[MIRANDA] she's a goddess and we're in hell [terminé]

sasha,

La remarque de la métisse arracha un petit rire cynique à la plus jeune. Elle n'avait aucune intention de jouer à ce petit jeu là et laissait volontiers sa place de vainqueur à Selma: enfin quelque chose où elle était meilleure qu'elle.

Elle semblait être de nouveau habillée alors la châtain se risqua de jeter un coup d'oeil dans sa direction. En effet ses vêtements gisaient aux sol et elle avait son sweat sur le dos. Ouf. Sasha eut un petit soupir, sentant son visage reprendre une température et une couleur normale. Elle posa son menton sur ses genoux, marmonnant qu'elle n'avait pas peur de la tempête.

— C'est censé vouloir dire quoi ça ?

Elle avait très bien compris que ce qu'elle sous entendait, ce n'était pas la première fois qu'on lui balançait ce genre de réflexion. Sasha n'aimait pas son pays d'origine mais ce n'était pas l'enfer sur terre non plus. Quoique.

Selma Jallab,

Nonchalamment, elle profita de sortes de tables misent a disposition pour s'asseoir. Il n'y avait rien d'autre à faire, après tout. Ce n'était pas tant l'alarme qui la forçait a rester là, mais plutôt sa conscience qui lui hurlait de ne pas sortir, même si à cet instant, elle était enfermée contre sa propre volonté avec la pire personne au monde - ou du moins, la pire personne avec qui elle pourrait être enfermée, parce que Selma avait quand même une bonne demi douzaine d'idées bien plus horrible et dangereuse. Il allait falloir prendre son mal en patience, en espérant que le plus gros passe au bout d'un moment pour qu'elle puisse prendre ses jambes à son cou et se retrouver au pensionnat.

— jsais pas moi. en russie, vous avez pleins de trucs fous. vous avez pas les même coutumes qu'ici.

Ça se voulait méchant, du moins, dans la forme. Parce que dans le fond, c'était pas tout à fait faux. Entre Selma et Sasha il y avait un océan de culture qui les séparaient, et elles se trouvaient toute les deux dans un pays différent. Mais c'était pas la question, et si Selma aurait bien voulu se pencher sur le sujet, mais pas avec Sasha, pas sa meilleure ennemie, non.

— avec ta froideur, tu dois leur faire peur, aux ours.

Selma voyait tout à fait un remake de The Revenant avec Sasha Zamolodchikova dans le rôle phare.

(je crois que je me suis chopée une tendinite au poignet)

sasha,

Elle n'avait pas tord. Comparé à la Russie, ici c'était le paradis. Mais elle ne voulait pas trop en parler non plus alors elle haussa les épaules, désireuse de changer de sujet.

— Et toi alors ?

Plus évasive tu meurs. Sasha s'apprêtait à expliquer le fond de sa pensée lorsque le lave linge en face d'elle fit un petit "bip", annonçant la fin du cycle. Elle s'interrompit donc et descendit de la machine sur laquelle elle était assise, secouant ses jambes engourdies. Après avoir ouvert le sèche linge elle transvasa ses vêtements dedans un part un, se délectant silencieusement de l'odeur d'adoucissant qui embaumait la pièce.

— J'veux dire, tu viens de Mauritanie, non ? Les coutumes aussi doivent être différentes.

L'archéologue en devenir qu'était Sasha était vraiment intéressée par la réponse que pouvait potentiellement lui donner Selma.

Elle eut un petit sourire en entendant sa remarque sur sa froideur, rictus qui disparu aussi vite qu'il était venu. Elle n'avait jamais fait face à un ours de sa vie alors elle ne pouvait pas savoir si, effectivement, elle leur faisait peur.

(courage é_é)(j'ai pas du tout regardé la page wikipedia de la mauritanie, c'est faux)

Selma Jallab,

Elle attendait aussi sagement qu'elle pouvait la suite de la phrase de Sasha, et ne pu qu'être irritée par le petit bruit produit par la machine à laver. En plus de savoir se montrer particulièrement agressive, Selma savait aussi faire preuve d'une patience moindre, et détestait qu'on puisse interrompre quoi que ce soit. Soufflant simplement assez fortement pour qu'on l'entende, elle suivit la russe du regard, parce qu'il n'y avait franchement rien de mieux à faire que regarder le vent s'abattre avec fracas à l'extérieur.

— autant que l'écart qu't'as du remarquer en venant ici, j'suppose.

Pas spécialement emballé par ce petit brin de causette qu'on essayait de le faire, Selma fut du mieux qu'elle pu pour ne pas perdre son sang froid - en avait-elle seulement - et répondre aussi poliment qu'elle le pouvait. Ce qui se résumait en une très pauvre preuve de politesse, sa phrase hachée par ce ressentiment innée qu'éprouvait respectivement les deux jeunes femmes.

— j'ai pas vécu assez longtemps pour m'rendre compte de la différence.

De ce que lui avait raconté ses parents, la Mauratanie était comme a peu près tous les autres pays magrébins. Elle s'estimait particulièrement chanceuse de pouvoir rentrer à l'école, au vu des disponibilités dans son pays natal, d'ailleurs. Mais Selma, si elle avait conscience de cette chance, n'en profitait sans doute pas assez. Sasha allait devoir ravaler ses attentes, la djinn n'avait pas envie d'en parler, et de toute façon, elle n'aurait sans doute rien de bien intéressant à dire.

— pourquoi ça t'intéresses, fit-elle, avec autant de dédain que son corps lui en permettait.

(ptdrrr je fais la même dès que j'entre dans les détails sur un perso)

sasha,

Elle écouta Selma répondre à sa question et elle grimaça: elle aurait voulu plus de détails. De part ses études et surtout de part ses recherches personnelles elle était quasiment incollable sur les civilisations africaines à travers les âges. Elle pouvait citer l'évolution démographique de n'importe quel peuple de cette région du monde à travers les siècles. Par contre, elle ne s'y connaissait pas du tout en matière de coutumes et habitudes actuelles. À force de rester le nez dans ses bouquins à étudier le passé, elle était un peu —beaucoup, en décalage avec le présent. 

— absolument pas.

Cependant son agacement se porta très vite sur autre chose. Le sèche linge face à elle semblait vouloir lui rendre la vie encore plus pourrie qu'elle ne l'était déjà à cet instant et refusait catégoriquement de démarrer, même après que la Russe ait inséré ses pièces dans la fente prévue à cet effet. Elle venait de se faire bouffer ses dollars et commençait sérieusement à perdre patience. Elle soupira longuement, tentant de rester calme et appuya sur le bouton qui était censé lui rendre sa monnaie. Mais rien. 

— блядь! jura t-elle finalement avant de balancer son pied contre la taule, dernier recourt qu'il lui vint en tête. La douleur qui traversa son talon lui fit immédiatement regretter son geste. черт возьми !!!

Selma Jallab,

Elle allait pas non plus faire un récit détailler de la vie en Mauritanie, surtout pas à Sasha. Et puis ça aurait fait un sujet de conversation bien chiant au gout de Selma, et la tempête ne faisait que commencer. C'était bien sa journée, et aucun moyen de savoir quand elle pourrait se tirer de la laverie. Parce que certes, la présence de la russe ne pouvait pas tomber plus mal, mais au fond, Selma était pas assez folle pour traverser la rue. Avec la chance qu'elle avait en ce moment, elle se serait envolé et se serait sans doute écrasé contre un lampadaire.

— ai au moins la politesse de jurer de manière compréhensible.

Amusée par le spectacle qui se déroulait devant ses yeux, Selma ne pouvait s'empêcher de profiter de chaque seconde pour graver dans son esprit cette perte de sang-froid de la part de la porte de prison qu'était Sasha. C'était quand même triste, mais Selma allait pas pour autant l'aider. Ou du moins, faudrait qu'on lui demande, son aide, pour qu'elle bouge son cul de la table où elle l'avait posé.

— j'suis pas sure que taper dedans ça soit d'une grande aide. Et compte pas sur moi pour t’amener à l'hosto.

Bien entendu, si Sasha finissait en sang, Selma aurait peut être la présence d'esprit d’appeler a l'aide. C'était pas un monstre, non plus.

sasha,

Une soudaine envie d'étrangler quelqu'un s'empara de Sasha dont le calme olympien était mit à rude, à trèèèèès rude épreuve. L'une des deux jeunes femmes, si ce n'était les deux, n'allait pas ressortir vivante de cette laverie. C'était pas une tempête qui avait commencé, c'était les Hunger games.

— Putain de merde, traduisit la russe avec un faux sourire forcé, madame est satisfaite ?

Pendant un instant elle avait envisagé de se montrer aimable avec Selma, de faire un effort pour rendre leur cohabitation moins insoutenable. Mais finalement non, elle n'y arrivait tout simplement pas.

— Puis ça te va bien de dire ça, c'est clair que t'es un modèle de politesse toi !

La jeune femme se força à respirer calmement, posant ses mains à plat contre le sèche linge peu coopératif. Est-ce que affronter la tempête était pire qu'affronter la mauritanienne ? Le choix était cornélien, Miranda ou Selma ? Les deux allaient de toute façon finir par avoir la peau pâlichonne de Sasha.

— Merci de ton observation Sherlock. Et de ton altruisme sans failles.

Lassée par tout ça, elle remonta sur le sèche linge et s'allongea dessus, faisant face au mur, se concentrant sur les craquelures de la peinture pour ne pas avoir à se concentrer sur le démon au corps de déesse qui lui tenait malheureusement compagnie.

(vais me faire à manger, a toute)

Selma Jallab,

Pas de problème, Selma prendrait sur elle comme elle savait très bien le faire. Le calme, la douceur et la politesse, c'était les premiers adjectifs qui venaient en tête lorsqu'il s'agissait de penser à la jeune femme. Tout allait très bien se passer. C'est ce que se serait dit tout esprit sain et conciliant dans une telle situation: il valait mieux supporter une personne qu'on n'appréciait pas franchement que de mourir écrasé par une voiture. Mais Selma n'était pas tout à fait conciliante. Elle en venait même a espérer que ces illuminés tirant sur les tornades apparaissent et réussissent leur coup pour une fois.

— jvois pas d'quoi tu parles.

Elle ne pouvait s'empêcher d'être acerbe avec Sasha, et c'était pas pour arranger la situation. Selma le savait bien, mais c'était presque plus fort qu'elle. Et puis, c'était pas maintenant qu'elle allait changer, non? Peut-être que la situation poussait à un peu plus d'altruisme, peut être qu'elle pourrait l'aider avec sa machine, parce-que Sasha lui avait bien prêté de quoi se changer.

— b'soin d'aide avec ta machine?

Fallait pas que la russe se fasse des idées, une fois la tempête finit, il allait pas falloir qu'elle pense que Selma allait l'aider a chaque problème, hein. Mais elle voulait bien tenter de faire des efforts incommensurables pour arranger ce confinement de mort. Parce que passer des heures dans le silence, c'était pire aux yeux de Selma que de se tenir aussi bien qu'elle le pouvait en compagnie de Sasha.

sasha,

Le sèche linge n'était pas bien confortable, la russe sentait le métal dur et froid en contact avec son épaule osseuse. Le mur face à elle était décrépi, la peinture était craquelée si bien que Sasha avait envie de poser son doigt sur la petite fissure devant ses yeux, juste pour voir ce que ça pourrait faire. Mais elle ne le fit pas, se mettant sur le dos pour rétablir son poids sur ses omoplates plutôt que sur son épaule. Elle leva les yeux au ciel, se désolant de la mauvaise foi de Selma, mais ne répondit rien. 

Ça faisait déjà un petit moment qu'elles étaient là, ou pas, Sasha n'avait pas forcément fait attention. Le temps passait plus lentement lorsqu'elles ne parlaient pas. Cependant c'était mieux que lorsqu'elles se disputaient. Mourir d'ennui ou étrangler Selma ? Le choix était compliqué. Elle n'eut pas l'occasion d'y réfléchir plus longtemps puisque la voix de la mauritanienne retentit de nouveau, comme le crissement d'ongles sur un tableau noir aux oreilles de Sasha.

Mais... Elle lui proposait de l'aide ? Elle s'était pris la foudre ou quoi ? La plus jeune tourna la tête vers sa camarade, les sourcils froncés, une remarque désagréable sur le bout de la langue, par habitude. Cependant, elle ravala son sarcasme et hocha doucement la tête, pas vraiment confiante.

— bah... euh... ouais ?

Elle se redressa sur ses coudes, guettant une éventuelle lueur moqueuse dans les yeux de Selma. Elle n'en vit pas, de toute façon Sasha était une quiche pour décrypter les émotions des gens. 

Selma Jallab,

Ça lui en avait couté, à Selma, de proposer son aide à Sasha. Elle était pas très philosophe, appliquant la fameuse tradition du je parle avec mes poings à chaque petite contrariété, mais au final, Sasha, elle lui avait rien fait. A part peut être exister. Et avoir un caractère bien trop froid pour son tempérament de feu. Mais c'était pas la question, et à moins qu'une météorite se pose sur le pensionnat, Selma ne se poserait jamais vraiment la question du pourquoi du comment derrière cette haine que les deux étudiantes semblaient prendre grand soin à faire croitre.

— Tu préfères défoncer la machine?

Donner des coups, ça elle savait faire Selma. Mais bien caché derrière une couche de fond de teint et des ongles parfaitement vernis, c'était MacGyver qui sommeillait. Les joints de culasses, elle connaissait. Et tout ce genre de chose qu'on attends pas d'une jeune femme aussi bien apprêtait, Selma les connaissaient. Sortir de la monnaie d'une machine belliqueuse, ça devait pas être plus difficile que toucher a des bougies.

— Ou la méthode douce?

Selma ne savait pas encore ce qu'elle ferait, mais ça, c'était un autre problème. D'un bond, elle s'était retrouvé devant la machine, les bras sur les hanches, lançant un regard de défi à l'objet de tous les mots.