une valse a mille temps [Fermé]

Calliope Ricci:

Elle sourit, et resta attentive à tout ce qu'il disait. Par intérêt, par curiosité, par politesse. Ce qu'il disait se tenait, et elle était d'accord sur le fond. Après tout, chacun avait sa façon de vivre, de pensée, de faire les choses. Calliope, elle, ne prévoyait jamais trop ce qu'il allait se passer dans la semaine. Si ce n'était son emploi du temps, elle se laissait porter par ses envies, ses coups de tête. Parfois, c'était vraiment naif de croire que tout allait bien se passer, parfois, tout se passait bien. Mais elle avait décidé de ne pas se prendre la tête pour ce genre de broutille. Son temps, elle ne le comptait pas, elle le vivait. Et c'était sa façon de voir les choses, à elle. Lui, au contraire, semblait avoir une idée très précise de ce qu'il allait faire, ou du moins, plus qu'elle ne pouvait l'imaginer. Elle l'admirait sans doute un peu, sans pour autant l'envier.

Respectueusement, Calliope acquiesçait, pour lui faire signe qu'elle comprenait bien son avis sur la question sans se donner la peine ou l'impolitesse de le couper par des oui, ou des je vois qu'elle détestait entendre pour elle. Monsieur était donc plutôt sportif. Elle était aussi admirative de voir qu'il avait sans doute un bon niveau. Pour suivre une compétition, c'était nécessaire, non? Elle n'avait jamais réussis à se tenir au sport, autre que la danse et un peu de nage pour son bon plaisir, mais n'en avait pas non plus réellement besoin. Quelques séances pour se tenir en forme lui suffisait grandement.

Il te reste du temps toi pour jouer les enseignantes ?

Aussitôt, une certaine gêne se fit sentir, de son côté. Il ne parla plus pendant un moment, avant de rajouter ce qui ressemblait à une tentative pour faire oublier ce qu'il avait dit. Calliope était aussi amusé que perplexe. Il disait ce qu'il pensait, et elle était ravie de voir cette aisance en sa présence. Cela valait plus que les familiarités que certains se permettaient. Cependant, elle ne fit abstraction de la question qui lui était posé, sans doute motivée pour ses propres motifs.

J'ai toujours du temps libre, d'autant plus quand je peux aider, et partager.

Elle haussa seulement légèrement les épaules, histoire de dire j'dis ça, j'dis rien. Comme un pavé lancé dans la marre. Même si cette expression était aussi insupportable.

Ravhell retourna plusieurs fois la reponse dans sa tête. Elle n'avait pas dit non, n'est ce pas ? Au contraire, sa phrase était positive. C'était peut être possible en fin de compte. Mais la gêne occasionnée le laissa perplexe. Il était courant que les personnes se lance des "on le fera" sans que jamais ça ne soit mit a exécution. Il n'y croyait donc pas vraiment et décida de ne plus en parler afin d'éviter tout risque qu'elle ne se sente forcée. Il avait lancé la perche mais ne voulait pas lui forcer a la prendre. De ce fait, il se trouverait enclin à en reparler si elle se manifesterait. Rien que lui reposer la question. Il la remercia alors d'un sourire et d'une mine en réflexion assez longue pour ne pas redevenir sauvage, la parole lui manquait soudainement.

Comme pour essayer de retrouver la tranquillité, il se passa la main dans ses cheveux. C'était quelque chose qu'il aimait faire. Non pas pour se refaire une beauté, car c'était bien raté : cette mains lui ébouriffiait le poil plus qu'autre chose, mais simplement pour essayer de détendre son crâne par un massage éclair. Ses épaules s'étaient tendues a nouveau, comme réactive a toute la tension (positive ou négative) que traversait les corps dans une conversation. Il le savait : alors qu'ils parlaient, un autre langage avait leur. Celui des senteurs que le subconscient captait alors que eux ne le captait pas. Ces hormones (non sexuelles j'entends bien. ) Qui déterminait si la personne pouvait être accepté par un individu ou non. Les animaux, comme les chevaux par exemple, communiquaient beaucoup grâce a ces hormones, ces senteurs. 

Il se remémora rapidement qu'il avait prévu de rendre visite a Edelyne, son amie d'enfance. Elle gardait sa minette, Nae, et il aimait toujours boire un café chez elle tout en ressentant les ronrons sur ses genoux. 

Calliope Ricci:

L'atmosphère lui semblait maintenant un peu plus pesante. Cependant, elle ne se laissa pas totalement submergé par ce changement. Calliope essayait au mieux de ne pas se laisser avoir par ce que dégageait les autres. Et le garçon semblait s'être à nouveau tendu. Elle ne comprenait vraiment pas bien pourquoi, ou du moins, les explications qu'elle pouvait se formulait ne lui semblait pas assez convaincante. Elle regarda à nouveau son sac ou reposait son téléphone. Qui pouvait bien lui vouloir quelque chose? Peu de gens avaient son numéro, excepté sa famille, et quelques connaissances du conservatoire qu'elle avait rapidement fréquenté. Mais ces gens avaient bien vite fait de l'oublier. Non, il s'agissait surement de sa mère, ou de son frère. Son père n'était pas un adepte des messages électroniques et autres textos. Il préférait les conversations de vive voix, comme sa fille. Mais c'était tout de même bien pratique, notamment quand l'on a une famille aussi fusionnelle et souvent inquiète.

Elle regardait droit devant-elle, se disant que regarder le jeune homme ne ferait sans doute qu'agrandir la gêne qu'il avait ressentit lors de son semblant de proposition sans doute. Calliope ne savait pas si elle devait revenir sur le sujet, mais il n'y avait rien d'autre à faire. Et au vu de l'ambiance régnant déjà, elle pensait que cela ne pourrait s'avérer être pire.

J'ai toujours du temps, mais jamais de vrai occasion.

Calliope faisait une très bonne professeure, sans doute manquerait-elle sa voie en devenant psychologue. Mais tant pis, la passion avant les prédispositions. Elle avait donc du temps, mais personne ne voulant en profiter. Sans doute s'accrochait-elle trop à l'opportunité qu'il avait tendu, mais tant pis. Calliope ne faisait pas dans la demi-mesure non plus. Peut être trouverait-il qu'elle insiste, mais elle n'avait pas envie de s'en excuser. Elle, elle prenait tout au vol.

Si jamais l'envie t'en prends, je suis là. 

Cette fois-ci, elle retourna son visage vers lui. Cette fois, c'était elle qui lui tendait la main, façon de parler. Elle s'apprêtait à essuyait un refus, ou quelque chose du genre. Ou bien encore la prérogative d'oublier ce qu'il avait dit précédemment.

Et puis j'aime bien les défis, fit-elle avec le sourire. Si il était vrai que le rythme ne lui était pas naturel, et qu'il avait baissé les bras, tout cela promettait beaucoup de rebondissements. Seulement si il acceptait. Et tout reposait désormais sur son bon vouloir.

Une respiration le reprit. Il tourna la tête vers elle, tout en la gardant contre le mur, et lui fit un large sourire (lui donnant comme un air de viril rêveur). Ses épaules se détendirent a nouveau et l'atmosphère froid qu'il avait causé paru disparaitre un quelque peu. 

- vraiment ? Fit-il avec une mine surprise. C'est un défi pour toi ? 

Son ton était jovial. Content qu'elle le prenne ainsi. Sa gêne s'en alla comme un coup de vent. Rare étaient les personnes qui le faisait sortir de son côté morne en conversation. 

- c'est génial comme ça. Fait moi signe quand tu auras un moment a me consacrer, je ferais en sorte de l'etre aussi. 

Elle était décidément plaisante comme personne. 

Calliope Ricci:

Dire qu'il avait un charme certain ne faisait pas peur à Calliope, c'était une constatation comme une autre. Elle était aussi ravie de le voir retrouver son attitude détendu, ça lui paraissait si simple de voir à quel point la situation avait rapidement changé. Mais peut être était-ce habituel? Il lui manquait l'expérience de ce côté là pour en être certaine. Ce qui était plus sur, c'était aussi la joie de voir que le garçon semblait accepter sa proposition. Pas non plus une euphorie totale, juste, un sentiment agréable qui s'emparait d'elle. Le genre qui vous fait sourire sans que vous ne vous en rendiez compte.

Si tu en es arrivé au point de renoncer à la danse alors que tu semblais avoir envie d'apprendre, je me dis qu'il doit bien avoir un peu de défi la dessous.

Calliope décroisa ses jambes et les plia et entoura ses genoux de ses mains.

Tu m'as l'air bien occupé. Je pense que ce serait plus facile que tu fixes un rendez-vous. Je fais les mêmes horaires que toi, et mis à part les irruptions de mon frère quand il veux passer du temps avec moi, je n'ai jamais rien de prévu à l'avance.

Leurs horaires communs étaient une aubaine. Et puis, lui avait l'air d'avoir pleins de choses à faire, entre la natation, sa course, les verres au bar, et sans doute tout un autre tas de trucs que tout un chacun fait. Puis surement quelques proches à voir aussi. Il était plus sage qu'il lui propose lui, plutôt qu'elle.

Et puis c'est toi l'homme, déclara-t-elle alors, amusée, le pointant du menton.

Il était vrai aussi, et normal pour elle, qu'il fasse ce premier pas. Puis Calliope ne s'était jamais sentie à l'aise lorsqu'il fallait proposer ce genre de choses aux gens, ne sachant jamais si ils n'avaient pas prévu quelque chose, ou envie de faire quelque chose de tout à fait différent. Les gens, c'était vraiment une prise de tête.

Il eut un nouveau rire. 

- Bien, comme je suis l'homme...répéta t-il de manière un peu plus ironique (qui restait gentille)

Il n'était plus vraiment de ce monde où l'homme devait prendre les décisions. La femme était tellement égale que l'idée de s'imposer en prétextant être l'homme ne lui venait jamais a l'esprit. Mais d'un autre côté, il savait qu'il avait ce rôle masculin a remplir en prenant tout le positif. La galanterie par exemple, même si la femme est égale, rien ne retient les hommes de rester courtois avec la gente féminine. La danse, le fait que l'homme se doit d'inviter une femme dans un restaurant et non l'inverse. Ou même se déclarer en premier. Mais la dessus, il avait un peu plus de mal, de manière personnelle. Peut être que le fait de discuter a plusieurs reprises avec cette nouvelle personne allait lui redonner confiance en lui du niveau social. Après tout, si elle lui apprenait a danser comme elle avait fait mine de danser plus tôt, il allait bien devoir s'imposer un peu. Cette idée ne l'effraya pas, étrangement. 

Pour en revenir au premier rendez-vous, il se dit que le mercredi, avant ce weekend, pouvait être un bon moment. Il n'aurait pas encore la pression de la compétition, aurait le temps de faire ses devoirs de midi a 14h. Puis d'aller nager de 14h a 15h afin de se retirer cette prise de tête. De la retrouver ensuite sans se donner de délais, pour une fois, puis reprendre ses occupations pas la suite. C'était largement faisable. 

- que dirais-tu de mercredi après 15h ? Proposa t-il alors sans une once d'hésitation dans la voix. 

Calliope Ricci:

Son rire se joignit au sien. Mercredi après 15h, donc. C'était noté dans un recoin de l'esprit de Calliope. Elle ne serait pas prête d'oublier. Elle n’oubliait, presque, jamais rien. Et le voir un peu plus, dirait-elle, confiant lui fit aussi plaisir. Enfin, il semblait ne plus trop être sur une certaine retenue. Cette retenue qu'elle connaissait aussi, mais qu'elle faisait de son mieux pour ignorer, sans pour autant être grossière.

Alors disons mercredi après 15 heures dans ce cas. 

Elle tendit sa main vers lui pour la serrer, comme pour convenir d'un contrat.

Et pas de faux plans. C'est bien clair? Renchérit-elle.

Bien que ces paroles se voulaient quelque peu stricte, elle n'endossait que très difficilement ce rôle, et sa voix n'était pas non plus encline à la faire paraitre comme telle. Elle restait fluette, douce. Elle regarda a nouveau l'heure qui tournait, et cette fois si, elle semblait tourner un peu plus vite que la dernière fois. Peut être même plus vite encore. Il n'était pas encore l'heure de retourner en cours, et il lui restait encore un peu de temps. Mais aussi, peut être pas assez vite au gout de la jeune fille. Il faut dire qu'elle pouvait se trouver très impatiente, parfois.

Personne n'était encore venue prendre d'assaut le gymnase, mais cela risquait d'arriver assez vite. Les professeurs ne prenaient pas tous le temps de manger, d'autres si. Et Calliope ne connaissait pas encore assez bien les habitudes de chacun pour savoir si le gymnase resterait encore longtemps libre. Enfin, elle saurait au moins un peu mieux et serait prête pour les autres fois. A moins qu'il ne décide une nouvelle fois de faire son entré, et qu'ils discutent encore au lieu de vaquer aux occupations qui les avaient amenés originellement.

J'ai déjà hâte de voir l'étendue des dégâts, et te voir t'améliorer aussi. Ne pense pas que je fasse ça uniquement pour le fait que tu ne saches apparemment pas du tout suivre un rythme, dit-elle avec un air sincère.

- Voilà autre chose ! Rétorqua t-il faussement outré en lui serrant la main, matérialisant la signature du contrat. 

Il posa un cour instant le regard sur leur poignée de mains. C'était si doux, a croire qu'ils s'effleuraient seulement. Ses doigts, bien plus large que ceux de Calliope, s'étaient reflermé sans lui broyer, sans la coincer. Elle avait une main si douce, comme frêle, voir froide. Tout respirait chez elle la poupée, décidément. Il y a anguille sous roche. Je ne serais pas étonné qu'elle ait un caractère bien trempé. songea t-il sans que l'idée ne lui déplaise. Cela lui faisait ni chaud ni froid (la pensée, pas la poignée de main). Il la libéra dans le temps convenu et se concentra sur ces dires. Il s'en étonna, d'ailleurs. Il retint tout de même son début de phrase "elle avait hâte". C'était presque plaisant et rassurant pour lui. 

- Je ne le crois pas, répondit-il en parlant en même temps qu'il pensait. Je ne suis pas de ces égocentriques qui pensent que tout leur est dû. Je me doute bien que tu ne le fais pas que pour moi. Mais puisque tu aborde cette partie du contrat : que dois-je faire en échange de ces cours ? 

Le monde apprenait vite que rien était gratuit, tout s'achetait, se méritait, se vallait. C'était devenu tellement normal qu'il ne lui était pas surprenant qu'elle lui demanderait quelque chose.

Calliope Ricci:

Après avoir signer leur contrat, Calliope posa quelques instants son menton sur ses genoux: qu’attendait-elle en retour, c'était une très bonne question de la part du garçon. Calliope réfléchit quelques secondes avant d'en arriver à la conclusion que pour le moment, rien ne l'intéressait vraiment, si ce n'était une chose:

Pour le moment, si tu arrives bien à l'heure, et que tu me montres un minimum de motivation et de bonne volonté, ça ira. Et puis je ne pense pas a avoir quoi que ce soit de plus à te demander.

Elle n'était pas très à l'aise avec cette idée de du. Bien que rien ne soit gratuit, tout ne devait pas être payant non plus, selon elle. Et puis, c'était réellement tout ce qu'elle souhaitait: qu'il y mette de la bonne volonté, c'était tout ce qu'elle pouvait lui souhaiter pour le moment.

Je suis si ravie d'avoir enfin quelqu'un a qui apprendre quelque chose que j'aime. Et puis, comme ça, je n'aurais plus à danser toute seule comme une imbécile.

Danser seule ne la dérangeait pas, mais de la compagnie n'était pas de refus. Danser seule ne la dérangeait pas, mais les autres pouvait sans doute se moquer du fait qu'elle soit justement seule pour une danse de couple. Mais Calliope avait très rapidement appris à ignorer ce.

Elle décida de se lever, et s'étira un peu. Ses pieds ne lui faisait plus trop mal, jusqu'au prochain pas qu'elle ferait. Mais décidément, rester assise n'était pas non plus d'une grande aide. Le sol du gymnase était plutôt fait pour les baskets et non pour s'asseoir dessus. Elle s'étira donc, comme par réflexe, non par réelle nécessité. Elle n'avait aucunement fait d'effort excessif, ou n'avait de douleur excepté ses pieds.

- ben voyons. C'est bête, je pensais arriver en traînant des pieds et refuser tous ce que tu allais me dire alors que j'ai bien envie. Ironisa t-il tranquillement pour essayer de la rassurer là-dessus. Des fois, ce genre de plaisanterie aidait bien plus que de simples mots bateaux. 

Elle n'avait pas l'air d'avoir quelque chose de spécial derrière la tête. Mais il se voyait très mal profiter d'elle ainsi. 

- Non en tout cas, je retiens que je te dois quelque chose. Si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, je répondrais present. Promit-il. 

Il avait l'habitude d'agir ainsi, de toute manière. Souvent, on ne rend pas le service immédiatement mais plus tard. Comme Gwendolyn, c'etait une personne sujette aux crises d'angoisse nocturnes et il lui arrivait de l'appeler. Ravhell s'habillait et s'en allait faire le mur. Braver l'interdit pour calmer son amie. En contre partie, elle a accepté d'héberger Nae le temps de ces 3 ans dans l'Académie. Bon, ce n'était pas une contrainte pour elle : elle adorait les animaux. Mais tout de même. Ravhell tenait a rester une personne sur qui on pouvait compter. 

Il émit un rire en l'écoutant. 

- c'est ça la première raison ? Si ce n'est pas pour moi, c'est pour toi ? 

Son ton était loin d'être vexé, et restait sur la plaisanterie. Il voulait également lui montrer qu'il ne la jugeait pas d'égoïste si elle avouait que c'était vrai. 

Il la regarda s'étirer sans daigner se lever. Il était bien assit.