[MIRANDA] too shy to say but I hope you'll stay [fermé]

Lee;

Elle se sentit un peu coupable en voyant les yeux du blond briller lorsqu'elle toucha ses cheveux. Est-ce qu'il n'aimait pas qu'on le touche ? C'était quelque chose de difficilement concevable pour la renarde qui avait l'habitude du contact, qui avait besoin de proximité, de chaleur humaine. Cependant elle respectait le fait qu'il n'était sans doute pas vraiment à l'aise avec ça alors elle nota dans un coin de sa tête qu'il était préférable qu'elle s'abstienne la prochaine fois.

Ça semblait marcher, la respiration de son camarade était bruyante mais un peu moins chaotique. Lee essayait de respirer fort aussi pour qu'il calque —inconsciemment ou non, ses expirations avec les siennes. Elle voulait sincèrement qu'il se sente mieux, elle était prête à donner tout ce qu'elle n'avait pas pour qu'il oublie l'orage et que sa peur s'en aille. 

Normalement la prochaine étape consistait à citer trois choses qu'on peut entendre. Cependant le but de l'exercice qu'ils étaient en train de faire était justement d'oublier la tempête qui faisait rage dehors: ce n'était donc pas vraiment une bonne idée de la lui rappeler. Lee décida donc de sauter cette étape, passant directement à la suivante.

— Ensuite c'est deux choses que tu peux sentir.

Elle ferma les yeux et pris une grande inspiration remplissant ses narines des odeurs environnantes.

— Moi je sens l'adoucissant et... elle marqua une pause, pas vraiment sûre de ce qu'elle sentait, la javel... enfin un produit d'entretien.

Elle n'était pas très branchée ménage alors elle n'aurait pas su dire lequel mais de toute façon là n'est pas la question.

Masahiro:

Il continuait de regarder Lee, il l'entendait respirer, machinalement sa respiration se calait sur la sienne, comme une drôle de chanson à l'unisson, les choeurs ensemble. Les yeux pendus au visage de Lee, il commençait doucement à oublier la terreur massacrante du dehors. Il pouvait détailler tous ses traits, cette triste intensité avec laquelle il la fixait, il pourrait presque mémoriser ses yeux inquiets, son petit nez, sa bouche qu'il avait déjà vue sourire. Il pourrait presque la dessiner de mémoire, son image presque imprimée au fond de sa rétine, le coup de tonnerre comme le flash d'une photo qu'il aurait prise.

Elle passa à la suite.Deux choses qu'il pouvait sentir. Elle ouvrit le pas encore une fois, une inspiration, des odeurs, lesquelles sentir? L'adoucissant, la javel. Lorsque ce fut à son tour, il essaya d'emplir ses narines de tout ce qu'il pouvait sentir. Quelques odeurs un peu froides, une odeur un peu plus douce parmi elles, mais il ne saurait poser un mot dessus.

- L'odeur de la pluie..

Le temps avait une odeur à laquelle il était parfois sensible, l'odeur de la pluie était forte, à cause de la tempête sûrement, elle passait à travers la vitre froide de la salle de classe.

- Les livres usés..

Ces livres tripotés par mille mains, qui zonaient dans des coins de la classe, entrouverts, mal fermés, bien rangés. Son attention se détachait de cette angoisse agrippante, les liens de l'angoisse de relâchaient petit à petit, sa main toujours serrant toujours son col se relâchait tandis que celle encore cramponnée à la table commençait à se décrisper.

lee,

Pour une personne qui n'était pas Lee, se faire fixer de la sorte aurait surement été un peu déroutant. Après tout les humains sont des êtres pudiques, c'est toujours embarrassant de regarder quelqu'un dans les yeux, de ne pas le lâcher du regard. Mais Lee n'était pas vraiment humaine alors le fait que son camarade la fixe autant ne la dérangeait pas. Et puis à vrai dire elle faisait de même, s'interrompant seulement pour cligner des yeux. La jeune fille gardait une expression neutre, mettant toute sa volonté à l'épreuve pour ne pas que l'inquiétude qu'elle ressentait au fond d'elle ne puisse se lire sur son visage. Tant qu'il aurait besoin d'elle, Lee resterait assise là, à user ses yeux dans ceux de son ami et à servir de rempart contre l'angoisse oppressante que représentait la tempête, contre cette grosse connasse de Miranda.

— Et enfin, une chose que tu peux goûter.

Dit comme ça, ça n'avait pas vraiment de sens mais l'exemple qu'elle allait lui donner allait surement l'aider à comprendre ce qu'elle entendait par là.

— J'ai mangé de l'aubergine à midi et le goût reste dans la bouche. Ses lèvres se tordirent en une petite grimace, comme si elle venait manger quelque chose d'acide et que ça lui déplaisait. J'aime pas l'aubergine alors c'est pas très agréable.

Masahiro:

Il espérait au fond de lui que Lee ne lui en voudrait pas. Ils ne se connaissaient pas encore très bien, et elle était là à s'occuper de lui quand même, à essayer de l'aider, et à supporter son regard planté sur elle. Il n'avait aucune idée de comment la remercier plus tard, mais il faudra qu'il y songe très sérieusement. Sans elle, il aurait sûrement suffoqué dans cette salle.

Elle passa à ce qui semblait être la dernière étape. Une fois qu'il pouvait goûter. Elle commença, elle parla des aubergines de son repas de midi. Sa petite grimace décrispa un peu le sourire inexistant de Masahiro. Il sentait son coeur battre très fort, mais il ne faisait presque plus mal, l'air dans ses poumons ne le brûlait presque plus et le picotements dans ses articulations étaient presque partis.

Il essaya de se concentrer sur quelque chose qu'il pouvait goûter. Le stress avait réduit à néant tout ce qui avait pu manger dans la journée. Il restait cependant cet arrière-goût de sang qu'il avait dans la bouche, celui qu'on a quand on est trop essoufflé, mais c'était surtout qu'à son premier sursaut à cause du tonnerre, il s'était mordu la langue.

- Le-le sang dans ma bouche..

Ses traits se décrispèrent.

- Je me suis mordu la langue avant..

C'était comme si la pression se relâchait tout d'un coup, le bouchon de la bouteille allait exploser et toutes les émotions qu'il avait essayer de contenir de déversèrent d'un coup. Il ne put s'en empêcher, mais de grosses larmes perlaient sur ses joues. Il baissa le regard et croisa ses bras contre lui.

- J-je suis vraiment désolé..

Il essayait de se cacher derrière ses cheveux mi-blond, accablé d'une certaine honte, ne pouvant pas s'empêcher de pleurer devant la jeune fille.

lee,

Elle se fit la réflexion que Masahiro était comme la météo. Il accumulait tout, le stress, les emotions négatives comme les nuages accumulent l'eau. Et au bout d'un moment, quand il y en a trop, tout explose, il se met à pleuvoir, à pleurer. Ce n'était pas la meilleure métaphore du monde mais c'était la seule que Lee trouva pour expliquer l'état du blond. Ça y'est, il y'avait eut rupture. 

Lee n'aimait pas voir les gens pleurer: elle même pleurait rarement, faisant tout son possible pour sourire et trouver du positif dans ce qui l'entourait. Voir les larmes sur les joues des autres lui faisait presque plus mal que lorsque c'était elle qui pleurait. La renarde avait trop d'empathie, chose un peu paradoxale pour quelqu'un de son espèce. Voir son camarade pleurer lui fit l'effet d'un coup dans le ventre et, alors qu'il s'excusait pour une raison qui échappait à la brune, cette dernière, pourtant d'habitude si bavarde, resta muette.

Pourquoi est-ce qu'il pleurait ? Est-ce qu'il avait mal quelque part ? Toutes ses questions ne trouvèrent pas de réponse. Le blond ressemblait à un enfant ainsi recroquevillé. C'était comme si il essayait de se fondre dans sa chaise pour disparaître. Mais Lee ne voulait pas qu'il disparaisse. Les mots ne venaient pas, les phrases ne se construisaient pas dans sa tête, c'était comme si son cerveau était passé en alerte rouge et cessait de lui répondre.

Alors la jeune fille fit la première chose qui lui passa par la tête et poussa la table qui les séparait. Elle y avait mis peut-être un peu trop de force, elle n'avait pas forcément réfléchi. Elle se leva et dans un geste qui se voulait protecteur, passa ses bras autour des épaules du jeune homme, le serrant doucement contre elle. Il n'aimait peut-être pas le contact mais Lee ne savait pas quoi faire d'autre, elle avait épuisé ses ressources.

— T'as pas besoin de t'excuser, dit-elle finalement, si tu veux pleurer, tu peux.

Masahiro:

Il était à découvert, totalement. Il se sentait si faible, il aurait voulu s'enfoncer dans sa chaise, s'enfoncer si loin que quand il rouvrirait les yeux il serait ailleurs. Mais ça ne marchait jamais, quand il les rouvrirait, il sera toujours dans cette même salle. Peut-être que Lee n'y sera plus. Il ne savait pas quel serait le pire entre savoir qu'elle serait restée, ou partie. Même si intrinsèquement et peut-être égoïstement, il aurait voulu qu'elle soit restée.

Il ne s'y attendait pas, quand la table grinça, il se serra un peu plus fort. Peut-être qu'elle allait réellement partir. Il avait peur. La tempête n'en était plus l'objet, cette fois c'était le fait de se retrouver tout seul. Mais non, elle ne partit pas. Ce fut même tout le contraire. S'en aller comme ça, ça n'aurait pas ressemblé au peu qu'il pensait savoir sur sa camarade, mais dans ces moments où on est même plus sûr de ce qu'on peut bien ressentir, tout se mélange et on ne sait plus en quoi on croit. Mais elle était restée, elle avait poussé la table. Elle avait poussé la table pour passer ses bras autour de ses épaules, pour le serrer doucement contre elle.

Ses bras croisés se détendirent et ses mains tombèrent sur ses genoux. Il se laissa pleurer la tête contre Lee. Il était vraiment désolé s'il mouillait son kimono avec ses larmes de crocodile, mais il n'avait pas la force de lui dire quoi que ce soit. Pleurant aussi silencieusement qu'il pouvait dans les bras de la jeune fille. Les dernières crispations qui retenait encore ses muscles fatigués tombèrent. La tristesse qui ruisselait sur ses joues se calmait, quelques hoquettement coupaient encore de temps à autre sa respiration qui revenait à un état normal, n'étant plus qu'un mince souffle.

Masahiro ne bougeait pas. Il avait laissé sa tête enfouie entre les bras de Lee, une chaleur presque agréable. Il se sentait se calmer. Même si la tempête battait son plein encore dehors, la tornade qui avait déferlé dans ses émotions commençait à s'estomper pour de devenir un courant d'air. Il ne releva pas la tête. Il ne savait pas s'il oserait affronter son regard. Il sentait ses yeux un peu enflés, encore un peu humides, qui séchaient lentement. Au bout de quelques minutes, il osa marmonner quelque chose.

- Je..

Il s'apprêtait à s'excuser encore une fois mais il se coupa.

- M-merci.

(je suis en train de jouer à animal crossing et Ginette vient de me dire que mon regard pourrait faire fondre la banquise et qu'elle était fascinée... bye bye je pars me marier avec Ginette)

lee,

Même en étant assis, Lee n'était pas bien plus grande que son camarade, alors quand il la remercia —pour une raison qui lui échappait mais qu'elle ne chercha pas spécialement à comprendre, elle posa son menton sur le haut du crâne du blond, peu désireuse de chopper un torticolis. Elle pourrait faire beaucoup de chose pour Masahiro mais ne supportait pas avoir mal au cou. Elle murmura un petit "de rien" et se fit la remarque que la position n'était pas si inconfortable que ça.

Le silence de la pièce était seulement interrompu par la tempête qui rugissait encore dehors et par la respiration désormais beaucoup moins erratique du jeune homme. Son souffle n'était pas non plus tout à fait régulier, chose logique vu la situation. 

Peut-être qu'elle pouvait s'écarter maintenant ? Ou peut-être pas ? Lee n'osait pas trop demander au blond ce qu'il en était: elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle en avait marre, déjà parce que ce n'était pas le cas et surtout parce que ça pourrait potentiellement le blesser et ce n'était pas le moment. Enfin, pas que Lee voulait délibérément le blesser en temps normal, loin d'elle cette idée saugrenue.

— Tant que tu voudras que je reste, je resterais.

Ça laissait sous entendre que si il en avait marre elle pouvait rompre l'étreinte. Ouais, cette formulation convenait bien à la renarde et un petit sourire satisfait naquit sur ses lèvres.

L'instant était paisible et reposant, pour Lee du moins, et aurait pu le rester longtemps si l'estomac de la brune, grand oublié de cette belle histoire, ne s'était pas manifesté à ce moment là. Le gargouillis qui provint du ventre de la jeune fille était tellement sonore qu'il couvrit l'orage pendant un court instant. Les yeux ambrés de la lycéenne s'écarquillèrent et elle eut un petit rire nerveux:

— Oups. Elle serra les dents, tentant de faire abstraction de la sensation de vide au creux de son abdomen mais en vain: chassez le naturel il revient au galop. 

Masahiro:

Il se sentait bien comme ça, la pression retombait doucement et il se sentait de plus en plus apaisé. Elle posa son menton sur sa tête et, étrangement, il se sentit en sécurité. Comme si Lee, elle aurait pu empêcher n'importe quoi de venir lui faire du mal. La tempête semblait lointaine, maintenant qu'il était dans ses bras. Elle avait dit qu'elle resterait tant qu'il voudrait. Egoïstement, il aimerait bien ne pas bouger, mais logiquement parlant, il n'allait pas pouvoir rester comme ça pour toujours.

Ce fut d'ailleurs la réalité qui le rattrapa au galop lorsqu'il sentit gronder juste en face de lui ce qui semblait être l'estomac de la jeune fille. Il se redressa doucement, se dégageant un peu d'elle. Il leva la tête vers elle. Il avait de petits yeux, rougis par les larmes qu'il avait pleuré. Il se les frotta doucement et ses joues un peu aussi.

- On dirait que tu as faim..

Il avait soufflé ça avec un demi-sourire, pas encore trop à l'aise avec ce qu'il venait de se passer. Il savait pas s'il arriverait à regarder Lee dans les yeux à nouveau, mais il espérait qu'elle, elle pourrait, ça l'aiderait peut-être. Il se tourna doucement pour attraper son sac et le tirer à ses pieds. Il se pencha pour y chercher quelque et en sortit une barre de chocolat.

- C-ça vaut pas un muffin à la myrtille mais.. J-j'ai ça.. Si jamais t'as trop faim.

Vu le bruit qu'avait fait son estomac, ça en avait tout l'air.

(j'arrive petit tapis)

lee,

Il finit par s'écarter, surement dérangé par le bruit de volcan qu'avait fait le ventre de Lee. Il se frotta le visage et attrapa son sac. La jeune fille le regarda faire, intriguée, ses yeux ambrés rivés sur ses mains qui s'activaient et qui sortirent une barre de chocolat.

Le meilleur moyen d'atteindre le coeur de Lee c'était de passer par son estomac. Et là c'était exactement ce qu'il faisait. Son affection pour lui augmenta encore un peu plus et elle se mit à sourire, les yeux brillants face à la merveille qu'il venait de tirer de son sac. 

La renarde se retint de se précipiter sur son camarade et acquiesça doucement.

— Je veux bien merci !!

(il me fume ce surnom xD)

Masahiro:

Alors qu'elle l'observait faire, il crut deviner que la barre qu'il venait de sortir de son sac lui plaisait et qu'elle serait contente de pouvoir la manger. Le sourire qu'elle arborait eut le don de réchauffer un peu le coeur de Masahiro qui se remettait peu à peu de sa frayeur précédente. Un petit sourire se dessina d'ailleurs au coin de ses lèvres. Elle avait une bonne humeur contagieuse. Il était content d'avoir osé lui adresser la parole pendant le cours de sport.

Il lui tendit la barre.

- De rien!

Même si la panique qui l'avait étreint plus tôt avait été écrasante, il se souvint néanmoins des mots de la directrice qui avait demandé à la rejoindre. Il ne se souvenait pas de lui, ses pensées totalement en désordre à mesure que l'orage grondait. Les sifflements stridents du vent contre la façade du pensionnat le faisait encore un peu frissonner et la vue terrible sur laquelle donnait les fenêtre ne l'enchantait pas moins.

- Tu sais où la directrice a demandé d'aller..?

Lee devait sûrement le savoir, elle devait peut-être même s'y rendre avant de le croiser dans cette salle.