les hommes naissent libres et égaux, ensuite ils se mettent à boire [fermé]

Noah;

Il hocha la tête avant de rouler un peu sur le côté pour qu'Hershell puisse avoir accès à son sac. Puis il se rallongea sur le dos et ferma les yeux dans l'espoir de faire partir son mal de crâne. Il était bien, étendu là, l'air était frais et si il n'avait peur de ronfler de manière fort et de manière disgracieuse et de réveiller tout le pensionnat tellement qu'il était bruyant, il se serait surement endormi.

— Fais pas attention au vomi plein de sac plastique, marmonna t-il, euh au sac plastique plein de vomi. C'est pas le mien alors ça pue.

Valait mieux prévenir que guérir.

— Ah oui parce que là je m'amuse pas du tout du tout du tout, râla t-il en posant sans délicatesse ses mains sur son visage dans une tentative ratée de se masser les tempes.

Honnêtement il ne se souvenait plus vraiment de la quantité d'alcool qu'il avait ingurgité. Il n'avait pas été si déraisonnable que ça mais son corps pas bien épais avait surement décrété que si.

— J'ai pas mangé surtout. Et puis je tiens pas l'alcool.

Sa voix était pâteuse, bon sang ce qu'il avait soif.

Hershell:

Il attrapa le sac de Noah, tout d'un coup un peu effrayé par la révélation que son ami avait fait à propos de son... contenu. Hershell réprima un air dégoûté en posant le sac à ses pieds. Il l'ouvrit avec beaucoup de précautions, l'odeur de vomi lui déboucha les narines, se retenant d'en vomir lui-même. Il attrapa doucement la bouteille d'ice tea et l'extirpa avant de refermer le tout et de l'éloigner un peu de lui.

Il s'accroupit à côté de Noah.

- Tu peux te redresser?

Il ouvrit la bouteille d'ice tea, prêt à la tendre au jeune homme pour qu'il puisse s'hydrater un peu. Le fait qu'il n'ait pas mangé n'aidait pas, mais il avait encore assez d'esprit pour s'en rendre compte, il était bien éméché mais il aurait sûrement la chance - ou pas - de s'en souvenir demain.

- Quand t'auras bu ça on ira dans ta chambre et on te servira un grand verre d'eau. Même deux, puis tu pourras t'allonger.

Hershell avait un peu l'habitude de se retrouver avec des gens bourrés, se dopant plus au café qu'à l'alcool, il n'a jamais été un grand buveur aux soirées. C'était d'ailleurs souvent lui le Sam de la fête. Si parfois se faire vomir sur les pieds n'était pas très glorieux, il a eu des discussions très intéressantes avec des inconnus totalement sortis de nulle part!

Noah;

Il cru sincèrement qu'il allait rendre le contenu de son estomac lorsque Hershell ouvrit son sac à dos. Oh bon sang, quelle horreur. Il souffla un bon coup, histoire de se concentrer sur autre chose que l'odeur terrible. Il fallait qu'il le lave quand il serait sobre, le sac hein, pas Hershell.

Il aquiesça. Son camarade ressemblait un peu à sa maman comme ça. Enfin pas physiquement, mais il avait les mêmes attentions et le même ton un peu rassurant. Sa mère lui manquait un peu, d'ailleurs.

Il avait l'impression de bouger au ralenti, comme si il y'avait un problème de connexion entre ses muscles et son cerveau et que l'information du mouvement mettait trop de temps à arriver. Et ce n'était pas qu'une impression, il bougeait terriblement lentement. Il se fit même la réflexion qu'il ressemblait à une limace et il faillit vomir de nouveau parce qu'il avait vraiment horreur des limaces.

Finalement il arriva à s'assoir et attrapa la bouteille qui lui était tendue. Alors qu'il portait le goulot à ses lèvres, il écouta son camarade lui expliquer son plan d'extraction. Tout ce qu'il put dire fut "hum hum", trop occupé à boire comme si il venait de passer 3 jours dans le désert.

Une fois réhydraté, il retendit la bouteille à l'anglais et il eut un petit sourire un peu désolé. Il était beaucoup trop patient, Noah se demandait comment c'était possible d'être aussi calme et gentil avec quelqu'un qui menace de te dégobiller dessus à tout instant.

Hershell:

Il attendit patiemment que Noah ait terminé de se redresser, et qu'il termine de boire avant de pouvoir mettre à exécution le plan qu'il venait soigneusement de lui exposer. Pour le moment Noah était plutôt coopératif. Hershell avait déjà eu l'occasion de tomber contre plus résistant que ça, et c'était plutôt soulageant de ne pas y avoir à faire affaire cette fois-ci.

Hershell attrapa la bouteille vide et ferma le sac de son ami sans y remettre la bouteille, il la jetterai en chemin. Il hissa le sac sur son dos et tendit une main à Noah.

- Tu peux te lever?

Il allait l'aider s'il avait du mal à marcher. Même si après tout, Noah avait quand même réussi à regagner le pensionnat sans y passer, avec un sac de vomi dans le sac, peut-être qu'il n'aurait pas besoin d'une béquille pour naviguer à travers les couloirs, surtout s'il était fermement accompagné.

Noah,

Il se sentait un peu mieux. Du moins il avait l'impression d'avoir un peu plus le contrôle sur son corps fatigué. Par contre bon sang, il avait l'impression que son cerveau vibrait dans sa boîte crânienne, c'était affreux. Il baragouina un truc que lui même ne comprit pas, une complainte, à moins que ce soit ça manière d'acquiescer et il attrapa littéralement la main tendue d'Hershell. Il y mis quasiment tout son poids et sa volonté mais, à peine quelques secondes plus tard, il était debout, face à l'anglais à la chevelure soyeuse.

Il n'y avait pas beaucoup de vent ce soir là, à peine une petite brise. Mais ça suffit à faire vaciller Noah qui se rattrapa en passant son bras autour des épaules du britannique. 

— Merci en tout cas.

Doucement, ils se mirent en marche, une masse un peu informe et pas super discrète perçant la nuit.

— J'aurais pris super peur à ta place et j'me s'rais barré en courant.

Ah le courage et Noah, une relation de complicité sans faille depuis maintenant 20 ans.

Hershell:

Noah manqua de vaciller et il se rattrapa à Hershell, il sentit son bras passer autour de ses épaules. Il en fit de même pour mieux soutenir Noah. Merci, il esquissa un sourire, même si son ami ne le verrait peut-être pas.

- C'est normal, j'allais pas te laisser là..

S'enfuir en courant? C'est vrai qu'il aurait pu, il avait eu peur quand il a vu son ombre se mouvoir étrangement dans la pénombre.

- C'est vrai, j'aurais pu faire ça.

Il l'avait dit en rigolant un peu, mais peut-être que Noah risquait de le prendre au premier degré.

- Je plaisante.

Ils avancèrent doucement, Hershell poussa la porte des dortoirs. Fort heureusement la chambre à laquelle ils devaient aller étaient au rez-de-chaussée. La chambre 2. Deux espèces de bonhommes marchant pas très droits déambulaient maintenant dans les couloirs.

Une fois devant la bonne chambre, l'anglais tourna la clanche, par chance la porte était ouverte. Il essaya d'entrer en faisant le moins de bruit possible pour ne pas réveiller les autres colocataires.

- C'est lequel ton lit?

Noah;

Normalement, le second degré était une partie inhérente de la personnalité du surveillant. Mais avec de l'alcool dans le sang, Noah trouvait le concept du sarcasme bien farfelu et avait un peu —beaucoup, de mal à le comprendre. Alors quand Hershell lui dit qu'effectivement, il aurait pu se barrer en courant à sa vue, la bouche du jeune homme s'ouvrit sous la stupeur.

Bah dis donc.

Puis son camarade annonça qu'il plaisantait alors l'étudiant arrêta de fournir le moindre effort intellectuel. C'était compliqué l'humour. Surtout en étant ivre.

Noah s'efforcer à être discret mais le dortoir qu'il occupait était tellement en bordel que, sans le vouloir bien sûr, il manqua de trébucher plusieurs fois et lâcha des jurons pas bien silencieux. Ses colocataires allaient le tuer.

— C'est lui, il pointa du doigt le lit du fond et les deux comparses se dirigèrent, non sans mal, dans sa direction. 

Après, tout était un peu flou. La fatigue sembla s'emparer d'un coup d'un seul du pauvre Noah qui, après un bâillement sonore et un chuuuuut d'on ne sait qui, s'écrasa comme un phoque sur son lit, faisant craquer le sommier. Morphée l'appelait et s'approchait dangereusement pour le prendre dans ses bras alors, dans un dernier effort, l'étudiant marmonna:

— Bonne nuit Hershell.

Puis une remarque sur ses cheveux soyeux.