look at you, causing fights for no reason [TW: angst, privé]

Asher;

Il ne s'attendait pas vraiment à cette réponse là et il lui fallut une poignée de secondes pour assimiler le fait que, là, maintenant, tout de suite, il allait devoir donner une réponse. L'irritation muta très vite, se transformant en agacement qu'il avait du mal à dissimuler. Il était prêt à bondir du lit, pour prendre ses jambes à son cou ou pour taper dans un truc, à voir en fonction.

Il ne savait pas pourquoi ça l'intéressait et au delà de ça, il était pas bien à l'aise avec cette soudaine curiosité. Il lui aurait bien dit de se mêler de ses affaires mais ç'aurait été encore plus suspect et ça n'aurait sûrement pas fait taire les interrogations du grand brun. Mais même en répondant très honnêtement, en était tout à fait transparent et en lui expliquant qu'il n'en savait trop rien et qu'à vrai dire il n'en avait pas grand chose à faire, c'était suspect quand même.

Est-ce qu'il était censé prétendre qu'elle allait super bien ? Qu'ils étaient vraiment hyper heureux ensemble, qu'elle était ravie d'être avec lui et inversement ? Que tout allait à merveille dans le meilleur des mondes ? Parce que le mensonge serait un peu gros dans ce cas là. Quoi qu'il se mentait déjà à lui même alors un peu plus ou un peu moins...

— Pourquoi ?

Asher n'avait vraiment pas envie de répondre, y penser lui donnait déjà d'hurler sur la terre entière, il n'osait pas imaginer quelle réaction tordue créée par son cerveau qui l'était encore plus était capable de se produire si il mettait des mots dessus.

Et puis au pire c'était pas ses oignons, il pouvait pas se mêler de ce qui le regardait ? Ou tout simplement se taire ? 

Nolan:

Décidément, Asher n'avait pas l'air de vouloir lui répondre. Il sentait une certaine agressivité dans l'air, c'était plus fort que lui que de creuser. Il se disait que c'était parce qu'il voulait comprendre, peut-être que ça l'aiderait de savoir de quoi il en retournait. Comment il était censé faire, Nolan, dans cette situation? Il avait au cœur, et puis qui sait, ce serait défoncer la tronche à coup de poings lui remettrait peut-être les idées claires.

- Comme ça.

Il haussa les épaules, il fit la moue face au fait qu'il n'avait pas obtenu sa réponse. Il se redressa un peu, le cou droit, il leva un peu la tête, continuant de regarder son camarade.

L'agressivité qui flottait dans l'air était contagieuse, elle donnait à Nolan une subite envie de remuer le couteau dans la plaie. Il utilisait son talent aussi inné qu'exaspérant pour amener les sujets qui fâchent sur le tapis, cherchant peut-être un peu la bagarre aussi.

- Au fait, j'ai croisé le mec à qui t'avais refait le portrait. Celui de ton ancienne chambre.

Au cas où il s'était pas assez enfoncé.

Asher;

Pendant un court instant, le texan fut soulagé; Nolan n'avait pas forcément l'air d'insister, Asher n'allait donc pas devoir lui répondre. Ses doigts se décrispèrent un peu et il reprit son téléphone dans la main, tapant distraitement son code pour prétendre être très occupé.

Ça n'arrêta pas le brun assis droit sur sa chaise. Au contraire puisqu'il mentionna son ancien camarade de chambre. 

Décidément il avait l'air motivé à aborder tout les sujets qui fâchent, comme si, vraiment, il le faisait exprès. C'était d'ailleurs sûrement le cas, c'était un as de la provoc' après tout.

Encore une fois, l'information mit un certain temps avant d'éclore dans son cerveau. Asher, qui avait d'abord haussé les épaules avec une nonchalance feinte, se rendit finalement compte de ce que ça impliquait et du rapport que ça avait avec sa question bizarre sur sa copine. Son coeur loupa un battement, est-ce qu'ils avaient parlé ? 

— Ah.

Les mots avaient du mal à sortir et l'agacement commençait à se répandre en lui comme une infection. Réfléchis Asher, réfléchis putain.

— Et donc ?

Il avait besoin de voir si il savait, si il y avait effectivement une arrière pensée derrière sa question. Il avait du mal à rester calme, neutre et patient. Déjà qu'il avait du mal avec ces trois vertus de manière générale, là c'était une torture.

Nolan:

Il était surpris de pas encore s'être pris une droite alors que ça faisait quelques minutes qui remuait clairement la merde sans une once de honte. Il avait connu son ancien meilleur ami plus belliqueux, bien que ça le dérange pas de ne pas avoir mal ailleurs que dans les doigts. À la réaction d'Asher, il se demanda s'il savait vraiment ce que ç'avait impliqué.

- Tu lui avais bien refait le portrait.

Il souffla un nez tandis que son sourire inconvenant se dessina une nouvelle fois sur son visage. Il avait eu de la chance de pas se prendre en regard noir quand il l'avait abordé avec son air faussement désolé.

- J'ai d'abord un peu rigolé, mais il m'a raconté ce qu'il s'était passé.

Il faisait durer un peu le suspense. Tourner autour du pot était aussi une de ses inhérentes prédispositions, lui faire croire encore un peu qu'il n'en savait pas plus.

- Du coup il m'a aussi dit pourquoi vous vous étiez battus.

Nolan avait posé ses yeux sur ses mains. Le goût de l'aventure et un peu aussi de la provocation, guidé par l’exaspération qui avait alimenté crescendo sa journée. Si c'était pas tombé sur Asher, ce serait peut-être tomber sur quelqu'un d'autre.

- C'est pour ça que je demandais si elle allait bien. S'il s'était pas passé un truc pour que tu réagisses comme ça.

Il avait conclu, tout en retournant son regard vers Asher.

Asher;

L'attente et le petit suspense qu'il faisait durer étaient insupportables, pourquoi est-ce qu'il ne crachait pas le morceau tout de suite ? Le texan se mordilla la joue, le sentiment d'inconfort dans sa bouche l'aidant à ne pas se mettre à lui hurler dessus tout de suite.

La vérité tomba, Nolan avait donc finalement découvert le pot aux roses. Et c'était insupportable. Au fond, Asher ne savait pas vraiment pourquoi le fait que son coloc' soit au courant de ce qu'il s'était réellement passé l'embêtait tellement. Quoique si, au fond il avait tout simplement honte de s'être emporté pour si peu, pour carrément rien même. Si on y réfléchissait cinq minutes, ça en disait beaucoup sur Asher et ce dernier espérait sincèrement que son ancien ami n'y avait pas réfléchi.

Sa fausse considération le fit bouillir, il était quasiment sûr qu'il en avait rien à cirer de comment allait sa copine. Il agissait comme ça par plaisir de remuer le couteau dans la plaie. Et la plaie était déjà assez laide pour qu'on y touche plus que nécéssaire.

Il bondit sur ses pieds, son téléphone tombant au sol dans un bruit sourd alors que le bruit de ses pas se faisait lourd sur le sol de l'infirmerie. Il avait le coeur qui battait à toute allure, piqué dans sa fierté mal placée, il avait honte d'avoir menti et de se retrouver si misérable devant sa déformation de la vérité.

Il avait envie de lui faire ravaler son sourire narquois, il avait envie qu'il retire ce qu'il venait de dire, qu'il s'excuse ou même qu'il oublie. Mais il savait qu'aucune de ces trois options n'étaient envisageable. La colère avait prit la place de l'agacement alors qu'un goût métallique se répondait sur sa langue.

D'un geste brusque, il attrapa Nolan par le col de sa veste, ses doigts le démangeaient, il ne pensait plus très droit. 

Il ne pensait jamais très droit de toute façon.

— T'es vraiment un enfoiré, siffla t-il entre ses dents.

Nolan:

Ca y est, il était sorti de ses gonds. C'était pas vraiment une surprise, c'était pas comme si Nolan avait pris soin d'alimenter l'hostilité ardente qui parfumait la pièce depuis qu'il avait ouvert la bouche sur le mauvais sujet. Le bruit de ses pas sur le sol ciré résonnait dans la pièce presque vide qu'était l'infirmerie, tandis que le téléphone de son camarade tomba au sol sans qu'il ne se retourne.

En l'espace de quelques secondes, il avait Asher à la gorge, son poing tenant fermement son col. Nolan ne réagit pas trop, soutenant son regard dans le sien.

T'es vraiment un enfoiré.

- Merci, on me le dit souvent.

Il allait pas vraiment nier, il avait parfaitement conscience d'avoir joué au con et il ne s'en voulait pas vraiment. Leur relation était pas spécialement rose de base et même si elle stagnait dans ce silence insupportable, il n'y avait rien à perdre. De toute manière, c'était pas comme s'il pouvait espérer que les choses aillent "mieux" entre eux. L’exaspération l'avait poussé dans ses extrêmes, transpirant d'une hardiesse irrévérencieuse.

Malgré la poigne du texan en colère, il se redressa de sa chaise, histoire d'être au même niveau, sans le quitter des yeux.

- Tu vas faire quoi? Me frapper?

C'était une question de rhétorique. Il sentait que le coup allait partir, si c'était pas tout de suite ce serait dans les prochaines secondes. Il avait peut-être accéléré la détente avec sa remarque, mais fallait croire que Nolan avait envie de s'en prendre une. Il avait laissé toutes ses émotions coincées à l'intérieur de lui, espérant naïvement que ça suffirait pour étouffer ses impressions, ranger son trouble dans un coin et faire comme si de rien était. Force est de constater que ça n'avait pas marché.

Asher;

Elles étaient loin les idées noires qui traversaient son esprit une dizaine de minutes auparavant; maintenant Asher voyait rouge, il bouillonnait. 

Ça empira encore un peu plus alors que le brun répondait avec insolence, juste avant de se lever de sa chaise. Leurs yeux étaient désormais sensiblement au même niveau, Nolan était un peu plus grand mais ça ne découragea pas Asher dans son envie de lui faire gouter son poing. 

Il avait envie d'hurler, de le traiter de tout les noms en s'arrachant les cordes vocales, sachant très bien qu'au fond ça n'allait même pas le soulager. Il savait aussi que de toute façon ça n'arrêterait pas Nolan non plus. Le frapper alors qu'il lui avait avoué faire de la boxe n'était pas bien judicieux mais le lycéen était diablement respectif aux provocations de son camarade. L'idée qu'il allait possiblement se faire démonter n'allait pas l'empêcher de passer sa colère sur son ancien ami.

— Putain. Ouais.

Il envoya son poing dans la joue du grand brun, ça lui fit mal à la main puisque malgré toutes les fois ou il s'était battu, il ne savait toujours pas frapper correctement. Mais tant pis, de toute façon c'était fait. 

Il avait envie de dire un truc, de lui balancer à la figure que c'était un connard, un putain de sadique, de lui dire qu'il le détestait et qu'il était mieux quand il était de loin de lui. Mais ça aussi ça lui fit mal.

— Tu gagnes quoi à foutre la merde autour de toi ?

C'était une vraie question, même si celui qui l'avait posée se doutait bien que la réponse n'allait pas être celle qu'il attendait.

Nolan:

Il avait avidement confirmé le poing qu'il allait se prendre d'une seconde à l'autre, il ne fit même pas l'effort de l'éviter, même s'il était pas sûr qu'il aurait réussi à s'en dérober sans se faire mal ailleurs. Il avait la rage lui aussi, tout d'un coup alors la douleur se propageait dans sa joue, ça faisait si mal qu'il crut presque ne plus avoir mal aux doigts.

Qu'est-ce qu'il gagnait à foutre la merde autour de lui? Vraisemblablement pas grand chose. Suffisait de voir où il en était. Mais c'était un peu tout lui mettre sur les épaules. Nolan était prêt à prendre une grande part de responsabilité là-dedans mais fallait pas déconner. Il avait quitté son rictus arrogant et son air confiant. Ses sourcils se fronçant tandis qu'il sentit un goût métallique dans la bouche.

- Très sincèrement, j'en sais rien.

Il était quand même un peu décontenancé par cette question subite qu'il s'était mangé en même temps que le pain qu'il s'était pris.

- J'aimerai juste comprendre qu'il se passe dans ta tête, tu vois.

Il avait pas vraiment l'intention d'y mettre aussi de la violence, mais le besoin soudain qu'il éprouvait de se défouler pris le dessus. Il poussa avec une certaine force le texan qui le tenait en joug, faisant abstraction de la douleur qui lui fourmillait dans la main droite.

- Parce que je comprends pas.

À vrai dire, il savait même pas si les mots pouvaient vraiment exprimer quoi que ce soit dans ce cas présent. Peut-être qu'ils valaient juste mieux qu'ils se tapent dessus, en espérant que quelqu'un vienne les séparer avant que ça parte trop loin. Ou que l'un d'eux se lasse ou fuie sans se retourner. Il n'avait pas l'esprit assez clair pour réfléchir correctement à ce qu'il ferait dans les prochains instants, laissant parler son instinct et étouffant sa raison. À quoi bon écouter la ptite voix dans sa tête, quoi qu'elle ait jamais pu conseillé, ça n'a jamais servi à grand chose.

À son tour, Nolan l'attrapa au col, le poussant un peu plus en arrière, serrant le poing sur ses doigts, réveillant cette petite douleur lancinante.

Asher;

Il fit un pas en arrière sous l'impulsion violente que lui avait donné Nolan. Pendant un court instant, il pensa aux doigts déjà amochés du jeune homme, doigts qui venaient de rencontrer brutalement son torse, ça ne dura qu'une fraction de secondes avant que la colère n'étouffe cette soudaine inquiétude.

Il avait l'impression qu'il allait imploser, son coeur pulsait son sang à une vitesse hallucinante, il le sentait battre dans ses tempes.

Ce fut encore pire lorsqu'un semblant d'explication fut prononcé. Il plissa les yeux alors qu'une désagréable sensation lui tordait le ventre, lui serrant l'estomac si fort que ça lui coupa le souffle. À moins que ce soit la poigne de Nolan qui lui avait attrapé le col de son sweatshirt. Il recula encore un peu, incapable de trouver une réaction adéquate aux mots de son ancien ami. 

Alors il frappa de nouveau, balançant de manière bien hasardeuse son poing contre le jeune homme face à lui, grimaçant alors que la douleur semblait exploser contre ses phalanges. 

Nolan semblait savoir exactement ou appuyer pour que ça fasse mal, comme si il pouvait lire dans ses pensées. Mais ce n'était pas possible et au fond tant mieux parce qu'Asher avait l'impression que son cerveau était bien trop détraqué pour une quelconque analyse. Il avait honte de ce qu'il se passait parfois dans sa tête et préférait que ça reste à tout jamais caché au fond de son esprit. Lui aussi il ne se comprenait pas, le problème était là. Comment il pouvait espérer donner une réponse alors que lui même la cherchait encore ?

La colère faisait trembler ses cordes vocales et ça le mit encore un peu plus en rogne, il avait l'impression de n'avoir plus le contrôle sur quoi que soit.

— Arrête d'essayer bordel, j't'ai rien demandé !

Au fond, Asher était terrifié. Pas de se prendre un coup, l'adrénaline faisait son effet de ce côté là, mais que Nolan comprenne un jour ce qu'il se passe dans sa tête avant que lui n'y arrive. Ce n'était pas impossible, après tout c'était un garçon intelligent. Cette pensée lui serra encore un peu plus l'estomac, la gorge aussi, son corps tout entier.

Ses yeux durement plantés dans ceux de Nolan, commençaient à picoter. Si il avait pu, il se serait frappé lui-même, il se serait hurlé de se ressaisir et qu'il était vraiment con. Mais il ne lit fit pas, espérant silencieusement que son colocataire s'en charge à sa place.

Nolan:

Il essayait de garder son regard rivé sur le visage d'Asher, mais ses yeux étaient embués de toutes les émotions par lesquelles il était en train de passer. Il avait mal, il était triste et profondément en colère. Ses nerfs étaient en effervescence, son sang bouillait et son coeur tambourinait si fort qu'il avait l'impression qu'il finirait par terre. Il voyait le visage de son ancien ami se torde lui aussi à mesure qu'il lui parlait.

Nolan encaissait les coups les uns après les autres, contractant parfois ses muscles comme pour se faire le moindre mal. Il avait de la force à revendre le texan. Chacun des poings qu'il se prenait lui demandait un effort pour ne pas laisser transparaître la douleur tandis qu'il le poussait plus fort en arrière. Il avait ajouté sa deuxième main pour le forcer à reculer taisant la souffrance, poussant de plus en plus fort. Au fond de lui, il avait cette envie un peu désespérée qu'il frappe plus fort, qu'à chaque coup il se sente un peu plus exister, les pieds sur terre, bien là en train de déballer toute la frustration qu'il avait accumulé pendant tout ce temps.

Arrêter d'essayer, il était bien marrant, parce qu'il pensait vraiment que Nolan avait choisi de se casser la tête sur tout ça? S'il avait le pouvoir de choisir autre chose, il l'aurait fait si volontiers. Il y pouvait juste rien, ça se passait en boucle dans la tête comme une vieille machine à film cassée, les images défilaient sans qu'il ne puisse rien y faire. Il crèverait bien d'envie que ça s'arrête.

Ses traits se détendirent un peu, dévoilant un peu l’accablement dont il était la proie. Sa voix en colère dérailla, si des larmes ne perlaient par sur ses joues, c'était parce qu'elles étaient coincées dans sa gorge, presque geignante.

- Si je pouvais, je le ferais!

Il le poussa un peu plus fort d'un coup de poing dans les épaules, pour le plaquer contre le mur.

- Depuis le soir où t'es revenu totalement défoncé, je peux juste pas faire autre chose!

Il avait intériorisé son dépit pendant si longtemps, pour qu'au final, la boîte dans laquelle il avait planqué tout ce qu'il ressentait ait explosé, explosé si fort qu'il était totalement perdu. Tout était sans dessus dessous, il arrivait même plus à aligner ses mots correctement.

- Je- je.. Je peux pas..

Les mots étaient coincés, il avait voulu lui crier dessus que tout ce qu'il avait en tête depuis ces dernières semaines c'était lui, et que ça commençaient à devenir difficile à gérer et qu'il avait parfois très envie d'en pleurer. Et peut-être d'autres choses encore, mais les mots qui lui venaient en tête lui faisait peur. Alors il se contentait juste de tenir son col très fort, le plaquant contre ce putain de mur en placo, d'avoir mal et sûrement d'attendre que ça finisse par passer.