Y'a plus de café Mahmoud [Fermé]

Alexandre :

C'était la merde.

D'abord, Alexandre avait paniqué lorsqu'il avait vu que seigneur, non, il n'y avait plus de café dans la machine à café. Il paniqua encore plus en voyant que la machine à café près de l'infirmerie était carrément hors-service. Lui qui vivait de ce doux beverage, comment allait-il faire?! C'était comme si on lui retirait l'oxygène, Alexandre ne pouvait faire qu'une chose ; aller prendre du café en salle de prof.

C'était une torture. Lui qui, depuis son arrivée, faisait son maximum pour éviter tout contact avec ses "collègues", le voilà qui devait aller directement dans leur QG ; il était condamné à croiser l'un d'entre eux...Sauf si il tentait d'être discret.

Alors voilà Alexandre, qui après vingt minutes dans les couloirs à essayer d'esquiver les élèves tel un hitman de qualité, était finalement devant la machine à café à attendre qu'elle lui coule son petit kawha du matin...Sauf qu'il entendit un grincement de porte, et ce fut la panique. D'un mouvement brusque, l'infirmier prit son café à la va-vite (en versant au passage sur le sol et sur sa blouse) et alla se cacher sous un bureau, tremblant comme une feuille.

Adélaïde:

Putaiiiiiiiin! Qu'est ce que ça pouvait être long de faire cours à une bande de trolls incapable de conjuguer le verbe être correctement! 

Appuyant son dos nonchalamment contre la porte, Adélaïde laissa s'échapper un soupir lasse. Elle se sentait vidée. Ses gnomes ingérables lui avaient littéralement pompé toute son énergie et elle avait une sérieuse envie de café. C'était même devenu un besoin vital pour survivre aux 4 heures de français et 2 de latin qui lui restaient avant de pouvoir retrouver son lit adoré.

Alors que la jeune femme contournait la table qui trônait au milieu de la salle des professeurs pour rejoindre cette merveilleuse invention qu'était la cafetière, son attention fut attirée par d'étranges gouttes brunes qui étaient étalées sur le sol. Qui était l'idiot qui n'avait pas essuyé ses conneries? C'était surement Clarke et ses manières rustres ou bien Doug qui avait fait exprès uniquement pour la faire graaaaaaaaaave chier. Mais la demoiselle eu à peine le temps de poser un jugement hâtif sur ses collèges (qu'elle appréciait fortement malgré les apparences - qui aime bien châtie bien comme on dit) qu'elle remarqua que quelqu'un se planquait grossièrement dans son champs de vision.

La prof arqua un sourcil inquisiteur. C'était quoi cette blague? On la prenait vraiment pour une pigeonne ou quoi? Bien déterminée à foutre la trouille de sa vie au petit rigolo qui avait essayé de voler son si précieux café, elle fit d'abord mine de rien préparant son regard terrifiant spécial "pour les petits délinquants à deux balle du vendredi matin". Les élèves de ce lycée avait un sérieux problème! L'autre jour elle avait même croisé deux tarés en train de faire un rituel satanique sur du YMCA!

Elle tourna autour de la table, laissa un moment de silence avant de se pencher soudainement en mode chucky à la façon the ring pour bien faire flipper le voyou. Ses cheveux blonds pendant vers le sol, elle apparut la tête à l'envers en affichant son expression presque inexpressive habituelle.

- BOU!!!

Le jeune femme finit par chopper le pseudo élève par l'oreille et l'extirper de son trou avant qu'il n'ait eu le temps de se rendre compte de ce qui venait de se passer - dans sa frayeur.

- Toi, tu vas avoir de sérieux ennuis mon chaton. 

Alexandre :

Dans sa terreur, Alexandre était concentré sur une seule chose ; en sortir vivant. Avec un peu de chance, la personne qui était ici n'avait pas remarqué la grande figure accroupie sous un bureau, ni la tâche de café qui trônait fièrement juste à côté de la cafetière...Non, il était foutu, Alexandre commençait déjà ses prières.

Tout se passa trop vite. Il n'eut pas le temps de réagir face à l'affreuse créature devant lui qu'il fut tiré par l'oreille hors de sa cachette - et c'est qu'elle avait de la poigne, cette créature, parce qu'Alexandre ne put pas retenir son grognement de douleur (et de peur, aussi).

- Aaarhg-

Son gobelet de café était maintenant vide - dans le choc, il avait versé tout son précieux liquide sur le sol et sur cette...créature, qui lui semblait tout droit sortie d'un film tel que l'Exorciste. L'infirmier se détacha de la prise de son agresseur - agresseuse, au ton de sa voix...Mon chaton ?

- Je ne suis pas (il appuya sur ce mot, levant une main à son oreille meurtrie) votre chaton, mademoi-euuh...

Merde. Une prof. Le voilà qui faisait une bonne impression, à peine un mois au pensionnat et il s'incrustait déjà en salle de prof pour foutre le bordel.

Adélaïde:

Que ne fut pas sa surprise en voyant l'homme se déplier devant elle… Il ressemblait pas du tout à un élève en faite ou bien il avait fait une sacré poussée de croissance pour avoir cette carrure. Oups.

La prof lâcha l'oreille endolorie du perturbateur pour repousser ses mèches blondes en arrière. C'était bien beau de jouer à la revenante mais là elle avait fait une jolie erreur et en plus - elle baissa la tête sur ses vêtements trempés du café tant désiré - elle devait trouver des vêtements de rechange maintenant.

Un peu honteuse (mais pas trop non plus parce que c'est Adélaïde quoi) de sa confusion, elle détailla de haut en bas l'adulte en face d'elle avec curiosité. La jeune femme ne se rappelait pas de l'avoir déjà croisé dans les couloirs - ou nul part ailleurs d'ailleurs. Un nouveau collège? Merde...elle avait fait bonne impression là.

- Excusez moi. Je vous aie pris pour un élève...mais...qu'est ce que vous faisiez sous une table?

C'était vraiment des grands fous ici ou quoi? Ou peut être qu'il jouait à cache cache...ou cherchait ses lentilles de contact...ou…bref. Si même les enseignants se m'étaient à débloquer, Adélaïde se promis de démissionner. Elle avait pas signé pour ça!

Alexandre :

"Excusez-moi", oui, elle devait bien, peut-être que ça avait louche un grand monsieur sous une table mais on agressait pas les gens comme ça! Visiblement agacé, Alexandre leva un doigt pour redresser ses lunettes et souffla un bon coup. Inspire. Expire. Elle ne devait pas être très méchante, juste..Un peu sévère. Oui, ça se tenait, lui aussi, il aurait sans doute pété un câble en voyant un élève sous son bureau.

Maintenant, il devait s'expliquer. C'était plus dur à dire qu'à faire, parce qu'il...n'avait pas d'excuses, à part le fait qu'il n'avait juste aucune envie de rentrer dans un de ses collègues pour "taper la discute", lui lancer un "salut rené" et que René se mette à lui parler du tableau périodique des éléments. 

- Je..euhm...cherchais mes lunettes. Et m-maintenant, je les ai..Elles sont..là. (il pointa du doigt son nez, l'air visiblement gêné) Haha..Euh..Bref. Ce fut enchanté..Enfin, je suis enchanté...Bref. Oui.

Il se racla la gorge, sentant le rouge lui monter aux joues. C'était la catastrophe - voilà ce qu'il redoutait, devoir parler à quelqu'un et échouer misérablement, bafouiller comme un garçon prépubère devant une belle fille, et surtout, faire face à quelqu'un qui l'intimidait énormément (elle avait une main en fer!!!)

Presque machinalement, l'infirmier pivota vers la machine à café et jeta son gobelet vide, puis alla en remplir un nouveau. Il jeta un coup d'œil à sa blouse tachée - ça allait mettre du temps à partir, ça. Merde.

Adélaïde:

Adélaïde arqua un sourcil. Il semblait pas très à l'aise pour faire la conversation celui là. L'homme était-il en train de bugger? C'était assez marrant de le voir paniquer tout seul comme un enfant et puis c'était peut être un peu de sa faute aussi à notre demoiselle… Il avait donc perdu ses lunettes. Son explication un peu foireuse parut louche à la prof mais celle ci décida de passer outre et faire comme si tout était normal (technique de fuite déjà expérimentée au paravent et ayant fait ses preuves sur le terrain). Elle ne voulait pas l'embêter plus longtemps.

- Enchantée également...

La jeune femme regarda son collège bifurquer maladroitement jusqu'à la machine à café. Attendant qu'il termine pour, elle aussi, profiter des biens faits de la caféine, elle s'affaira à retirer ses gants dévoilant partiellement une main métallique et une autre fine et blanche. Elle devait vérifier que le liquide renversé ne s'était pas infiltré dans le mécanisme. Avec chance, sa peau n'avait pas été touchée directement et elle ne souffrait donc d'aucune brulure apparente seulement une superficiel car la chaleur avait transpercé le tissu au niveau de son coude "sain". 

Adélaïde laissa s'échapper un soupir. Bravo, c'était bien son jour tiens! Occupée à examiner sa machinerie et les yeux rivés sur ce bras artificiel, elle se risqua à poser une nouvelle question.

- Vous êtes nouveau?

Alexandre :

Respire. Prend ton café et part. Ne dit rien. Enfin, non, c'est impoli, dit au-revoir quand même. L'infirmier faisait peut-être un bon travail de ne rien laisser paraître extérieurement, mais dans sa tête c'était l'apocalypse. Et pourtant, il ne se passait rien ! Il venait juste de rencontrer une de ses collègues professeur, qui allait sûrement parler de leur rencontre à ses autres collègues, qui se diront "tiens, il est bizarre le nouveau" et le laisseront tranquille jusqu'à la fin de ses jours...Oui. Tout allait bien. Le bruit du café coulant dans son gobelet remplit la salle jusqu'à ce qu'elle se décide à prendre la parole. Alexandre se tendit.

- On..peut dire ça, oui.

Qu'est-ce qu'il était censé dire ? Est-ce qu'il devait lui dire qui il était ?? Il portait une blouse, quand même, c'était pas si dur à deviner - à part si les autres profs aussi portaient des blouses, mais pas elle, visiblement. Dos à elle, il essaya de se remémorer son visage. Est-ce qu'elle était prof, elle aussi ? Alexandre n'avait pas beaucoup vu l'uniforme du corps enseignant, mais si il se rappelait bien ce qu'elle portait, ça ressemblait effectivement à un uniforme. Il tenta de calmer ses tremblements en prenant son gobelet, puis pivota à moitié, toujours machinalement. 

- Je suis..euhm..(il se racla la gorge, levant son gobelet à ses lèvres.)..Je suis l'infirmier scolaire.

Oui. Bon début de conversation, si ça se trouve, elle s'en fichait totalement.

Adélaïde:

- Je vois.

La jeune femme jeta un coup d'œil furtif à "l'infirmier scolaire" avant de retourner à son affaire d'articulation. C'était vrai que depuis quelle était arrivée pas une fois elle ne s'était rendue à l'infirmerie. Fallait dire que c'était une dure à cuire et que même les microbes ne s'y attaquait pas (ou bien elle cachait super bien sa douleur pour pas perdre la face - le côté badasse/sexy ça s'entretiens!). 

Bon, elle supposa que c'était à son tour de se présenter.

- Je m'appelle Adélaïde...Adélaïde Grey. J'enseigne la littérature & le latin.

Une fois son tcheking terminé, elle remit ses mains dépareillées dans leurs fourreaux de tissus avant de se diriger vers l'homme la cafetière derrière lui. Enfin, elle touchait du bout des doigts son fameux or noir. Une fois appuyée sur le bouton "on", elle s'adossa au meuble à côté de l'infirmier pour poursuivre leur conversation désordonnée.

- Et vous? Vous auriez un nom par hasard?

Ouai, l'ironie tout ça...c'était pas trop son truc mais elle faisait un effort là! Elle essayait de meubler leur silence pour en savoir un peu plus sur "l'adulte qui se planque sous les tables" (et surtout ne pas s'ennuyer en attendant que sa tasse soit remplie).

Alexandre :

Alerte. Elle s'approchait, est-ce qu'elle allait - oh, c'était juste pour la machine, fausse alerte. Malgré lui, Alexandre ne pouvait s'empêcher de se tendre, visiblement mal à l'aise. C'était gênant. Lui, il voulait juste prendre son café et partir, mais voilà qu'elle l'avait encerclé. Malgré tout, il tenta de paraître le plus décontracté possible (ça échouait misérablement), il se racla la gorge après avoir pris une mini-gorgée de son café.

- Euh..Oui.

Une pause passa, Alexandre dût se retenir de lever les yeux au ciel à sa bêtise. Elle avait donné son nom. Bien. Est-ce qu'il devait faire pareil ? Alexandre Bessala, vingt-sept ans, j'habite à...Non, c'était trop. Peut-être que son prénom serait assez.

- C'est..euhm..Alexandre. 

Oui, voilà, c'était bien. Tout allait bien.

Adélaïde:

L'homme lui parut bien maladroit. Il avait l'air...vraiment pas dans son élément et Adélaïde trouvait ça...tordant. Il n'y verrait rien de mal si elle le taquinait un peu, non? Prenant une bouille innocente, elle rapprocha sa hanche de la sienne, doucement, tout doucement, juste histoire de le faire paniquer un peu plus pour rien.

C'est alors qu'un détail retint son attention. Il s'appelait Alexandre? On lui avait déjà parlé d'un Alexandre...Oh put***! Elle était son réceptacle! Il y a un mois environ, la directrice avait frappé à sa porte la bouche en cœur pour lui annoncer la "bonne" nouvelle: elle allait être l'heureuse détentrice d'un lien avec un Aziza, qui était apparemment une sorte de fée bienveillante dont Adélaïde n'avait jamais entendue parler de sa vie. Bon, elle avait pas pu protester car dans son contrat il y avait cette close, mais l'idée de se faire relier avec un inconnu ne l'avait pas vraiment enchantée au premier coup. 

Elle tourna la tête vers Alexandre avec une attention nouvelle. C'était donc lui?

- Vous ne seriez pas un...Aziza par hasard?

La sonnerie de la cafetière résonna et le jeune femme s'éloigna enfin de son collège pour saisir sa boisson et le laisser respirer. Elle y ajouta un sucre tout en écoutant la réponse de l'infirmier.