• Let's walk silently down the halls [Selma] Terminé


    Jeudi 7 Mai 2020 à 15:21
    Ms.Pistache

    Mikhail :

    C'est pas très pro ça.

    C'est vrai, se dit Mikhail, pourtant si à cheval sur les règles de l'établissement. Le caractère de la jeune femme teintait le sien d'une mauvaise façon, mais son envie soudaine de regarder quelqu'un fumer valait bien plus que tout cela. Le couloir vide et la fenêtre grande ouverte, personne ne remarquerait leur petite bévue. Il la fixa allumer sa clope et libérer de la fumée à l'extérieur. Elle s'évapora après avoir été emportée par le vent quelques mètres plus loin, rejoignant le ciel. L'odeur de tabac brûlé lui coupa l'appétit mais il se contenta d'un froncement plus prononcé.

    - Je compte sur vous  pour que cela reste entre nous.

    Un fin sourire étira ses lèvres fines, chose extrêmement rare. A l'accoutumée, il n'aurait même pas osé répondre ni même proposer une cigarette. Si un autre élève aurait été présent dans les couloirs lors des heures de cours, il l'aurait immédiatement collé et envoyé dans le bureau de la proviseure. Selma était l'exception à tout cela, même si Mikhail gardait plus ou moins la face avec elle.

    L'étirement de sa bouche lui piquait les joues, pas habituées au sourire du professeur. Alors il revint à la normale, comme si cela ne s'était jamais réellement passé. Mikhail avait beaucoup de mal à montrer ses émotions, qui passaient principalement par ses yeux mais quand il le faisait, il se sentait à l'aise ou tout simplement amusé. Le fait qu'il soit si stoïque relatait de son enfance difficile. Une anomalie inexpliquée provoquait la haine, encore plus si l'on est naturellement peu réceptif aux émotions. Les dures années de sa vie d'enfance l'avaient endurci, le rendant plus aiguisé dans ses propos. Lorsqu'il se relâchait comme il venait de le faire, une sensation bizarre l'enveloppait, comme inadaptée.

    Jeudi 7 Mai 2020 à 15:59
    Cafevy

    Selma Jallab,

    Bien entendu, qu'elle garderait ça pour elle.

    — aussi muette qu'une tombe, renchérit-elle, trouvant bon de rajouter un clin d’œil avant de reporter une nouvelle fois son attention loin du professeur.

    Une telle affirmation de la part de Selma pouvait prêter à rire, ou encore à douter, au vu de son incapacité presque surnaturelle à savoir tenir sa langue. C'était plus fort qu'elle, la moindre de ses pensées devait se retrouver cracher au visage du premier venu, seul moyen qu'elle avait pu trouver pour affirmer sa personnalité. Mais malgré cette prédisposition toute naturelle, lorsqu'on avait su s'attirer les bonnes grâces de Selma, on pouvait compter sur sa loyauté. Elle était une bien piètre personne, peu de gens réussissait à la supporter, mais en amitié - et quelque fois en amour - la jeune femme faisait la part des choses de manière étonnement lucide.

    — comme d'hab.

    Ce traitement de faveur n'aidait pas à arranger l'excès de confiance dont elle pouvait faire preuve. Alors elle continuait inlassablement de fumer sa cigarette, regardant la fumée s'échappait. Cette mauvaise habitude, après être passé par les étapes habituelles - elle avait commencé pour bien se faire voir, enragé son père - était devenu un moyen pour elle de faire passer le temps et de tuer son ennuie. Parce que la vie étudiante était bien remplis, et que Selma n'en avait que faire, de remplir les exigences qu'on avait pour elle. La djinn aurait sans doute préféré voir du pays, plutôt que de rester assise devant des professeurs pas spécialement intéressant. Mais elle avait conscience de sa chance, et derrière sa désinvolture, elle voulait prouver que son attitude déplorable ne ternirait en rien son avenir, ou l'avenir qu'on lui espérait.

    Jeudi 7 Mai 2020 à 17:14
    Ms.Pistache

    Mikhail :

    L'homme lui sourit du regard et tourna le dos à la fenêtre. Maintenant qu'il y pensait, son sac de cours gisait sur le sol, contre le mur. Un simple cartable en cuir marron qu'il possédait depuis des années et dont il prenait grand soin. Depuis ses années de faculté, Mikhail le gardait près de lui, contenant principalement les copies de ses étudiants. Selma en était une, bien qu'elle se soit spécialisée en lettres - là encore une contradiction entre eux - ils se voyaient une fois toutes les deux semaines dans un amphithéâtre vide et dont la plupart du temps elle ne faisait pas partie, occupée à vagabonder ça et là. Bien qu'il enseignait le plus souvent qu'aux élèves ayant choisi la spécialité physique-chimie ou encore mathématiques, sa matière restait obligatoire et par conséquent, tout le monde avait au moins une fois dans l'année fait sa connaissance.

    Mikhail inspirait aux élèves une terreur et une oppression qui lui était propre, car aucun autre professeur ne lui ressemblait et n'était aussi exigeant que lui. Bien entendu, il se montrait plus laxiste - de manière très occasionnelle - à ceux qui écoutaient et faisaient des efforts mais sans plus. Le reste des étudiants, ils leur réservait des exercices d'une hardiesse telle qu'un bon nombre de ses élèves quittaient son cours au bout de trois semaines seulement. Battre le mal par le mal, une telle philosophie dans l'enseignement dégouterait n'importe quelle personne sensée.

    Lorsqu'il sortit de son cartable Gusti la copie de la jeune femme, il y feuilleta les quelques pages. Le sujet du devoir portait sur la tectonique des plaques, en soi un thème simple abordé dès le collège et quelquefois au lycée. Mais Mikhail ne considérait pas la notion de simplicité. Si quelque-chose est simple, alors nous n'en savons pas assez. Plus de la moitié de la classe de lettres eut moins de cinq à ce devoir. Selma eut huit, une des meilleures notes. Le professeur lui tendit sa feuille, annotée de gros traits rouges à chaque paragraphe.

    - Vous êtres trop dissipée et vos bases sont fragiles. Soyez sérieuse et peut-être que vous y verrez plus clair.

    Jeudi 7 Mai 2020 à 18:40
    Cafevy

    Selma Jallab,

    Déjà en pleine introspection quand à ce qu'elle ferait pour occuper cette fin de journée - en dehors de ses quelques obligations étudiantes barbantes - Selma fut tirée de ses pensées par la voix du professeur. Qu'est-ce que ça pouvait être barbant, ce genre de commentaires. Attrapant au vol sa copie, et laissant son regard lasse la parcourir, elle écouta d'une oreille distraite ce qu'on avait à lui dire.

    — j'y vois très clair.

    Elle rangea à la hâte la feuille, qu'elle pris tout de même le soin de plier en quatre, avant de soupirer. Allait-elle maintenant devoir supporter ce genre de bonnes nouvelles même dans les couloirs? Si Selma n'était pas allé en cours, à cet instant, c'était bien pour ne pas se prendre la tête, ne pas y penser. Et voilà qu'on la ramenait inlassablement à son statut d'étudiant nonchalante, qui au plus grand désespoir de ses professeurs, trouvait presque toujours un moyen de retomber sur ses pattes, assurant ainsi la bonne continuité de son petit train-train habituel.

    — merci.

    La cigarette ne fit pas long feu, se réduisant rapidement en un mégot froid qu'elle fit tourner entre ses doigts. Elle hésita quelques secondes avant de finalement se diriger vers une poubelle disposée dans le couloir. Il aurait été fort malpoli de jeter négligemment ce mégot dans la cours, et si la politesse n'était pas une de ses priorités, elle se résigna à se détacher de la fenêtre pour rejoindre l'autre bout de l'interminable allée avant de revenir à son point de départ.

    Jeudi 7 Mai 2020 à 19:55
    Ms.Pistache

    Mikhail :

    Mikhail sentit une nouvelle fois qu'il venait de faire une erreur, au vu du ton employé par Selma. Il la suivait du regard, rangeant sa copie dans son sac puis parcourant le couloir d'une démarche chaloupée jusqu'à la poubelle la plus proche. La voir plier les feuilles en quatre le déplût, mais il n'en dit rien. Il sentait la brise souffler dans son cou et les voix enjouée du personnel d'entretien parvint jusqu'à lui. Il leva doucement la tête pour rencontrer le plafond du pensionnat, aussi blanc que ses cheveux, avant de les faire revenir sur ses épaules, de peur de les voir s'emmêler.

    - Vraiment ?

    Cela devait être la première fois qu'il lui répondait vraiment. Ses prunelles froides et acérées rencontrèrent celles de Selma. Normalement, une personne sensée aurait frémi de peur, les sens en alerte. Tout le monde dans le pensionnat savait que le professeur de physique-chimie était une calamité et presque sans s'en rendre compte, terrifiés qu'il les touche et fasse fondre leur bras, l'évitaient comme la peste. Un papillon jaune vint  traverser la fenêtre et papillonner autour de lui, tout hésitant. Mikhail lui offrit sa main, ses longs doigts fins offrant un coin parfait sur lequel se poser. L'insecte se plaça sur son index le temps de quelques secondes puis s'envola en direction des escaliers. En un sens il savait que le papillon ne trouverait jamais la sortie, il errera inlassablement jusqu'à sa mort, espérant retrouver un rayon de soleil perdu.

    Y voyez-vous vraiment quelque-chose, est ce qu'il aurait voulu renchérir, mais déjà trop désorienté par sa réponse, il se ravisa.

     

    Jeudi 7 Mai 2020 à 20:41
    Cafevy

    Selma Jallab,

    Entendre sa réponse troubla tellement Selma qu'elle s'arrêta quelques instants au milieu du couloir. C'était bien une des premières fois qu'elle assistait à ça, ou alors avait-elle oublié. Mais elle était sur de n'avoir pu omettre ce genre d'évènement qu'elle pensait inexistant et impossible. Malheureusement, la témérité de Selma l'empêchait inconsciemment de faire profil bas. Sans doute un jour deviendrait-elle plus sage, et saurait quand parler, et quand se taire. Pour le moment, la jeune femme était loin de ce stade.

    — clair comme de l'eau de roche.

    Pour accompagner ses mots, elle leva les yeux au ciel et reprit sa route, achevant de parcourir les quelques mètres qui la séparait de la fenêtre.

    — j'vais vraiment devoir supporter de me faire remonter les bretelles ou? Parce que j'suis sure que j'ai une demi-douzaine de choses plus intéressantes à faire, conclua-t-elle en se grattant la tête, effectuant par la même occasion un moue interrogative.

    Selma, qui était une personne des plus expressives, l'était encore plus lorsqu'on aurait pu l’apercevoir aux côtés de Mikhail. Elle avait beau y réfléchir, se creuser la tête pendant des heures, allongés sur son lit a fixer le plafond bardés de posters dans son dortoir, Selma arrivait toujours à la conclusion qu'entre eux, il y avait encore plus qu'un gouffre dans leur façon d'exister.

    Vendredi 8 Mai 2020 à 13:01
    Ms.Pistache

    Mikhail :

    Décidément, Le professeur cumulait les mauvais pas. Comment pouvait-il se tromper à ce point lorsqu'il était question de discussions ? Lui qui ne souriait jamais venait de le faire et pensa sur le coup que cela lui donna une extrême gêne dans le corps. Il se dit silencieusement qu'il ne le referait pas de sitôt, trop décontenancé et si mal agencé pour cela. Et une nouvelle fois, le ton réprobateur de la jeune femme lui indiqua que sa réflexion n'était pas la bienvenue. Têtue comme une mule, Selma prônait sa liberté comme arme et se permettait de rétorquer à un professeur d'aller subtilement se faire voir.

    Lasse de comprendre, Mikhail abandonna une énième fois.

    - Comme vous voudrez...

    Il rangea alors soigneusement son paquet de truffes restées sur le bord de la fenêtre, posa le paquet de cigarettes près de la jeune femme - il allait de toute manière le jeter - et mit en ordres les copies dans son sac. Dans vingt minutes, la sonnerie allait sonner, Mikhail n'allait pas partir tout de suite, mais il préférait se préparer en avance pour y aller à l'heure précise. Il jeta un coup d’œil à sa montre, avant de croiser les prunelles marron de la jeune femme.

    - Vous avez du talent, mademoiselle... N'en doutez pas.

    Vendredi 8 Mai 2020 à 14:33
    Cafevy

    Selma Jallab,

    Ce genre de discussion inexistante fatiguée bien plus Selma que les joutes verbales qu'elle connaissait notamment avec Sasha. Elle soupira, agacée de ne trouver toujours aucun répondant. Elle n'avait pas beaucoup d'espoir, mais aimer à croire que tout le monde pouvait rivaliser avec ses grands airs. D'un autre côté, Selma était bien heureuse de ne pas avoir a subir ces sermons qui ne servaient strictement à rien à part perdre un peu plus de temps.

    En voyant le professeur s’affairer, prêt à retourner à ses cours, Selma décida d'en faire tout autant. Elle suivit son geste du regard lorsqu'il déposa le paquet de cigarette - qu'elle s'empressa bien évidement d'attraper, de peur qu'il ne change d'avis - qu'elle enfouit dans son sac.

    — jamais!

    Le doute, elle connaissait pas ça, Selma. C'était autant une qualité qu'un défaut, dans bien des situations. Cependant, derrière cette apparente confiance en soit qui résidait fièrement dans sa réponse, le semblant de compliment qu'on venait de lui faire la troubla. Parce que pour elle qui n'en avait que trop rarement, le simple fait de sous-entendre qu'elle n'était pas la simple fille délurée que tout le monde voyait la rendait sensiblement touchée.

    — merci.

    C'est bien ce que l'on disait, lorsqu'on vous complimentez, non? Selma en était presque gêné, mais profita des cours approchant pour se défiler juste après ce mot qui lui écorchait la langue.

    Vendredi 8 Mai 2020 à 15:13
    Ms.Pistache

    Mikhail :

    Le remerciement presque murmuré de la jeune femme mit quelque temps à parvenir jusqu'au cerveau du professeur. Trop occupé à planifier ses prochains cours dans sa tête, il ne se retourna que trop tard, incapable d'attraper cette petite perche que la jeune femme lui avait tendu le temps d'un seul mot. Elle se dirigeait sans un bruit vers les escaliers, à croire qu'elle ait développé une démarche silencieuse pour ne pas se faire repérer. Mais une fois encore, Mikhail ne percuta pas et se dirigea vers la direction opposée, loin du papillon.

    Si ces quatre mois et demi avec Selma ressemblaient plus à un dialogue entre un sourd et un muet - je vous laisse deviner qui est qui - Mikhail prenait tout de même plaisir à discuter avec la jeune femme, même si le courant ne passait pas entre eux. Le professeur se dépêcha et s’engouffra dans les marches du pensionnat. Par un quelconque procédé, Mikhail ne croyant pas aux miracles, le papillon jaune battait des ailes non loin de lui. Sûrement avait t-il fait le tour du campus pour se retrouver ici. Mikhail le prit délicatement dans sa main et sur un élan de bonté, la calamité d'Headwinds le raccompagna jusqu'à la sortie.

    Vendredi 8 Mai 2020 à 15:37
    Cafevy

    (je pense que nous pouvons clore ici?)




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