• afterhours [privé]


    Mardi 26 Octobre 2021 à 19:17
    Weana

    Eleanor;

    La bibliothèque était déserte, les étudiants avaient quitté le bâtiment depuis un moment déjà, Eleanor avait du mettre dehors ceux qui trainaient un peu trop. Les horaires affichés près de son bureau n'étaient pas là pour faire jolis et la documentaliste aimait qu'on les respecte. 

    Ce soir, elle était censée sortir. Elle avait attendu ça toute la journée, guettant les minutes qui défilaient trop lentement sur l'horloge. C'était bientôt le week-end, Eleanor avait l'impression que sa semaine avait duré des mois. Pourtant ce n'était pas comme si elle s'était tuée au travail, elle avait fait, comme d'habitude, le strict minimum, passant plus de temps à faire du shopping en ligne qu'à ranger et répertorier les livres qu'elle avait reçu.

    C'est Edouard qui lui avait fait remarquer que la pile de cartons d'ouvrages non déballés dans la réserve commençait à être bien haute. Eleanor n'avait pas forcément senti de reproche dans sa voix mais peut-être un brin d'inquiétude. Son premier réflexe fut de remettre au lendemain, comme elle l'avait fait pendant les 2 semaines précédentes. Elle mis cette préoccupation dans un coin de sa tête et retourna à ses achats de robes dès que le CPE quitta son champ de vision.

    Il fallut attendre la fin de l'après-midi, après sa sixième pause café de la journée (sans compter la pause de midi) pour que le problème refasse surface. En voulant attraper un manuel de mathématiques au fond de la réserve pour un élève trop distrait pour penser à prendre le sien, elle évita de justesse un carton qui s'écrasa au sol dans un bruit sourd, à l'endroit où était son pied quelques secondes plus tôt. 

    Eleanor était un peu feignante, certes, mais pas irresponsable. Peu désireuse de risquer de perdre ses orteils une seconde fois, elle annula ses plans de sortie et entreprit de déballer les livres qui s'entassaient dans les cartons. Elle y passa deux grosses heures et du passer par une autre pause café pour survivre à la tâche. Après les avoir couverts et étiquetés, elle rangea soigneusement chaque ouvrage à sa place, faisant mine de ne pas voir les livres mal rangés par les étudiants sur les grandes étagères (chaque problème en son temps) puis rentra chaque référence dans le logiciel du pensionnat. 

    Il fallait maintenant qu'elle imprime la liste des nouveaux titres disponibles pour les afficher un peu partout. C'était une tâche bien plus simple et bien moins fatiguante que celles auxquelles elle avait été confrontée jusque là. Ç'aurait du être rapide mais c'était sans compter le manque de coopération de son imprimante dont l'encre avait pourtant été changée récemment. Elle essaya une fois, deux fois, trois fois en essayant de ne pas hurler de frustration avant d'abandonner, de foutre un grand coup de pied dedans et de mettre ses documents à imprimer sur une clé usb.

    Il était bientôt 22h, Eleanor ne s'attendait pas forcément à croiser ses collègues, sauf peut-être Romeo qui n'allait de toute manière pas lui adresser la parole. Elle se recoiffa quand même, remonta ses cuissardes et lissa sa robe pour effacer toute trace de l'effort qu'elle avait du subir. Elle se dirigea d'un pas assuré vers la salle des profs, ses pas raisonnants dans les couloirs calmes. Une fois sa pile de documents imprimée, elle fit le chemin inverse, les yeux sur le papier, vérifiant la qualité de l'impression.

    Ce fut des pas qui lui firent relever la tête, un peu surprise de croiser âme qui vive mais pas étonnée en voyant que la personne qui se dirigeait vers elle était le charmant secrétaire d'Headwinds. Il avait pour réputation de rester au travail jusqu'à point d'heure, toujours très sérieux et impliqué dans sa tâche. La différence avec la documentaliste était frappante. 

    Elle lui adressa un petit sourire avant de le croiser et hocha poliment la tête.

    — M. Bàthory.

    Elle connaissait son prénom parce que Bambi lui avait dit, mais à part pour des affaires administratives réglées par mail, Eleanor n'avait pas le souvenir d'avoir déjà discuté directement avec lui. Alors elle se contenta de prononcer son nom de famille pour le saluer.




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