• shiver in the darkroom [fermé]


    Vendredi 2 Juillet 2021 à 05:10
    AUREUM.UMBRA

    Bambi:

    Alors que le soleil déclinait à l'horizon, faisant rougir le ciel de cette onde chaude qu'offre parfois le crépuscule des soirs d'été, une femme attendait depuis un moment déjà sous les néons du cinéma. Perdue au milieu de la foule, elle semblait scruter les passants avec un intérêt certain. La brune esseulée était en manque de son cavalier.

    Un petit haut rouge sanguinaire laissait ses épaules polissonnes dénudées, dévoilant partiellement une peau si laiteuse qu'on y voyait un appel, avide de contact. Une jupe de sa teinte noire de prédilection poursuivait cette silhouette par un arrogant corset qui soulignait avec insolence cette taille de guêpe. Et trônant fièrement au dessus de ce carré si reconnaissable, une capeline culminante qui rendait énigmatique l'obtention d'un regard.

    Sans savoir vraiment comment elle en était arrivée là, Bambi, plantée sur le trottoir, regardait frénétiquement sa montre. Quelle idée d'arriver trente minutes en avance aussi? Les vraies dames savent toujours se faire désirer et elle se maudissait de s'être précipitée comme une enfant sur une sucrerie à ce rendez vous. Elle avait encore du mal à réaliser en pestant contre elle même de l'intérieur.

    Lorsqu'un numéro inconnu c'était affiché sur son écran de téléphone, la scientifique avait immédiatement comprit d'où il pouvait provenir. Malgré les occasions qui se faisaient plutôt régulières, ce n'était pas le genre de femme à offrir son numéro au premier venu. Donovan était en soit ce que l'on nomme, un privilégié. Elle n'avait pas l'habitude de s'épancher en commentaires lors d'échanges téléphoniques, magnant difficilement le virtuel. Bambi préférait largement le véritable contact et les mots prononcés au creux d'une oreille écorchée à vif, mais ce sms là avait tout de même réussi à lui offrir son shoot d'adrénaline. Chaque vibration de son téléphone la happant hors de ses occupations. Elle appréciait vraiment que son collègue ait fini par lui envoyer un message, et d'autant plus dans un dessin si intéressant. Bambi adorait le cinéma, c'était un cadre intimiste qui, lorsque les lumières s'éteignaient, pouvait vous faire passer du rire au larme. En soit le cinéma était pour elle de la même saveur qu'une poésie de Baudelaire, doucereuse de sensation.

    Elle n'avait eu aucune idée de la façon de s'habiller. Pour dire, elle n'avait aucune idée de la signification de ce rendez-vous en lui même. En était ce déjà un finalement? La demoiselle ne savait réellement pas sur quel pied danser. Il ne faisait pourtant que la remercier pour les enfants...non? Oui. De la politesse voilà tout. Ca ne pouvait être que ça. Et les trente minutes d'avance? Simplement un trop plein de civilité. Alors elle avait opté pour du décontracté...enfin décontracté selon madame Drogov. La voilà donc à attendre perchée toujours en haut de ses talons. Le temps était au beau fixe, dégagé. La chaleur chatouillant tout de même alors qu'un léger vent frais caressait la scène - faisant onduler le défilé d'inconnu sous ses yeux.  

    Elle hotta d'un geste élégant son couvre chef en ébouriffant ses mèches. C'était sympa de se la jouer lady, mais ça l'empêcher de guetter les environ correctement. Machinalement son regard se perdait sur chaque tête blonde qu'elle voyait poindre. C'était long...

    Vendredi 2 Juillet 2021 à 20:55
    Upside

    Rory:

    Il avait longuement fixé le numéro qui avait été déposé sur son avant-bras, hésitant à l'entrer dans son cellulaire et à le contacter. Il ne se sentait pas légitime de lui envoyer un message pour une autre raison que celle qu'elle lui avait donné. D'un autre côté, elle devait vraiment avoir apprécié la compagnie de ses neveux pour avoir fait cette proposition. Les deux loustiques étaient rentrés chez eux, en compagnie de leur mère. Rory en avait d'ailleurs profité pour passer quelques instants en compagnie de sa soeur, avant qu'elle reprenne son envol pour l'Irlande, échanges de banalités, la vie, la famille, la routine.

    Une fois seul, se réhabituant lentement au calme qui avait repris ses droits dans la pièce, il se risqua à ajouter le numéro de Bambi. Il alla même jusqu'à la contacter, la remerciant encore une fois pour le service qu'elle lui avait rendu. Il aurait voulu la remercier par la même occasion, cherchant sans oser se l'avouer une excuse pour passer un peu plus de temps en sa compagnie. Le grand blond était pourtant doué pour cerner les comportements humains et ce qu'ils pouvaient bien signifier, mais quand il s'agissait de lui et de ses propres ressentiments, il se voilait complètement la face. De toute évidence, s'il lui proposait quelque chose, ce serait purement amical, n'est-ce pas?

    Il finit par envoyer la demande, plusieurs minutes après reçu une première réponse. Un cinéma, rien de plus prétentieux, une sortie sans prise de tête. Il y avait ce vieux film d'horreur qui était prévu vendredi soir, il trouva l'occasion plutôt agréable, espérant que sa collègue apprécie assez le cinéma pour accepter d'y aller. La réponse arriva finalement, oui. Une heure et un lieu de rendez-vous étaient fixés. Parfait.

    La semaine s'acheva finalement assez rapidement et le psychologue se pressa inconsciemment jusqu'à sa chambre pour s'y préparer. Il se débarbouilla, se recoiffa et opta pour une tenue plus confortable. Le temps estival ne nécessitait aucune veste de costume et il en profita pour délaisser ses cravates pourtant tant appréciées, abandonnant les codes vestimentaires qu'il s'était imposé pour son travail. Il avait gardé sa chemise blanche, son pantalon sombre, une main dans les cheveux et le voilà parti, un sac sur l'épaule contenant de quoi se protéger s'il était amené à pleuvoir.

    Il avait convenu vingt-heure quarante, leur laissant assez de temps pour acheter les tickets et prendre place dans la salle. Rory était du genre ponctuel, il n'aimait pas arriver en retard ni en avance. Après quelques minutes de marche, il aperçut le le cinéma où ils étaient censés se retrouver. Il chercha Bambi du regard, perdu parmi les chevelures ébènes et courtes des autres personnes qui étaient présentes. Il finit par la reconnaître, un peu en retrait, très joliment habillée. Le style lui allait bien mais il ne sut pas si la complimenter sur sa tenue serait bienvenu, ils n'étaient peut-être pas assez proches pour ça. Il s'avança d'une démarche assurée et se planta à ses côtés, une main sur la bandoulière en cuir de son sac.

    - Bonsoir.

    Il avait veillé à être ponctuel mais il lui avait semblé qu'elle était arrivée un peu avant lui.

    - J'espère que je ne vous ai pas faite trop attendre.

    Vendredi 2 Juillet 2021 à 22:55
    AUREUM.UMBRA

    Bambi:

    Se détachant de la masse étrangère, un visage taillé qui heurta sa rétine impatiente. Donovan. Elle laissa son regard trainer le temps de son approche - se permettant ainsi de détailler l'homme qui mettait à mal sa stoïque. Il avait opté pour une tenue plus décontractée qu'habituellement, sans pour autant quitter sa chemise. Bambi lui trouva un air charmant. Le cinéma aux affichages rétro n'ajoutait que plus de singularité à cette rencontre.

    - Bonsoir. Je viens d'arriver aussi, ne vous inquiétez pas.

    Petit mensonge pas bien méchant pour éviter de mettre dans l'embarras son interlocuteur. Après son attente, Bambi n'avait qu'une hâte: s'installer sur les sièges en velours rouge. Elle invita donc assez rapidement d'un signe de tête le grand blond à la suivre à l'intérieur de l'établissement.

    On y va? 

    Ils s'insérèrent dans la file d'attente qui n'était pas très conséquente. La professeur en profita pour remercier son collègue de l'initiative inespérée.

    - Je dois avouer avoir été surprise de recevoir votre invitation. Elle marqua une pause avant d'y ajouter une touche personnelle. Agréablement surprise, encore une fois. ~

    Elle jeta un coup d'œil en coin à son accompagnateur, ce soir encore, Bambi était d'humeur taquine. Féline, elle ne louperait certainement aucune occasion pour malmener son collègue. Elle prenait dangereusement goût à ça. Ils s'avancèrent jusqu'au guichet où un jeune homme en uniforme leur demanda ce qu'ils venaient voir.

    - Deux places pour "le jour des morts-vivants" s'il vous plait. répondit Bambi en prenant les devants.

    Elle adorait les films d'horreur et la chair de poule qui venait avec. En plus celui ci avait un petit goût d'ancien temps, il avait fait un excellent choix. Cette nuit ils traquerait ensemble les frissons, peut importe ce qui en sera à l'origine.

    - Vous payez ensemble ou séparément?

    Bambi échappa un petit sourire. On leur avait déjà adressé cette question...et il n'y avait pas si longtemps que ça en plus. Alors qu'elle s'apprêtait à dégainer sa propre petite carte bleu, Donovan ne semblait pas de cet avis. Encore une fois, il la prit de court dans le feu de l'action. Bambi le regarda s'effectuer non sans se laisser penser qu'il était bien serviable. Alors qu'ils attrapaient chacun le petit coupon de papier jaunis, la femme se permit de remercier son collègue pour sa galante attention.

    On les invita à poursuivre dans l'antre. Bambi se faufila assez aisément jusqu'aux portes de leur propre perte. Après avoir tendu son ticket au contrôleur, ses mains se plaquèrent sur les portes battantes. Ils s'engouffrèrent ensemble dans la petite salle. La professeur balaya du regard la pièce faiblement éclairée. Il n'y avait pas foule. Tant mieux, cela rendrait la séance encore plus prenante.

    Seuls deux autres couples étaient disséminés aux extrémités- dont l'un d'entre eux, bien trop tactile, commençait déjà à se bécoter. Faisant comme si elle n'avait rien remarqué, la scientifique se retourna méthodiquement pour interroger son partenaire.

    - Une préférence pour les sièges?

    Samedi 3 Juillet 2021 à 01:58
    Upside

    Rory:

    La professeure n'avait pas attendu sa venue trop longtemps, du moins Rory l'espérait. Sa question avait été polie, la réponse qui lui avait été donnée peut-être aussi. Elle lui fit un signe de la tête en lui demandant s'ils pouvaient y aller. Il hocha la tête dans un geste simple, emboîtant le pas vers la queue jusqu'au guichet. Attendant leur tour, elle lui avoua avoir été surprise par sa proposition, il fut soulagé que ce soit d'une manière positive, ça voulait dire sa façon de la remercier aura fait mouche.

    - Vous m'en voyez ravi.

    Un jeune homme en costume s'occupait de distribuer les places et quand ils arrivèrent enfin en face de lui, ce fut Bambi qui annonça le film qu'ils étaient venus voir. C'était peut-être anodin mais ça fit plaisir à l'homme qui l'accompagnait qu'elle se souvienne du film qu'il lui avait proposé de voir. Il leur annonça le montant et il s'avança pour payer. Il avait dit dans son message qu'il l'inviterait et il comptait bien honorer ses paroles. Elle le remercia au passage, remerciements auxquels il répondit d'un mouvement de tête avant de prendre le chemin vers la salle, leurs tickets en main. Petit passage obligatoire par le contrôleur et ils étaient dedans.

    Bambi poussa les larges portes sombres qui menaient à une salle presque vide, éclairée par les lumières tamisées du plafond. Il n'y avait que deux couples, le yeux du psychologues s'attardèrent sur ceux qui n'étaient pas dérangés de démontrer leur affection mutuelle publiquement. Il détourna rapidement le regard par politesse, rencontrant la silhouette de la femme à ses côtés. Ils n'étaient pas venus en amoureux, loin de là, il chassa très vite cette idée qui s'était présenté dans son esprit. Sa collègue avait la fâcheuse tendance à lui faire laisser ses songes s'égarer dans quelques scénarios auxquels il ne s'autorisait pas de penser.

    - Une préférence pour les sièges? Avait-elle demandé, se tournant vers lui.

    - Je préfère ceux du milieu.

    Il guida sa charmante compagnie jusqu'aux sièges qui seyaient à cette description. De là, ils étaient ni trop près, ni trop loin, l'écran à la bonne distance pour que toute l'image soit visible. L'horreur aux premières loges.

    - Ca vous va?

    Il attendit l'approbation de Bambi avant de s'installer, posant son sac sur le siège d'à côté. Les bras croisés, les jambes légèrement écartées, il s'était installé confortablement sur le velours rouge des places de cinéma. Les lumières s'éteignirent. Ils étaient pratiquement seuls, assis côte à côte dans le noir profond. Intimité étrange. L'écran s'illumina, quelques pubs passèrent avant de laisser place au film.

    L'introduction silencieuse, une femme assise devant un grand mur blanc, d'un mouvement lent, elle se relèva, s'approcha d'un calendrier sur le mur d'en face, l'effleurant du bout du doigt quand une horde de mains virent jaillir du crépis comme d'un papier déchiré. La femme se réveille et le film démarra, présentant les différents personnages qui débarquaient sur une côte à bord d'un hélicoptère. Rory a toujours trouvé cette scène incroyable, la musique répétitive, l'appréhension de l'action et ces mains horrifiques apparaissant toutes dans une synchronisation diablement satisfaisante. L'ambiance qui se posait doucement sur ce monde au bord du chaos était ce qui lui plaisait le plus, l'y voilà plongé pour les deux prochaines heures, savourant chaque seconde qui s'offrait à lui, le bras confortablement installé sur le bord de l'accoudoir.

    Si l'âge du film se faisait sentir, les morts-vivants n'en restaient pas moins déroutants, leur visage décomposés, brillant et dégoulinant sous le soleil. La ville fantôme qui s'éveilla d'un coup à présent que des humains jouaient les proies, une musique admirablement posée sur ce qui était en train de se dérouler tandis que l'histoire évoluait. Tout ça constituait une ambiance tout à fait angoissante et délicieuse aux yeux du grand blond qui n'avait pas encore détourner ses yeux de l'écran.

    Samedi 3 Juillet 2021 à 03:06
    AUREUM.UMBRA

    Bambi:

    Elle se laissa donc entrainer au niveau des sièges du milieu. Ce choix de position était très stratégique, on sentait l'homme impliqué dans sa séance. Bambi acquiesça docilement. 

    - Oui, c'est parfait.

    Elle vint s'assoir confortablement à ses côtés, abandonnant elle aussi capeline et sac sur le siège le plus proche. Les jambes serrées l'une contre l'autre, elle passa une main élégante dans ses cheveux avant de retomber contre son dossier. Les lumières s'éteignirent. C'était presque oppressant de se retrouver abandonnés dans ce noir si intense. Le sombre les laissait seuls. La présence magnétique de son collègue si proche qu'elle avait de plus en plus de mal à y échapper.  Alors que les pubs défilaient, Bambi se focalisa sur l'écran géant pour échapper à ses propres envies.

    L'angoisse, prouesse cinématographique d'un film qui se laisse dévorer comme ses protagonistes. La première scène happa immédiatement Bambi qui manqua de tressauter. Elle ne savait pas vraiment si c'était le fait d'être si peu dans la salle ou si centrée en face de l'acte mais son espace lui semblait se rétrécir jusqu'à devenir si minuscule qu'il en était étouffant. Un peu gênée à l'idée de s'être faite surprendre, elle jeta un coup d'œil rapide sur son acolyte. Ouf, il semblait trop concentré sur le film pour avoir sentit son sursaut.

    Les minutes s'écoulèrent et la femme se sentait littéralement absorbée par les cadrages ingénieux et les gueules difformes. Peut être un peu trop même. Une course poursuite s'engagea. Au fur et à mesure que la distance se réduisait entre proie et traqueur, la demoiselle sentait son sang se geler. Le cœur palpitant comme si elle était elle même en train de fuir, elle retenait son souffle. Plus vite, il fallait qu'ils aillent plus vite. Un jeu si ingénieux de plans successifs que sa tête venait à lui tourner. La créature gagnait du terrain. Elle approchait. Encore. Toujours. Par reflexe, elle s'était rapprochée de son accompagnateur. Chaque seconde de stress faisant un peu plus monter la pression. Elle fut bientôt si concentrée à son tour quelle ne remarqua pas que sa jambe venait de frôler insolemment celle de l'homme planté à sa droite. Contact furtif de leurs vêtements.

    Bientôt la tension fut à son comble, Bambi ne bougeait pas plaquée au fond de son fauteuil de velours, les prunelles à vif. On pouvait facilement lire sur son visage un soupçon de frayeur. Son masque d'ivoire venait de tomber en éclat le temps d'une séance de cinéma. Bien trop investie, la musique emplissait le vide à leur côté. Oppressante omniprésence. Volume presque dérangeant. Elle n'avait que Donovan pour se raccrocher à la réalité. Et c'est ce qu'elle fit. Soudain, la bête qui n'avait plus rien d'humain bondit. Bambi fit presque un saut sur son siège. Par un reflexe proche de la survie, elle empoigna d'un coup la main que Rory avait abandonné sur l'accoudoir. Elle la serra dans la sienne tout le long de la scène en plissant les yeux comme si elle voulait échapper au festin qui se déroulait en face d'eux. L'hémoglobine tachait goulument la pellicule. Ses doigts s'entrelacèrent avec ceux rassurant du psychologue. 

    La pression retomba légèrement. le rythme effréné laissa place à des couleurs plus douces. Les corps abandonnés et déchiquetés. Les protagonistes restant hors de la portée. Bambi dont l'adrénaline redescendait lentement prit conscience de sa position. Presque collée contre le rocher qu'avait été son collègue pour elle. La biche effrayée baissa les yeux sur son extrémité, découvrant le contact chaud de la paume du blondinet contre la sienne. Elle venait vraiment de faire ça? Mais genre, vraiment? 

    Enfoncée au fond de son siège, Bambi n'en menait pas large. Ses propres doigts recourbés sur ceux de Rory, elle y était fermement cramponné. Epaule contre épaule. Elle tourna la tête vers lui, n'osant pas bouger de peur d'aggraver son cas. Un peu retournée par l'enchainement, la jolie brune surprit avec le même étonnement son regard posé sur elle. Oups...

    Samedi 3 Juillet 2021 à 16:23
    Upside

    Rory:

    Le psychologue bien vissé sur son siège, plongé dans la pénombre, les yeux rivés sur l'écran, ne se détournait pas de l'action. Touché en plein coeur par les oeuvres cinématographiques, il vouait une réelle passion à tout ce qui s'y approchait de près ou de loin mais il avait une préférence indéniable pour l'horreur sous toutes ses formes. Psychologique, graphique, que ce ne soit que l'histoire ou bien tout un univers distordu dans une atmosphère de crainte omniprésente, c'était un met délicieux qu'il prendrait plaisir à savourer avec ses yeux et ses tripes.

    Plongé dans l'atmosphère spéciale que le réalisateur avait construit autour de ce monde cataclysmique, Rory oublia presque ce qui l'entourait. La salle sombre, les gens présents avec lui ainsi que la femme qui partageait sa soirée. La tension s'installait dans une course-poursuite à laquelle pendait l'issue cruelle de ne pas en réchapper. Il avait beau être sensible aux schémas horrifiques de ces images en elle-même, son coeur lui, tenait assez facilement la charge angoissante. Seuls ses muscles se risquaient à se tendre tandis qu'il gardait un calme étrangement fasciné.

    Nombreuses étaient les sensations que le grand blond ressentait à présent, mais l'une d'elle ne venait bizarrement pas du film. Un contact bref et prenant le tira de sa torpeur visuelle. La jambe de la femme installée à ses côtés effleura la sienne, frisson curieux qui lui remonta le long de la cuisse. Il tourna la tête dans sa direction, découvrant un visage dont l'émotion était inconnue aux yeux du psychologue. Jamais il n'avait pensé voir la peur s'éprendre des traits de Bambi, elle et son regard impénétrable.

    La victime succomba à son triste destin, un festin graphique et sanguinolent se peignait devant les quelques yeux effrayés de salle, apothéose d'un stress erratique rondement mené. Le mouvement vif de sa voisine attira son attention tandis qu'elle attrapa sa main d'un réflexe malheureux, collant son épaule à la sienne. Il ne cilla pas, ce genre de réaction était totalement normale devant ce genre de média et il s'en voulut un instant de lui avoir imposé un film d'horreur en guise de remerciements. S'il avait cru bien faire, sa réaction le fit revenir sur ce qu'il avait pensé acquis. La biche effarouchée s'était heurtée à lui, ses doigts entrelacés avec les siens. Il ferma doucement sa main autour de la sienne d'un geste machinal, posant des yeux tout de même étonné par la façon dont elle avait été réceptive à la scène. Elle se tourna vers lui, rencontrant son regard pris de court.

    Il sentit son souffle contre sa joue, proximité déroutante à laquelle il n'avait pas réfléchi lorsqu'il s'était assis à côté d'elle au début de la séance, un clignement nerveux, un coup d'oeil perdu l'espace de quelques secondes. Rory reprit ses esprits, reculant sagement son visage, légèrement tourné vers la scène qui se poursuivait plus calmement, peut-être un peu fuyant.

    - Tout va bien? Chuchota-t-il à l'attention de Bambi.

    Sans broncher, il n'allait pas repousser le soutien moral qu'elle était allée quérir, la bâfrée l'avait visiblement mise à mal. Alors il ne délogea pas sa main qui s'était faite son chemin jusqu'à la sienne, savourant dangereusement ce contact qui lui était presque étranger. Il avait cette appétence aux relents fiévreux de caresser sa peau laiteuse du bout de ses doigts. Un effleurement rassurant pour calmer le coeur battant de la professeure, de ce qu'il essayait de se convaincre. Idée sinueuse qu'il chassa vite, attendant la réponse de son interlocutrice.

    Mardi 13 Juillet 2021 à 02:10
    AUREUM.UMBRA

    Bambi:

    La proximité saisissante n'aida pas le cœur de la professeure à se calmer. Bien au contraire même. Elle le mettait à mal, ainsi que sa patience. L'homme semblait tout aussi dérouté ce qui rassura les appréhensions de Bambi. Elle avait lu une pointe de questionnement dans ses prunelles suffocantes. Au moins, il n'avait pas mal prit son geste de détresse. C'est qu'il commençait à en connaitre un peu à présent entre son véritable prénom et le fait que les films d'horreurs, même très appréciés, avaient tendance à un peu trop l'emporter dans leurs sillages.

    Son regard à elle s'était perdu un instant sur les lèvres de son collègue, comme suspendue à ce visage éclairé faiblement par les relents de l'écran avant de s'éloigner quelque peu à son tour. Des pensées qui se dévergondèrent dangereusement...

    - Oui, excusez moi. souffla-t-elle doucement, la gorge sèche. Sa voix s'était faite étouffée, peut être par peur qu'un haussement trop fort puisse les faire basculer.

    Elle trouva plus sage de tenter de se replonger dans le film - bien qu'après tant de sensations contradictoires une partie de sa concentration allait restée alerte à Donovan. Le moindre de ses frémissements, ses respirations calmes, les détails se mirent à la taquiner insolemment. L'incident et cette extrémité qui chevauche la sienne l'avaient rendu bien trop réceptive à son goût. Elle déglutit sous la pression, encore. La professeur n'avait pas ôté sa main de la sienne, sans doute car elle lui était rassurante...et peut être un peu plaisante aussi.

    Il fut d'abord presque imperceptible, trouvant son origine dans la luxure qui se pointe, puis prit doucement son ampleur. Un bruit vint chatouiller leurs oreilles. Un bruit intime - peut être même un peu trop - de salives qui se mélangent, de langues qui se cherchent, de bouches qui valsent. Les deux tourtereaux déjà collés au début de la séance semblaient bien décidés à se donner à cœur joie dans les embrassades. Des baisers visiblement bien langoureux qu'ils faisaient gentiment profité à toute la salle de leur onde chaleureuse. Bambi manqua de lever les yeux aux ciels. C'était trop pour une seule femme. Elle vint repousser une de ses mèche ténébreuse derrière son oreille de sa main libre. Le désir accroché au bout des doigts. Une vague comédie qui se résumait à faire comme si de rien était. Comme si à cet instant l'idée improbable et totalement déplacée d'envier un contact si proche avec son collègue ne lui avait pas assaillit les lèvres. Naissante chaleur dans sa poitrine de désirer qu'il bousille son rouge à lèvre.

    La pellicule suivait son chemin, traçant sa route entre les têtes fracassées. Elle se jouait inéluctablement alors que Bambi était assaillie de toute part par ses propres émotions. Rory lui faisait un drôle d'effet et elle se sentait dépassée. Sentiment qu'elle n'avait eu que très rarement l'occasion d'expérimenter auparavant. Elle aimait avoir le contrôle et le psychologue avait une fâcheuse tendance à la bousculer. Elle n'appréciait pas. Alors, Bambi en faisait de même. Bref illusion de garder un semblant de raison, comme si elle pouvait encore se passer de ce petit jeu plus tellement innocent.

    Au cours de la séance, elle n'avait pu empêcher sa main de raffermir sa poigne autour de celle de son accompagnateur lorsqu'une créature surgissait, la prenant par surprise. Elle n'avait pas non plus retenu son pouce de caresser avec douceur à quelques instant cette poigne qui l'aidait à traverser la vallée des morts-vivants. C'était un flirt. Ensemble, ils jouaient à se perdre entre contact opportuniste et distance courtoise. Malmenant les limites du privé d'un effleurement de peau.

    Mardi 27 Juillet 2021 à 01:32
    Upside

    Rory:

    La réponse donnée par sa collègue était un peu étouffée, elle n'avait cependant pas l'air du genre à répondre par simple politesse et il choisit de croire l'affirmation peu assurée qu'elle lui avait servie, se demandant la raison derrière cette si petite voix. Le psychologue essayait de se rassurer en pensant que malgré ses réactions, elle appréciait tout de même le moment, notant à lui-même que les films d'horreur n'étaient peut-être le meilleur plan s'ils étaient amenés à repartager une soirée de la sorte.

    Tandis qu'il se laissait doucement happé dans le reste de du film, un bruit de fond commençait à émaner de l'arrière de la salle. Les respirations qui montaient n'étaient pas celles des personnages et les bruits humides qui s'élevaient n'étaient pas ceux des zombies. Le couple qui semblait déjà bien proche lors de leur arrivée avaient délaissé le film afin de faire profiter au peu de monde présent dans la salle de leurs démonstrations affectives. Rory déglutit, un peu gêné. Ce genre de chose ne le dérangeait pas de manière générale, mais le lieu n'était pas propice à ce genre d'activité de couple, du moins à ses yeux.

    Le grand blond n'avait normalement pas trop de mal à passer outre ces situations mais la main de Bambi qui s'était logée dans la sienne ne voulait pas le laisser garder les pieds sur terre. Il sentait sa poigne se serrer dès que la pression grimpait mais ce qu'il sentait surtout, c'était son pouce qui n'avait pas peur de caresser doucement sa paume. Chaque contact donnait naissance à un frisson qui remontait le long de son bras pour finir sa course dans le creux de son ventre. Il avait chaud, affreusement chaud. Ses pensées se dévoyait dangereusement et il n'y avait que l'horreur qui défilait sur l'écran pour les redresser dans le droit de chemin, les membres ballant des créatures horrifiques qui déambulaient devant leurs yeux étaient la seule chose qui réussissait à lui occuper un tant soit peu l'esprit.

    Rory n'avait pas osé répondre aux caresses déposées à la volée, pourquoi est-ce qu'il le ferait? Une partie de lui aurait bien voulu mais une autre lui criait de ne pas le faire, qu'il allait se lancer dans un jeu dangereux dont il ne pourrait pas gérer l'issue. Il ne savait pas quoi en penser mais son coeur était bien trop effarouché pour réellement y réfléchir, choisissant la fuite comme première option. Il avait laissé Bambi balader ses doigts dans sa main et c'était déjà un effort colossal qu'il s'était risqué de faire. Pourquoi l'avoir invitée de base? Est-ce que c'était vraiment pour la remercier avec les enfants ou est-ce que c'est ce qu'il essayait de se faire croire?

    Le film s'acheva, libérant les spectateurs de l'horreur des morts comme des vivants, quels étaient les véritables monstres au final, on pouvait se le demander. La lumière s'alluma doucement tandis que les crédits défilaient sur l'écran. Rory tourna la tête vers Bambi, observant son visage qui se laissait peu à peu illuminer par les néons de la salle sans bouger sa main, attendant peut-être un signal de sa part. Il pencha légèrement la tête vers elle.

    - Ca a été? Demanda-t-il à voix basse.

    S'assurant une ultime fois qu'il n'ait pas essayer de la tuer en l'emmenant voir un film de ce genre.

    Vendredi 6 Août 2021 à 21:09
    AUREUM.UMBRA

    Bambi:

    Les minutes suivantes, que Bambi passa pour la plupart en apnée, s'étaient écoulées avec une vitesse désemparante. Petit rapprochement galant pouvant paraitre innocent, elle avait l'impression d'avoir le cœur d'une jeune fille de douze ans. Lorsque les lumières se rallumèrent avec une douceur dénotant avec le thème de la soirée, la femme ne put empêcher de poindre du soulagement. C'est qu'entre la peur et les émotions, elle commençait à s'y perdre.

    Donovan lui adressa une attention à laquelle elle répondit en imminant son petit penchement de tête, s'amusant encore à lui parler avec l'intensité d'un jeu de regard.

    - Oui, merci. Elle se surprit dans un nouveau mouvement de latence curieux à l'observer avant de reprendre, un sourire amusé caché au coin des lèvres. C'était...instructif.

    Il était difficile de déterminer si l'adjectif était tant adressé au film d'épouvante, à l'homme qui frôlait son épaule ou bien au déroulé inattendu de la séance. Et elle laissa finalement ses doigts glisser, échappant avec lenteur à l'étreinte chaude de la main de son collègue 

    - Et vous? J'espère n'avoir pas été trop envahissante.

    Elle continuait à murmurer à demi voix, créant une proximité plus ou moins involontaire entre eux qui lui était difficile de se décider à rompre. L'urgence de s'échapper lui prit pourtant l'estomac comme si il devenait trop évidant que quelque chose était en train de s'installer avec eux. Une chose à la fois terrifiante et merveilleuse qui trouvait son nom dans un concept immuable. Une chose que l'on nomme en premier lieu, l'attraction. Formule physique que Bambi avant pourtant l'habitude d'évoquer en cours et qui, à présent, lui semblait être un mystère qui ne relevait plus d'un quelconque phénomène explicable.  La professeur finit pourtant par se laisser s'écarter pour commencer à rapatrier ses affaires abandonnées plus tôt sur le siège vide à ses côtés. Elle se redressa sur ses jambes engourdies en écoutant la voix de Rory, devenue bien trop délicieuse à son oreille.

    Vendredi 6 Août 2021 à 23:57
    Upside

    Rory:

    Aucune perte à déclarer en conclusion de cette séance de cinéma, Bambi n'avait succombé ni à la peur ni aux morts-vivants. Rory la voyait, il la voyait même très bien. Difficile de ne pas remarqué son regard planté dans le sien. Son coeur s'emballa l'espace d'un instant, sûrement le stress lancinant que l'angoisse montée sur écran avait pu lui procurer durant les deux dernière heures. D'un mouvement de tête et d'un ton positif, elle lui répondit que tout allait bien, les craintes du psychologues s'apaisèrent.

    "C'était...instructif" avait-elle ajouté dans la foulée, faisant arquer un sourcil à son interlocuteur. Il n'était pas sûr de bien comprendre ce qu'elle avait pu tiré d'instructif du film, la fiction dépassant bien les bornes de la cohérence, il était un peu confus. Un moyen de survivre à une forme d’apocalypse peut-être, à mois qu'il soit passé à côté de quelque chose d'autre. Ou qu'elle ne parlait pas du film.

    Bambi s'écarta, demandant au grand blond si elle n'avait pas été trop envahissante, faisant sûrement référence à la proximité étriquée qui s'était sinueusement immiscée entre eux durant le reste de la séance. Il avait senti le bout de ses doigts quitter doucement le contact de sa peau, ultime caresse laissée dans leur sillage tandis que sa peau avait du mal à se défaire de cette sensation fantôme qui le chatouillait encore. Comment aurait-elle réagi si sa main s'était fermée avant qu'elle ne puisse faire fuir la sienne? Pensée timide qui se vit chassée très vite.

    Il se redressa à son tour, remettant en place les pans de ses vêtements un peu malmenés par la position assise qu'il venait de tenir ainsi que par l'étreinte pourtant innocente de sa collègue. Il lui répondit à son tour sur le ton du murmure, se penchant légèrement vers elle pour ne pas avoir à hausser le chuchotement trop fort.

    - Non, absolument pas.

    Il avait beau replacer les œillères qu'il s'était imposées sur les sentiments qui essayaient de fleurir dans un coin de son esprit, de prendre des distances sur la situation ou de se mettre en garde, ça servait à rien. Son contrôle raisonné était hors-service, son corps cherchait intrinsèquement cette proximité que sa dualité souhaitait repousser.

    Le psychologue suivit les pas de la professeure jusqu'à l'extérieur, découvrant le manteau de nuit dans lequel le ciel s'était emmitouflé. Il se planta à ses côtés, il ne savait pas trop comment conclure leur rencontre. Il n'avait jamais été bon pour les conclusions, quelles qu'elles soient. Même s'il arborait cette attitude très froide qui laissait croire qu'il voulait garder ses distances, il se risquait pourtant à apprécier le temps passé avec elle. Ce serait mentir que de nier qu'il n'avait pas cet espoir naïf qu'elle ait apprécié sa compagnie.

    Rory posa son regard sur elle, détaillant brièvement ses traits avant qu'elle ne s'en rende compte. C'est ainsi qu'il remarqua qu'un cil s'était logée sur sa joue, trônant fièrement malgré la brise qui s'était levée. Il pencha légèrement la tête vers Bambi, observant le malotru.

    - Attendez, vous avez un cil sur la joue.

    D'un pas maladroit, il se plaça face à elle et leva la main vers son visage, l'effleurant lentement du pouce. Une minutie toute particulière pour un simple cil, à moins que ce ne soit la faute à une envie farouche de ne pas rompre le contact qui fit durer l'instant. Son esprit divagua rapidement, lui insufflant cette idée licencieuse de laisser le reste de sa main faire son chemin sur la peau laiteuse de la biche qui se tenait devant lui, de la laisser danser jusque dans sa nuque et il dut déglutir avant que ses pensées n'aillent plus loin, reprenant pieds sur la terre ferme, loin des fantasmes.

    Il reprit la parole, ses premiers mots laissèrent malencontreusement paraître son trouble soudain avant qu'il ne reprenne ce ton sérieux qu'il avait si souvent.

    - Ma petite soeur me disait toujours que lorsque ça arrivait, qu'il fallait souffler dessus en faisant un vœu.

    Il pointa vers elle le pouce sur lequel reposait le cil malotru. Qu'est-ce qui lui était passé par la tête? Est-ce qu'elle allait vraiment souffler sur son doigt? Et voire même faire un vœu en plus de ça? D'un geste vague de l'autre main, il s'empressa d'ajouter:

    - Enfin.. Vous n'êtes pas obligée, c'est juste que la situation m'y a fait penser. Elle aimait bien faire ça quand on était plus jeunes.

    Tous les prétextes étaient bons pour formuler quelques souhaits abracadabrants.




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