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Recoudre des gens ou des sapes c'est un peu pareil, non ? [Libre]
Dimanche 3 Octobre 2021 à 23:04 Chyropée
A priori, Georgie manquait de dextérité. C'était en tout cas ce qu'affirmait son rapport de stage, ne manquant pas d'allumer un début de ressentiment chez l'apprentie infirmière. Qu'est ce que la cadre en savait, de la dextérité de la jeune femme ? Ce n'est pas comme si elle la voyait faire prises de sang et pansements. Elle jugeait cela simplement d'après le retour des infirmières qui encadraient la jeune femme, une par garde. Celles ci, qui ne connaissaient donc Georgie que pour huit heures, n'étaient pas non plus les plus aptes à évaluer les progrès qu'elle faisait. Il fallait réévaluer l'étudiante, la questionner, plutôt que de mettre ce fichu "dextérité insuffisante" sur ce stupide rapport.
Bon, la métamorphe était aussi un peu de mauvaise foi. Il était vrai qu'elle prenait plus de temps que nécessaire pour bien ressentir la veine et qu'elle tremblait lorsqu'elle manipulait des compresses stériles à l'aide de pinces. La seule fois durant ce stage où elle avait tenté de poser un cathéter à un patient, elle avait été si surprise d'avoir réussi à obtenir un retour veineux qu'elle en avait raté le reste de la pose. Mais selon Georgie, c'était déjà exceptionnel : deux ans auparavant, elle était tout simplement incapable d'être précise avec un objet entre les mains, n'arrivant pas à estimer l'amplitude de ses mouvements. A ce jour, elle voulait simplement faire ses preuves, montrer à tous que oui, elle connaissait mal son corps, mais elle pouvait tout de même s'en servir pour faire le bien autour d'elle. Alors, il était hors de question que ce "dextérité insuffisante" réapparaisse dans un prochain stage ; et pour cela, la métamorphe était prête à travailler bien plus que les autres membres de sa promotion.
Ce matin-là, alors qu'elle avait enfin une journée sans cours, elle s'était levée aux aurores, pour se diriger vers l'infirmerie, et convaincre l'infirmier scolaire de lui laisser sa chance. C'est ainsi qu'après de multiples propositions insistantes, celui-ci avait fini par céder. Georgie serait donc chargée, pour la journée, de gérer les divers bobos-égratignures-blessures légères des pensionnaires. Et de l'appeler si c'était plus important que cela.
Revêtue de sa blouse blanche dédiée aux stages, elle s'était donc approprié la pièce de l'infirmerie où l'on effectuait les soins techniques, installant tranquillement tout ce qu'il lui fallait -et même plus- pour l'arrivée du premier patient-pensionnaire. Sauf qu'il ne venait pas. Les heures de la matinée s'égrenaient dans un silence pesant, parfois rompu par quelques exclamations provenant de la cour. Comme un lion en cage, Georgie marchait, tournait, observait l'extérieur, revenait sur ses pas, fouillait dans les tiroirs, retournait guetter une chute sur les graviers du pensionnat, en vain. Une sorte tension la parcourait, mélange d'excitation et de stress, qui croissait avec l'attente.
Pour patienter, l'étudiante s'appropria du petit matériel de soin, et s'entraîna à le manipuler. Ainsi, quand enfin, des pas ressentirent dans le couloir, Georgie faisait quelques points de suture sur une banane à la peau fendue. Elle se redressa, tendit l'oreille : oui, cela semblait bien être pour elle ! La tension crût d'un coup. Elle se demandait déjà ce que se serait. En un sens, elle espérait que ce soit un peu plus important qu'une simple égratignure, tout en craignant que ce soit plus complexe, pour la personne concernée bien sûr, mais aussi par peur de ne pas pouvoir gérer la chose. L'étudiante alla ouvrir la porte sur ces pensées. Elle allait savoir rapidement.
Mercredi 3 Novembre 2021 à 21:20 Weana
(je me permets, mon perso n'est pas un élève, j'espère que c'est pas trop gênant)
Romeo Tsavahid;
Officiellement, le jeune homme était concierge, agent d'entretien. Il était chargé de nettoyer les parties communes, balayer la crasse des autres, faire briller, dépoussiérer. C'était la majeure partie de son boulot, il faisait rarement autre chose et il ne s'en plaignait pas.
Il arrivait parfois que Romeo doive s'improviser réparateur d'à peu près tout, histoire de faire tenir les objets cassés le temps qu'un professionnel ne s'en charge ou qu'ils soient remplacés. La majorité du temps c'était avec du gros scotch, de la glue ou du carton.
Cette fois ci c'était avec du carton. Un petit groupe de collégiens avaient tapé un peu trop fort dans un ballon. Le tir avait été franc, rapide, direct, en plein dans l'une des vitres d'un des couloirs du deuxième étage. Le CPE s'était chargé d'appeler quelqu'un pour remplacer la fenêtre mais il fallait bien que quelqu'un s'occupe de ramasser le verre qui trainait dans l'allée et comble l'ouverture laissée par le tir supersonique.
Et ce quelqu'un c'était Roméo. Pas franchement réveillé, à peine 3 heures de sommeil dans les pattes, les cheveux en bataille, les yeux ornés de cernes et difficilement ouverts, encore dans son bas de jogging difforme et son t-shirt mal repassé qui lui servaient de pyjama. Personne n'allait lui faire de remarque de toute manière, il faisait des heures sup' et était censé dormir à cette heure là.
Désireux de retrouver les bras de Morphée, le brun s'activa, recouvrant la brèche avec du carton et du gros scotch. Le résultat n'était pas beau mais il ne laissait pas passer l'air. Il se mit ensuite en tête de ramasser les morceaux de verre qui jonchaient le sol. Mauvaise était l'idée de mêler fatigue et précipitation, profonde était l'entaille qui lui traversait désormais la main.
Il lâcha un juron sonore sous le coup de la douleur. Puis un second en voyant qu'il était en train de foutre du sang sur le sol qu'il s'emmerdait à nettoyer tous les soirs. Laissant ses affaires en plan, il passa d'abord à la vie scolaire pour prévenir un surveillant que le verre et son balais étaient toujours dans le couloir. Il tomba sur Patrick qui lui répondit qu'il allait s'en occuper.
Il fila ensuite à l'infirmerie, sa paume indemne pressée sur la plaie, espérant qu'Alexandre allait pouvoir lui venir en aide rapidement.
Arrivé devant la porte, il toqua du bout du pied.
Ce n'est pas l'infirmier qui lui ouvrit. Au lieu de ça se trouvait devant lui une jeune femme avec une tignasse rose pétante dans une blouse blanche. Romeo eut du mal à cacher sa surprise et leva un sourcil interrogateur. Il n'était jamais bien attentif pendant les réunions du personnel mais si on lui avait annoncé l'arrivée d'une nouvelle infirmière, il s'en serait tout de même souvenu.
— Bonjour... ?
Il jeta même un coup d'oeil par dessus l'épaule de la demoiselle pour être sûr que l'infirmier n'était pas quelque part dans la pièce.
— Alexandre n'est pas là ?
Jeudi 4 Novembre 2021 à 18:30 Chyropée
(Non ne t'inquiète pas, tant qu'il est blessé ^^ j'ai l'impression d'être une personne affreuse en disant ça.)
Georgie Phosis :
Derrière la porte se tenait un jeune homme, qui paraissait vaguement familier aux yeux de la future infirmière. C'était probablement un étudiant qu'elle avait dû croiser au détour d'un repas au self, ou plus probablement d'une soirée. Non. Comme un flash, elle le revit, balai à la main, nettoyant les couloirs du pensionnat. Pas un étudiant donc, mais un membre du personnel d'Headwinds. C'était étrange de le voir là, comme un élément sorti de son contexte.
Une nouvelle pensée s'imposa à l'esprit de la jeune femme. S'il venait jusqu'à l'infirmerie, c'était probablement pour prévenir d'un drame : un élève avait dû se blesser gravement, et était sûrement incapable de se déplacer jusqu'à l'infirmerie ! Un sursaut s'empara de la jeune femme, un boost d'adrénaline lié à l'urgence de la situation, qui la fit prendre la parole d'un débit rapide.
- Bonjour ! Qu'est-ce qu'il s'est passé, où est l'étudiant, qu'est-ce que ...?
Tout en parlant, elle remarqua enfin la façon dont son interlocuteur se tenait la main, et le filet de sang qui avait ruisselé le long de ses doigts. Il n'en fut pas plus à Georgie pour comprendre sa nouvelle méprise et s'arrêter dans son enchaînement de questions. Elle inspira, un peu gênée, avant de reprendre la parole d'une voie plus posée.
- Oh, désolée. Je crois que je me suis emportée. Je suis Georgie, étudiante en soins infirmiers. Je remplace Mr Bessala pour la journée.
Ce n'était pas tout à fait ça, mais la demoiselle préférait éviter de trop détailler le sujet. Il arrivait souvent que les patients n'aient pas confiance en elle, malheur récurrent bien connu des stagiaires. Et parce qu'elle voulait que l'agent d'entretien blessé soit suffisamment rassuré pour la laisser s'occuper de lui, sans réclamer la présence de l'infirmier, mieux valait ne pas détailler le pourquoi du comment elle était présente ce jour là. Elle s'écarta de la porte, et lui fit signe d'entrer, avec un sourire qui se voulait bienveillant et confiant.
- Je vous laisse déjà vous asseoir sur la table d'examen, et puis m'expliquer ce qui vous est arrivé.
La métamorphe referma la porte derrière lui, et lui emboîta le pas, jusqu'au plan de travail qu'elle s'était installé, parsemé de divers désinfectants, sets d'ustensiles et pansements. Là, elle se saisit de gants et de compresses. Première étape, regarder la plaie. Elle se retourna vers l'agent d'entretien, son sourire toujours aux lèvres.
- Alors, est-ce que je peux déjà regarder votre main ?
Jeudi 4 Novembre 2021 à 19:44 Weana
(ptdrr je vais pas t'en tenir rigueur)
Romeo Tsavahid;
L'étudiante —parce qu'elle l'avait dit sans qu'il ne demande rien, n'avait pas grand chose en commun avec l'infirmier habituel. Sauf la blouse blanche, détail qui avait son importance et sans lequel Romeo aurait déjà tourné les talons. Alexandre était calme, parlait peu, ouvrant la bouche seulement pour dire des trucs importants. L'infirmier était l'un de ses rares collègues que le grec arrivait à supporter, au moins avec lui il ne se sentait pas obligé de discuter.
La tornade rose avait, en l'espace d'à peine deux minutes, déjà débité une quantité de mot assez impressionnante. Ses états d'âmes se lisaient facilement sur son visage, ici en l'occurence c'était la gêne.
Romeo se passa de tout commentaire. Il n'était à l'aise ni avec les aiguilles, ni avec les inconnus mais la douleur sourde dans sa paume faisait passer ses inquiétudes au second plan.
Elle lui indiqua son prénom, il hocha la tête, jugeant inutile de lui dévoiler le sien. Il préférait garder ses distances avec les pensionnaires alors il se contenta d'un "d'accord" quand elle lui indiqua qu'elle remplaçait Alexandre pour la journée.
Le jeune homme ne se considérait pas comme quelqu'un d'intelligent; scolairement c'était une brêle et socialement c'était pas glorieux non plus. Mais il avait le mérite de réfléchir vite. Sa plaie n'allait pas se refermer toute seule, Alexandre n'allait pas revenir avant le lendemain et il n'avait pas les moyens de régler les frais d'hôpitaux si il voulait passer par les urgences. Le calcul fut vite fait et il emboîta le pas de la jeune femme et se hissa sur la table d'examen.
Tout sourire, elle lui demanda si elle pouvait regarder sa main. Dans d'autres circonstances, il aurait répondu non, juste parce qu'il trouvait ça drôle, parce qu'il aimait bien le sarcasme. Sauf qu'il la connaissait mal et que dans ce contexte, il valait mieux éviter de la mettre trop mal à l'aise. Alors il hocha la tête lui montra sa paume couverte d'hémoglobine.
— J'me suis coupé en ramassant du verre, expliqua t-il en posant son autre main sur la table d'examen pour répartir son poids.
En le disant, il se rendit compte à quel point c'était stupide. Il mettait des gants quand il faisait la vaisselle pour pas s'abîmer les mains mais il était pas foutu de penser à en mettre pour manipuler du verre. Bravo, quel geste technique.
En plus de ça il aimait pas trop le sang. Déjà parce que ça tâchait, déformation professionnelle, vous comprenez, mais surtout parce que les plaies ouvertes tout ça, ça lui foutait des fourmis dans les orteils et ça le faisait un peu pâlir. Alors il se concentra sur tout, sauf sur sa main. Le visage concentré de l'étudiante, ses cheveux à la couleur pas commune, l'odeur d'antiseptique, la banane à moitié cousue posée sur un coin du plan de travail. Il eut tout un tas de questions dont les hypothétiques réponses lui arrachèrent un petit sourire qu'il masqua bien vite en se mordant la joue. Il ne voulait pas qu'elle croit qu'il était en train de se moquer. Même si c'était un peu drôle quand même.
Jeudi 4 Novembre 2021 à 22:41 Chyropée
Georgie Phosis :
Avant de vraiment commencer son observation de la main du blessé, Georgie se saisit du tabouret à roulette situé non loin, et l'amena à elle. Une fois bien installée, elle se saisit du poignet de l'agent d'entretien, pour placer sa main de façon à pouvoir bien accéder à la partie balafrée, et commença à détailler la paume du regard. Le sang cachait pas mal la vision qu'elle pouvait avoir de la plaie. D'autant plus qu'il coagulait par endroit.
- Je vais déjà nettoyer ça. Vous n'êtes pas allergique à l'iode ? Ou la bétadine ?
Elle attendit sa réponse, puis se saisit d'un flacon rouge, qu'elle versa dans un petit pot. Suite à cela, elle se saisit d'une compresse, qu'elle trempa dans le liquide marron, avant de venir commencer à tapoter la main de son interlocuteur.
- C'est juste du savon pour l'instant. Vous me disiez donc avec du verre. C'est un grand morceau qui vous a coupé, ou plutôt des débris ?
Une fois la compresse imbibée de sang en plus de la bétadine, elle la jeta, et s'en saisit d'une nouvelle. De ce qu'elle voyait, il n'y avait qu'une entaille. Mais qui sait, parfois, cela n'empêchait pas des petits débris de s'être glissé dans la plaie. Raison de plus d'être délicate dans ses gestes, évitant au départ d'aller directement sur la plaie. A plusieurs reprises, Georgie répéta ses gestes, jusqu'à avoir un aperçu plus clair de la chair de son patient.
La plaie, heureusement, ne saignait plus à grand flots. La compression que l'agent d'entretien avait effectué avec son autre main avait dû être efficace. Profitant de cela, Georgie prit le temps de s'installer un petit champ stérile. Dessus, elle installa quatre paquets de compresses stériles, un qu'elle recouvrit de bétadine rouge, un d'eau issue d'un petit flacon, le suivant qui restait sec, et le dernier de bétadine issu d'un flacon jaune.
- Au niveau douleur, si vous deviez me donnez un chiffre entre 0 et 10, zéro étant aucune douleur, dix la pire douleur possible et imaginable, comme si vous vous étiez fait rouler dessus par une voiture.
Donner un chiffre à sa douleur, c'était quelque chose de très utile pour les soignants, sauf que bien évidemment, c'était compliqué à évaluer lorsque l'on avait eu la chance de ne jamais trop avoir de fortes douleurs dans sa vie. L'étudiante, en sachant cela, agrémentait toujours sa question d'exemples plus ou moins parlant, avec notamment les contractions d'accouchement et les coups de pieds répétés dans les testicules. Cette fois, elle avait eu la prudence de censurer, étant donné que son patient, en temps que personnel du pensionnat, jouissait en théorie d'une certaine autorité sur elle.
Tout en parlant, la jeune femme recommença à s'activer. A l'aide de deux pinces, elle se saisit d'une compresse de la première pile, alternant étrangement entre l'une et l'autre. C'était le genre de choses avec elle n'était pas très à l'aise, et elle cessa donc de parler quelques instants pour bien se concentrer sur sa tâche. Puis elle commença à nettoyer l'intérieur de la plaie, avec des mouvements très lents, le plus délicatement qu'elle le pouvait. La blessure n'avait pas l'air très jolie. Ca ne devait pas être agréable. A la place de l'agent d'entretien, Georgie n'aurait sûrement pas tenu en place. Elle se força donc à reprendre la parole, se disant qu'ainsi, elle pourrait détourner l'attention du blessé de ses gestes, et de la douleur qu'il pouvait ressentir.
- Il venait d'où du coup ce verre ? Un apéro trop arrosé ?
Et une pile de verres qui s'écrasait ? Non, ça s'était ses bêtises à elle, qu'il valait mieux oublier. Elle jeta la compresse, et en reprit une, cette fois mouillée d'eau, en reproduisant sa drôle de manœuvre avec les pinces. Elle rinça ensuite la blessure. Oui, ce n'était pas franchement beau à voir.
Vendredi 5 Novembre 2021 à 18:15 Weana
Romeo Tsavahid;
Il n'avait aucune idée si il était allergique à l'iode ou à la bétadine, il se se souvenait pas d'en avoir déjà utilisé sur lui même mais il avait fait des tests allergènes quand il était gosse et on lui avait rien dit là dessus. Alors il fit non de la tête. Au pire sa peau allait le brûler, au moins il serait fixé.
Il l'observa attraper une petite bouteille, et en verser le contenu dans un bol. Le liquide avait une couleur pas bien jolie et ne sentait pas bien bon mais Romeo n'eut pas le temps de s'en plaindre qu'elle commença à tapoter sa main.
Elle n'y allait pas fort mais c'était pas bien agréable, Romeo crispa sa main comme par réflexe, pour se préparer à la douleur et ce fut encore plus désagréable. Il avait des réactions d'enfant quand on le soignait, il était pas bien rassuré derrière son masque de fausse contenance. La jeune femme reprit la parole et il se demanda si elle faisait ça pour qu'il se détende, parce qu'elle avait vraiment besoin de l'information qu'il allait lui donner ou si elle ne supportait pas le silence.
— Un grand morceau j'crois. De la taille de mon index à peu près.
Il n'avait pas foutu son doigt à côté du débris pour mesurer mais il préférait donner une grande valeur de comparaison, parce que se couper autant avec un truc petit, c'était pas bien glorieux. Se couper tout court c'était déjà pas bien glorieux mais passons.
Romeo n'aimait pas le sang mais il n'aimait pas les plaies non plus. Et celle qu'il voyait sur sa main était franchement moche, il détourna les yeux très vite, le souffle court. L'odeur de la bétadine commençait à lui monter à la tête et le silence était retombé alors que l'apprentie infirmière se concentrait au dessus de sa paume. Il aurait presque préféré qu'elle continue à déblatérer pendant qu'elle s'activait, au moins il aurait pu porter son attention sur autre chose que la sensation douloureuse et la pièce qui puait.
Elle avait l'air confiante de sa procédure, déposant des flacons sur le plan de travail, imbibant certaines compresses et pas d'autres. Puis elle reprit la parole, lui demandant de décrire sa douleur. Elle utilisa même une comparaison sordide qui arracha un autre petit sourire à Romeo. Il prit son temps pour répondre, inspira un bon coup plus déclara avec un faux flegme:
— J'me suis jamais fait écraser par une voiture, c'est pas fou comme exem- AH PUTAIN DE MERDE, 12 LÀ !!
Il avait hurlé et eut un mouvement de recul sans vraiment y réfléchir. Heureusement qu'elle lui tenait la main en place sinon son bras aurait surement fendu l'air. Il y eut un petit silence suite auquel Romeo se racla la gorge et se pinça l'arrête du nez. Bon. Il inspira une nouvelle fois et reposa sa main valide sur sa cuisse, haut les coeurs.
Elle eut la considération de reprendre la parole, faisant remonter la question de Romeo dans son esprit. Elle n'avait pas besoin de cette information là, soit elle parlait parce qu'elle était bavarde, soit pour lui faire penser à autre chose qu'au cri perçant qu'il venait de pousser et à la douleur qu'il traduisait.
— Pas trop de risque de ce côté là non.
Romeo ne buvait pas, c'était un adulte responsable. Et avec l'argent qu'il économisait en alcool, il s'achetait de l'herbe. Responsable et gérant son budget intelligemment.
— Y'a un p'tit 6e qui s'est pris pour Messi et qui a explosé une vitre.
Nouveau choc de douleur, fallait dire que les pinces qu'elle utilisait ressemblaient à des petits instruments de torture. Cette fois-ci il garda un volume sonore acceptable et ravala ses jurons, serrant les dents.
Samedi 6 Novembre 2021 à 21:35 Chyropée
Georgie Phosis :
L'exclamation du blessé et le mouvement brusque qu'il eut -et qui aurait pu, si l'étudiante n'avait pas retenu sa main, la défigurer d'une claque- au lieu de faire sursauter l'étudiante lui arrachèrent plutôt un discret sourire rieur. Elle en eut aussitôt mauvaise conscience. Il avait mal, et elle ne trouvait pas mieux à faire de trouver sa réaction amusante. Pas très empathique tout cela. Elle garda donc bien la tête baissé vers la plaie et ses gestes, espérant ainsi masquer sa réaction.
Elle continua son soin, essayant d'être un peu pus délicate, tout en ayant conscience d'être déjà à son maximum. Après avoir rincer la plaie, elle prit le temps de l'essuyer avec les compresses sèches, tout en écoutant sa réponse.
- Ah, les petits, c'est toujours les mêmes. Mignons en photo, mais ça s'arrête là.
Ils courraient dans les sens, n'écoutaient pas, tentait de jeter leurs médicaments en douce. Et ne parlons même pas du cinéma qu'ils faisaient en présence de leur parents. Georgie doutait d'avoir été un jour l'une d'entre eux. En un sens, dans son esprit, sa vie avait commencé avec les études supérieures, lorsqu'elle avait enfin pu profiter de la vie comme elle l'entendait dans un corps stable. Le reste, elle en faisait abstraction.
Une fois la plaie bien nettoyée, l'apprentie infirmière eut enfin le loisir de détailler la plaie, profitant de cela pour un peu plus expliquer ce qu'elle faisait à l'agent d'entretien.
- Bon, le très bon point, c'est que votre plaie ne saigne plus. A priori, il n'y a pas non plus d'éclats de verre dedans, mais je vais aller revérifier ça une fois de plus. Ca va surement piquer un peu, car je vais désinfecter en même temps. Vous pourrez insulter ce qui vous passe par la tête sans problème à ce moment là, essayez juste de ne pas bouger le bras, sinon, vous risquez de me crever l'œil. Je ne sais pas vous, mais je préfèrerais éviter. Et puis après, plus qu'à refermer la plaie !
Dit comme ça, cela paraissait plutôt facile. Sauf que ce que Georgie n'avait pas précisé, c'était que la plaie, justement, était un peu trop large. Un simple pansement ne suffirait pas, il fallait rapprocher les berges. Et vu que la blessure était sur sa main, donc potentiellement utilisée de façon récurrente, mouillée à de multiples reprises, elle n'avait pas vraiment le choix de la méthode. Elle jeta un petit regard à la banane échouée un peu plus loin. Peut-être qu'il fallait qu'elle appelle l'infirmier ? Est-ce que de la suture, ça faisait partie des trucs plus "importants" qu'il avait évoqué ? Non. S'il venait, Georgie ne pourrait jamais améliorer sa dextérité. Elle l'avait déjà fait. Deux fois. Et de multiples fois sur des mannequins et autres outils de simulations. En plus, elle savait coudre.
Elle ramena son regard vers son interlocuteur, et avec un grand sourire, lui demanda :
- Ca vous va ?
Elle attendit ses paroles, en attrapant avec une pince une compresse de la dernière pile, à nouveau couverte de bétadine. De son autre main, elle lui tint le poignet, espérant que cela limiterait au maximum ses mouvements, et elle rapprocha son visage de la plaie. Il fallait aussi qu'elle fasse diversion. Un peu plus tôt, ça avait eu m'air de marcher -plus ou moins- pour le détourner de la douleur.
- Ca arrive souvent ça, les fenêtres explosées ?
En parlant, elle appliqua la compresse de désinfectant sur la chair lésée.
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