux camarades qui en payaient les frais. 

    Il ne savait pas vraiment lui même se qu'il entendait par "va y", mais il espérait qu'un écho quelconque se face chez son collègue. Alors que le serveur s'apprêtait à les resservir une énième fois, dans un éclair miraculeux de lucidité, Basile posa sa main sur sa coupe, indiquant que c'était terminé pour eux et qu'il était temps de régler une adition sur laquelle les chiffres furent si flou qu'il lui était incapable de différencier les un et les sept.

    - Je...je crois qu'on va avoir besoin d'un peu d'aide Donovvvwan. J'appelle la cavalerie.

    Instant de grâce, il avait eu conscience de son état, ou au moins avait eu assez de prévention pour ne pas se déplacer ni laisser son camarade filer seul dans la nuit. Manquant de faire tomber son téléphone de sa poche en le saisissant, il avait tapé hasardeusement sur son clavier avant de cliquer sur le premier nom qu'il reconnu. Drogov.

    - Biiiip Biiip Biiip crchhh Allo? Basile?

    - Salut pouwpée. Puoi venirci a prendere? Ah pardon, c'est vrai. On est au bar à l'angle de la rue avec le grand arbre vert, je crois qu'on va avoir besoin de toi pour rentrer. Quoi? Si tu vois. Non? Celui avec deux feuilles! Mais non il y en a pas trois milliard! T'as de l'argent avec toi? De l'alcool? Un peu. On? Ah oui on! Je suis avec un collègue! Non, je sais pas. T'arrive? Oh merci mio gatto! Tu vas me quoi? Allo? Allo?

    L'appel avait été chaotique, les informations approximatives mais au moins Bambi avait semble t'il assez de déduction pour comprendre leur emplacement et lui avait raccroché au nez en le menaçant de le trucider. L'appel à l'aide fut bien reçu, c'était déjà ça. Il s'inquièterait plus tard pour sa survit.

    - Une amie va nous ramener, c'est plus prudent.




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