• [explicit] Oiseaux de nuit [privé]


    Mardi 1er Juin 2021 à 03:54
    AUREUM.UMBRA

    Dorota:

    - Que de galanteries dites moi. Ca vous fera un total de quatre-vingt cinq euros s'il vous plaît. Vous pouvez taper le code.

    La madone des enfers regardait Donovan s'exécuter lançant de loin des regards plein de sous-entendus à Bambi accompagnés de levés de sourcils parfaitement rodés. Elle attrapa les articles qu'elle glissa dans une poche rouge vif avec supplément d'un petit bonus préservatifs en prenant grand soin que le pauvre psychologue le remarque. Cadeau de la maison ~ qu'elle lui avait murmuré.

    - Au plaisir de vous revoir mes chatons! Amusez vous bien et surtout, soyez vilains ~

    Et elle les salua d'un geste de main généreux affichant un sourire amusé en les voyant filer ensemble hors de sa portée, ultime révérence à cet acte farfelu. Dorota avait accompli sa destinée. Elle avait semé la luxure dans leurs jolies têtes bien faites. 

     

    Bambi:

    La physicienne n'eut pas vraiment le temps de protester que déjà son collègue se dévouait pour régler la commande plus ou moins consentie. Tampis, elle le rembourserait d'une façon ou d'une autre mais là la seule chose qui s'imposait c'était fuir le plus vite possible tant qu'ils en avaient l'occasion.

    Habituellement, elle serait resté de marbre mais là...la nuit, les affabulations érotiques et la tournure des évènement rendirent le chuchotement de proximité que le grand blond lui adressa bien cruel aux oreilles de Bambi qui se jura de se venger. 

    On y manquera pas. Merci, en revoir.

    La pluie. Vague de fraicheur dans cet océan torride. La demoiselle fut pour la première fois absolument ravie de sentir trempée. Mais même cette douche froide s'abatant sur leurs êtres transits ne suffirait pas tout de suite à dissiper le voile lancinant que ce petit bout de furie avait tissé dans leurs esprits. Ils étaient là. Seuls sous les néons grésillant avec pour seul témoin une lune parfaitement ronde. L'eau s'infiltrait, collant au passage à son corps le tissus polisson. C'était presque poétique finalement. Plongée dans cet étrange moment, Bambi ne pouvait s'empêcher de sourire.

    - C'est un miracle mais je pense que je vais survivre. On peut dire que c'était...surprenant.

    Elle tourna la tête vers son partenaire d'un soir. Il semblait tout aussi soulagé qu'elle. Elle perdit un instant son regard dans ses cheveux malmenés avant de revenir à elle même. Il fallait agir car cette histoire commençait sérieusement à lui faire tourner la tête. Le bon côté des choses c'est que la glace était bien brisée entre eux. Que dis-je? Pulvérisée, atomisée, annihilée, par cette chère Dorota. Elle se souviendrait pendant très longtemps de cette première entrée en matière avec cet homme quelle se surprit à ne pas vouloir quitter de suite. Il avait retenue toute son attention. Cela serait stupide de gâcher un si bon début de soirée - et puis la vendeuse burlesque l'avait dit elle même "soyez vilains".

    - Vous considérez vous comme courageux Donovan? Après ce que l'on vient de vivre, je suppose que vous proposer un verre ne vous effrayera pas? 

    Après tout ils avaient survécus à l'impensable ensemble. La belle brune espérait secrètement qu'il lui accorde encore un peu de son temps, cela faisait bien longtemps que son cœur meurtri n'avait pas tant raisonné dans sa cage thoracique. 

    - J'ai un deuxième casque et puis il faut bien s'occuper en attendant que l'averse passe. D'autant plus que j'ai une dette envers vous maintenant.

    Mardi 1er Juin 2021 à 15:29
    Upside

    Rory:

    Il n'allait pas l'oublier de si-tôt, cette vendeuse exubérante. La petite dame n'avait loupé aucune occasion de l’empêtrer dans la gêne jusqu'au cou, s'assurant de laisser un dernier souvenir impérissable avant de devoir les regarder lui fausser compagnie. Cette façon qu'elle avait eut de glisser quelques préservatifs dans la pochette, avec ses expressions plus qu'évocatrices, allait le hanter encore quelques jours. Soyez vilains, il avait eu bien du mal à garder son air sérieux jusqu'à la sortie.

    L'averse ne s'était pas calmée, loin de là, mais après cette rude épreuve elle était devenue bien plus salvatrice que dérangeante. Le sourire qui s'étirait sur le visage de la collègue semblait dire qu'elle n'allait pas si mal. Avec du recul, toute cette mascarade deviendrait sans aucun doute un souvenir cocasse dont ils n'auraient aucun mal à rire. Si le psychologue avait été doté d'un sourire charmant, il n'aurait pas hésité à le rendre à Avalon, mais ses lèvres ne contentèrent de s'étirer très discrètement. Il passa une main sur son front pour dégager les mèches rebelle qui avaient été ébouriffées par les grosses gouttes qui leur tombaient dessus, remontant ses lunettes pour les faire tenir sur sa tête. De toute façon, même avec ses verres devant les yeux, il ne verrait rien à cause de la pluie qui lui obstruait la vue.

    La professeure lui fit alors une proposition sur un ton de défi. Elle n'avait pas tord, il aurait pu affronter n'importe quoi après la tornade commerciale qu'ils venaient de se manger en pleine face. Le grand blond voyait difficilement ce qui pourrait leur arriver de pire après ça.

    - Absolument pas, ce serait même un plaisir d'aller boire un verre.

    Cette façon de conclure cette soirée était même plutôt attrayante, il ne dirait pas non à un verre pour se détendre un peu avant de rentrer au pensionnant. Elle mis en avant le deuxième casque qu'elle possédait, laissant entendre qu'il allait faire un tour sur le bolide avec lequel elle était arrivée ici. De plus, elle semblait vouloir épancher sa dette pour l'achat qu'il avait fait pour elle.

    - Ne vous embêtez pas pour ça, dit-il d'un geste évasif de la main, c'est pas grave.

    Donovan n'était pas du genre à essayer de se justifier et il ne lui donna pas plus de détails, mais ce n'était pas ce petit achat qui allait bouleverser ses comptes. Mais si elle y tenait, il n'allait pas non plus essayer de l'arrêter, certaines personnes se sentaient plus tranquilles quand elles pouvaient rendre la pareille.

    - Vous avez une idée d'où aller?

    Mardi 1er Juin 2021 à 18:02
    AUREUM.UMBRA

    Bambi:

    Il accepta volontiers ce qui eut pour effet de ravir l'hôte de la proposition. Bambi se demandait ce que ce rendez vous improvisé allait encore pouvoir leur réserver de nouveau.

    - Vous me faites confiance? Je connais un établissement plutôt agréable.

    Ses talons acérés claquèrent jusqu'au véhicule. Sa silhouette marquée se détachant de la pénombre, la carrosserie luisant sous la lueur des lampadaires. Ils étaient trempés mais au point où ils en étaient c'était pas un litre de plus qui allait changer grand chose. Elle souleva le siège pour en tirer un casque ébène qu'elle tendit à son collègue. Une mèche sombre de ses cheveux court vint se coller entre ses lèvres carmins. Elle la repoussa en posant son regard joueur sur le grand blond. L'idée d'associer l'adrénaline de la vitesse et l'ivresse d'une si belle compagnie ne lui déplaisait pas, elle enfourcha sa monture en stabilisant l'engin avec ses jambes. Le dos naturellement cambré par la position l'imposant, la scientifique tendancieuse invita d'un signe de tête Donovan à la rejoindre.

    Hélas, elle n'avait pas prévu que cette proximité obligatoire lui arracherait un nouveau frisson. Celui ci bien plus profond que le précédent qui remonta lentement son échine. Il courut, insolent, le long de sa colonne vertébrale. La subjectivité avait décidément pas finit de leur coller à la peau ce soir. Elle sentit le buste de son collègue dans son dos, sa chaleur tranchante avec l'humidité ambiante, ses mains fortes se frayer un chemin. Bambi déglutit sous la pression dégoulinante.

    - Accrochez-vous et je m'occupe du reste.

    Elle tourna le volant et la machine les emporta dans son élan mécanique. La vitesse augmentant crescendo, les sensations avec. Ils n'étaient plus qu'une ombre avalée par la nuit et son lot de mystères. La route était déserte à une heure si tardive offrant à ce trajet un côté intimiste - presque privilégié. Les arbres ondulant sous le vent, les immeubles immenses s'étendant vers un ciel nocturne, épaisse masse sombre encadrant la scène.

    Bambi restait concentrée sur sa conduite malgré la présence masculine cramponnée contre ses hanches - chose bien compliquée puisque tout son être frémissait au moindre geste du passager désirable. La demoiselle restait attentive à chaque pression, chaque dérobement sous ses roues. Elle avait l'impression d'être libre  et entière alors que le vent luttait à leur passage contre leurs visières tintées. La surprise l'avait rendue à vif, Bambi avait du mal à faire face à ce flot primitif qu'elle savait habituellement pourtant si bien réprimer. Saoul d'un fantasme qui venait de troubler ses pensées.

     

    Mardi 1er Juin 2021 à 19:24
    Upside

    Rory:

    D'un mouvement machinal, il glissa la petite télécommande qui n'avait pas été emballée dans la poche de sa veste. La professeure lui demanda s'il lui faisait confiance, ce à quoi il hocha la tête avec une certaine assurance, laissant la destination de leur fin de soirée entre ses mains. Il observa sa silhouette lascive se mouvoir dans la pénombre, la pluie glissant sur sa combinaison noire. Il suivit la dame jusqu'à sa moto tandis qu'elle lui tendit un casque aussi noir que tout ce qu'elle portait.

    Le psychologue fut contraint de remettre ses lunettes correctement afin de poser le casque ébène sur sa tête. Il n'avait nulle part où les mettre et préférait ne pas se risquer à les casser dans une de ses poches. Il ne voyait pas très bien, les gouttes étalées sur ses verres étaient bien trop épaisses et il n'avait rien de sec pour les essuyer correctement, mais ce serait suffisant pour grimper sur le bolide et s'accrocher à sa conductrice. Il devina sa posture cambrée qui l'invitait à le rejoindre sur le siège.

    Il ne se fit pas prier et passa une jambe de l'autre côté du véhicule d'un mal dissimulé, manquant peut-être un peu de souplesse. Il se glissa doucement jusqu'au corps félin de sa collègue, ses jambes contre les siennes, anéantissant le peu d'espace qu'il restait entre eux. Son torse rencontra la courbure provocante du dos d'Avalon, sentant presque ses vêtements à travers sa chemise mouillée. Posant les mains sur ses hanches menues, il veillait à ne pas toucher par mégarde quelques lieux interdits, devinant ses formes sous ses paumes.

    Le moteur ronronna et d'un vrombissement métallique, ils étaient partis dans la nuit, la pluie battante s'écartant sur leur sillage. Les lumières passaient rapidement et le grand blond percevait avec une certaine difficulté ce qu'elles représentait. À chaque coup d'accélérateur ses doigts se serraient instinctivement sur les flancs de la pilote, peu habitué à ce genre de balades. Le vent froid se heurtait sur son corps bien trop chaud par cette proximité inhabituelle qu'il ne pouvait pas contrôler, sentant ce buste plus petit contre le sien, impuissant dans la vitesse.

    Le grand blond ne put se dérober à la pensée lancinante de l'intimité que cette position avait, s'ils n'étaient pas installés ainsi sur une moto. Son esprit était, à son grand dam, encore bien trop embrumé par ce qu'il venait de se passer dans le magasin et il espérait que le trajet serait court pour se tirer de cette situation.

    Mardi 1er Juin 2021 à 21:15
    AUREUM.UMBRA

    Bambi:

    La poigne qu'il raffermissait sur son corps à chaque virage ne lui avait pas échappée. Bambi roula des yeux plus d'une fois en soufflant lentement entre ses lèvres pour tenter de se calmer, bien à l'abris sous son casque. Elle voyait rouge. Боже мой, elle ne s'en sortirait pas indemne. Les jambes de son collègue se pressant contre ses cuisses, le buste dont elle devinait la musculature, il était si prêt. Trop tard pour qu'elle ne se face pas d'idées.

    La délivrance survint lorsque les rues sinueuses s'ouvrirent sur une place pavée. Un petit bar à la devanture en bois et au charme décadent se cachait là. Une lueur chaude s'échappait de la devanture, invitant en son entre les seuls habitués un peu fous de sortir par un temps pareil.

    Bambi ralentit progressivement marquant la fin de cette petite balade qui venait de les mettre à rude épreuve. Elle stoppa le moteur devant l'échoppe et attendit que Donovan se sépare enfin de son corps brulant. Libre de son emprise, elle leva à son tour une jambe pour retrouver la fermeté du sol. Elle ôta doucement son casque en ne pouvant s'empêcher de prendre la température à l'aide d'une petite remarque dont elle avait le secret.

    - Vous avez un sacré coup de main...

    Plantant ses yeux émeraudes dans les siens, elle poursuivit. Après tout, ils rentreraient au même endroit et elle se voyait mal l'abandonner perdu au milieu de la ville. Pour lui, elle voudrait bien se frustrer pour un voyage de plus.

    - Vous pouvez garder le casque. Je vous ramènerai. 

    L'insolente prit alors les devant et s'engouffra dans le commerce. D'épais rideaux en velours verts encombrant les vitres permettait s'en doute de préserver les clients de regards indiscrets. La foule à l'intérieur était mesurée, juste assez de monde pour créer une ambiance de brouhaha mais pas assez pour ne pas réussir à se comprendre. C'était un bar qui trouvait son charme dans sa simplicité.

    - Bonsoir messieurs.

    L'homme derrière le comptoir, plutôt baraqué et tatoué sur la majeur partie des bras la salua de la main d'un signe amical. Avenante, la professeur s'installa au comptoir.

    - Bambi! C'est rare de te voir par ici en ce moment ma biche, et encore plus accompagné. Je vous sert quoi?

    - John. elle répondit avec un ton aussi calme que celui de l'homme fut enjoué - bien qu'une pointe agacée de voir son alibi voler en éclats. Je t'ai déjà demandé de ne plus m'appeler comme ça. Pour moi ça sera un cosmopolitan s'il te plaît.

    Elle se tourna vers Donovan en attendant qu'il commande à son tour, anticipant le fait de devoir s'expliquer sur son prénom digne d'une princesse disney. Bambi avait peut être le nom et l'élégance d'une biche, mais actuellement elle relevait plus du tigre. Elle posa un coude sur la table en rabaissant instinctivement la fermeture de son décolleté, laissant entrevoir une courbe de chair dans son accoutrement de sombre. Une goutte aventureuse coula de son cou jusqu'au galbe de sa poitrine prisonnière. C'est qu'elle commençait à vraiment étouffer ce soir. 

    - On dirait que ma couverture tombe à l'eau. Avalon est mon deuxième prénom. 

    Elle posa des yeux intéressés sur son interlocuteur, prenant un malin plaisir à marquer le nom de l'homme d'une voix provocante.

    - Je vous serez vraiment reconnaissante si ce détail pouvait rester entre nous, Donovan. Sinon je serais contrainte de vous éliminer ~

    Mercredi 2 Juin 2021 à 01:23
    Upside

    Rory:

    Le moteur s'arrêta et il s'empressa de descendre, reprenant ses esprits doucement. Ce n'était pas très professionnel de sa part, s'arrangeant toujours pour modérer ses émotions et les étouffer au possible. Sa collègue descendit après lui, faisant un petit commentaire sur son coup de main. Troublé par les gouttes de pluies, il ne cerna pas le regard perçant qu'elle essaya de planter de ses yeux. Il arqua un sourcil, se demandant s'il avait eu le malheur d'être indécent.

    Puis très rapidement, elle l'invita à garder avec lui le casque qu'il venait d'ôter. Ca le rassura un peu de savoir qu'elle le ramènerait, rendant son chemin du retour moins pénible. Ses vêtements mi-trempés le faisait rêver d'une douche bien chaude, d'habits de nuits propres et d'un lit bien sec.

    Il suivit la professeure jusqu'au fameux établissement, se demandant à quoi il pouvait ressembler de l'intérieur, se préparant à toutes les possibilités, vu les péripéties rocambolesques que cette rencontre fortuite avait entraînées. L'ambiance dans au sein du bar était bon vivante, certains clients s'étaient montrés assez aventureux pour venir passer la soirée ici, après avoir bravé la pluie. Le psychologue suivit Avalon jusqu'au comptoir où il s'installa à côté d'elle. Le barman semblait la connaître, faisant tomber le rideau sur la couverture qu'elle avait l'air de s'être construite.

    Bambi donc? Il n'était pas le seul à omettre volontairement son prénom et comprenait peut-être le désir qu'elle avait de ne pas vouloir le divulguer aux autres.

    - Une kastel red pour moi, s'il vous plaît.

    Il attrapa une serviette en papier et essuya les verres de ses lunettes avant de les reposer sur son nez. Il devina du coin de l'oeil le mouvement avec lequel elle ouvrit son décolleté mais il ne risqua pas à y déposer ses yeux, par égard et respect pour la présentement nommée Bambi. Elle dévoila d'ailleurs la vérité derrière son pseudonyme, feignant la menace sur un ton provocateur. Il avait du mal avec les plaisanteries, il plissa légèrement les yeux, cherchant à savoir si elle le charriait... ou non.

    - M'éliminer? Demanda-t-il un peu hésitant.

    Il se massa le menton, peu désireux d'en mourir.

    - Mais n'ayez crainte, je ne dirais rien.

    Il pouvait comprendre l'ennui que ce nom pouvait lui procurer, mais il trouva le contraste entre cette douceur et la férocité de celle qui le portait plutôt amusante.

    Mercredi 2 Juin 2021 à 16:59
    AUREUM.UMBRA

    Bambi:

    - Je vous en remercie, ça m'évitera de devoir me salir les mains.

    Son silence l'arrangeait. Elle détourna l'attention, ouvrant les hostilités - curieuse d'en connaître d'avantage sur son collègue. Elle trouva courtois et logique de commencer par les préquels.

    - Alors, d'où venez vous? Quelles aventures vous ont entrainées jusqu'au pensionnat?

    Le barman apporta les boissons dans la foulée. La jolie brune le remercia d'un geste poli de la tête. Bambi rapprocha son verre faisant tinter les glaçons au fond de celui-ci. Au centre du liquide rosé trônait fièrement une petite cerise rougeoyante. Elle laissa un moment son regard divaguer dans l'alcool, attentive à la narration de Donovan avant de revenir à son regard franc.

    Alors que la discussion informelle suivait son court, la femme leva légèrement son verre dans un geste élégant en l'inclinant vers son acolyte, signe qu'elle voulait trinquer avec lui.

    - à cette soirée mouvementée.

    Les coupes s'entrechoquèrent et Bambi porta la sienne à ses lèvres pour la première fois. Le liquide doucereux diffusa dans sa gorge et elle se dit qu'elle n'en prendrait pas une de plus. Après tout elle devait conduire et était assez responsable pour connaître ses limites.

    Vendredi 4 Juin 2021 à 01:39
    Upside

    Rory:

    Elle avait l'air satisfaite, il crut déceler une pointe de plaisanterie dans ses propos, le rassurant quant à sa supposée menace, elle n'allait pas lui en vouloir pour quoi que ce soit. Rory savait que les gens avaient leurs affinités mais il préférait être en bon termes avec ses collègues, du moins autant que possible. Le second degré n'est bien qu'une température lorsqu'il s'agissait de l'utiliser avec lui. Il avait beau être perspicace, il ne l'était majoritairement que derrière son bureau, où en compagnie de gens qui cherchaient à s'ouvrir, bien que parfois comme un vilain défaut, le naturel revient au galop.

    Tandis qu'ils attendaient leur commande, la professeure décida de continuer la conversation en s'intéressant un peu à l'homme qui l'accompagnait, semblant curieuse de savoir d'où il venait. Pas vraiment sûr du sens de sa question, il décida de se cantonner à son dernier lieu de travail, épisode précédent de son aventure actuelle en tout cas.

    Le serveur arriva au même moment avec leurs boissons, Bambi reçut son cocktail incandescent, surmonté d'une petite cerise tandis qu'il reçut son breuvage aux relents de fruits rouge. L'odeur sucrée mélangée à l'amertume de la bière qu'il s'était commandée se faisait doucement sentir.

    - Je travaillais dans un hôpital en Caroline du Nord avant d'arriver ici.

    Parce qu'il n'était pas réellement psychologue scolaire de base, ce fut la directrice qui était à la recherche d'un profil comme le sien pour son établissement. Sa collègue en profita au passage pour trinquer à leur soirée riche en émotions. Son verre tinta contre le sien et il prit sa première gorgée. Il n'avait pas pris le temps de savourer une boisson dans ce genre d'établissement depuis son arrivée sur l'île.

    - Ce ne sont pas réelles aventures, à vrai dire. Et vous?

    Et puis, il trouvait son passé plutôt ennuyeux, n'ayant pas vraiment grand chose sur quoi développer. La professeure avait l'air plus intéressante que lui sur ce point là. De toute manière, il a toujours été plus à l'aise lorsqu'il s'agissait d'écouter ce que les autres avaient à raconter plutôt que l'inverse.

    Vendredi 4 Juin 2021 à 13:10
    AUREUM.UMBRA

    Bambi:

    La femme aux lèvres curieuses notait intérieurement les petits détails que son collègue acceptait de lui céder. La Caroline du Nord? Elle n'y avait jamais mit les pieds. Un hôpital? Il semblait avoir débuté sa carrière dans un tout autre type d'établissement.

    Il n'était décidément pas facile en affaires. Bambi, restant sur sa faim, comprenait cette retenue. Malgré un contact troublant, une aventure douteuse et des pensées - disons les choses comme elles sont - plutôt sulfureuses, ils n'étaient que des quasi inconnus. Il semblait à son tour s'intéresser à elle. La scientifique n'était habituellement pas à l'aise avec le fait d'étaler sa vie ,mais il était s'en doute plus facile de se livrer à un nouveau venu sans préjugés. Ce soir, sans savoir si cela venait de l'alcool qui montait ou de la fatigue qui engourdissait son bon sens, elle accepta de livrer quelques brides de son passé. Il fallait bien faire la conversation et le grand blond assis à ses côté semblait du genre à se taire quand il le faut. Elle préféra donc se contenter d'une petite explication pleine de poésie sur la géographie de son voyage.

    - Avez vous déjà mit les pieds en Russie, Donovan? C'est un pays à la beauté cruelle qui arbore une odeur nauséabonde de miel, de vodka et de poussière. J'y ai passé la plus grande partie de ma vie avant de comprendre qu'elle n'avait rien à m'offrir de plus.

    Elle stoppa son récit, les yeux dans le vague. Une ombre amer assombrissant son regard de biche lorsqu'elle réfléchit, avant de reprendre d'un ton calme.

    - Si il y a une chose à savoir sur mon aventure c'est que l'attente a toujours eu une immense place dans ma vie. Depuis toute petite, j'attends. C'est un fait. Et j'ai fini par assimiler ce temps passé à espérer. Je l'ai digéré jusqu'à qu'il n'en reste rien.

    Elle attrapa la queue du fruit posée sur le rebord de son verre, occupant ses doigts pendant son récit à faire tournoyer lentement le liquide doré dans sa cage de glace.

    - Je peux vous faire une confidence de plus?

    Son regard retourna se loger dans celui de l'homme qui semblait l'écouter sagement. La lueur provoquante laissant un instant la place à de la douceur, peut être douloureuse cachée au fond de sa prunelle verte.

    - Les gens racontent que la douleur la plus intense qu'ils n'aient jamais vécu est la perte d'un être aimé, mais ils confondent la signification du mot douleur et regret. Le plus triste est en réalité de ne jamais avoir personne à aimer, ne pas avoir de souvenirs sur lesquels pleurer. Le bonheur se trouve dans les petites choses vous savez? Un sourire, une main tendue. C'est la raison pour laquelle cette petite fille vulnérable qui attends encore m'effraye, et également pour laquelle je suis devenue professeure au pensionnat. Je veux préserver les enfants de ce vide.

    Dans un geste machinal, elle prit une gorgée - comme pour faire passer la pilule. Surprise d'en avoir déjà trop dit, elle quitta son air énigmatique pour adresser un petit sourire bienveillant à Donovan. C'était plutôt dangereux de parler à cœur ouvert et Bambi ne savait pas trop si elle appréciait vraiment ça. Elle décida de recentrer la conversation.

    - Excusez moi, je crois que je me suis bien assez égarée. Et vous, Дорогой? Quelle est votre plus grande peur?

    Vendredi 4 Juin 2021 à 18:07
    Upside

    Rory:

    Il a toujours trouvé les autres plus intéressants que lui, c'est sûrement ce à quoi il avait voué toute sa vie, écouter les autres et laisser prendre toute la place. Il prit une gorgée de sa bière tandis qu'il écoutait les mots de la professeure. Il répondit négativement de la tête lorsqu'elle lui demanda s'il avait déjà été en Russie. Il n'avait jamais eu le temps de voyager, ne connaissant d'autres horizons que le sol américain et son Irlande natale.

    La discussion semblait légère aux premiers abords, mais un voile sombre était tombé sur le regard de Bambi, laissant présager la lourdeur de ses prochains dires. Son discours se mua dans le genre de choses qu'il n'entendait que dans son bureau, l'allure de confidence, d'un poids sur le coeur qui paraissait parfois dur à traîner. Il écoutait attentivement ce qu'elle lui racontait. À première vue, la femme avait l'air secrète, posant des limites sur ce qu'elle était et ce qu'elle acceptait d'en montrer. Le psychologue s'était-il trompé en pensant ça, était-elle guidée par l'alcool ou simplement par un sentiment qui la poussait à s'ouvrir? Il soutenait ce regard qu'elle posait sur lui, ses yeux planté dans les siens également.

    Il répondait souvent par gestes de la tête aux questions rhétoriques de la brune, acquiesçant, témoignant sa sollicitude dans la conversation. Il se demandait ce qu'elle pouvait bien attendre mais ç'aurait été incorrect que de lui poser la question, si elle ne l'avait pas fait directement, c'était qu'elle n'avait pas l'intention d'en parler. Surtout qu'ils étaient dans un bar et non dans son bureau, elle n'était pas forcément là pour se confier ou chercher une quelconque aide sur ce qui semblait la travailler. L'origine de son travail ici, au pensionnat, était bien louable. Il partageait un peu ce point de vue.

    Bambi s'excusa de son égarement, agrémentant ses paroles de mots en russes qu'il ne comprenait pas. Elle reprit les commandes de la conversation, s’enquérant de sa plus grande peur à lui. Il eut un mouvement des yeux un peu surpris, cherchant refuge dans la rougeur de son verre. Des choses qui lui faisait peur, il y en avait des tonnes. La perte de ses proches, la mort, l'oubli, le futur, mais ce qui intéressait la demoiselle en face de lui n'était pas simplement des craintes. Elle parlait de la peur, celle qui prend au tripes. Rory songea un instant, plongeant son regard dans le vague.

    Il avait peur de l'abandon et de l'attachement, paradoxalement. La peur de l'abandon lorsqu'il s'était attaché, la peur de l'attachement après avoir été abandonné, la peur de s'attacher tout court. La perte de quelque chose dans laquelle il aurait mis un morceau de son âme. C'était bien fatalement la raison pour laquelle il avait érigé des murs autour de ses sentiments, fermé la porte et jeté la clé dans l'océan.

    Sa collègue s'était confiée sur des pans de son âme mais le grand blond n'aurait pas autant d'audace. Il n'avait pas prévu de se livrer et il ne comptait pas le faire, cependant il sentait que son interlocutrice serait déçue s'il ne lui donnait pas une réponse à la hauteur de ce qu'elle pouvait espérer. Il choisit un brin de sincérité sans aller au bout du chemin, ne pas mentir mais ne pas tout dire.

    - La peur d'échouer.

    Ce n'était pas foncièrement faux. Dans sa vie toute entière cette pensée lugubre le hantait, il avait déjà échoué et ça lui avait plus ou moins coûté. Dans un milieu où inexorablement la vie de certaines personnes sont entre ses mains, c'est une épée de Damoclès qui pèse parfois sur le haut de la tête. Dont il arrive que le manche soit fermement tenu par des gens qui ne faisaient à présent plus partie de la vie.

    Sa réponse toute seule était bien pauvre après le monologue fait par Bambi. Il essaya de trouver les mots pour agrémenter sa pensée sans trop se révéler. Mais les mots qui se prêtaient à sa propre personne ont toujours été les plus durs à verbaliser et il se condamnait de ses formulations maladroites, toujours plus doué pour parler des autres plutôt que de lui-même.

    - Au même titre que vous voulez préserver ces jeunes de ce que vous redoutez, j'aimerai les aider. Les aider à se libérer de ce qui les pèse et de ce qui les empêche d'avancer. Ca fait quelques années à présent que j’exerce et je n'ai pas travaillé qu'avec des jeunes. Dans ce genre de travail, implacablement, échouer peut beaucoup coûter. Si j'ai peur de quelque chose, c'est sûrement de ça.

    De ne pas être à la hauteur, même de manière générale. De décevoir et de se décevoir, d'être face au mur et de devoir emprunter un autre chemin parce qu'il n'y a pas de retour en arrière.




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