we wait all day for night to come and it comes like a hunter [privé]

sasha,

Il était tard, la montre attachée au poignet de la jeune femme indiquait 23 heures 30 passées. Sasha s'était installée à une table un peu isolée en fin d'après-midi avec la ferme intention de réviser en vue de ses partiels. Certes ses examens ne commençaient que dans quelques semaines et l'étudiante n'avait aucun soucis à se faire mais de toute façon elle n'avait pas grand chose d'autre de prévu. 

Après 3 heures de lecture non stop, les yeux ambrés de sasha avaient commencés à se fermer tout seuls, malgré toute sa bonne volonté. La fatigue avait commencé à prendre possession de son corps et sans qu'elle ne s'en aperçoive, elle s'était endormie. Son épais livre sur la civilisation mésopotamienne faisait un excellent oreiller et sa bouche entre ouverte laissait s'échapper des expirations discrètes. Alors forcément, ainsi plongée dans les bras de Morphée, elle ne put jeter un coup d'oeil à la montre attachée à son poignet. Elle ne put voir qu'il était désormais tard, bien trop tard pour qu'elle soit là. Plongée dans le monde des rêves, l'heure tardive et la civilisation mésopotamienne étaient bien le cadet de ses soucis.

Cléo,

Elle s'était évadée de sa chambre à la nuit tombée, esquivant habillement les surveillants et leurs rondes nocturnes. Cléo avait entreprit de se changer les idées dans une balade crépusculaire malgré les interdictions du règlement - après tout ce n'était pas la première fois qu'elle s'y dérobait. Elle rôdait donc dans la pénombre, à l'affut d'une distraction autre que la beauté du ciel étoilé, avide de trouver quelqu'un quelque chose à se mettre sous la dent.

C'est par la fenêtre entre ouverte de la bibliothèque que la réponse à ses attentes surgit dans son champ de vision par inadvertance. Assoupie dans les bras de Morphée, une jeune femme sans défense semblait totalement happée par ses songes.

D'un mouvement semblant défier la gravité, la petite blonde esquissa un bond. Ses pieds nus rencontrèrent l'encadrure de la vitre et quelques secondes plus tard elle atterrissait, vaporeuse et dorée, sur le plancher. Cléo, curieuse, ne put résister à la tentation de s'approcher un peu plus. Elle scrutait et détailla l'inconnue rapidement. Ses cheveux tirant sur le roux, ses lunettes débraillées sur le bout de son nez, sa joue écrasée contre un livre à l'écriture archaïque...

Amusée de sa découverte, Cléo se pencha à l'oreille de l'étrangère et, dans le dessin de la réveiller, lui susurra un simple petit:

- Bou ~

sasha,

Son rêve n'était pas désagréable, au contraire, si bien qu'un petit sourire flotta sur ses lèvres pendant un court instant. Puis elle entendit une voix résonner dans son oreille et au départ elle cru qu'elle rêvait toujours. C'est avec frayeur qu'elle se rendit compte que non et ses yeux s'ouvrirent d'un coup. Elle se figea, son sang ne faisant qu'un tour. Son sursaut avait été discret mais il avait été là.

Ses lunettes avaient glissées sur le bout de son nez et ses yeux encore un peu endormis ne voyaient plus rien: elle percevait des points de couleurs et une silhouette dans sa vision périphérique. 

— Qu'est ce que...

Elle releva la tête, le rouge aux joues et remonta ses lunettes du bout du doigt, plissant les yeux pour s'habituer à l'afflux de lumière soudain. La silhouette dans sa vision périphérique se précisa, révélant une jeune fille aux traits fins et au teint doré. Qui était-elle ? Sasha n'en avait pas la moindre idée. Qu'est-ce qu'elle faisait là ? La russe ne le savait encore moins. Les mots n'arrivaient pas à se former dans sa tête, elle était à la fois surprise, honteuse et un peu intimidée par la jeune fille qui semblait presque irréelle.

— T'es qui ? arriva t-elle finalement à demander.

Cléo:

Son petit effet semblait avoir marché - enfin c'est ce qu'en conclut la jeune femme en vue de la réaction paniquée de la demoiselle qui ne lui avait pas échappé malgré son caractère mesuré. Satisfaite, Cléo esquissa un sourire. 

- Cléo, Cléo Van Lune. Et toi?

Elle s'adressa à sa camarade d'une voix calme et assurée, tirant dans un ton légèrement intrigué. L'inconnue semblait encore mal lunée par son réveil à l'improviste et mit visiblement quelques secondes avant de pouvoir la cerner. Cléo se désintéressa alors de l'autre jeune femme pour exécuter un tour sur elle même et inspecter les environs. Personne. Visiblement l'heure tardive les avaient restreinte à se retrouver seules en compagnies des étagères chargées de savoir et des effluves de papyrus.

- Ce n'est pas très commun de travailler si tard. se permit-elle de noter face à l'élève studieuse qui s'endormait sur ses recherches - où en tout cas ce que la blonde prit pour t-elle par déduction.