Jack Daniel's Honey [Privé]

Adélaïde:

Il s'appelait donc Achille. Adélaïde ne pu s'empêcher de remarquer que ça lui allait à la perfection de porter le prénom d'un héro légendaire de la guerre de Troie.

Lui rendant aussi élégamment qu'elle le pouvait sa poignée de main ( parce qu'elle devait quand même garder son manteau fermé et porter une bouteille avec l'autre ), Adélaïde fut étonnée de sa première réponse. Elle trouva ça...plutôt mignon cette petite allusion à son père.

Avec plaisir.

Après tout, ils étaient collègues donc seront forcément amenés à se côtoyer au quotidien et la vie serait beaucoup plus douce en s'appelant par leurs prénoms respectifs. N'est ce pas? Tant de respect et de politesse la changeait d'air. Fallait dire qu'entre Clarke et Doug qui lui couraient tout le temps après pour lui piquer ses bouteilles et les demoiselles au forts caractères qui composaient l'équipe pédagogique du pensionnat, Adélaïde elle était pas gâtée. 

La fine observatrice qu'elle était remarqua aisément que son interlocuteur était chargé d'un grand nombre de provisions diverses et variées. Elle se plut à imaginer son camarade de profession en train de préparer des linguines au pesto sous un olivier - oui gros clicher je sais. Mais la jeune femme se doutait fortement que c'était pour un diner qui devait convier plusieurs personnes ou encore une gente dame parce que, avec ses trait enjôleurs, l'homme ne devait surement pas passer souvent les soirées tout seul dans son coin. Bon, elle devait sérieusement arrêtée de s'intéresser comme ça - même en toute discrétion - parce que ça se faisait pas du tout et que ça sortait vraiment trop de ses habitudes stoïques envers autrui.

Achille:

Comprenant assez vite qu'il n'était pas très agréable pour la jeune femme de serrer sa main, tenir son imperméable, et la bouteille à laquelle elle semblait beaucoup tenir, Achille, emplis de bon sens, écourta la salutation, en essayant d'être le plus courtois possible. En effet, il n'était pas dénué de ce bon sens, ayant en effet pertinemment vu ce qu'essayait de cacher Adélaïde, il ne jugea pas bon de l’embarrasser plus que ce qu'elle n'avait pu l'être, sans vraiment le savoir - il essayait simplement de se mettre à sa place et semblait comprendre son embarras.

Alors, enchanté Adélaïde, répéta-t-il plus confiant.

Il se demandait bien ce que faisait sa collègue avant de s'empresser - semblait-il - pour trouver une bouteille de whisky. Ses élèves étaient-ils si terribles que ça pour qu'elle est besoin de boire en rentrant chez elle. Achille la plaignait, si cela avait été le cas. Bien que curieux, il trouva pas bon de lui en faire la remarque.

Son sac un peu lourd, il jugea nécessaire de changer de main pour le porter. Au vu de tout ce qu'il avait, Achille grimaçait déjà avant même d’apercevoir la note salée. Professeur, c'est plutôt bien comme boulot, mais il se débrouillait toujours pour réussir à dépenser presque la totalité de sa paye entre l'argent qu'il envoyait à ses parents, et les cadeaux qu'il offrait à sa soeur ou ses conquêtes.

Je ne voudrais pas abuser de votre temps, d'autant que vous avez surement beaucoup de choses à faire.

Pas des choses palpitantes comme lui, certes, mais plutôt les inévitables copies à corriger, et cours à préparer. Non pas que lui n'avait pas à le faire, mais en ce moment, les contrôles n'avaient pas la cote chez lui. Achille en faisait de temps en temps, mais pas trop non plus, encore un peu ado au fond de lui.

Adélaïde:

Coupant court à ses réflexions intérieures, le jeune homme reprit la parole. Ah...oui. Il devait surement être attendu quelque part. La blondinette, en revanche, rien d'autre ne réclamait sa présence qu'un joli paquet de copies catastrophiques et un petit air musical tout droit sorti des années 1980.

Hum...pas vraiment…

Elle ne voulait pas le déranger plus longtemps, et puis elle ne doutait pas du fait qu'ils se recroiseraient surement au détour d'un couloir ou lors d'une petite réunion entre les membres de l'équipe pédagogique. C'était triste de voir comme les rencontres se faisaient et se défaisaient plus vites que la lumière. Resserrant ses doigts sur sa bouteille de whisky, Adélaïde ne pu s'empêcher de se demander si elle ne devait pas se bouger un peu plus dans sa vie. Après tout, elle était encore jeune et tant de choses l'attendaient dehors. Pourrait-elle apprécier un peu plus la fraicheur du printemps particulièrement doux qui se profilait? 

Je ne veux pas vous retenir, vous avez l'air chargé.

La jeune femme ne pouvait pas le contraindre de rester contre son grès . Pour appuyer ses dires, elle indiqua d'un petit geste de la tête le sac que le professeur venait de faire chavirer de côté pour libérer ses doigts - surement endoloris de son poids. 

La demoiselle espérait, sans trop d'ardeur, avoir l'occasion de découvrir avec un peu plus d'application - dans d'autres circonstances - son collègue dénotant de ses habitudes.

Achille:

Effectivement, il était chargé. Et en effet, aussi, il avait des choses à faire, contrairement à ce que sa collègue lui avait dit. Mais laisserait-il la jeune femme s'éloigner? Bien entendu ils se reverraient, ne serait ce que sur le lieu de leur travail. Cependant, Achille ne trouvait presque jamais le temps de s'échapper des griffes de ses collègues, comme si ils - ou plutôt elles - n'étaient composés que d'hystérique. L'autre partie n'était pas non plus très normal, regroupant des personnalités plus renfermés, ou simplement des personnes sur leur lieu de travail c'est à dire très peu encline à la discussion et l'amicalité. Avec son âme d'enfant qui croit que tout dans la vie n'est que bienveillance et joie, Achille s'est vite confronté à la réalité.

D'un autre côté, il ne pouvait pas non plus l'invité à prendre un verre avec lui. Peut être pourrait-il émettre cette idée comme une porte ouverte à une nouvelle rencontre? C'était sans doute ce qu'il y avait de mieux à faire.

Il est vrai que je suis chargé, mais de la à dire que vous me retenez.

Lui servant un léger sourire, il poursuivit:

Je ne reste pas à vous parler contre mon gré, loin de là.

Il était vrai qu'Achille aimait toujours la compagnie de ces pairs, hommes ou femmes. Et la douleur que pouvait lui procurer ce sac plein de provisions ne serait pas un frein suffisant pour l'empêcher de communiquer.

Adélaïde:

Charmant. Oh oui, il l'était. Son petit accent chantant aux oreilles de notre blondinette lui arracha un sourire intérieur. Ses notes dissonantes la dépaysait de façon très plaisante finalement.

Oh, tant mieux dans ce cas.

Chargé comme il l'était, Achille ne devait pas aller bien loin - sauf si il possédait un véhicule évidemment. Mais Adélaïde se sentit obligée de prolonger un peu plus la conversation malgré les conditions inadéquates.

Vous avez prévu quelque chose?

Simple curiosité, il n'y avait rien de mal à demander en espérant ne pas paraitre trop intrusive. La jeune femme lui aurait bien volontiers demandé si il habitait dans le coin mais ça aurait été un peu stupide sachant que les professeurs étaient en grande partie logés au pensionnat dans les dortoirs réservés au personnel. Elle improvisait donc mais c'était pas tellement son truc à notre Adélaïde. 

La professeur vint repousser l'une de ses mèches blondes rebelles de son champ de vision pour venir la coincer derrière son oreille dans un geste compulsif. 

Achille:

Elle avait l'air décidé à ne pas le laisser s'enfuir. Par pour le moment du moins, en lui posant une énième question. Ce qui n'était pas pour déplaire à Achille, loin de là, bien qu'il avait un autre rendez-vous à ne pas manquer. Mais Achille savait faire la part des choses, et voyait les opportunités là ou il y en avait. Jamais il n'aurait dit non à connaitre un peu plus une personne, encore moins une collègue, plus encore lorsqu'elle était aussi charmante.

Oui, il avait prévu quelque chose. Mais de là à dire ce qu'il allait réellement faire, pas vraiment.

J'ai simplement prévu de faire à manger ce soir.

Il était rare que l'on mange de bons petits plats à la cantine, au pensionnat, du moins des bons petits plats comme chez lui. Alors pour une fois, Achille se permettait de dépenser son salaire dans quelques ingrédients qui lui permettrait de retrouver une peu ses papilles gustatives. Et puis par la même occasion, l'italien pourrait épater sa nouvelle copine par ses talents de cuisinier. Bien qu'un peu rouillé, sans doute, il espérait tout de même s'en sortir.

Histoire de manger quelque chose de meilleur que d'habitude, grimaça-t-il.

D'accord, peut être que la cantine n'était pas si horrible que ça. Elle était même très convenable. Mais bon, Achille ne pouvait se résoudre à l'avouer. Les souvenirs de son enfance étaient bien plus fort que ça.

Et vous? Répondit-il poliment.

Il lui avait semblait que la jeune femme avait sous-entendu qu'elle n'avait rien à faire. Mais peut être que s'était par pure politesse. Ou alors, elle n'avait vraiment rien à faire, et ça, cela rendait Achille presque triste.

Adélaïde:

Oh, vous cuisinez?

Question idiote...encore une fois...mais elle sonnait par politesse et intérêt entre ses lèvres naturellement polissonnes.

Adélaïde marqua un instant de réflexion, soucieuse de voir les efforts qu'elle pourrait se permettre à l'instar de son collège. L'italien l'inspirait. Oui, c'était décidé. Quand elle se séparerait du jeune homme, elle foncerait au rayon légumes frais pour tenter de se mitonner quelque chose.

Il cuisinait? C'était agréable, presque rassurant, de voir un homme investit dans ce monde de brute dans un passe temps aussi intéressant pour son estomac.

Achille lui retourna la question. Fallait-elle qu'elle s'attarde sur les détails sulfureux de sa soirée? Non, surement pas. Elle jeta un coup d'œil amusé à sa fameuse bouteille. La professeure ne se sentait pas à plaindre. Elle aimait les petits plaisirs que lui offrait son quotidien - comme par exemple pouvoir danser en sous vêtements quand bon lui semble. D'ailleurs elle se plaisait à pimenter ses habitudes à l'occasion.

Moi je vais plutôt opter pour un soirée plus calme. Un verre de whisky et un bon Another One Bites the Dust de Queen me paraissent appropriés pour décrire mes occupations nocturnes.

Fallait dire qu'Adélaïde était un sacré morceau. Il faut pouvoir suivre le rythme quand elle s'y mets.

Achille:

Si il cuisinait? Un peu qu'il cuisinait! La question d'Adélaïde fit grandir son sourire. C'était certes idiot, mais voir ce subit interet pour lui - non pas qu'il n'en ai pas l'habitude - de la part de sa collègue illumina un peu plus sa journée. Achille était de ce qui se trouvait heureux en compagnie de personnes, si en était que ces personnes fussent polie.

J'ai bien été obligé, commença-t-il, ma grand-mère voulait à tout pris transmettre ses recettes. Et il n'y avait que moi pour apprendre. Ma soeur, comment dire, est certes très douée, mais pas pour la cuisine.

Il grimaça se rappelant les fois où Calliope tentait de cuisiner avec lui, ou avec leur mère. La plupart du temps, le résultat se résumait à une masse carbonisée, ou bien trop épicé pour pouvoir être mangé par quelqu'un normalement constitué. Alors Achille avait pris le flambeau, peu soucieux du caractère souvent féminin attribué à la tâche. Italien, charmeur, certes, mais pas non plus totalement arriéré. Bien que quelques clichés prennent part à sa vie, Achille faisait en sorte de ne pas non plus tombé dans les bras du machisme.

Elle allait donc écouter de la musique lui sembla-t-il. A dire vrai, la musique n'était pas son fort. Bien sur il aimait en écoutait, il aimait danser avec sa soeur, mais de là à dire que la musique était une passion, c'était loin d'être le cas. Les titres et groupes ne trouvaient aucune résonance en lui. Peut être aurait-il su donner quelques titres de classique, mais au delà des années 1900, ses connaissances étaient moindre.

Simple mais efficace. C'était comme ça qu'il pouvait résumé ce que lui avait dit Adélaïde.

Alors je ne vais pas vous retenir plus longtemps, dit-il, avant de baisser ses yeux vers la montre qui ornait son poignet. Il avait encore un peu de temps, mais pas tant que ça.

( Je suis tellement en retard sorryyyyy )

Adélaïde:

La remarque saugrenue d'Achille au sujet de sa sœur lui arracha un léger sourire - légendaire étirement de lèvres charmeuses qu'Adélaïde maitrisait malgré elle à la perfection. Il semblait être emplit d'un trop plein d'affection pour celle-ci. Cela en devenait attendrissant. Adélaïde eut une pensée fugace pour son frère - à elle. Relation conflictuelle, à l'image de sa famille.

L'homme à la bouille d'ange lui adressa par la suite une politesse en guise de signe de départ. La demoiselle lui aurait volontiers tendue une main pleine de bonne volonté mais, vu les bras encombrés de provisions de son collège, cela n'aurait pas servis à grand chose.

En tout cas, j'ai été ravie de vous rencontrer, annonça-t-elle sur un ton presque enjoué avant de poursuivre avec des mots qu'elle se surprit elle même à prononcer, j'espère que nous aurons l'occasion de nous croiser à nouveau.

Elle, la grande tyran latiniste qui fuyait l'agitation de la salle des professeurs comme la peste, venait d'apprécier un camarade et poursuivait même l'espoir - pas si désagréable il fallait bien se l'avouer - de le rencontrer à l'improviste.