golden boy [terminé]

noah:

Un mal de crâne terrible, un quart d'heure de retard et des paillettes dans les cheveux, voilà les trois choses avec lesquelles il s'était réveillé ce matin là. Les trois étaient d'ailleurs étroitement liées, résultats d'une soirée des plus étranges. Déjà, ses amis l'avaient amené —de force, dans un bar dans lequel il avait, bien malgré lui, assisté à la performance pour le moins sensuelle d'une jeune femme aux yeux connus mais au prénom qui ne l'était pas. Puis, il s'était fait vanner par ses camarades à cause d'un contact et d'un clin d'oeil qui n'avait échappé à personne. Noah avait, pour être tout à fait honnête, été vachement secoué par ce moment et ses deux idiots de potes l'avaient secoués encore un peu plus, l'embêtant avec ça toute la soirée. Après ils avaient fait la tournée des bars et le surveillant avait picolé plus que de raison. Pas assez pour oublier mais suffisamment pour le regretter amèrement après à peine 4 petites heures de sommeil. 

Le sommeil c'était sacré et son absence se faisait cruellement sentir. L'étudiant arriva donc tout débraillé dans les couloirs, sa chemise froissée était mal boutonnée, ses cheveux partaient dans tout les sens et ses cernes... ouais n'en parlons pas. Noah faisait peine à voir mais les paillettes parsemées dans sa chevelure —dont il n'avait pas eut le temps de se débarrasser, apportait un côté festif au tableau. Super.

Alors qu'il passait dans le couloir des terminales, il fut intercepté par un de ses collègues, un gars à peine plus vieux que lui qui lui demanda avec un sourire entendu ce qu'il avait dans les cheveux. La réponse était aussi gênante qu'évidente.

Avant que le jeune homme n'ait pu répondre, une tornade brune déboula dans le couloir. Une élève en retard ça ne sortait pas de l'ordinaire. Une élève en retard avec des grands yeux sombres qui avaient quasiment hanté la nuit de Noah, si. Il se figea et le flot d'interrogations qu'il avait réussit à contenir grâce au sommeil se déversa d'un coup dans sa tête, réveillant son cerveau fatigué. La coïncidence était folle, presque surréaliste. C'était elle, il en était sûr à au moins 93%. Et la situation était surement aussi gênante pour lui que pour elle. Est-ce qu'elle l'avait reconnu ? 

Lola:

Saperlipopette! Le temps semblait jouer cruellement avec Lola depuis qu'elle avait quitté son lit à contre cœur ce matin. Un réveil mal réglé et c'est toute une journée qui commençait de travers. L'étudiante, couche-tard invétérée, était habituée à survivre avec seulement quelques heures de sommeil au conteur - petit boulot sexy oblige, vous comprenez - mais elle ne supportait pas d'être en retard d'autant plus qu'elle deviendrait parano à l'idée que quelqu'un puisse soupçonner quoi que ce soit. Déjà, il y avait eu ce jeune homme à la touffe rosée qui c'était amusé à infiltré ses rêves comme présage (pas désagréable il faut bien se l'avouer pourtant). Voilà donc pourquoi, la demoiselle apprêtée pourfendait à toute allure couloirs et croisements risquant dangereusement de vaciller dans la précipitation. Elle martelait violement le sol de ses talons, s'excusant à la volée des coups d'épaules qu'elle manquait de peu d'assainir à d'autres élèves sur son passage.

Elle filait à toute allure telle une bourrasque aux relents fraisèsques quand soudain, sans crier garde et comme tirer de ses songes, deux regards intrigués se croisèrent.

Ses jambes se stoppèrent sur le coup. Lola aurait volontiers continué sa route en faisant mine de rien du tout - ce qui semblait être sa seule échappatoire logique - mais non. Son corps en avait décidé autrement et lui fit faux bon au pire moment. La voici pétrifiée sur place après avoir dépassé le surveillant de deux bonnes enjambées pressées.

La demoiselle hésita. Tout se bousculait dans sa tête. Avait-elle halluciné ou bien ses yeux enivrants étaient bien les même que ceux dans lesquels sont reflet dénudé c'était plongé la veille? Dans le doute, elle se retourna vivement. Oh OOOOOOH... Puis se remit de dos dans la panique. Elle avait mal vu? Juste pour vérifier...elle fit de nouveau volte face. Plus de doutes possibles. C'était bien lui. Le jeune homme était là. Sa tenue nonchalamment négligée, ses cernes creusées...et des paillettes éparpillées un peu partout dans sa chevelure flamboyante (paillettes que Lola c'était elle même amusée à semer) en preuve ultime que c'était bien le même qui avait assisté à sa petite chorégraphie suggestive. Et merde...ça sentait pas bon pour Lola ça… 

Beaucoup de questions vinrent aux lèvres de Lola mais elles y restèrent suspendues. Ses cordes vocales aussi immobiles que la jolie brune au milieu du couloir. Plus possible de s'enfuir, elle resta bouche-bée. Les yeux rivés sur ceux de l'inconnu qui avait découvert son petit secret.

noah,

Elle s'était figée aussi, stoppant d'un coup le virvoltement de sa chevelure. Une subtile odeur de framboise... non, fraise, arriva aux narines du surveillants mais c'était honnêtement pas ce qui le frappa. Une bonne dizaine de mots pas très beaux afflua d'un coup dans sa tête et ses yeux clairs s'écarquillèrent. Elle se retourna une fois... puis une deuxième, comme pour s'assurer qu'elle avait bien vu. Oui, elle avait bien vu et lui aussi, son geste dissipa le doute une bonne fois pour toutes. 

C'était bien elle, certes dans une tenue beaucoup plus scolaire que la veille mais de toute façon le jeune homme avait plus regardé son visage que son accoutrement. Enfin, il se pourrait bien que son regard ait un peu glissé, maladresse qui l'avait gêné quelques heures plus tôt et qui le gênait encore plus désormais. Bon sang, il lui avait maté les fesses alors que... oh bordel. Il blêmit d'un coup, maudissant silencieusement ses camarades pour l'avoir trainé là bas et se maudissant lui-même pour ne pas avoir été capable de refuser avec plus d'autorité. L'autorité, c'était pas vraiment son fort à Noah.

Le collègue de Noah offrit un regard sévère à la retardataire et, après une petite tape sur l'épaule du britannique, il s'éclipsa déclarant avec un petit sourire qu'il en parleraient plus tard.

Le jeune surveillant était donc seul dans ce couloir soudain bien trop exigu avec la lycéenne. Un millard de questions tournaient dans la tête du jeune homme mais le lieu était peut-être pas très bien choisi pour les poser. Les portes de certaines salles de classe n'étaient pas fermées et Noah se doutait bien que la danseuse souhaitait autant que lui que leur discussion future reste privée.

— T'es en retard, déclara t-il finalement après s'être raclé la gorge.

Le trouble était perceptible sur son visage mais pas dans sa voix.

— Viens avec moi, Les images de la veille lui revinrent en mémoire et il s'empressa d'ajouter, faut qu'on parle.

Lola:

Les joues de Lola s'enflammèrent presque instantanément, ou peut être était-elle au contraire devenue livide sous l'angoisse. C'était plutôt dur de le déterminer face à la situation des plus inhabituelles. Et dire qu'elle avait même...osé le clin d'œil pour ce bellâtre qu'elle avait trouvé à son goût sur le moment. La lycéenne essuya le lourd regard désapprobateur du collègue qui s'éloigna l'instant d'après. Oscillant entre honte et confusion, Lola n'avait qu'une envie: disparaitre en se jetant par la première fenêtre qu'elle trouverait. 

Elle sursauta quand la voix du jeune homme claqua dans le couloir à présent désert. Ils étaient seuls et pourtant la demoiselle trouva le lieu terriblement étouffant soudainement. Lola déglutit bruyamment. Son ton de voix ferme lui retourna l'estomac. Elle aurait bien tenté de balbutier quelques mots désolants mais - de peur de bégayer sous les émotions controversée, elle n'en fit rien. Baissant sa tête tristounette dans une cascade de mèches brunes, la jeune femme s'exécuta donc en silence - préparant intérieurement un milliards d'excuses toutes moins crédibles les unes que les autres tout en emboitant le pas de l'inconnu aux beaux yeux couleur océan.

Ils s'engouffrèrent dans une des portes entrecouvertes et déboulèrent dans une salle de classe visiblement vide, se retrouvant en tête à tête avec pour seule compagnie les rangées de tables parfaitement alignées. Il faisait vraiment trop chaud au goût de Lola ici.

Devait-elle s'excuser? Cette question fut la première à se poser. Lola aurait pu retourner la situation en demandant ce que lui, un surveillant qualifié, faisait à trainer dans des endroits pareils? Mais au fond...ce n'était pas vraiment ce qui la dérangeait. Ils étaient tous deux majeurs (enfin elle le supposa car l'inverse aurait été surprenant vu leurs positions respectives) donc les activités auxquelles vaquaient l'un ou l'autre étaient libres et "assumées". Le réel problème qui venait aux lèvres de Lola c'était la peur du quiproquo, du malentendu, cette réalité parallèle où elle se ferait balancer aux plus grand nombre et où sa scolarité serait entaché de scandale.

Le jeune homme semblait aussi troublé qu'elle quand au déroulement de cette rencontre impromptue. Lola eut légèrement peur de s'avouer que l'espace d'un instant, quand leurs yeux se rencontrèrent pour la seconde fois après cette drôle de soirée torride qu'elle lui avait offerte, ça avait été une bonne surprise - bien qu'elle ait vite déchanter en prenant pleinement compte de l'envergure de la situation.

La fée ramena l'une de ses longues mèches sombres derrière son oreille et osa laisser son regard courir sur le surveillant. Il était plus grand qu'elle d'environ une bonne tête. Ses cheveux rebiquaient anarchiquement dans un scintillement doré au sommet de son crâne alors que ses habits semblaient remit en place à la hâte. Il devait surement avoir fait la zumba toute la night et ne pas avoir beaucoup dormis. Puis il avait un regard si marquant qu'il avait collé à la peau de Lola jusqu'à sur son oreiller et des bras plutôt sympath~ WESH LOLA C'EST PAS LE MOMENT CONCENTRE TOI!!

- Tu...hum...vous...

Bravo meuf. Tu pouvait pas faire plus bancale comme entrée en matière ?

noah,

Le jeune homme avait prit soin de fermer la porte derrière lui, pas vraiment désireux que le premier venu entende ce qu'ils allaient se dire. Mais même ce geste, pourtant très anodin, gênait le surveillant: il ne voulait pas qu'elle se sente enfermée, étouffée.

À vrai dire savoir le pourquoi du comment elle passait ses soirées dans ce genre de lieu, à pratiquer ce genre d'activités, n'était pas sa préoccupation première. En effet, il était plutôt honteux qu'elle, par un bien malheureux hasard, l'ai vu dans ce bar. Noah n'était pas ce genre d'homme, loin de là, et savoir qu'elle pouvait potentiellement penser qu'il était comme ces gars qui la regardaient danser le regard voilé par l'envie était tout bonnement insupportable. L'étudiant n'était pas prude pour autant mais l'écart entre sa vraie personnalité et celle que sa sortie nocturne pouvait laisser imaginer était titanesque. 

Il s'assis sur le bureau du professeur, passant une main son visage fatigué pour finalement se pincer l'arrête du nez. Pas où commencer ? Comment commencer ? Il aurait bien voulu la rassurer, après tout Noah n'était absolument pas sévère et pas vraiment regardant sur le règlement —du moins bien moins qu'il ne devrait l'être, n'en déplaise à Camila. Il serait muet comme une tombe et espérait qu'elle le serait aussi. Si elle décidait par malheur de parler de cette foutue soirée à un élève ou pire, à un membre du personnel, Noah serait capable de retourner en Angleterre tellement la gêne serait grande.

Il laissa tomber sa main à plat sur la surface en bois, jetant un regard sur le visage qui l'avait empêché de dormir. Noah était un artiste et les artistes sont sensibles à la beauté. Et là le surveillant avait beaucoup de mal à rester insensible, des flashs de la veille déboulant dans son esprit. Sa position rendait ce genre de pensées interdites et l'étudiant se maudit, encore une fois décidément, en se disant que, si ça se trouve, elle n'était même pas majeure. Il en doutait mais vu la situation dans laquelle il s'était embarqué, rien ne pourrait le surprendre désormais.

Sa tentative de communication un peu désastreuse informa le surveillant sur son état de gêne. Ils étaient dans la même galère et semblaient réagir pareil, dans un sens c'était un peu rassurant.

— "Tu" ça ira très bien. J'suis Noah, au cas où.

En effet, ils s'étaient déjà croisés mais jamais parlé alors il y avait de fortes chances qu'elle ne le sache pas. Il avait un mal fou avec le vouvoiement, surtout avec les terminales: il était à peine plus âgé qu'eux après tout. Ça ne plaisait pas trop à Camila d'ailleurs et certains élèves avaient du mal avec ça; vu la situation dans laquelle le surveillant et la lycéenne s'était retrouvés la veille, un simple tutoiement n'allait être l'élément le plus perturbant de leur discussion.

— Tu travailles depuis longtemps... euh... là bas ?

Lola:

L'étranger - qui ne l'était plus pour longtemps visiblement - fit attention à pousser la porte derrière eux. Il semblait donc lui aussi un peu gêné par les mots - peut être un peu trop ampli de sincérité - qu'ils allaient devoir échanger. Des sujets houleux allaient être abordés dans la torpeur de cette salle de classe. Lola laissa son sac glisser de son épaule pour le déposer sur une chaise libre. La jeune femme pivota ensuite afin de s'appuyer contre une table en face du surveillant dont la voix semblait déjà un peu moins directive.

Noah. Noah. Noah. Il s'appelait donc Noah.

- Enchantée. Moi c'est Lola. Et je danse depuis ma majorité.

La fée effarouchée opta pour des réponses courtes débitées d'une traite, tentant de cacher son désarrois avec beaucoup de peine. Elle trouva bon de préciser qu'elle dansait afin d'éviter qu'il ne se face des idées sur la nature de son métier à temps partiel.  La petite brune n'arrivait pas encore à distinguer dans l'attitude perdue de son interlocuteur si elle allait se faire engueuler comme jamais ou bien si le fameux Noah comptait être indulgent avec ses petites occupations hautes en émotions. L'idéal aurait été de trouver un bon compromis qui les arrangeait tous les deux...mais étrangement notre créature quelque peu intimidée ne se sentait pas en position de négocier quoi que ce soit.

- Et toi, tu fréquentes souvent ce genre d'endroit?

Ses doigts se crispèrent involontairement sur le tissus de son haut. Lola vint croiser les bras en prenant un air concentré pour tenter de faire passer son tic nerveux inaperçu. Elle qui roulait des hanches presque toutes les nuits pour des inconnus de passage, voilà qu'elle se mettait à avoir le trac. Et si il tentait de lui faire du chantage? Lola lui offrirait bien une autre petite valse mais pas sure que la contrainte rende la chose vraiment plaisante...on s'égare là, un peu de sérieux s'il vous plait avec le fan service. 

Noah;

L'étudiant essayait tant bien que mal de ne pas dévisager la jeune femme face à lui mais la politesse voulait qu'il la regarde un minimum lorsqu'il s'adressait à elle. L'observer n'était pas désagréable mais rester sérieux et concentré, sans penser à la veille, était un véritable supplice. Mettre un nom sur ce si joli minois n'aidait pas vraiment. Lola, c'était mignon comme prénom, pas sûr que "mignon" soit l'adjectif le plus adéquat pour la décrire elle —du moins ce n'était pas celui qui venait en premier à l'esprit. 

Il fut rassuré de savoir qu'elle était majeure, ça lui enlevait un sacré poids, une sacré dose de culpabilité. Maintenant la question était de savoir si elle faisait ça de son plein gré mais cette interrogation, Noah la garda pour lui, ne sachant pas trop comment formuler ça sans être maladroit.

Et toi, tu fréquentes souvent ce genre d'endroit ?

Le surveillant sentit immédiatement ses joues chauffer et, comme par réflexe, il détourna le regard vers la fenêtre avant de se faire la remarque qu'au fond il n'avait pas à avoir honte puisque la réponse était négative. L'opprobre était quand même là, c'était difficile de faire partir ce sentiment juste par la volonté.

— Je... non, pas du tout. Mes potes m'y ont trainé de force.

Ça sonnait comme une piètre excuse, comme un mensonge un peu bancal mais Noah espérait sincèrement qu'elle allait le croire parce que c'était la vérité. 

— Honnêtement je préférais oublier ce que j'ai vu. Il marqua une pause et se rendit compte que ça pouvait être terriblement vexant, voire méchant pour elle et le britannique n'était pas quelqu'un de méchant. Enfin non ! J-j'veux dire, tu danses très bien et t'es très jo-... 'Fin là n'est pas la question, c'est juste que-

Quel tact, quel délicatesse, Noah. L'étudiant préféra se taire avant de dire une autre connerie et de s'enfoncer encore un peu plus dans les problèmes. Il ferma les yeux, les sourcils froncés et se massa les tempes, ne voulant pas voir la réaction de Lola.

— Ah, putain, marmonna t-il finalement tel le poète des temps modernes qu'il était.

Lola:

La demoiselles aux notes sucrées - quand à elle - dévorait littéralement des yeux le surveillant sans grande retenue, beaucoup trop intriguée pour aller dans la demi-mesure. 

- Je comprends, nota elle.

Le jeune homme à la chevelure soyeuse (Lola pouvait l'affirmé puisqu'elle y avait déjà laissé courir ses doigts pailletés) semblait sincère en lui avouant qu'il n'était pas un férus de tavernes et de danse aguicheuses - même si l'intonation fébrile de sa voix pouvait laisser planer un petit doute quand à sa véracité.

Lola arqua un sourcil lorsqu'il reprit la parole. Aïe. Il préférait oublier? Il n'avait donc pas apprécié, ou pire! Peut être l'avait-il trouvée vulgaire. C'était donc ça le bruit d'un égo qui se brise? Une petite grimace frustrée crispa un instant les traits de son visage. Elle s'attendait à beaucoup de chose mais pas du tout à une réflexion de ce style. Lola manqua d'ailleurs de s'étouffer avec sa propre salive sous la surprise. Elle toussota. Noah reprit tout de même avec appréhension en y dissimulant un petit compliment histoire d'adoucir la pilule. La lycéenne à la crinière brune marqua tout de même qu'il avait tenté de se rattraper à la volée et qu'il n'osait plus vraiment croiser son regard. Peut être était-il désintéressé et très contrarié ou, à l'opposé, juste extrêmement maladroit et paniqué. La jeune femme préférait nettement la seconde option. Elle crut même voir son visage se tinter de rouge et n'y fut pas insensible.

- Oh humm...d'accord…merci?

Que pouvait-on répondre à des paroles tant à l'opposé les unes des autres. Il semblait se perdre, et elle avec. Il en faudrait un peu plus pour la vexer, même si la remarque n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Lola serra les dents ne sachant pas vraiment si il s'agissait d'une remarque ou d'un compliment et décida de bifurquer la discussion sur un sujet peut être un peu moi limite à l'aide d'un battement de cils tactique. Elle dénoua l'un de ses bras en esquissant un petit sourire amusé qui cherchait inconsciemment à recapter ses yeux fuyant.

- Oh sujet de…, elle marqua un instant pour tenter de trouver la formule adéquate. De hier soir et de ce que tu as pu voir. Je t'avoue que ça m'arrangerait beaucoup si cela pouvait rester entre nous.

Noah;

Il retint un soupir de soulagement: elle semblait le croire, il n'aurait donc pas à sortir les rames pour prouver sa bonne foi. Tant mieux, Noah n'aurait pas pu mieux se justifier de toute manière. Ça enleva encore un poids sur ses épaules.

Poids qui revint bien vite lorsque le jeune homme se rendit qu'elle avait l'air contrariée. Et puis elle toussota. Elle toussota. L'étudiant était nul avec les filles —avec les gens tout court à vrai dire, mais il se doutait bien qu'elle ne toussotait pas de joie. Est-ce qu'il l'avait vexée ? Lola avait l'air le genre de personne qui a confiance en elle, qu'on offense pas facilement, que ça n'atteint pas. Mais elle avait toussoté alors le britannique déduisit qu'il n'était pas meilleur à analyser les gens qu'à les comprendre. Heureusement qu'il s'était repris sinon sa remarque, qui se voulait absolument pas méchante, l'aurait peut-être rendu triste. Il voulu répondre "de rien" mais ne le fit pas, ne voulant pas risquer de la vexer un peu plus. Bien joué Noah, sage décision.

Finalement elle changea de sujet, éjectant la gêne palpable dans la pièce d'un battement de cils. Ce geste n'aida cependant pas à mettre Noah à l'aise, loin de là. C'était lui l'adulte dans l'histoire, du moins c'était lui qui détenait l'autorité. Et quelle autorité ! Le jeune homme n'arrivait même pas à regarder la lycéenne dans les yeux, super la hiérarchie, ça aussi ça ne pouvait pas résister bien longtemps aux sourires et aux battements de cils de Lola. Bon sang mais Noah reprend toi un peu ! 

La proposition de la demoiselle allait très bien à l'anglais. Très très très bien même. Ça lui évitait des problèmes et un temps considérable dans le bureau de la directrice. Noah aimait bien Macha, là n'était pas le problème, mais plus il se tenait loin de son bureau, mieux il se portait. 

— Je comptais pas en parler, tes... hum... activités extra-scolaires ne me regardent pas.

Même si, la veille, il ne s'était pas vraiment gêné pour regarder. Il chassa cette pensée très loin dans son esprit et épousseta une poussière imaginaire sur son pantalon.

— Par contre, il faut pas que ça influe sur les cours sinon tu risques de devoir fournir des explications.

Et il se doutait bien, au vu du soin avec lequel elle semblait cacher sa vie nocturne, que ce n'était pas vraiment ce qu'elle voulait.

Lola:

Les mots de Noah avait un délicieux petit goût de miel pour l'oreille attentive de Lola qui commençait enfin à se détendre. Ils semblaient sur la même longueur d'onde. "Ouf! Tant mieux. On est pas passé loin de la catastrophe cette fois." se rassura intérieurement l'impertinente.

- Merci.

Le choc passé, la confiance regagnait doucement son hôte sucrée qui sentait son contrôle sur la situation bien plus présent maintenant. La réponse du jeune homme ne la laissa pas de marbre. Non. En fait c'était son être tout entier qui lui faisait un drôle d'effet.

- Ne t'inquiète pas, je gère. Tout est une question de discrétion et d'organisation au fond.

Elle se repoussa avec cette attitude qui lui était propre de la table contre laquelle elle était adossée auparavant. Elle s'approcha doucement du jeune homme. Son regard se perdit un instant à le détailler dans une confusion étrange. Lola n'avait pu l'apercevoir qu'un moment fugace dans la pénombre du bar et, maintenant qu'elle pouvait jouir entièrement de l'individu, elle se sentait troublée par ce qu'elle découvrait. La jeune femme du bien se l'admettre, il était charmant. Tout à fait charmant même. Mais surveillant...maiiiiis...

Soudainement, dans un élan de courage et d'un geste gracieux, la jolie brune se risqua à tendre une main à Noah en guise de "signature" de leur petit arrangement licencieux. 

- Donc mon cher Noah, je compte sur toi ~

La lumière diaphane du matin berçait le lieu. Un coup de vent opportuniste vint faire virevolter les rideaux, ondulant dans son sillage vêtements négligés et chevelures singulières alors que Lola, toute en élégance, osa servir un petit sourire charmeur à sa nouvelle connaissance. Son iris sombre se plongeant peut être un peu trop profondément dans celle de la tête rosée, quitte à s'y perdre l'espace d'un moment.

La peau chaude de la paume de la fée langoureuse - comme à l'affut - en attente de sa rencontre prochaine. Un charme certain émanait de la scène comme suspendue à leurs lèvres.