• Wild and chaotic girls [privé]


    Mercredi 2 Juin 2021 à 17:41
    AUREUM.UMBRA

    Lola:

    Cinq. Six. Sept et huit. Musique.

    Thérèse commença à gratter la mélodie, lancinante. Doucement elle envahit la salle, le couloir et bientôt l'école fut cernée des notes lointaines. Présence omnisciente qui vous murmure à l'oreille alors que vous galérez sur un exercice de mathématiques. Lola, les doigts rivés sur son micro, ondulait inconsciemment du bassin au rythme des cordes. Debout au milieu de la pièce elle ferma les yeux, prit une inspiration et sa voix rejoignit l'ensemble. Savourant chaque parole, elle jouait sur sa voix pour rendre à la chanson ce côté subjectif qui lui était propre.

    Elles avaient repoussé les tables aux extrémités de la pièces et, avec l'accord de la directrice, envahies de leurs instruments la petite salle de classe qu'on leur avait prêté pour cette répétition sauvage.

    Vite entrainée par le jeu du tempo, elle jouait avec le fil, l'enroulant autour de son doigts. Cela faisait déjà deux bonnes heures qu'elles se donnaient à fond. La sueur perlant le long de sa nuque, Lola arborait des joues rouges d'efforts et de cette chaleur qui vous vient à force de danser. L'exercice mettait le corps à rude épreuve.

    En lançant des regards complices à Thérèse, la créature s'amusait - habituée à faire son show. Elle roulait des épaules, occupant l'espace en se promenant. La fée sucrée adorait chanter avec cette jeune femme aussi sombre qu'elle était rose. Le dynamisme et ce contraste involontaire donnait sur scène un équilibre presque parfait. 

    Féline, elle approcha lentement de sa camarade, chaloupant ses hanches. Sa main s'échoua sur l'épaule de la demoiselle, elle la perdit en dessinant sa mâchoire avant de rompre le contact pour s'éloigner de nouveau aussi fugace qu'elle était arrivée dans sa route endiablée. Synchronisées dans leur élan musical, le dernier coup de guitare fut donné, concluant en beauté cette séance. Lola se retourna à bout de souffle pour adresser un sourire radieux à son amie.

    - Je crois qu'on s'en sort plutôt bien.

    Samedi 5 Juin 2021 à 17:16
    Cafevy

    Thérèse Sherman;

    Et ses doigts vernis, graciles, s'étaient mis à courir sur les courbes voluptueuses de son instrument, avant de s'échouer sur les cordes, dans un rythme lancinant et cadencé. Caressant leurs oreilles, la musique avait fini par s'échapper pour emplir l'air qui commençait à devenir chaud de ces étés pressés d'arriver, qui ne laissaient pas le temps aux printemps de tirer leurs révérences. Les notes devaient désormais bercer les oreilles des étudiants penchés aux dessus de leurs copies, à s'arracher les cheveux, chargeant les couloirs vides, le silence seulement perturbé par quelques bruits de pas, de talons, de cris et de protestations en tout genre d'une essence nouvelle. Rebelle.

    Son regard d'abord fixé sur les cordes de l'instrument qu'elle n'avait pas touché depuis quelques temps, s'occupant simplement de gratter quelques accords lorsqu'elles n'étaient que deux pour les répétitions, Thérèse avait fini par le relever, affrontant une foule invisible, de fantômes, qui se muait devant elles, transcendés par la musique. Un jour, peut-être, seraient-ils un peu plus réels. Un jour, peut-être, seraient-ils autres que les élèves qu'elles aimaient tant se voir déhancher, bouger la tête, taper du pieds. Autres que les habitués des quelques bars qu'elles pouvaient sommairement fréquenter. Et si le groupe ne tiendrait probablement pas plus longtemps que le temps des études, la jeune femme appréciait cette impression de liberté qui emplissait ses poumons, cette impression de célébrité futile et éphémère, qui s'échappait d'entre ses doigts quand elle essayait de s'en saisir pour la mettre bien gentiment dans sa poche, pour la garder avec elle. Elle la suivrait plutôt dans son cœur.

    Ce regard, il s'était attardé quelques secondes la silhouette féline et oscillante de sa fraise de chanteuse, et d'amie, sur ses hanches ondulantes et son doigt enroulant sinueusement le fil de son micro à son tour, un sourire se dessinant sur le coin de ses lèvres, amusée par le spectacle auquel elle avait droit.

    Cela faisait une poignée de mois, qu'elles se connaissaient, et le contraste entre leurs deux apparences n'avait qu'à envier la force de leur proximité. Et rien n'avait manqué pour les rapprocher, tissant une fine amitié qui, elle, aurait aisément pu tenir le coup. Il y avait tant à dire quand simplement les regarder, elle et l'étrange alchimie qu'elle connaissait, suffisait à esquisser les traits de ce qui pouvait les lier.

    Thérèse n'avait pas manqué de notifier la facilité et l'aisance avec laquelle Lola se mouvait sur la scène, et s'en amusait tout à fait. Elle aussi, aimait en jouer, aimait jouer, et n'hésitait pas à rendre les regards complices qu'on lui accordait. Et lorsqu'une fée rosée s'approchait d'elle, abandonnait sa main sur son épaule, traçait le contour de sa mâchoire, le semblant de sorcière louisianaise plantait ses deux yeux sombres dans ceux de la chanteuse, deux orbes d'obscurités qui ne manquaient pourtant pas d'intensité. Ni de sensualité.

    Il avait pourtant fallu jouer les dernières notes, mourant dans l'enfer et le chaos suintant de la pièce. La guitare retombant nonchalamment dans le vide, retenue par la anse à son épaule, Thérèse avait passé une main contentée dans ses cheveux pour y remettre de l'ordre, et tentait de capter quelques maigres courants d'airs qui auraient pu soulager la chaleur qui s'était saisie de son corps.

    — Je crois même qu'on s'en sort super bien, si tu veux mon avis.

    Et la guitariste du dimanche, et des répétitions en tête à tête avec cette sublime créature qu'était Lola, avait rendu un sourire tout aussi charmant, quoiqu'un peu plus charmeur, pour appuyer son accord et le compliment qu'elle venait de leur accorder.




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