• [MIRANDA] [tw: angst] le guide de l'astronome débutant? [fermé]


    Dimanche 10 Mai 2020 à 05:12
    Cafevy

    Sémélé Vasilis,

    Cette situation dans laquelle se trouvait Sémélé la rendait particulièrement agacée. Entre deux vagues de flots de larmes qui menaçait dangereusement de s'échapper, faisait place une culpabilité au gout amer. Jusqu'ici, elle avait réussit à garder bien enfoui toute cette histoire qu'elle pensait entérinée depuis longtemps déjà. Mais là, cette tempête qui grondait, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Il était bien gentil, Lancelot, à essayer de rassurer vainement la jeune fille, mais c'était peine perdue, et Sémélé le savait parfaitement.

    — c'est que, les mots avaient du mal à passer le pas de ses lèvres, je ne voulais pas...

    Elle laissa sa phrase en suspends. A cet instant, Sémélé ne savait pas si c'était réellement le temps extérieur ou son propre esprit ressassant inlassablement les évènements de cette soirée qui la rendait aussi fébrile. Mais ce qui était sur, c'est qu'elle n'arrivait pas à retenir les émotions qui l'assaillait.

    — vraiment, je...

    Les mots ne sortaient plus, et Sémélé le sentait bien. C'était ridicule, vraiment ridicule. Le professeur ne devait pas comprendre ce qu'il se passait, et la jeune femme ne se voyait pas lui déballer d'un coup d'un seul tout ce qu'elle avait sur le cœur. Alors au lieu de ça, elle laissait quelques larmes perler au coin de ses yeux qu'elle tenta d'essuyer du revers de la main. Les épaules baissées, Sémélé, pour l'une des rares fois de sa vie, jura dans sa barbe. Il lui fallut quelques instant avant de pouvoir regarder à nouveau Lancelot, le regard embrumé. Elle s'excusa une nouvelle fois du spectacle qu'elle lui donnait à voir.

    — désolé de craquer, sa voix tremblait légèrement.

    Ridicule, pour sur. Elle s'imaginait la tête qu'elle devait avoir, et un léger rire s'échappa de ses lèvres rouges entre deux sanglots lui soulevant l'estomac.

    Dimanche 10 Mai 2020 à 19:40
    Upside

    Lancelot Louis Bastien de la Fromagère:

    Il sentait qu'elle était fébrile, une douce fragilité nouvelle qui embaumait la jeune femme qui se tenait devant lui. Il avait ce regard désolé car il sentait pertinemment que quoi qu'il essaye, les craintes immenses de Sémélé seraient d'une rare difficulté à rassurer.

    Il essaya de prendre un air bienveillant, quoi qu'elle avait à dire il l'écouterait. Même s'il ne se voyait pas lui dire de libérer ses émotions comme de but en blanc, il voulait juste inspirer une confiance qui pourrait l'aider à ne pas se sentir désolée de craquer. Il glissa les livres sous son bras gauche et se risqua à poser doucement sa main droite sur l'épaule de Sémélé.

    Elle pouvait craquer, elle pouvait ne pas craquer. Qu'il y ait une tempête ou pas d'ailleurs, si elle sentait mal. Il ne savait pas quoi réellement lui dire. Qu'elle n'avait pas à s'excuser? Que ce n'était pas grave? Il avait l'impression que quoi qu'il dise, ça pourrait peut-être la mettre mal à l'aise.

    - On a le droit de craquer.

    Il tenta vainement de trouver les mots. Alors qu'ils étaient debout dans cette allée, rayonnage sur les étoiles alors que le ciel grondant dehors ne laissait pas les astres briller le moins du monde. La bibliothèque était déserte, il repéra un peu plus loin un endroit où s'asseoir un peu.

    - Tu veux qu'on aille s'asseoir?

    Alors qu'il émana sa proposition, un son aigu trancha le calme des lieux. L'alerte tempête retentissait dans tous les pensionnat tandis que les mots de la directrice annonçait l'arrivée prématurée de la tempête qui devait pourtant encore se faire désirer. Son coeur se serra, son regard se porte immédiatement sur Sémélé, il espérait que ça ne serait pas la goutte de trop.

    Dimanche 10 Mai 2020 à 20:36
    Cafevy

    Sémélé Vasilis,

    Assailli de toute part par ses émotions, Sémélé se recroquevilla instinctivement sur elle même, les bras enserrant sa taille, comme une tentative un peu raté de se donner du courage et se protéger. Mais ce n'était chose aisée, et se battre contre ses propres démons n'avait jamais été une paire de manche, la jeune femme en savait quelque chose. Néanmoins, la main posée sur son épaule, si elle n'arrêta pas l'angoisse constante qu'elle ressentait, avait pour mérite de la garder sur terre, l'empêchant ainsi de laisser son esprit errer dans ses souvenirs.

    — oui, fit-elle doucement.

    Tout en hochant de la tête, Sémélé tenta de se détendre - en vain - pour entamer sa route jusqu'aux chaises. C'était sans compter l'alarme retentissante qui monta bien vite à ses oreilles, et si le son de cette dernière n'était pas assez strident, il acheva bien rapidement les quelques efforts qu'elle avait tenté de mettre en route pour se calmer.

    — c'est un blague, c'est ça.

    Sémélé se sentait de plus en plus désespérée. Elle avait toujours cru qu'en taisant ce qui fait mal, elle pourrait s'en préserver. Après tout, c'est comme cela que l'on fonctionnait dans sa famille, avec sa mère du moins. Depuis toute petite, elle admirait cette grande femme qui gardait toujours son calme malgré les épreuves et les situations. Mais là, Sémélé en venait à la conclusion qu'elle ne lui arriverait jamais à la cheville, malgré tous ses efforts. Garder aussi longtemps cette journée loin de sa conscience n'avait sans doute pas aider à refermer la blessure, et cette tempête sonnait comme la journée parfaite pour libérer ce mélange d'émotions toutes plus négatives et rongeuses les unes que les autres.

    Dans un dernier élan de bonne volonté, Sémélé parvint à s'asseoir sur une chaise. Elle se laissa tomber d'un coup, comme incapable de tenir debout un peu plus longtemps. Ses jambes tremblaient, tremblaient tellement qu'elle posa ses mains mouillées de larmes sur ses genoux pour les arrêter. A force de tout garder enfermé dans son cœur, la vague d'émotion était trop forte pour être contenu encore un peu, jusqu'à ce qu'elle puisse être seule et qu'elle se laisse aller. Manque de chance, Lance était là.

    — c'est normal.

    Ses trois mots hachés avaient été lancés pour rassurer le professeur qui devait être bien désemparé face à la boule d'émotion qu'était devenue Sémélé en quelques minutes seulement.

    Vendredi 7 Août 2020 à 01:58
    Upside

    Lancelot Louis Bastien de la Fromagère:

    Elle était recroquevillée, et une expression concernée s'était dessinée sur le visage du professeur. Son ancienne élève, qui n'était plus tellement juste une ancienne élève, n'allait pas bien au grand damne de Lancelot. Il aurait aimé que sa mère soit là, mère poule un peu trop exubérante mais d'un réconfort défiant tout épreuve. Elle avait toujours su calmer les angoisses qui l'avaient un jour animé, de ses mots doux et de ses caresses rassurantes. Elle aurait trouvé les moments pour calmer une douleur sourde et aurait pu tendre une main réconfortante. Mais il n'avait rien d'elle, rien de cette figure apaisante qu'elle représentait pour lui. Il était là, seul, face au flot d'émotion qui semblait peiner à rester à l'intérieur du coeur de Sémélé.

    Lorsque l'alarme retentit, il sentit l'angoisse filer. C'est une blague ça, il était face à une facette de la jeune femme qu'il n'avait jamais vu, une faiblesse sensible qui lui déchira le coeur. Il avait son diplôme de secouriste, Lancelot, il aurait pu courir sur la plage et la sauver de la noyade, les gestes de premier secours, mais il n'avait jamais appris à sauver quelqu'un qui se retrouvait submergé dans un flot de sentiments.

    Il l'avait accompagnée comme il pouvait jusqu'à la chaise, cherchant les mots pour essayer de la calmer, ne voulant pas empirer les choses de quelques paroles maladroites, ou la mettre mal à l'aise. La tempête qui soufflait dehors n'avait rien à envier à celle qui faisait rage dans les yeux de la jeune femme. Il s'était agenouillé face d'elle, alors qu'elle hacha quelques mots.

    C'est normal.

    Qu'est-ce qui est normal? Qu'elle panique à cause de la tempête, de l'alarme et de tout ce qui était en train de se passer? Lancelot n'en doutait pas un instant et cette situation devait être un enfer pour plus d'un en ce moment. Mais il avait l'intime conviction que Miranda n'était pas la seule chose qui la secouait actuellement, et que tout ça n'était que le déclenchement d'une angoisse bien plus profonde. 

    - C'est normal? se risqua-t-il à répéter.

    Il aurait voulu savoir pourquoi c'était normal, pourquoi ça serait normal? De se sentir aussi désemparée face au vent qui souffle? Avoir peur était normal, mais est-ce que cette vague déferlante qui perlait sur ces joues devaient l'être aussi?

    Vendredi 7 Août 2020 à 11:35
    Cafevy

    (tw) Sémélé Vasillis,

    La bibliothèque autrefois si rassurante n'était remplis plus que des bruits sourds des sanglots muets déferlants. Les mots n'avaient guère plus de consistance, de sens. Ne restait plus qu'elle, cette chaise, et ce mélodrame qui tournait en boucle dans sa psyché tourmenté. Prisonnière du carrousel aliéné de ses souvenirs, elle tangue, elle vacille. Devant elle, le visage inquiet de son ancien professeur, au moins aussi désemparé qu'elle ne l'était face à l’incompréhensible. La culpabilité tapait, tapait, tapait contre ses tempes, l'encéphale bouillonnant, prêt à détonner. Quelques balbutiements incohérent, entre deux respirations, saccadées, étouffées. Spectacle grotesque et déchirant.

    — c'était ma faute. c'était à cause de moi.

    Une grande inspiration, vaine. Un courage ramassé à la petite cuillère. Elle releva son visage, cherchant désespérément un point d'ancrage, prête à être emporter par la prochaine vague, se laisser recouvrir. Envelopper par les froides abysses de ses angoisses. Terrasser par la froideur terrifiante de sa culpabilité.

    — si j'avais écouté ma mère. ça se serait pas passer.

    Accepter son deuil, au lieu de s'y complaire. Sémélé préférait enterrer ses démons avec ce cadavre, les laissant pourrir, la détruire. A croire qu'elle avait la main verte, douce et amer ironie. Elle aurait pu en rire, dans d'autres circonstances. Derrière la cascade rouge d'une frange mélangée aux larmes salées qui n'en finissaient de dévaler, deux yeux criminels, qui se plantaient avec violence dans ceux répondant du professeur.

    — c'est à cause de moi. l'accident. tout.

    L'eau tambourinait contre les tuyaux, prête à rompre les dernières efforts, le peu de volonté qu'il restait à Sémélé pour garder un peu plus longtemps ces souvenirs qui tuaient à petit feu, encore dirigée dans l'angoisse et la terreur par cette foutue voix inquisitrice que pouvait-il bien en avoir à foutre, de ses petites histoires d'étudiantes dévergondées? comment pouvait-il s'inquiéter d'un coupable de tels crimes. Elle avait peur. Peur de ses souvenirs. Et peur de cette foutue terreur incontrôlable et irrationnelle de voir filer entre ses doigts cet homme agenouillé face à elle.

    Mais la volonté n'était pas une arme suffisante, et Sémélé du s'avouer tristement vaincue.

    Alors, dans un flot intarissable, elle raconta comment cette tragédie avait pu avoir lieu. Comment, échaudée par cette fièvre adolescente, cette envie de liberté, ces ailes qui n'attendaient qu'à être déployées, elle avait fait le mur pour rejoindre des amis malgré l'interdiction formelle d'une mère parfois trop strict, si peu conciliante. Comment, poussée par des amitiés insouciantes, l'alcool avait coulé; enivrant les esprits. Comment son téléphone avait sonné, sonné, sonné. A l'autre bout du combiner, son père, inquiet. Sa mère, énervée. Sémélé, trop occupé. Comment ce putain d'orage menaçait l'insouciance enfantine d'êtres pas tout à fait adultes, mais pas non plus enfants.

    — j'étais vraiment qu'une idiote.

    Comment, entre les cris alcoolisés d'une bonne soirée, elle s'était éclipsée, avait parcouru son téléphone, avait vu tout ces appels, toutes ces vaines tentatives de sa famille de la prévenir, une fois la colère passée, la déception, de la supplier de rentrer, de faire attention. Entre les numéros répréhensibles de l'autorité, elle avait fait surface, elle et son air d'angelot, ses considérations sincères, pas de celles de parents obligés à s'en faire pour leur enfants. Comment elle avait appelé, désinhibée par l'alcool. Comment, noyée sous le flot des embruns des cocktails, elle n'avait supporté ce petit ton autoritaire qu'on lui servait. Comment elles s'étaient engueulés, fort, trop fort. Mais pas assez fort pour recouvrir l'orage qui grondait, la pluie torrentielle, les éclairs qui déchiraient le ciel. Comment, elle avait entendu, elle avait assisté, impuissante, à l'horreur des conséquences de ses actions.

    — je savais pas qu'elle était au volant. on est pas censé répondre au téléphone quand on est au volant.

    Rongée, elle ne pouvait supporter plus longtemps le regard azuré devant elle, et replongea une nouvelle fois dans l'eau glacé de ses pensées. Comment était-elle censée savoir que sa petite-amie était au volant, pour venir la chercher? Comment était-elle censée savoir qu'elle ferait cette sortie de route? Comment était-elle censée savoir que ce jour là, elle serait le bourreau de la personne qu'elle aimait le plus au monde.

    — j'ai tué quelqu'un. c'est de ma faute. sans moi, elle serait encore là.

    La gorge brulante, les yeux engourdis, la tête vacillante; Sémélé se sentait vide, le regard perdu sur ses genoux abimés. Plus aucune pensée cohérente n'arrivait à se former. Son cerveau n'était qu'un tombeau ou les cadavres autrefois dans les placards s'articulaient comme des pantins. Elle tremblait, désespérée.

    Samedi 29 Août 2020 à 21:07
    Upside

    Lancelot Louis Bastien de la Fromagère:

    Des mots imprégnés de sanglots brisaient le silence qui régnait en maître dans la bibliothèque, parfois entrecoupés par la sombre tempête qui prenait un malin plaisir à faire rage dehors. Lancelot s'agenouilla devant elle, écoutant calmement tout ce qu'elle aurait à lui dire. Il avait l'air fin, chevalier de pacotille, incapable de pouvoir venir en aide à la demoiselle en détresse qui était pourtant à sa portée. Les yeux coupables qu'elle plantait parfois dans son regard le terrifiaient presque, un frisson d'angoisse lui parcourait l'échine. Comment la plus douce des jeunes femmes pouvait avoir une peine si dur enroulée douloureusement autour du coeur. Il posa doucement sa main sur celle de Sémélé, n'osant pourtant pas refermer sa paume, essayant de lui porter le soutien qu'il pouvait à mesure que l'histoire avançait. Il n'allait pas partir, il ne la laisserait pas, ça ne lui avait même pas traversé l'esprit une seule fois.

    Il se sentait étrangement concerné par les remords de son ancienne élève, sans trop savoir réellement pourquoi, en mettant ça sur le dos d'une conscience professionnelle qui prenait le dessus de la situation. Ce serait mentir de dire qu'il n'avait pas les yeux humides sous le récit amèrement conté entre les murs vides de la pièce.

    J'ai tué quelqu'un, étaient les mots crus et durs qui fendirent le coeur de Lancelot. Il avait tout écouté, sans rien dire, sans avoir pu décrocher son regard du triste tableau qui se dessinait sous la lumière blafarde des lumières peinant à résister aux tumultes du temps. Il n'avait rien osé dire tout le long, laissant les souvenirs déferler. Elle avait terminé et il sentit son corps trembler. Alors le professeur se leva, lâchant la main fébrile de femme fleur.

    Personne d'autres qu'eux n'était dans la bibliothèque, personne ne savait ce qui se passait, ils étaient seuls même si les émotions de Sémélé remplissait tout l'espace autour. Il chassa ses pensées en se demandant pourquoi il s'embêtait seulement à les laisser passer, et sans réellement réfléchir il se pencha vers son étudiante, passant doucement ses bras autour de ses épaules. Peut-être que c'était une idée stupide mais parfois, les gestes parlaient mieux que les mots. Il la serra doucement contre lui, étreinte qu'il voulait réconfortante, pour réchauffer le coeur noyé qui battait dans la personne tout contre lui.

    Lancelot inspira doucement.

    - Tu n'as tué personne. Et son étreinte se resserra légèrement, l'émotion, un peu. Ce n'est pas de ta faute.

    Il parlait calmement, presque en chuchotant.

    - Tu ne l'as pas tuée.

    Il voulait qu'elle le comprenne. Elle était là ce soir, elle faisait partie de toute cette histoire, mais ce n'est pas elle qui a ôté la vie de cette jeune fille cette nuit là. Il ne pouvait pas dire qu'elle y était pour rien puisqu'elle était le coeur de l'histoire, mais elle n'était pas une meurtrière.

    - Cette soirée aurait pu se passer de mille et une façon, mais dans aucune des toutes ces possibilités, ce n'est de ta faute.

    Dimanche 30 Août 2020 à 01:01
    Cafevy

    Sémélé Vasillis;

    Recroquevillée sur ses affres langoureuses, perdue dans l'immensité des possibilités, il n'y avait plus que le retentissement tonitruant de la tempête à l'extérieur qui la retenait. Funambule, atour d'elle ne se trouvait que le vide abyssale, entre ces livres qui, il n'y avait de cela que quelques minutes, lui procurait pourtant un réconfort tout particulier. Abimée, Sémélé tournait en rond, dans son esprit, égarée, à en avoir le tournis. Têtue, imperméable aux attaques extérieurs, elle s'était un instant tendue, quand deux bras virent l'enserrer, lui intimant un retour à la réalité presque aussi douloureux qu'avait été le départ.

    Aucun son ne s'échapper de ses lèvres qui s'articulaient dans le vent, la gorge nouée par des épines et des ronces en pleins essors. Elle aurait voulu protester, se débattre contre ce semblant d'aide qui lui était adressé, cette presque tendresse qu'on offrait à une créature effrayée par les conséquences de ses actions irréfléchis. Ces mots qu'on lui avait répété mainte fois n'avait jamais eu l'effet escompté. Sémélé, occupée à se laisser écraser par sa culpabilité n'avait su tendre l'oreille et ouvrir son cœur aux vaines tentatives entreprises par ses parents. Il n'aurait su lui tourner le dos, lui incomber cette faute. La famille de la défunte non plus. Jusqu'ici, Sémélé n'avait eu personne pour se faire battre, tendant pourtant le baton à qui le voulait bien. Et aujourd'hui, une fois de plus, personne ne l'avait prit. Au contraire. On l'avait une fois de plus pris dans des bras qui se voulaient réconfortant, comme si ce simple contact pouvait effacer des erreurs de jeunesses tout sauf oubliable.

    Un moment de flottement. Puis une vague déferlante, à nouveau, de toute ses forces. Elle était menaçante, la vague, et  diablement effrayante. Et lorsqu'elle s’écrasa sur la dune de ses pommettes, Sémélé fut emporter par sa force, incapable de nager plus longtemps à contre courant. Embrassant les flots assourdissant de l'eau salée, abandonnant sa douleur lancinante, la jeune plante faussa compagnie à sa terreur pour trouver du réconfort dans l'étreinte du professeur.

    — merci.

    Elle voulait qu'on lui répète ces quelques mots. Encore, et encore. Ces mots qui sonnaient terriblement faux mais qui chassaient irrémédiablement les bribes de noirceurs qui pourrissaient dans son esprit et dans son petit cœur écorché. Affable, Sémélée se tortilla sur la chaise avant de glisser des bras tremblant dans un simulacre d'embrassade. Du plus fort que son corps fatiguée par la terreur du film qui venait de défilé devant ses yeux, elle serrait dans ses bras l'homme qui avait bien voulu écouter ses divagations sordides. Elle voulait entendre encore une fois ces mots qui semblaient arracher de force les racines profondément enfouis de sa détresse.

    — merci, murmura-t-elle, à la seule attention de Lance.

    Et si les larmes se raréfiait, et si l'amertume s'évaporait, Sémélée se refusait à lâcher son étreinte, encore terrorisée à l'idée de retomber dans les limbes de sa conscience.

    Dimanche 30 Août 2020 à 15:05
    Upside

    Lancelot Louis Bastien de la Fromagère:

    La terre pourrait trembler, il se vacillerait pas, tenant dans ses bras Sémélé et toute sa tristesse.

    - Jamais ça ne sera de ta faute.

    Il ne voulait pas qu'elle oublie ça, même si on lui avait sûrement répété maintes et maintes fois. Et il aurait pu le faire, jouer le rôle du vieux disque qui tournait inlassablement sur la même rengaine. Il aurait voulu qu'elle laisse tomber la culpabilité et le lourd poids qui pesait sur son cœur, mais peut-être qu'il faudrait encore un peu de temps avant qu'elle réussisse à s'en défaire. Le visage si proche de celui de la jeune femme, il n'entendait que les sanglots qui déferlaient à présent sur ses joues, son étreinte un peu plus forte, à mesure qu'il entendait ses mercis.

    Il avait senti la maladroite sensation de ses bras qui passaient dans son dos. Le torrent amer se calmant doucement, plongeant bientôt la bibliothèque dans un silence pesant, dans la pénombre de la tempête dont seuls quelques éclairs venaient illuminer tristement les étagères. Comme d'un accord tacite, il ne broncha pas lorsque les sanglots diminuèrent, attendant que Sémélé soit celle qui achèvera cette drôle d'étreinte, prête à le lâcher et peut-être redescendre rejoindre les autres pour être en sécurité. Ses pouces dansaient doucement sur les bras de la jeune femme, là où ses mains s'étaient ancrées sans la dernière tentative du professeur pour que son ancienne élève ne sombre pas, douces caresses qui se seraient voulu réconfortantes, petite chaleur pour calmer le froid qui planait dans la salle.

    - Je resterai là autant de temps qu'il le faut.

    Il n'allait pas l'abandonner au détour d'un couloir, seule avec ses songes. Jamais de la vie, à vrai dire, il n'avait même pas réellement envie de la quitter. Si la douleur était encore emprunte autour d'eux, il n'avait pas envie de lâcher la jeune femme, comme s'il avait presque peur qu'elle disparaisse lorsqu'il s'écarterait.

    "On descendra quand tu le souhaiteras", doucement chuchoté à l'intention de Sémélé, la voix peut-être un peu effacée par le bruit des gouttes qui tambourinaient sur les vitres.

    Dimanche 30 Août 2020 à 15:51
    Cafevy

    Sémélée Vasillis;

    La douleur, si elle n'avait encore rendu les armes, les avaient au moins baissées. Doucement, les sanglots larmoyant se transformaient en sursaut réguliers au moins coup de tonnerre. Tassée à coup de réconfort maladroit, la culpabilité sinueuse laissait sa place à une abnégation fragile qui nécessiterait travail et volonté pour tenir au corps. L'apaisement se substituait à la tristesse, qui lui même se commuait en une révolte sourde qui grondait silencieusement. Pourquoi aujourd'hui, et pas un autre jour. Mieux valait tard que jamais, certes, mais ce vieil adage ne faisait désormais aucun sens lorsqu'il s'appliquait à des enjeux aussi sérieux, et surtout quand il s'agissait de les appliquer pour soit.

    Ballottée par des émotions qui filaient entre ses doigts, Sémélée tentait de faire taire cette colère grondante contre elle, qui aurait pu se diriger contre le pauvre professeur qui devait se trouvait bien décontenancer. Mais épuisée par cette bataille qu'elle avait perdu, la jeune femme s'abandonna une fois pour toute, incapable de pleurer à nouveau. Alors, ramassant les miettes de son cœur éparpillées, Sémélée inspira, soutenue par les douces attentions qu'on lui témoignait.

    C'était pourtant à contre cœur qu'elle dé-serrait son étreinte, hésitante à rompre cette tendre connivence. Il fallait pourtant rejoindre les autres élèves, avant d'inquiéter qui que ce soit. Sans trop savoir comment, tremblante, Sémélée essuya les quelques larmes qui perlaient difficilement au coin de ses yeux rougit et engourdit.

    — On peut y aller.

    Elle était restée quelque instants, affable, incapable de prendre la moindre décision, tentant misérablement de retomber les pieds sur terre avant de pouvoir prononcer ces quelques mots d'une voix chevrotante. Quel spectacle navrant. Péniblement, Sémélée s'était relevée, prête a affronter la tempête, les pensionnaires qui devaient, pour certains, être eux aussi apeuré par la violence qui se déchainait.

    Une dernière fois, elle planta son regard embrumé dans celui du professeur. Elle voulait le remercier, encore une fois, deux fois, milles fois. Mais aucun mot n'aurait été assez fort pour lui témoigner la reconnaissance qu'elle voulait lui faire comprendre. Sémélée se contenta simplement de ce regard avant de se diriger vers la salle commune.




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