C'était le temps des fleurs [Terminé]

Séléné :

De son côté, Sémélé aidait l'elfe du mieux qu'elle pouvait. Cela porta bienheureusement ses fruits, car quelques instants après, la jeune fille sentit ses pieds se soulever du fond, franchir la surface de l'eau, et monter toujours plus haut. Sur le même temps, elle sentit sa poitrine, puis son ventre, frotter contre le rebord du réservoir. C'était très désagréable, mais Séléné le supportait sans mal : c'était le chemin vers la liberté !

L'elfe s'apprêta à remercier une nouvelle fois la demoiselle verte, mais une nouvelle fois, la catastrophe se produisit. Sémélé, sûrement entraînée par le poids de la jeune fille, commença à chuter. Séléné, qui tenait à ce moment en équilibre par ses cuisses sur le rebord, fut à son tour embarquée par l'élan de la chute ; elle lâcha les épaules de son amie, tenta de freiner son élan en se bloquant sur le rebord avec son pied, en vain.

Quelques secondes après sa camarade, elle rejoint le sol. Enfin, pas tout à fait. Sa tête atterrit sur quelque chose qui n'avait pas la texture de celui ci. Un peu groggy -cela faisait tout de même deux chutes en peu de temps-, l'elfe ne comprit pas immédiatement.

Séléné ne resta cependant pas longtemps à plat ventre. Elle commença à s'asseoir sur le sol doucement, palpa instinctivement toutes les parties de son corps : elle était en vie ! Il y avait juste là, une petite éraflure sanglante au niveau de sa cheville, mais cela ... L'elfe interrompit son inspection soudainement, comprenant ce sur quoi sa tête était tombée : Sémélé. Une pointe de culpabilité traversa la jeune fille, qui se précipita vers son amie.

- Est-ce que ça va ? Tu ne t'es pas fait mal ? puis elle ajouta, d'une voix plus petite, je ne t'ai pas fait mal ?

Sémélé Vasilis,

Le sol n'était pas, au plus grand regret de Sémélé, une des surfaces les plus agréables pour tomber. Après les livres bien trop lourd, les sabots délicats de Beau qui avaient rencontré ses pieds une énième fois, et la porte de la bibliothèque qui s'était refermée sur elle, c'était maintenant une chute qui clôturerait sa semaine. Il lui fallut quelques secondes avant de réaliser la chute et se redresser.

— tout va bien!

C'était plus pour se rassurer qu'elle répondit aussi rapidement à Séléné. A dire vrai, cette chute lui laisserait sans doute quelques bleus et égratignures qui risquaient de l'ennuyer pour  une semaine ou deux tout au plus. Elle avait connu pire, plus petite, quand elle allait en foret. Un jour, elle avait même dévalée une pente pour finir dans un champ d'orties. Alors c'était pas un peu de gravier qui viendrait à bout-elle.

— au moins, on t'as sortit de là dedans, dit-elle, en rigolant légèrement.

Maintenant, elle allait devoir se relever, mais encore un peu secouée, Sémélé préférait attendre un peu, le temps de reprendre totalement ses esprits. Séléné aussi devait être sonnée, fallait dire qu'elle était tombée deux fois, elle.

— t'es sure que ça va toi? Tu veux pas aller à l'infirmerie?

En se redressant doucement, Sémélé sentit une petite douleur dans sa jambe qui passerait sans doute avec le temps, et quelques petits cailloux avaient éraflé sa peau verte - et son pantalon, qui n'était pas de première jeunesse mais qu'elle affectionnait particulièrement. Une fois relevée, toujours un peu abasourdi, elle proposa une main bienveillante pour relever Séléné.

Séléné :

Avec soulagement, la jeune fille entendit la réponse de Sémélé. C'était bon. Elle ne lui avait pas casser quelque chose en lui tombant dessus, et son amie n'avait rien de plus. Celle-ci reprit la parole. Séléné acquiesça, puis tourna la tête vers l'objet de tout ces malheurs. S'il n'y avait pas eu ses plantes à arroser, plus jamais elle ne se serait approchée de ce réservoir maudit. Mais bon, elle ne devait normalement pas de nouveau s'en approcher avant quelques jours.

- Non ne t'en fait pas. Il n'y a rien de plus grave que ça. J'irai simplement la nettoyer une fois que j'aurais arrosé la parcelle.

En parlant, elle désigna la petite plaie sur sa cheville, d'où coulait un mince filet de sang, qui se mélangeait avec l'eau encore présente sur sa peau. En réalité, Séléné n'appréciait pas vraiment tout ce qui était médecine, piqûre, et même soins infirmiers en général. Si elle pouvait l'éviter, elle le faisait. Elle préférait très largement ses remèdes maisons.

Séléné accepta la main tendue de la jeune femme, et se redressa ainsi à son tour. Une fois debout, elle la remercia, tout en remettant sa frange humide en place. Quelques gouttes lui tombèrent sur le nez. Puis elle s'avança, pour aller récupérer son arrosoir. Son sourire s’effaça : là, au centre d'une flaque grandissante, gisait l'ustensile renversé. Elle s'en approcha, et le redressa. Trop tard, il ne restait qu'un petit fond. Ce ne serait pas suffisant.

- Oh, non. On est tombées pour rien je crois ...

Une pointe de déception perçait dans la voix de l'elfe, qui ramena la main sur sa bosse. Elle n'avait toujours pas remarqué le petit robinet. Pour elle, il fallait donc recommencer à se pencher par dessus le bord, tendre le bras le plus profond possible, pour récupérer le précieux liquide, et donc prendre le risque de tomber une nouvelle fois. Même si Sémélé, qui était plus grande qu'elle, le faisait, cela resterait compliqué.

Sémélé Vasilis,

Rien de casser, au plus grand soulagement de Sémélé. Elle était d'autant plus rassurée que personne ne les ai vu tomber si lamentablement. La honte, c'était pas quelque chose qui dérangeait foncièrement la jeune femme, mais montrer à quel point elle pouvait être maladroite était une autre question. L'habitude que sa mère avait, de lui hurler dessus à la moindre bêtise, avait finit d'achever la crainte de Sémélé.

— pardon!

Sémélé avait du entrainer l'arrosoir dans sa chute, ou inversement. C'était du gaspillage, mais au vu de la tournure qu'aurait pu prendre les évènements, il y avait de quoi relativiser. Séléné, elle, n'avait pas eu l'air d'avoir compris que le réservoir était pourvu d'un robinet.

— tu sais, dans les bac de récupérations, il y a des robinets, pour récupérer l'eau.

Prenant des pincettes pour parler de sa découverte, la jeune femme avait peur de gêné Séléné. Après tout, tout ce qui venait de se passer était du à l'excitation pas tout à fait contrôlée de l'elfe. Elle pointa, pour appuyer ses propos, le robinet qui attendait simplement d'être utilisé.

— tu es sure que tu ne veux pas au moins de la glace, pour ta tête?

Séléné se grattait drôlement la tête. Une bosse, c'était pas grand chose, mais un peu de glace pourrait aider à faire passer la douleur que Sémélé pouvait imaginer. Sémélé, d'ailleurs, commençait à sentir sa peau piquer. Dans sa chute, elle avait réussit à abimé la vieille chemise qu'elle portait et c'était égratignée la peau. Ça allait prendre un peu de temps, et beaucoup de soleil, pour se régénérer.

Séléné  :

Suite aux paroles de Sémélé, l'elfe se retourna, lentement. Elle avait peur de la vérité, qui malheureusement, s'afficha devant ses yeux. Effectivement, il y avait un robinet. La culpabilité s'empara en un instant de l'elfe. Elle revoyait dans sa tête l'enchaînement de chutes : c'était totalement de sa faute.  Elle enfouit quelques instants sa tête dans ses mains.

- Je suis tellement désolée ! Chez moi, il n'y en a pas, alors je n'ai même pas pris le temps de réfléchir. Excuse-moi ... Sans ma bêtise, on ne serait pas tombées ... Pardon !

Séléné se retint d'ajouter d'autres  "pardon", et se mordit l'intérieur de la lèvre inférieur. Un peu penaude, elle attrapa l'arrosoir, et alla le remplir, cette fois au robinet. Elle se baissa délicatement, et enclencha le mécanisme. Elle observa le jet d'eau.  Il n'y avait pas à dire, c'était plus facile comme ça.

- Non, ne t'en fait vraiment pas, j'ai de quoi me faire un petit baume apaisant.

Lorsqu'elle termina, elle se redressa, se retourna, et vit que son amie regardait sa chemise, déchirée. Elle avait une sacrée égratignure, que l'elfe remarqua aussitôt. Et à nouveau, elle s'en voulut : non seulement la jeune fille avait causé leur chute, mais en plus, les conséquences étaient plus impressionnantes chez Sémélé, qui ne méritait pourtant pas ça. 

- Et toi, tu es sûre que ça va aller ? Tu devrais peut-être voir quelqu'un ? Mince je suis vraiment sincèrement désolée.

Sémélé Vasilis,

Le mal était fait, Séléné venait de se rendre compte du petit détail qu'elle avait omis: le robinet. Peut être que si elles l'avaient repéré plus tôt, tout ceci ne se serait passé. Mais ces petits évènements avaient, après la frayeur causé par les chutes respective des jeunes femmes, donner un peu de remous dans la vie bien plane et tranquille que vivait la jeune plante. Les excuses qu'on lui fit furent acceptées bien avant qu'elles ne soient formulées, par pure politesse; Sémélé n'en voudrait sans doute jamais à qui que ce soit - autrement que si ce geste impliquait la destruction d'une partie de la flore si chère au coeur de cette dernière.

— ne t'en fais pas! j'aurais pu le voir plus tôt moi aussi tu sais! c'est pas la peine d'en faire toute une affaire!

Pendant qu'elle avait le dos tourné, Sémélé fit une brève inspection des dégâts sur son corps, qu'elle tenta de cacher aussi rapidement que son corps le lui autorisait. Fallait dire, avec elle, les blessures avaient l'air toujours plus grave qu'elles ne l'étaient réellement. Les plantes étaient des créatures fragiles que l'on peut briser en un rien de temps.

— non ne t'en fais pas! C'est normal, ça fait partit de ma condition!

C'était un peu comme si toute les étoiles s'étaient alignées dans le mauvais sens lorsqu'elle est née, pour lui donner toutes les caractéristiques les moins avantageuses: déjà, elle possédait une peau verte fragile, et un métabolisme qui fonctionnait uniquement au soleil.

— deux jours au soleil et on verra plus rien! j'ai l'habitude de ce genre de chose. par contre, ma vieille chemise.

Cette chemise elle venait de son père, peut être le dernier souvenir qu'elle avait de lui avec elle au pensionnat, en plus des lettres qu'il envoyait - parce que dans la famille Vasilis, on aimait pas trop tout ce qui était technologie pour communiquer - mais ça, Séléné avait pas besoin de le savoir non plus.

— j'aurais qu'à en trouver une autre, finit-elle par conclure, un sourire aux lèvres.

Sur ces mots, Sémélé décida de reprendre la route avec son amie en direction des parcelles qu'elles avaient abandonné quelques instants. En espérant que personne n'ai fait de dégât entre temps, parce que fallait pas non plus trop en demander à Sémélé.

Séléné :

 L'elfe s'en voulait toujours. Elle était comme ça, il lui fallait toujours énormément de temps pour se pardonner. Cependant, puisque Sémélé sembla passer outre, Séléné s'efforça de faire de même, et dissimula donc en partie sa culpabilité. La vue de sa chemise déchirée et de la plaie qu'il y avait en dessous ne lui facilitait pourtant pas la tache.

En plus, lorsque Sémélé évoqua sa chemise, le ton de sa voix changea très légèrement. La jeune fille crut y déceler des intonations qui lui semblaient ... mélancoliques ? Oui, c'était à ça que cela ressemblait, de la mélancolie ; Séléné se demanda pourquoi. Elle devait sûrement y tenir, à sa vieille chemise, malgré ce qu'elle ajouta ensuite. L'elfe voulut lui proposer de la raccommoder, mais elle se retint de justesse. Les aiguilles, ce n'était pas comme les épines de rosier et Séléné en avait déjà fait les frais. Non, mieux valait qu'elle ne s'approche pas de la chemise de Sémélé, cela risquait de tourner encore plus à la catastrophe.

Elle emboîta le pas de la jeune femme, tout en hésitant à reprendre la parole. Elle aurait voulu lui poser des questions sur sa fameuse chemise, mais si Sémélé y tenait vraiment, cela ne ferait que remuer le couteau dans la plaie -presque littéralement, au vu du contexte-.Séléné se tut. Elle regarda une nouvelle fois les parcelles, les plantes qui s'y trouvaient ...

Les plantes ... Cela rappela à Séléné le début de la conversation qu'elles avaient eu. Et là, un nouvel élément venait de faire son apparition : Sémélé avait parlé du Soleil, qui l'aiderait à se soigner. Ce n'était pas commun ça, d'avoir besoin du Soleil ainsi. Elle se tourna vivement vers la jeune femme. Cette fois, l'elfe ne pouvait s'empêcher de rebondir sur le sujet, même si c'était avec un temps de retard par rapport au moment où Sémélé l'avait évoqué.

- Comment ça deux jours au Soleil ? Tu te régénère grâce à lui ? C'est ... comme une sorte de photosynthèse ?

Sémélé Vasilis,

Sa peau la picotait doucement, mais Sémélé préféra se replonger dans les plantes. Après tout, elles attendaient sans doute avidement le retour des deux acolytes pour les arroser. Heureusement, la parcelle n'était pas si loin que ça, et la douleur dans sa jambe ne serait pas présente encore bien longtemps. Peut être s'éclipserait-elle doucement, après avoir finit le jardinage, pour rejoindre sa chambre et être un peu plus présentable. Elle ne tenait pas vraiment à ce que Beau la voit dans cet état et puisse se moquer une nouvelle fois de sa maladresse. Qu'est-ce qu'il pouvait être aussi adorable que détestable celui là.

— C'est totalement de la photosynthèse oui, répondit-elle, un sourire aux lèvres.

C'était un petit avantage a sa condition, lorsqu'il s'agissait de petites blessures - ou plus grandes - superficielles. Le soleil, elle y était liée d'une façon très particulière pour un être humain, mais bien communément pour une plante. Enfin, cette photosynthèse était adaptée a son corps et son métabolisme propre. C'était fou que ce pouvait faire dame nature quand même.

— Appliquée à un être humain. Grâce à ça, si je veux, mes petites égratignures se soignent, et j'ai aussi un bon teint.

Et c'était beaucoup. Avoir la peau verte, c'était vraiment pas chose aisée. Déjà, on passait pas bien inaperçu. Encore que, en grèce, les choses pouvaient aller, sur un malentendu. Mais trouver de quoi entretenir sa peau, loin de sa mère et ses astuces secrètes, c'était un peu plus compliqué. Il n'était pas rare de voir Sémélé errer, comme une fleur fanée, parce qu'elle l'était littéralement.

Arrivée à la parcelle, Sémélé laissa Séléné s'occuper de ses petites plantes, la regardant avec attention. C'était toujours plaisant de regarder des personnes prendre soin de la terre, parce que Sémélé trouvait qu'on en manquait cruellement.

Séléné :

La jeune fille écoutait attentivement les paroles de son amie. Elle trouvait le sujet passionnant, et rien que l'idée d'en savoir un peu plus ramenait un franc sourire sur ses lèvres. Elle marmonna qu'elle voyait, pensive. Séléné réfléchissait à toutes les implications que cela avait pour la jeune femme : consommait-elle des minéraux et du dioxyde de carbone ? Que se passait-il si elle restait enfermée trop longtemps ? Et surtout, est-ce que le liquide qui coulait de sa plaie était de la sève ?

Assez rapidement, elles arrivèrent à la parcelle que l'elfe avait investie. Cela coupa court à ses réflexions, ramenant son esprit sur ses propres plantes. Les pauvres, elles devaient avoir soif. L'arrosoir bien en main, Séléné s'attaqua aux plantes les plus éloignées. Elle versa tranquillement le liquide, en faisant attention à ne pas en mettre sur les feuilles -le jet pourrait les abîmer-, et à ne pas non plus les noyer.

Elle laissa même échapper un petit chantonnement. Rien de vraiment bien distinguable, un petit "hmm-hmm" sur un air de balade. L'elfe était dans sa bulle. Elle n'imaginait pas que Sémélé était derrière elle, en train de la regarder faire. Lorsqu'elle arriva au tour de la dernière plante, elle la remarqua.

- Oh, euh, désolée, je me suis un peu laissée emporter.

L'elfe arrosa machinalement la dernière fleur, en continuant à faire attention. Puis elle revint vers Sémélé. Il lui restait un peu d'eau.

- Tu vas planter tes graines, ou aller nettoyer la plaie ?

(je pense que l'on peut clore pour commencer l'event avec beau et séléné?)

Sémélé Vasilis,

C'était reposant de regarder quelqu'un s'occuper d'une parcelle de terre, pour quelqu'un comme Sémélé, alors elle ne se plaignait pas d'être mise de côté. Au contraire, elle comprenait. Parfois elle se laissait absorbée par ses plantes, elle avait vu sa mère aussi, passer plus de temps avec ses fleurs qu'avec ses propres filles. Mais soit, ainsi allait la vie.

— ne t'en fais pas pour ça.

On lui demanda si elle comptait planter ses graines ou partir s'occuper de sa plaie. Sémélé réfléchit quelque instants avant de donner une réponse arrêtée.

— je pense que je vais rentrer à ma chambre, au moins histoire de me changer.

Elle devait renvoyer l'image d'une pauvre paysanne tombée dans un ravin, avec sa chemise défaite, ses égratignures et sa tignasse comportant quelques résidus de pollen. Puis, fallait bien avouer que la douleur se faisait de plus en plus présente. Elle était juste assez perceptible pour l’embêter.

— j'espère qu'on se reverra vite!

Ce qui était sans doute quelque chose de sur, vu la passion partagée pour le jardinage que les deux filles entretenaient. Avant de partir, Sémélé se sentit obligée de rajouter.

— j'dois te prévenir: si tu croises un petit gars bizarre avec des cheveux blancs et une grosse paire de sabot, fait gaffe à tes plantes! Il est pas méchant, mais il sait pas se retenir, quand il s'agit de fleur.

Sur ces mots bien énigmatique en somme, Sémélé lança un signe de la main à Séléné avant de se diriger vers sa chambre. Foutu chute. C'était sa chemise préférée.