• there's a tear in my beer [privé]


    Lundi 23 Août 2021 à 21:36
    Upside

    Rory:

    À déambuler maladroitement dans l'enceinte de l'établissement ils avaient l'air de zombies, une version réarrangée de la nuit des morts vivants où la seule personne qui n'était pas au bord de la mort accompagnait ceux qui l'était jusqu'au repos. Basile les suivait sans dire un mot, lui était pourtant si volubile et vigoureux avant de se faire embarquer dans la voiture. Rory y pensa rapidement, mettant cette soudaine accalmie sur le dos de la fatigue qui avait su endormir ses muscles et lui arracher ses dernière gouttes d'énergie. La courbature anesthésique du sommeil lui montait également à la tête.

    Le bras de Bambi contre le sien, qui le tenait fermement pour que ses pas ne lui fasse pas défaut jusqu'à rejoindre sa chambre, il se sentit terriblement égoïste de ne pas vouloir rompre ce contact même si l'épuisement lui tapait furieusement contre les tempes. La raison n'était pas là pour le guetter, lui chuchoter de ne pas trop se leurrer ou déterrer les racines d'espoir qui germaient dans sa petite tête blonde, alors elles en profitèrent pour proliférer et s'installer suffisamment bien pour qu'il soit difficile de les y déloger.

    La professeure répondit à sa question, elle appréciait voyager, sentant un léger poids s'envoler. Cette idée hardie qui s'était frayée un chemin dans ses pensées embrumées semblait pouvoir suivre son cours. Un éclair de lucidité lui demanda de se rappeler de lui demander plus tard si éventuellement, par un grand hasard plutôt bien tombé, elle pourrait accepter cette ébauche de proposition inopinée de partir dans sa région natale. Avec lui. En sa compagnie. Chez lui. Ce ne serait pas trop étrange non? Il avait déjà proposé à des collègues qui ne rentraient pas chez eux pour les vacances ou les fêtes de venir les passer chez lui, dans sa maison familiale. Mozart avait déjà eu l'occasion l'y accompagner, elle et sa petite Renate y avait été d'ailleurs chaleureusement adoptées.

    - J'apprécie aussi.

    Sans trop s'étaler, comme il le faisait habituellement si bien, espérant peut-être un peu que sa question sortie de nulle part n'ait pas l'air trop suspecte ou malvenue, mise sur le dos d'un homme ivre dont le cheminement de réflexion n'était plus tout à fait monté dans le bon sens.

    Arrivés dans les couloirs du personnel, Basile les quitta, rejoignant ses appartements dans un silence à peine bousculé par ses mots de remerciements. Rory sentait ses forces le quitter doucement tandis que sa chambre à lui s'approchait, appréhendant la nuit de repos qui l'attendait avant la descente aux enfers de la gueule de bois.

    Le chemin jusqu'à sa porte ne fut plus très long et ils s'arrêtèrent devant. Le psychologue quitta l'éteinte agréable des bras de Bambi pour s'adosser au mur à côté de l'entrée de son dortoir, son regard vitreux posé une ultime fois sur elle, détaillant son visage dans la pénombre. Une irrépressible envie naquit naquit dans son fort intérieur, lui fourmillant jusqu'au bout des doigts. Le désir fugace de la prendre dans ses bras avant de lui tourner le dos et sombrer jusqu'au petit matin, un souhait très vite refréné par la peur de paraître déplacé, d'une pudeur timide qui l'empêchait de réellement se lancer et de lui demander avant de lui dire au revoir.

    La voix plus grave que d'habitude, traînante à cause de la fatigue lancinante, il se risqua à prendre la parole.

    - Merci beaucoup pour ce soir.

    Il ne put pousser l'audace que jusque là, la remerciant sincèrement d'être venue récupérer ces deux grands gaillards après une soirée irresponsables, de les avoir ramener jusqu'ici et d'avoir pris la peine d'écouter ses craintes intangibles dans la voiture.

    Mardi 24 Août 2021 à 00:12
    AUREUM.UMBRA

    Bambi:

    Il appréciait donc également l'aventure. C'était bon à savoir. Le goût de se dépayser, Bambi était forte pour cela mais dans un tout autre genre.

    Une fois leur destination finale atteinte, il s'éloigna. Rupture douloureuse pour son avant bras et ses sens en effervescence, Donovan osait la regarder sans grande pudeur. Des yeux à la direction approximative dans lesquels mademoiselle Drogov se plongea elle aussi sans retenue. Il était étrange de découvrir cet homme si dur désinhibé. Les mots lancinants de fatigue, chavirés par l'alcool chantaient doucement dans la bouche de son collègue. La professeur en était presque...fascinée.

    - C'est normal. répliquât-elle à voix basse.

    Elle ne voyait pas tellement pourquoi il la remerciait. Si quelqu'un lui devait bien quelque chose c'était uniquement Basile et sa connerie. Puis elle se voyait mal l'abandonner à son triste sort, échoué sur le comptoir quelconque d'un bar. Ce n'était pas dans son caractère d'ignorer la détresse, encore moins chez les personnes quelle appréciait. Et nul doute maintenant que Rory, elle l'appréciait.

    - Vous allez vous en sortir? s'inquiéta-elle.

    Il semblait bancal mais assez dégourdit pour se débrouiller seul à présent. La lumière faible soufflait ses traits encrés. Son regard de biche toujours aussi transit d'envie, elle tentait de garder de fines distances avec un irlandais magnétique pour son propre corps. Profitant des dernières minutes que cette nuit lui accordait intimiste à ses côtés, la jolie brune avait bien du mal à se raisonner à partir.

    Le souffle court par sa suffocante présence, soutenir avec tant d'acharnement sa provocante posture lui demandait énormément. Les lèvres entre ouvertes elle se contentait d'attendre, alerte, la suite de ce dialogue nocturne.

    Mardi 24 Août 2021 à 00:43
    Upside

    Rory:

    Même avec ses lunettes sur le nez, tout semblait trouble. Mais ça ne l'empêchait pas de voir les yeux de sa collègues le regarder sans réserve. Regard presque impertinent qu'il lui rendit, ses iris observant maladroitement ses traits, descendant le long de ses joues avant de s'attarder plus que raison sur ses lèvres. Quelques pensées indécentes crurent bon de se glisser dans le creux de sa tête, lui soufflant quelques visions insolentes avant de se faire chasser par ce qui lui restait de sagesse.

    Ses prunelles remontèrent vers celles de Bambi tandis qu'elle lui demandait s'il s'en sortirait. Il hocha doucement la tête, aucun doute pour ça. Il lui resterait tout juste l'énergie pour ôter son uniforme et se glisser sous un draps avant de sombrer dans un profond sommeil. Mais pour ça, il fallait qu'ils se quittent. Ils étaient pourtant arrivés à bon port mais c'était comme si aucun des deux n'était réellement prêt à laisser l'autre partir.

    Cette envie qui avait germé précédemment dans un coin de sa tête n'avait pas encore cru bon de s'en aller, murmurant à son oreille que c'était maintenant ou jamais, qu'on ne vivait qu'une fois. L'alcool était créateur de bien des audaces et après tous les verres que le grand blond s'était enfilé, il était un candidat de choix à toutes ces hardiesses que la boisson  pouvait insuffler.

    Après un bref instant qui lui parut une éternité, il osa rompre le silence et retarder encore un peu leurs au revoir.

    - Est-ce que.. je peux vous enlacer?

    La fin de sa phrase s'étouffa alors qu'il perdit son souffle, son manque de confiance en lui cherchant à reprendre le contrôle sur cet aplomb dont il avait si soudainement fait preuve. Il s'était un peu redressé, ses bras prêts à prendre la porte si la réponse était négative ou prêts à resserrer leur étreinte sur les épaules de la belle brune si la réponse était positive.

    Mardi 24 Août 2021 à 01:18
    AUREUM.UMBRA

    Bambi:

    Il jouait à un jeu dangereux à fixer les commissures de ses lèvres avec la même détermination qu'elle. Serait ce possible alors qu'une envie partagée ait frôlée leurs pensées? Bambi en doutait. La russe se martelait que pour son bien, mieux fallait-il oublier ce soupçon de poésie. Elle devait surement être seule à se laisser fantasmer aveuglément sur chaque parcelle de cette peau. Alors qu'elle se décidait à chasser définitivement cet égarement, l'impensable se produisit. 

    Donovan, éprit de ses abus, osa lui demander une étreinte. La professeur cligna des yeux sous la surprise. Avait-elle bien entendu? Était ce approprié en sachant son état? Il devait ne plus être maître de ses paroles. Oui. Cela ne pouvait être que cela. Mais après tout, ce n'était qu'une étreinte. Une accolade professionnelle. Il n'y avait rien de mal. Mademoiselle Drogov, tentant de nier les propres battements de son cœur, fit un pas en avant.

    Elle se retrouva un peu plus proche du torse de son collègue. Hésitante, le souffle de plus en plus erratique, elle osa poser une main sur celui ci. Ses doigts polissons s'attardèrent un instant d'une légère pression sur le tissus avant de contourner ce buste et se loger dans le dos saillant du grand blond. Geste qui amena le corps de Bambi à se serrer contre celui de Donovan. La peau chaude se devinant à travers les vêtements, la femme se laissa uniquement guidée par un désir qu'elle tentait pourtant d'endormir. 

    Sa tête brune se glissa sur l'épaule de Donovan. Ses yeux se fermèrent.. L'irlandais sentait bon. Drôlement bon. Une lessive impeccable. L'insolente essuya une violente décharge parcourant l'intégralité de son corps. Les frissons assaillir ses cuisses. Papillons polissons naissant dans le bas de son ventre. Ce n'était pourtant qu'un câlin. Un simple et innocent câlin.

    Comment ses réflexes primitifs la conduisirent à déraper? C'était un mystère. Son petit nez caressa la peau, les bras se resserrèrent alors que la poitrine s'appuyait un peu plus. Et pour la deuxième fois, elle sema un baiser. Cette fois ci, il se perdit dans le cou de son collègue.  Petit mouvement instinctif et non volontaire qui lui coupa le souffle. Oh non...

    Mardi 24 Août 2021 à 02:27
    Upside

    Rory:

    L'amer goût du regret commençait à remonter dans sa gorge serrée, la peur d'essuyer un non ou de mettre à mal leur relation amicale bourdonnait dans ses oreilles devant le silence de Bambi. Qu'est-ce qu'elle devait penser de lui, surtout qu'il était ivre, en plus de ça. Puis elle fit un pas. Il crut que c'était les divagations de la boisson qui lui jouaient dans tours, clignant plusieurs fois des yeux à mesure que la distance entre eux se réduisait. Il déglutit difficilement, ne pouvant décrocher ses yeux de la femme qui se tenait devant lui.

    Ses doigts vinrent d'abord se poser sur son torse, contact brûlant qui le fit frissonner, puis ils firent leur chemin jusque dans son dos. Il essayait de garder un semblant de contenance mais sa respiration perdit le fil, saccadée, le corps de la professeure tout contre lui à travers les étoffes, devinant ses formes plus qu'il ne le devrait. Ses bras se resserrèrent à leur tour autour d'elle, ses grandes mains se glissant à la naissance de ses hanches avant de s'y loger sagement.

    Il avait chaud, il le sentait jusque dans ses joues, si chaud que l'air ambiant semblait presque glacial. Chaque touché était un supplice étrangement agréable. La respiration de la brune dans son cou le fit frémir, un frisson inconvenant lui remonta l'échine. Rory avait posé son visage contre le haut de sa tête, son menton enfoui dans ses cheveux. La douce odeur de son shampoing embaumant ses sens, l'envie sourde d'y déposer un baiser pointait le bout de son nez.

    Son coeur rata un battement lorsqu'il sentit la douce sensation de sa bouche dans le creux de son cou, un soupir lascif s'échappa d'entre ses lèvres, ses mains refermant doucement leur étreinte un peu plus à mesure qu'il sentait son corps se serrer contre lui. Un chatouillis léger naquit dans le creux de son ventre, envie naissante qu'il n'arrivait plus à étouffer.

    Bambi y déposa un baiser, là, sur sa peau brûlante. Rory suffoqua. Il se sentit coupable, terriblement coupable. Coupable de la désirer toute entière, qu'elle sème un second baiser, puis un troisième, dans son cou, partout. Il savait au fond de lui que ce n'était pas raisonnable, encore moins en l'état, l'esprit et le corps en feu. Il enfouit son visage à son tour, dans le creux de son épaule et prit une profonde inspiration, profitant quelques instants encore de cette proximité si rare. Puis il se redressa, se recula légèrement avant de remonter ses mains de là où s'était fermement logées. Une posée sur l'épaule de la professeure, l'autre déposant une brève caresse sur sa joue. Il replaça du bout du doigt une mèche de cheveux derrière son oreille, ses yeux perdus dans ses iris émeraudes.

    - Bonne nuit, il murmura, à bout de souffle.

    Il rompit le contact avant de ne plus s'en sentir capable et s'écarta, quittant l'étreinte chaleureuse de Bambi pour rejoindre la froideur des draps de son lit. Une main posée sur la clanche de sa porte, il adressa un ultime regard à la femme qui lui faisait tourner la tête avant de l'ouvrir doucement.

    - À.. à demain.. Parvint-il à ajouter.

    Et il s'engouffra dans sa chambre, le coeur battant à tout rompre. Il doutait, est-ce que c'était l'ivresse qui l'avait fait déraillé? Est-ce que tout ça était réellement arrivé? Il espérait ne pas avoir rêvé, condamné à aller se coucher sans pouvoir penser à autre chose qu'à ce qu'il venait de se passer.

    Mardi 24 Août 2021 à 22:52
    AUREUM.UMBRA

    Bambi:

    Elle s'attendait à toutes sortes de protestations. Un pas en arrière, un éloignement amical ou un mot réprobateur. Pourtant, la seule sorte d'agacement qu'elle reçut en échange de son baiser volé fut le chatouillis des mèches blondes contre son oreille. Les mains que Rory avaient abandonnées au contact de ses hanches se raffermirent. Le cœur de Bambi venait de trébucher.

    Un instant, bien trop court à son goût, où ils profitèrent sagement de cette proximité pudique. Premier effleurements qui démangent. Le psychologue finit pourtant par se repousser, déliant les liens de ses bras pour frôler sa joue. Petit geste rendu si intense par un contact oculaire tendre. Bambi était à bout. Ce n'était pas bien. Il était saoul. Ils étaient dans un couloir. N'importe qui aurait pu tomber sur cette scène fantasmée. Et pourtant, si elle l'avait pu, l'audacieuse l'aurait plaqué contre ce mur. Juste là. Elle se serait perdue un instant à gercer les lèvres tièdes de Donovan.

    Bonne nuit. chuchota t-il. Transit d'injustice, la russe sentait une haine terrible gronder. Haine dirigée contre la situation, le temps, contre Rory lui même qui explosait ses propres limites. Comment en était-elle arrivé au point de tant désirer une simple étreinte. Elle qui n'avait jamais eu besoin de personne. Il la rendait faible. Délicieusement faible.

    Elle se trouva donc tout simple incapable de répondre à ces premiers mots. Son collègue était trop proche. Trop impressionnant. Les faits trop inattendus. Il quitta définitivement ses bras, s'enfuyant loin de cette bulle irréelle. Il était telle cette chose qui nous est fermement interdite et que, pourtant, nous en désirons que plus vivement.

    Lorsqu'il s'attarda devant sa porte pour lui adresser une dernière révérence, Bambi échappa un sourire timide.

    - A demain Donovan. souffla t-elle enfin de tout son trouble.

    La porte claqua, avalant le perturbateur. Perplexe, les pensées accablées de ses propres actes, mademoiselle Drogov resta quelques secondes figées. Que venait-il de se passer?

    Puis ses talons se mirent enfin à résonner dans le pensionnat endormis. Lors de sa lente procession, la scientifique calculait, analysait en vain. Il fut plus simple cette nuit là pour elle de mettre les évènements sur le dos d'un moment d'égarement, d'un collègue rendu trop doucereux par le rhum. Elle devait à tout prit oublier, digérer douloureusement l'envie d'y goûter.

    Mercredi 25 Août 2021 à 00:42
    Upside

    Rory:

    La porte close, Rory avança dans la pénombre jusqu'à son lit sur lequel il se laissa tomber. Les vapeurs d'alcool avait engourdi bien des sens et celui de la réflexion en faisait partie. Il se frotta les tempes, repassant encore une fois ce qu'il venait de se passer dans sa tête, l'impression d'avoir halluciné. L'endroit où Bambi avait déposé un baiser était encore ardent, il n'arrivait pas à faire taire cette appétence indécente, l'envie égoïste d'en recevoir plus.

    Silencieusement, il se déshabilla, abandonnant lentement ses affaires sur le dossier de sa chaise puis il déposa ses lunettes sur sa table de chevet, ultime préparation avant d'aller dormir. Le sommeil avait du mal à venir, ses pensées prenant un malin plaisir à semer quelques fantasmes sur la scène qui s'était déroulée quelques instants plus tôt dans le couloir, mais la fatigue finit par l'assommer sans crier gare, le plongeant dans une profonde léthargie peu réparatrice.

    La nuit fila et laissa vite place au petit matin, la lumière s'infiltrait entre les rideaux et narguait les yeux mi-clos du psychologue qui ne tarda pas à être tiré de sa torpeur nocturne. Une violente douleur résonna dans sa tête tandis qu'il se redressait aussi doucement que possible. La gueule de bois avait frappé, elle avait frappé très fort. Les images de sa soirée défilèrent rapidement devant ses yeux, les dernières lui serrèrent le coeur. Assis sur le bord de son lit, sa tête entre les mains, se demandant si ce n'était pas ses rêves qui s'étaient mélangés à la réalité. Leur relation glissait dangereusement de simples collègues à une ambiguïté tout particulière, créatrice de tourments dans lesquels ils semblaient tout deux se laisser emporter. Néanmoins, le souvenir de ses avoeux réveilla une crainte pesante, espérant que ses insécurités déblatérées vaguement dans la voiture n'allaient pas faire fuir la professeure qui lui faisait tourner la tête.

    Il se prépara pour la journée, se défaisant des odeurs d'alcool qui s'était collées à son corps. Il enfila des vêtements propres, une cravate encore plus laide que la vieille autour du cou et ses lunettes sur le haut de la tête, incapable de supporter de les avoir sur le nez pendant un trop long moment. La matinée avait filé et les douze coups de midi se faisaient sentir dans le creux de son ventre, il avait donc pris le chemin du réfectoire.

    Il essayait de faire taire la bourdonnement intempestif qui résonnait dans les oreilles depuis ce matin à grand coups de verres d'eau. Même si la douleur restait, elle avait tout de même diminué par rapport à celle qui l'avait frappé à son réveil.

    Engouffré dans le couloir, Rory s'attendit à croiser des collègues sur son chemin, mais pas la collègue qui occupait toutes ses pensées, pas tout de suite. Il se figea un l'espace de quelques instants, se construisant une contenance, cachant son air trop arrachée par la gueule de bois et il s'avança vers elle pour la saluer, se voyant mal la fuir alors qu'il désirait la voir si fort. Arrivé à sa hauteur il s'éclaircit la gorge.

    - Bonjour Mme Drogov, dit-il pour s'annoncer.

    Il avait engagé la conversation sans trop savoir où la mener, tout de même avec une petite idée derrière la tête, mais la peur de paraître trop intrusif empreignait ses mots.

    - Je souhaitais vous remercier, encore une fois. Et m'excuser, encore une fois.

    Les souvenirs de sa soirée en compagnie de Basile le rendirent presque honteux sur le leste qu'il avait eu sur sa consommation, imposant ses choix hasardeux à sa collègue qui avait eu la gentillesse de bien vouloir les récupérer lui et le secrétaire. Il n'osa pas lui demander si elle avait bien dormi, au vue de la façon dont ils s'étaient quittés la veille.

    - D'ailleurs.. Il fit une petite pause avant de reprendre, le regard dans le flou. Je voulais vous demander.. Seriez-vous libre la semaine prochaine? Se risqua-t-il à renchérir.

    Il se souvenait de sa réponse à sa question un peu bancale sur les voyages et une certaine audace l'avait épris tandis qu'il se remémorait ce baiser déposé à la volée dans son cou. Souvenir qui ne manquait pas de faire battre son coeur un peu plus fort.

    Mercredi 25 Août 2021 à 18:45
    AUREUM.UMBRA

    Bambi:

    La buée recouvrait toute la surface solide. Les doigts virent à sa rencontre. Ils se heurtèrent à la dur réalité de son reflet. D'un coup de main rapide, Bambi balaya la condensation faisant apparaitre dans cette trêve son propre regard à travers le miroir. Perdue dans les courbes floues de son double, la professeur restait silencieuse dans la salle de bain. 

    Ses yeux tombèrent au fond de levier. Les bras encrés aux rebords glissant, elle était plongée dans ses tourments. Aussi moite que ses souvenirs, elle repensait à lui. Elle masserait dans l'atmosphère humide de l'indécision, fuyant l'évidence terrifiante qu'il ne l'avait pas repoussée. Troublée bien plus que de raison, la dame du Nord passa l'eau sur son visage. La fraicheur des gouttes suintant le long de son nez la ramena au concret. Elle avait à faire.

    Dans un nuage de vapeur, témoin d'une douche qui avait été brulante, elle finit par regagner son lit. Les cheveux trempés, elle les plaça en arrière d'un geste vague avant d'enfiler la tenue soigneusement préparée qui l'attendait sur les draps. Son pieds rencontra la dentelle de ses bas. Son dos, la douceur du tissus.

    La nuit avait été courte. Trop courte. Ce matin, mademoiselle Drogov avait réveillé Vanille de bonne heure. Elle lui avait soigneusement fait sa toilette, l'avait aidé à enfiler ses minuscules vêtements avant de réaliser avec un soin tout particulier au sommet de son crâne doré, deux petites couettes. 

    L'aimante marraine avait ensuite entreprit de remettre le petit ange aux mains de son père qui semblait se taper la gueule de bois du siècle en vu des cernes démesurées qu'il arborait. Lorsqu'elle se permit de débarquer dans sa chambre, sans même prendre le temps de frapper à la porte, elle l'avait retrouvé affalé sur son lit en étoile de mer. Vision qui semblait avoir beaucoup amusé l'enfant dans ses bras en vu du fou rire que la blondinette s'était tapée. Une fois assurée que l'italien était en état de veiller sur son propre enfant et lui avoir passé le savon de sa vie, Bambi était repartit vaquer à ses propres occupations.

    Elle revenait donc du dortoir des hommes quand elle aperçut au loin, par le plus mystérieux des hasard, une silhouette devenue bien trop familière. Ses jambes s'étaient stoppées par réflexe. Elle s'était contenté de l'observer sagement alors qu'il s'était approché. Bambi avait du mal à croire aux coïncidences. Le destin, de toute son ironie, ne semblait pas vouloir les séparer. Elle n'avait même pas eu le temps de digérer leur dernière interaction que déjà il revenait assaillir sa patience. 

    - Bonjour Donovan. Bien dormi? répondit-elle en lui jetant un coup d'œil amusé en coin. Son ton parfaitement malicieux. En vu de son état la nuit précédente, elle se doutait bien qu'il avait du en baver et l'exprimait affectueusement par cette jolie pique.

    - Il n'y a vraiment pas de quoi. On s'égare tous parfois....

    Venait-elle de faire une allusion lointaine à son propre égarement? Elle n'était même pas tout à fait sure encore de regretter son geste. Son baiser échappé. Remettre la question sur le tapis avec subtilité lui avait échappé sans s'en rendre compte. Ses pensées se matérialisant contre son grès dans les soupçons de ses paroles. Ombre de tentation dans les pas de leur discussion. Ils semblaient tous deux attirés. Tout la ramenait à Rory. Voilà pourquoi mademoiselle Drogov tendit tout particulièrement l'oreille quand celui ci évoqua une proposition.

    - Oui, je n'ai rien de prévu pour l'instant.

    Elle le fixait, se heurtant au regard qui l'avait fait ployé. Le grand blond semblait avoir reprit contenance et l'insolente retrouvait le goût de le bousculer.

    - Mais quelque chose me dis que vous allez remédier à cela.

    Jeudi 26 Août 2021 à 16:21
    Upside

    Rory:

    Toujours impeccable sur elle, il était dur de deviner que Mme Drogov avait eu à jouer les sauveteurs de deux hommes inconscients échoués sur les berges d'un bar, noyés dans la boisson. En revanche, les cernes qui se laissaient pendre sous les yeux de Donovan criaient que sa nuit à lui avait été courte et pauvre en repos.

    - Pas vraiment, répondit-il simplement. Mais ce n'est pas très grave.

    Il avait toujours été du genre à dire les choses comme elles sortaient, du moins lorsqu'il s'agissait d'exprimer ce genre d'informations factuelles parce que ce qu'il se passait dans sa tête actuellement, il y avait très peu de chance que ça dépasse le bord de ses lèvres. Il s'était donc mal vu tenter de nier la qualité de son sommeil, surtout devant sa collègue.

    Bambi le rassura sur le petit dérapage de la veille. On s'égare tous parfois. Il hocha doucement la tête, cachant le trouble certain que cette remarque avait éveillé chez lui. La fin de soirée s'immisça dans ses pensées comme un flash, lui rappelant un des égarements qui avait su faire chavirer un peu plus un coeur dont il essayait de se débarrasser.

    Le grand blond reprit pied lorsque sa collègue répondit à sa question sur ses disponibilités, se sentant un peu plus léger d'entendre qu'elle n'avait pas l'air contre le fait qu'il souhaite donner occupation à ses prochains jours. Il s'éclaircit un peu la gorge, il n'arrivait pas à s'habituer au mordant avec lequel elle lui répondait parfois. Cette femme avait le don de le bousculer lui et tous ses repères. Il avait d'ailleurs de moins en moins la force ou l'envie de lui résister.

    - Oui, en effet.

    Il marqua une petite pause, un peu pris de cours. Il chercha rapidement comment renchérir, s'en voulant de ne pas avoir essayé de préparer quoi dire avant de partir à sa recherche.

    - Je rentre en Irlande la semaine prochaine, voir ma famille en Irlande, pour une semaine. Et comme vous m'aviez dit aimer voyager, j'ai pensé que ça aurait pu vous intéresser.

    Ca sonnait beaucoup mieux récité dans un coin de sa tête. Il eut peur que la proposition ne paraisse trop étrange voire même déplacée et regretta de l'avoir verbaliser ainsi, cherchant comme arranger un peu la donne.

    - Il y aura pas mal de monde, ils aiment bien organiser des fêtes et puis.. Il y aura aussi Eryn et Ciaran et d'autres invités encore.

    Il essaya de faire passer l'invitation comme quelque chose d'amical, que de toute façon il y aura tellement de monde qu'au final ce ne sera pas si bizarre qu'il lui propose de venir.. Non?

    Jeudi 26 Août 2021 à 17:47
    AUREUM.UMBRA

    Bambi:

    Venez t-il de l'inviter chez lui? Mademoiselle Drogov fut prise de court par la proposition des plus inhabituelles. Pour une surprise, cela en était une et de taille. Suggestion alléchante émise au détour d'un couloir. Rencontrer la famille de son collègue, n'étais ce pas un peu osé en vu de leur relation...strictement professionnelle.

    L'Irlande, terre majestueuse au folklore étranger. Bambi n'y avait jamais mit les pieds mais avait une vague idée de paysages naturels à couper le souffle. Bien sure que l'idée de suivre le grand blond l'enchantait. Il brouillait de plus en plus les limites qui semblait déjà s'effriter entre eux. Amis. Oui. Ils devaient être amis. Peut être.

    "Il y aura aussi Eryn et Ciaran et d'autres invités encore."

    Bambi se sentit soulagée, si elle n'était pas seule alors peut être cela aurait été mal polie de refuser. Et pour Donovan, la russe se sentait d'humeur vraiment très serviable. Un petit sourire accrocha ses lèvre alors que les deux petites frimousses juvéniles se dessinaient au fond de ses souvenirs. Le psychologue évoquait de bons points, finissant de convaincre le cœur avide d'aventure de la jolie brune. Il était vrai que les petits bouts avaient su attendrir son cœur et qu'elle adorerait pouvoir les pouponner de plus belle. Elle resta un moment silencieuse, pesant le pour et tentant de créer un quelconque contre. Sa réflexion finit par s'encrer alors que son regard buttait sur l'étrange cravate qu'il arborait autour du cou. Sa collection était réellement impressionnante. Déconcertante même.

    - Si ma présence ne dérange pas vos proches, cela sera un plaisir de vous tenir compagnie.

    Alors qu'elle acceptait la séduisante avance, une évidence la frappa. Elle allait devoir trouver un moyen de rembourser sa dette. 

    - Cependant j'ai une condition. Laissez moi vous remercier avec...

    Son regard chercha l'inspiration et par une drôle de coïncidence, il divagua jusqu'aux mains de l'homme. La révélation quelle s'entendit prononcer fut plus proche du réflexe que de la raison.

    - Un massage. 

    Bambi était plutôt douée de ses mains. Habituée dans sa tendre enfance à pétrir les petites épaules de ses camarades pour les détendre alors que le froid mordait. Sans forcément comprendre toute l'ampleur que ses mots auraient dans le futur. Il allait falloir assumer les conséquences de ses actes.




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