[MIRANDA] she's a goddess and we're in hell [terminé]

sasha,

Il pleuvait dehors, c'était le cas depuis plusieurs jours maintenant. La veille aux infos, ils avaient annoncé l'arrivée d'une tempête sur l'île mais Sasha n'avait pas vraiment pris la menace au sérieux. Des tempêtes elle en avait déjà vues quand elle était en Russie et celle-ci n'avait pas l'air aussi menaçante. Alors elle s'était aventurée dehors, interrompant ses révisions pour aller à la laverie. 

L'aller s'était fait sans trop de difficultés, le vent soufflait fort mais l'étudiante était solide alors elle ne s'inquiéta pas plus que ça, pressant tout de même le pas. Le lavomatic dans lequel elle était n'était pas bien grand mais elle était seule dedans, assise sur un sèche linge, fixant le tambour de la machine à laver devant elle, les yeux et les pieds dans le vide.

La pluie était de plus en plus forte et faisait un vacarme pas possible, tapant violemment contre les carreaux de la vitrine. Peut-être qu'elle avait sous estimé la puissance de la tempête ? Elle eut sa réponse lorsqu'il violent coup de tonnerre éclata, arrachant un petit sursaut à la russe qui s'y attendait pas. En effet, elle avait sous-estimé la puissance de la tempête. 

Le cycle de lavage de ses vêtements n'en n'était même pas à la moitié lorsque l'alarme retentit, raisonnant dans les rues de la ville maintenant déserte. Dehors c'était le déluge, il faisait terriblement sombre et le vent faisant plier les branches des arbres. L'étudiante en archéologie ne bougea pas, ravalant son inquiétude et ses questions.

selma jallab,

Le temps foireux commençait légèrement a taper sur le système de Selma. La pluie, la tempête, les orages, tout ça, c'était pas bon pour les affaires: Selma elle pouvait plus mettre les mains dans le cambouis entre deux cours, et puis elle pouvait plus sortir sa collection indécente de lunettes de soleil. Elle avait simplement envie de s'enfermer dans sa chambre et maudire absolument toute la planète, la nature qui l'empêchait actuellement de briller au yeux du monde.

Malgré tout, Selma tenta de sortir, au risque d'abimer son maquillage parfait, et sa coiffure qui l'était tout autant. Fallait sortir pour pallier à cette envie de manger un burger. Tout de suite. Ça faisait bien trop de temps qu'elle avait pas sentit le gras dans ses veines. Et la nourriture du pensionnat, c'était pas sa tasse de thé. Alors elle prit son courage a deux mains, ou plutôt enferma son égo a double tour, et sortit, tête baissé, a la recherche du saint Graal.

Rien ne se passait comme prévu, et bien entendu, cette foutu alarme, elle devait sonner pendant que Selma était dehors. Elle pouvait pas attendre qu'elle soit bien au chaud dans sa chambre, non? Ça serait pas drôle sinon. Pressée par la pluie et l'angoisse naissante, la djinn se précipita pour enfoncer les premiers portes qui se présentèrent a elle: celle de la laverie.

— putain d'merde, mais c'est pas possible là!

Selma, la classe incarnée. Trop préoccupé par les gouttes qui avaient osé s'écraser sur son front délicat, elle ne s'était pas tout à fait rendu compte qu'il y avait quelqu'un, dans cette laverie. Ou plutôt, Selma ne se rendit pas compte de la personne qui se trouvait là bas, assise et absorbée par le tambour de la machine.

sasha, (j'ai trop la flemme d'écrire son nom de famille à chaque fois)

Alors qu'elle était en train de se demander pourquoi les tempêtes portaient des noms de femme, elle entendit la porte de la laverie s'ouvrir avec violence, brisant le rythme entêtant des gouttes de pluie contre cette dernière. Au départ elle n'y fit pas vraiment attention : la rotation hypnotique du tambour de la machine à laver était bien plus interessante que l'individu qui venait d'entrer.

Et puis l'intrus jura et la voix qui parvint aux oreilles de Sasha sonnait horriblement familière. Alors elle tourna la tête, ses yeux ambrés se posant sur la déesse au teint halé et au corps parfait qu'était Selma. Elle eut un petit temps d'absence pendant lequel elle eut un peu de mal à garder une expression neutre et, finalement, elle détourna le regard, se calant un peu plus contre le mur, ne cherchant pas à masquer son soupir agacé.

Sasha n'aimait pas beaucoup Selma et la russe était quasiment sûre que la réciproque était vraie. Elles n'avaient strictement rien en commun à part leur fort caractère et le peu de fois où elles s'étaient adressées la parole, le ton avait été aussi glacial que le pays d'origine de l'étudiante en archéologie.

Il avait fallut qu'elle tombe sur elle. Sur tout les habitants de cette foutue île, il avait fallut que ce soit elle qui pénètre dans cette foutue laverie. Elle croisa les bras contre sa poitrine, prenant bien soin de ne pas la regarder même si elle en mourrait d'envie.

(je tiens a préciser que les fautes dans le nom de famille sont faites exprès et que je m'excuse par avance si j'offense qui que ce soit é_é)

Selma Jallab,

Il n'y avait presque personne, et c'était tant mieux. Selma, elle avait pas envie qu'on la voit dans cet état. Les nerfs, passés, elle avait déjà explosé bon nombre de fois au grand jour, alors on s'habituait à ses accès de colère pas toujours justifiés et sans conséquences. Mais elle avait une contenance à tenir, un certain standing à garder. Et là, c'était loin d'être le cas.

— tu veux ma photo? lança-t-elle, hargneuse.

L'inconnu - ou ce qu'elle pensait encore être un inconnu - l'avait regardé. Jusque là, il n'y avait rien de bien fou, de bien impoli, mais pour Selma, c'était déjà trop. La tempête qui s'acharnait dehors s’appelait peut être Miranda, mais celle qui allait emportait l'intérieur de la laverie se nommait bien Selma. Et le temps dirait laquelle des deux seraient la plus dévastatrice.

— qu'est ce que j'ai fait pour mériter ça, sérieux

Attends. Les yeux qui venait de se poser sur elle, elle les connaissait. Elle les connaissait aussi bien que son propre reflet dans le miroir: Sasha Zamalo, non, Zamoda, non Za, et puis merde. Y avait comme une ambiance de mort quand les deux jeunes femmes se trouvaient dans la même pièce, sans raison. Ou alors Selma avait oublié la raison de cette inimitié. La liste des gens que Selma pouvait pas se blairer, et qui ne pouvait pas blairer Selma, y en avait assez pour peupler une petite ville de province.

— Zomalichkov.

Elle se croyait peut être dans un film, mais là, elle était enfermée pour une durée indéterminée avec sa meilleure ennemie. On aurait dit un mauvais rebondissement de série.

(je m'excuse par avance aussi)

(DU DRAMA)

sasha;

Son ton était agressif, comme d'habitude, sasha ne fut pas surprise plus que ça. Elle ne bougea pas, prenant même pas la peine de la regarder. Un petit sourire mesquin prit place sur ses lèvres pâles et elle répondit d'une voix monotone.

— Non t'inquiètes pas ça va aller, je l'ai déjà et je plante des fléchettes tout les soirs dedans.

C'était faux, bien évidemment, elle n'avait pas de photo de l'étudiante et même si c'était le cas, elle avait autre chose à faire de ses soirées. 

Sasha était trempée mais bien moins que Selma qui dégoulinait d'eau, formant presque une petite flaque à ses pieds. Sa tête n'était pas fameuse mais la russe ne s'y attarda pas, peu désireuse de se faire surprendre en train de lui détailler le visage. Elle ne répondit pas à sa question, de toute façon sa némésis n'attendait surement pas de réponse. Elle semblait fulminer, en voulant à la terre entière, surement à cause de la tempête, peut être à cause d'autre chose. Sasha n'en avait pas grand chose à faire.

Elle écorcha son nom de famille, ça la jeune femme en avait l'habitude mais il était évident qu'elle l'avait fait exprès pour l'embêter. Alors pour lui rendre la pareille, elle marmonna un truc en russe sur un ton un peu agressif histoire de lui faire croire que ce n'était pas gentil.

— Ты обаятельна

Elle n'avait aucune idée du temps qu'elles allaient devoir passer ici mais c'était mal parti.

(je fais de mon mieux pour rajouter de l'essence sur le feu)

Selma Jallab,

N'y aurait-il personne pour lui procurer de quoi se sécher? L'eau dégoulinante n'était pas quelque chose qui lui allait bien au teint, au contraire, elle était plus habituée au soleil et au temps chaud de son pays. Mais au lieu de ça, une brise glaciale filtrait dans la laverie. C'était la météo ou la tension qui se faisait sentir? Selma ne savait pas et avait d'autre chat a fouetter.

— J'espère que tu vises mon bon profil.

Elle allait pas se laisser démonter face à Sasha, sa pire ennemie, ça aurait été faire preuve de faiblesse d'esprit et de corps. Et Selma était tout sauf faible, c'était pour sur.

— Y a pas moyen d'avoir une serviette ou un truc pour se sécher dans ce trou paumer?

Passant bien vite sur cette petite pique qu'on venait de lui lancer, avec la dextérité d'une lanceuse de javelot, Selma préféra se concentrer sur quelque chose de plus important: sa dégaine dégoulinante. Elle balança rapidement son regard, mais y avait personne d'autre que Sasha, et c'était pour sur pas cette personne qui l'aiderait.

Trainant des pieds, et laissant derrière elle un chemin de petites goutes perlant de sa longue tresse, la djinn chercha de quoi avancer ses affaires. Et, avec tout le culot dont on pouvait faire preuve face à sa pire ennemie, Selma lança nonchalamment, accompagné d'une petite moue:

— t'as pas un truc a me prêter, histoire que je tombe pas malade. Tu voudrais pas que je tombe malade, hm? Même si on a pas tout à fait le même....sens de l'esthétisme, ça me suffira.

(ça marche tkt)

sasha,

Elle leva les yeux au ciel, croisant ses jambes en tailleur pour faire partir les fourmis qui commençaient à prendre possession de ses pieds.

— Ah parce que t'as un bon profil ?

Normalement Sasha aimait bien la pluie, ça lui donnait une excuse pour rester enfermée, cloitrée dans sa chambre loin du monde extérieur. Mais là elle aurait donné n'importe quoi pour que la pluie cesse et que l'orage s'en aille, emmenant Selma avec lui.

Elle semblait avoir quelque chose contre son "sens de l'esthétisme", son ton dédaigneux parlait pour elle. Sasha la détailla de haut en bas, les sourcils froncés et le nez retroussé. Non, elle ne tenait pas à ce qu'elle tombe malade, l'étudiante n'était pas une monstre à ce point et savait faire preuve d'humanité.

Elle attrapa donc son sac à dos posé à côté d'elle et l'ouvrit pour en sortir un sweat à capuche qu'elle avait prit en voyant que le temps se couvrait. Elle avait prévu le coup, se disant que peut-être elle allait avoir froid. Sauf qu'il en fallait plus pour que Sasha ait froid. Il n'était pas très beau et surtout il était super large mais il était confortable. 

Elle lança le vêtement roulé en boule à Selma, visant sa tête. 

— tiens. 

Elle se sentit obligée d'ajouter.

— je fais pas ça pour toi, j'ai juste pas envie d'avoir ta pneumonie sur la conscience.

Selma Jallab,

Elle osait insinuer que Selma n'avait pas de bon profil, raison de plus pour douter des gouts de la jeune femme. Selma en était outrée, et soupira fortement. En attendant, elle trempait encore dans l'eau de pluie qui l'avait prise par surprise. Putain, mais ces cons à la météo, ils avaient pas dit que la tempête arriverait si vite. Ils foutaient quoi? Si on les payait pour donner des informations valides, comment se faisait-il qu'ils aient encore un boulot? Ce n'est qu'au bout d'un moment que Sasha décida de se bouger et de tendre, ou plutôt, de jeter au visage de Selma un tissu informe. Au moins, il était propre. Et sec, surtout.

— c'est pas comme si t'avais le choix!

Bon, maintenant, trouver le haut du bas. C'est fou comme des gens peuvent mettre des fringues qui leurs vont pas. Sasha, si elle faisait un effort, Selma était persuadé qu'elle serait au top. Mais ça, Selma lui avouerait pas. C'était pas sa pote pour lui donner des conseils aussi précieux et important.

— t'inquiète, quand je serais morte, je ferais livrer mon cercueil chez toi. et la note aussi.

Sans gêne, et puis qui viendrait les déranger, il y avait pas un chat dehors et c'était le dernier des soucis de Selma, elle ôta son t-shirt trempé pour en changer, déversant dans la manœuvre encore un peu plus d'eau sur le sol. La femme de ménage allait être ravie, a moins que le temps passe et sèche naturellement les petites flaques d'eaux que Selma semait derrière elle.

En jetant un coup d’œil vers l'extérieur, la djinn se rendit compte que tout espoir était superflu: elles allaient devoir cohabiter jusqu'à l'arrêt de la fin du monde qui se jouait dehors.

— fallait que ça tombe sur moi. avec toi.

Rapidement, elle passa le sweat qu'on lui avait si gentiment prêté. Selma, au fond, elle avait un peu de chance: il était assez grand pour qu'elle flotte dedans et puisse quitter ce foutu pantalon qui collait de partout. C'était pas agréable comme sensation.

(sasha en SUEUR)

sasha,

La russe plaça sa main sur sa poitrine, au niveau de son coeur et fit une moue faussement touchée.

— ça me fait plaisir, j'm'en servirais pour allumer ma cheminée l'hiver.

Et puis sans crier garde, Selma enleva son t-shirt. La plus jeune se figea, ses yeux s'écarquillèrent et le rouge lui monta aux joues. C'était comme si son cerveau avait cessé de fonctionner il lui fallut fournir un effort titanesque pour pouvoir détourner le regard du dos désormais quasiment dénudé de la jeune femme au teint hâlé. C'était une vraie torture, le seul point qui rassurait Sasha était de savoir qu'elle ne le faisait surement pas exprès. C'était une vraie déesse, dommage que son caractère et ses manières ne suivaient pas.

Elle eut un mal fou à rétorquer mais le fit quand même, repliant ses jambes contre son buste dans l'espoir de cacher son visage.

— j'essaye de me rassurer en me disant que j'aurais pu tomber sur pire... mais en fait non, j'aurais pas pu tomber sur pire.

Ouais, ç'aurait pu difficilement être pire.

Selma Jallab,

Dehors, c'était la merde. Le vent claquait contre les vitres de la laverie, et Selma se demandait, dans un instant de fébrilité, si elles seraient assez solides pour tenir le coup. C'était la première fois qu'elle vivait une tempête, dans son pays, on connaissait le sable qui vous piquez les yeux, mais pas vraiment ce genre de déferlement violent. Mais bien vite la voix insupportable de sa camarade retentit et coupa Selma dans ses réflexions apocalyptiques.

— on peut même pas réfléchir tranquillement ici.

Elle se massa les tempes.

— si tu veux jouer a qui se déteste le plus, j'te préviens, j'vais gagner.

Puis, elle retourna vers Sasha, qui, à sa plus grande surprise, avait laissé place à un amas de vêtement et de formes indéfinis: elle s'était apparemment recroquevillée sur elle même.

— tu vas quand même pas me dire que t'as peur d'une petite tempête. en russie, vous vivez avec les ours, non?

C'était totalement gratuit, et surtout, outrageusement hypocrite. Des deux, Selma devait sans doute être la plus terrifiée, mais l'admettre, c'était faire preuve de faiblesse. Et Sasha ou pas Sasha, fallait pas montrer ses faiblesses. Alors, pour faire face, la djinn regarda ses vêtements trempés qui gisaient au sol, à la recherche d'un lavabo pour les essorer.