t'aurais 2h30 à m'accorder, là, tout de suite ? [privé]

(je réponds au lieu de bosser, avec la playlist sexy de Nanami)

Eleanor;

Elle eut un petit rire en entendant sa réponse et ne put s'empêcher de penser à sa chère maman et son désir de protection un peu trop grand.

— J'ai l'impression d'être face à ma mère. En plus jeune et plus musclée, précisa t-elle avec un fin sourire.

Pour être honnête, elle n'avait pas vraiment le choix, elle ne pouvait pas se permettre de ne pas se méfier, à force, elle n'avait plus assez de doigts pour compter les mauvaises expériences qu'elle avait pu avoir un jour.

— Mais oui, c'est pas faux.

Elle n'était pas là pour qu'il lui dise des vérités qu'elle savait déjà mais ça faisait quand même plaisir à entendre. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle était là, en vérité. Pour se plaindre, sans le moindre doute, mais ça elle pouvait le faire avec un peu n'importe qui. Peut-être qu'inconsciemment, elle cherchait des conseils ?

— Le problème maintenant c'est que j'ai du mal à cacher mon irritation quand je rencontre un homme.

Elle plissa les paupières, fixant les étagères sur le mur sans réellement les voir.

— Ma réflexion première du coup ça a été "faut juste que j'arrête de vouloir faire des rencontres". Sauf que j'ai l'impression que ma vie est un peu terne sans ça.

Elle poussa un petit grognement de frustration, c'était triste comme constat, surtout quand on a même pas 25 ans.

(j'ai aussi mis une playlist sexy pour écrire alors que c'est pas du tout le bon mood)

Rory:

La remarque sur sa mère l'amusa un peu, c'est presque si le coin de ses lèvres ne se seraient pas étiré très légèrement. Voir le sourire de son interlocutrice le rassura un peu. Le contexte de leur discussion de base n'était pas très joyeux, entendre un rire même petit l'allégeait un peu. Il comprenait l'irritation d'Eleanor, tout ce qu'il pouvait faire, c'était d'imaginer et d'empatir ses ressentis. Le fait d'être un homme lui avait épargné bien des désagréments du genre de ceux abordés par la jeune femme.

Il l'écoutait soigneusement, espérant pouvoir la conseiller même si le contexte n'était pas évident. Arrêter les rencontres, se retreindre et s'emprisonner soit-même de quelque chose sur lequel on a pas le contrôle n'était pas vraiment une solution durablement satisfaisante. Surtout qu'Eleanor avait l'air sociable, vu la facilité avec laquelle elle s'était invitée dans son bureau.

- Je conçois l'envie de changer son mode de vie ou de se changer soit-même. Mais ce serait pas leur donner raison que de changer pour eux?

Leur comportement venait déjà remettre en question son regard sur les autres, et sûrement la laisser passer à côté de ceux qui auraient pu répondre sincèrement aux attentes qu'elle aurait des relations avec le sexe opposé selon le moment. Sa question était peut-être un peu simple, mais ça valait le coup de se la poser. Est-ce que ça vaudrait vraiment le coup sur le long terme?

Il ne la connaissait peut-être pas assez pour s'avancer et il ne voulait pas avoir l'air de lui sommer quoi faire, mais elle n'avait pas à changer pour eux. Du peu qu'il la connaissait, de ce qu'il savait de sa façon d'être, de se comporter avec les gens, ses passions, ses envies, elle était très bien comme elle était.

(je note les conseils de Rory, ça peut toujours servir)

Eleanor;

Elle s'était déjà plainte de beaucoup de choses à beaucoup de ses collègues mais elle devait bien avouer que de tous, c'était surement Donovan qui réagissait le mieux. Il était, entre autres, plus calme et rationnel que Charles et Patrick, c'était déjà un grand pas en avant. Certes, c'était son métier, Eleanor ne serait surement pas allée le voir pour lui raconter sa vie si il n'avait pas eut quelques diplômes attestant de ses compétences. Ou peut-être que si, mais son discours et le sujet n'auraient pas étés les mêmes. 

Elle reporta son attention sur lui, répétant ses mots dans sa tête. Il n'avait pas tout à fait tord, Eleanor se trouvait, de manière tout à fait objective, très bien comme elle était. Et il n'y avait pas grand chose de plus désagréable à ses yeux que de donner raison aux hommes.

— C'est vrai. 

Ça ne résolvait en rien ses histoires de dick pics inopinées, ni son aversion pour le sexe opposé. Mais ça la confortait dans l'idée qu'elle ne faisait rien de mal. Et puis ça gonflait encore un peu son égo. 

Elle aurait pu continuer sur sa lancée et lui parler de sa peur de l'engagement, après tout, c'était surement un peu lié. Mais elle n'était pas venue pour ça, elle n'avait pas envie d'en parler maintenant, elle n'avait pas envie d'en parler tout court en fait, le terrain était un peu trop glissant.

Elle balaya le sujet du plat de la main, jugeant qu'elle avait assez parlé d'elle et lui offrit un nouveau sourire, le même qu'elle avait en entrant, celui qu'elle revêtait quand elle savait qu'elle allait surement un peu déranger. Parce que maintenant, elle avait envie de l'entendre parler de lui.

— Merci de m'avoir écoutée en tout cas ! 

Elle resta assise sur la chaise, jetant un coup d'oeil à la pendule près d'une étagère. Elle avait largement dépassé les 20 minutes mais Macha n'était pas encore venue la chercher alors elle estima qu'elle avait encore du temps.

— Ça fait longtemps que t'es psy ?

Elle n'avait aucune idée de son âge, elle lui donnait la trentaine mais elle-même était la preuve vivante qu'on ne pouvait pas toujours déduire l'âge de quelqu'un en fonction de son apparence. 

Rory:

Il ne savait pas s'il avait pu lui être utile en cette petite vingtaine de minutes. Il l'avait surtout écoutée, ponctuant ses explications de quelques mots. Même si très souvent, extérioriser ce qui pèse et se sentir écouter pouvait être une aide à ne pas négliger. Elle le remercia même tandis que lui, il ne faisait que son travail. Ca lui fit néanmoins plaisir, de se dire qu'il avait peut-être pu être utile. Même si ce n'était qu'un tout peu.

- De rien, dit-il d'un signe de la tête.

Eleanor ne semblait pas en avoir fini avec lui pour autant, arborant le même sourire qu'à son entrée. Le calme qui planait sur le reste de sa journée pouvait lui laisser quartier libre, il n'avait pas de rendez-vous avant la fin de la journée. La jeune femme reprit la rênes de la conversation, choisissant de lui poser des questions plus légères, sur lui-même. Elle s'enquit à propos de son métier, depuis combien de temps il l’exerçait.

Donovan n'était pas bien vieux, trente-quatre ans ça allait encore, mais il dût tout de même réfléchir un instant pour compter les années depuis son premier poste. Il remonta ses lunettes sur son nez du bout de l'index d'un air songeur, avant de reposer son regard sur son interlocutrice.

- Ca doit bien faire onze ans maintenant.

Il n'était pas à Headwinds depuis très longtemps, un an et demi à tout casser. Fraichement diplômé, il avait passé un concours afin de devenir psychologue clinicien dans un hôpital de sa région dans lequel il est resté trois ans, avant de prendre son envol pour un hôpital en Caroline du Nord jusqu'à son recrutement par le pensionnat, changeant totalement de secteur.

- Mais ça ne fait pas si longtemps que je suis installé dans la région.

Il ne regrettait d'ailleurs pas son choix, son travail au pensionnat a sûrement été son année de travail la moins stressante depuis le début de sa carrière. Il ne trouvait pas spécialement son expérience professionnelle très passionnante et décida de ne pas s'étaler plus que ça sur ses années passées.

- Enfin, mon métier n'est pas forcément ce qu'il y a de plus intéressant.

Surtout que la plupart des choses qui avaient bien pu avoir lieu pendant son travail n'était pas racontables à qui que ce soit.