Réviser ou insulter ? Telle est la question [ouvert]

Mary-Sue :

Elle fit son tour rapidement, peut-être un peu trop, parce que lorsqu'elle se retourna pour zieuter la snob muette de loin, Mary fut spectatrice d'un manège tout à fait surprenant : La pauvre petite victime qui profitait du dos tournée de la forte-tête pour se venger. Cela fit grandir en Mary des sentiments mitigées - étonnement, amusement, fureur... Son sac retourné sur la table ? Bien, elle aurait pas à sortir son lourd manuel de maths pour lui asséner un coup sur la tête avec. Sa feuille tombait et elle ne la ramassait pas ? Elle lui ferait bouffer. Ah, mais c'est qu'elle avait l'audace de lui voler sa sucette, en plus ? Mary ne jurait que par les chewing-gums de toute façon. Elle en sortit un de la poche arrière de son jean : forcément qu'elle en avait sur elle en toute circonstance. Elle le mit dans sa bouche, mâcha lentement, ruminant une vengeance toute aussi basse que l'était la combine lâche de la jeune fille à sa table. Mary s'approcha tandis que l'autre rangeait ses affaires en hâte.

- Mooh que c'est mignon, tu as peur que je te revole un nounours ? Eh mais... C'est ma sucette que tu as dans ta bouche ? Tu aimes ?

Elle se pencha sur la jeune fille, le visage suffisamment près pour qu'elle puisse sentir sa respiration irrégulière, signe de la rage qu'elle contenait en elle. C'est qu'elle se retenait de lui assigner une gifle ou un bouquin dans les dents, la pauvre ! On allait faire soft. Mary saisit simplement le bout du bâton de la sucette, le retira de la bouche de Fantine, et le lâcha quasi instantanément... Ouais, panier !! La sucette avait trouvé refuge dans son décolleté. Mary arqua un sourcil et sourit, l'air triomphant. Et puis, elle fit ce qu'elle savait faire de mieux en terme de crasse, pas très mature mais ô combien satisfaisant : elle prit simplement le chewing-gum qu'elle mâchait entre deux doigts, et le colla dans les cheveux courts de mademoiselle. Voilà. Et pour une fois, c'était pas gratuit. C'était légitime, quand on dit "mmh", qu'on fait du bruit avec son sachet plastique et quand on fout le bordel dans les affaires de Mary. Son oeuvre achevée, elle mit de l'ordre sur son bureau, pris son contrôle de Chimie, le parcouru des yeux quelques instants, le roula en boule pour le jeter à côté de Fantine ou sur sa tête, elle savait pas trop, elle se replongeait dans son manuel de philo comme si de rien. Pourvu que l'autre se tienne à carreau. De toute façon, elle pouvait faire quoi ? A part aller se plaindre ou crier pour alarmer les bibliothécaires, bien sûr. Tant que Mary était là, elle n’accéderait pas à ses affaires. Et c'était tenter le diable que d'essayer de riposter par la violence physique. Un coup bien placé de ses hanches légendaires et elle atterrirait sur les roses.

- Sinon tu t'appelles comment ? 

Oui, elle demandait à la fille à qui elle venait de mettre une sucette entre les seins et un chewing-gum dans les cheveux son prénom. Parce qu'à vrai dire, elle attendait un "mmh", voir rien, et comme ça Mary serait fixée sur le personnage. 

Oscar :

Ouah. Juste, ouah. Elle ne savait pas que les gens acceptaient une folle dans l'établissement. Elle prit la sucette dans son décolleté pour le remettre dans sa bouche et, décolla la boule de pâte gluante de ses cheveux avant de la rouler entre ses doigts et la lancer devant Mary-Sue. Heureusement que celle-ci n'avait pas arraché son collier ou n'avait fait autre chose d'encore plus crasseux que ça. Sinon, elle enragerait.

   Elle évita la boule de papier de justesse que lui avait lancé la jeune fille. Elle ne bouillonnait pas de l'intérieur. Enfin bien que sa respiration s'affolait de seconde en seconde. Sa respiration irrégulière venait de la "crainte" qu'elle avait lorsqu'elle s'était approchée d'elle. Qu'elle prenne entre ses mains son bien le plus précieux. 

Lorsque la fille aux cheveux verts lui demanda son prénom, Oscar hésita. Si elle lui disait, elle connaîtra son identité : celle d'une lycéenne qui a eu une relation avec un homme de 38 ans. Mais, en quoi devait-elle avoir honte ? De toute façon, elle était bien le genre de fille a écouter les ragots pour profiter de ceux-ci... une vraie vipère. Elle lui rappelait sa salope de sœur. Oscar releva doucement les yeux, avant d'enlever ses écouteurs. Elle était tentée de dire une nouvelle fois "mmh", mais ne serait-ce pas plus convaincant de répondre à sa question ?

- Oscar. Oscar Dresde.

Advienne que pourra.

Mary-Sue :

Ouah, incroyable, elle savait parler ! Un grand sourire cynique se dessina sur les lèvres de Mary. Au moins "Oscar Dresde" était un tantinet raisonnable et s'avouait, en quelque sorte, vaincue. Forcément, que faire d'autre quand on confronte Mary-Sue ? Enfin bref - Oscar, ça lui disait rien, évidemment, Mary se foutait superbement de savoir si ses victimes (soit tous les membres du pensionnat) s'appelaient Pierre, Paul ou Jaques. Elle savait juste que Oscar, ça faisait vachement prénom de mec. Mais c'est pas Mary qui va donner des leçons sur la logique des prénoms, ses parents à elle aussi ont été con. 

- Ok.

Elle allait pas dire "enchantée" non plus - c'était bien joli de lui avoir tendu la perche en lui demandant son prénom, espérant qu'elle dirait un truc constructif pour lui éviter de commettre l'irréparable (violences sur élève, exclusion définitive blablabla). Sauf que ben, Mary c'était pas son truc les conversations prolongées. Et c'était pas son truc, de faire "que" parler de façon courtoise. En fait, c'était pas son truc les gens tout court, tant qu'ils ne partageaient pas sa vision des choses, et autant dire qu'il n'y en avait pas beaucoup. 

Elle fronça à demi les sourcils.

- J'te donne pas mon nom, t'as été fouiné assez loin pour le découvrir je suppose. 

Oscar :

Ah, faut croire que mademoiselle ne connaît pas sa réputation. Tout est pour le mieux. Toutes ses actions de bas étage et pas du tout justifiées ne méritaient pas qu'elle demande pardon. De toute façon, elle n'avait pas l'air d'être une personne qui s'excuse gratuitement, et même, qui s'excuse tout court. Elle jouissait du malheur des autres et aimait les voir souffrir. Comme sa sœur. Le fait qu'elle pense deux fois de suite à sa sœur lui fit froncer les sourcils et une bile se forma au creux de sa gorge. Elle ravala difficilement, sa gorge devint piquante. Oscar sortit de son sac une bouteille d'eau et y bu trois gorgées. Elle se stoppa un instant afin de faire calmer son envie de vomir et reprit de plus belle. Une fois la petite crise passée, elle rangea la bouteille.

Alors que la jeune fille allait répondre à Mary-Sue, un groupe de jeunes non loin de là parla d'un seul coup plus fort qu'avant. 

- Hé, ce serait pas Oscar Dresde ? 

- Aaah, oui ! C'est la tepu qui s'est collée un homme de 38 ans ? Trop dégueu !

- Elle aime les personnes âgées, fait gaffe, ton père pourrait être attaqué !

Ils riaient en chœur, et, tout en passant à côté d'Oscar, ils lui donnèrent une violente tape derrière la tête, qui la fit vaciller. La jeune fille n'en tint pas compte. Ces cons n'ont rien à foutre d'autre de leur vie. Qu'ils aillent se faire foutre.

Mary-Sue :

La laitue hanchue fixait Oscar tandis qu'elle semblait... S'étouffer ? Pour une fois, Mary y était pour rien, alors qu'on vienne pas l'accuser si jamais ça tournait mal ! Mais si elle intervenait pas, est-ce qu'elle serait punie pour non assistance à personne en danger ? Ah, ça y'est, de toute façon, elle s'en remettait. 

Un groupe de gens bruyants passait dans le coin. Ils dirent des choses un peu... "Violentes", à l'égard de Oscar, à ce qu'elle eut compris ? Enfin, rien n'était trop violent pour Mary, mais c'est vrai qu'elle était pas habituée à entendre ce genre de répliques aggressives dans la bouche des autres. Ces quelques gars venaient d'établir le portrait de Oscar en quelques secondes : donc mamzelle la lectrice qui cause pas trop avait un faible pour les vieux ? Ou doit-on dire homme mûr ? Bref - Mary s'en tamponnait. Chacun son truc, elle avait envie de dire. Le groupe se contenta pas de parler fort, nan, il "agressa" Oscar. Mary écarquilla les yeux. Fallait pas croire qu'elle se rangeait du côté de la victime ou autre - c'était vraiment pas son genre. Mais Mary, ça l'insupportait les gens bruyants, et elle était indignée de voir que des pseudos racailles allaient plus loin qu'elle en terme de méchanceté. Quant aux penchants de la jeune fille, bah... Ouais, elle trouvait ça un peu bizarre, et en même temps, ben elle s'en foutait parce qu'en y réfléchissant ça regardait qu'elle (tant qu'elle allait pas lui faire la promo de sites de rencontre pour séniors ou sugar daddies) et que y avait pleins d'ados qui tombaient amoureux de leurs profs par exemple, donc bref, appelez ça comme vous voulez, Mary pensait que c'était de l'hypocrisie. Ouais, on peut être cruelle sans être hypocrite et conne pour autant. Mary estimait qu'elle savait être machiavélique et très intelligente à la fois (rien que ça !). 

- ...

Pendant un instant, elle avait songé à se relever et à fracasser le petit groupe. Pour son petit plaisir personnel, évidemment. Sauf qu'ils étaient déjà trop loin. Et que Mary savait que les choses seraient mal interprétées et qu'elle passerait du stade de fille respectée et crainte de tous à celui de héros vaillant au grand coeur qui se bat pour des causes nobles. 

Oscar :

Lorsque le groupe d'idiots sortit de la bibliothèque, Oscar répondit cette fois en bonne et due forme à Mary-Sue. A vrai dire, elle ne voulait pas que la jeune fille tienne compte de ce qui venait de se passer. Elle n'aimait pas être tenue en pitié. Heureusement et contre toute attente, la tête verte ne fit rien. Tant mieux, ça lui fera un problème en moins. Enfin, non pas qu'Oscar commence à apprécier Mary-Sue, en fait, elle avait un avis assez mitigé voir négatif à son égard. Déjà pour l'avoir fait chier pour un rien. Cependant, la jeune fille un peu trop communicative à son goût pouvait lui donner une certaine joie, la débloquer de son passé. Oscar lui sourit pour la première fois. Enfin, c'était la première personne à qui elle affichait un sourire. Il n'était pas forcé, mais sincère. C'était le genre de sourire que l'on faisait lorsqu'on était emprunt de gratitude envers l'autre, mais c'était aussi un sourire ironique, dû à sa dernière réplique. En tout cas, cette Mary-Sue, elle était marrante. Elle pensait ça parce-quelle n'avait rien fait et n'avait pas tenu compte de l'agression. Et ça, c'était sympa.

- Oui, c'est vrai. J'ai fouiné mais toi aussi. On est quittes.

Après quelques secondes, elle reprit.

- Tu es en quelle année ?

Mary-Sue :

Oscar lui offrit un sourire. C'était vraiment bizarre, depuis qu'elle avait débarqué dans ce pensionnat, les quelques personnes avec qui elle avait échangé lui avaient toute sourit au moins une fois - un sourire "gentil", pas un sourire mauvais, et fallait qu'on explique à Mary pourquoi parce que ce qu'elle échangeait avec les gens, c'était pas des mots doux, et donc ben elle voyait pas ce qui pouvait lui valoir un sourire ! En plus, Mary elle savait pas sourire "gentiment", le mieux qu'elle pouvait faire c'était sourire "d'amusement"... Ou peut-être qu'elle se retenait juste des fois pour que son image de dure à cuir ne s'effondre pas. Elle arqua donc un sourcil. 

- Ben en terminale, greluche, ça se voit pas ? Chui en ES. 

Elle feignit d'être ennuyée. Par politesse, il fallait sans doute dire "et toi ?", mais faut croire que Mlle. était pas polie. 

Oscar :

Le ton hargneux et hautain de la jeune fille lui fit revenir à la normale : froide, tranchante. Elles étaient toutes les deux un peu comme ça, mais Mary-Sue était plus vulgaire alors qu'elle, elle était plus dans les mots tranchants et bien placés. Si Mary-Sue emmerdait le monde parce-qu'elle ne savait sûrement rien faire d'autre, Oscar le faisait par nécessité. C'était sa carapace, sa bouée de sauvetage. Elle était tranchante parce-qu'elle voulait rester seule, qu'on la laisse tranquille. Mais bizarrement, cet étroit point commun avec miss cheveux verts la libéra un peu. Oscar se pencha plus qu'a l'accoutumée et posa sa tête sur sa main; qui était accoudée à la table. Un autre sourire, cette fois moqueur, vint animer son visage.

- Non désolée. Je pensais que tu étais en primaire.

Elle fit descendre son regard sur sa poitrine, puis la regarda dans les yeux à nouveau.

- En même temps, tes formes prouvent que j'ai raison.

Mary-Sue :

Alors ça ! Mary laissa quelques instants le gonflement de sa bulle de chewing-gum en suspens, surprise, avant de reprendre contenance et d'afficher un sourire tout aussi narquois que son interlocutrice. Elle aurait pu trouver autre chose, ses couettes à la limite, parce que son petit bonnet C était plus que raisonnable pour son âge. Elle se redressa une poignée de secondes pour afficher ses hanches d'une envergure à faire pâlir J-Lo. 

- J'aimerais bien te croire...

Puis elle se rassit en levant les yeux au ciel, calée en arrière sur sa chaise, les jambes et les bras croisés, elle reprit l'expression lassée qu'elle arborait quand elle n'avait pas l'air énervée, et fit mine de se ré-intéresser à son livre de philo. Fallait pas pousser, Mary elle pouvait plaisanter un peu mais jamais pour très longtemps. Pis faire semblant d'en avoir quelque chose à cirer de la classe de bidule ou de la matière préférée de machin, c'était au dessus de ses forces aussi. En même temps... Faudrait qu'on lui dise quelque chose d'intéressant, pour changer ! 

'je suis trooop désolée du retard x))

Oscar :

Elle plissa les yeux lorsque Mary-Sue se "remit" à la lecture de son livre de philo. De son côté, Oscar reprit ses écouteurs et les enfonça dans les oreilles avant d'entamer sa playlist. Le son vibrait dans ses tympans et le monde semblait se rapetisser autours d'elle. La jeune femme ferma les yeux et savoura cet instant en triturant son collier d'or.