[Louisiane/Floride] Y a l'téléfon qui son [fermé]

Thérèse Sherman;

En tendant bien l'oreille, Thérèse pouvait entendre les voix monter malgré l'escalier qui distançait les pièces à vivre des chambres. Heureusement, pour le moment, chacun semblait vaquer à ses occupations sans trop demander son reste à l'autre. Ils se détestaient pas, les Sherman, ils avaient juste une certaine propension à vouloir imposer leur avis, tous aussi différent les uns que les autres. Parce qu'être tous d'accord, c'était beaucoup trop simple. Pourtant, jamais rien n'avait été plus loin que les mots, ou la vaisselle cassée qui ne volait pas si souvent que ça. Les assiettes traversant la porte de la cuisine, c'était une de ces images fortes qui avaient marqués la petite Thérèse. Fallait dire que même l'arrière-grand mère elle en avait encore à dire.

— Casser des assiettes? Elle rigola. J'ai mon lot avec mes parents, ça me suffit, mais merci.

Non parce que c'était bien, les retrouvailles folkloriques, mais à la longue, ça pouvait peser sur le système, cette constante bataille de fort caractère et d'avis bien tranchés. On avait pas peur de dire le fond de sa pensée, alors forcément, parfois, ça partait en vrille.

— Ils sont toujours aussi fou que quand je les ai laissé la dernière fois. La maison est toujours debout. Je pense que tout va bien.

En s'écoutant, Thérèse se disait qu'elle en faisait un peu trop. Elle aurait peut être pu éviter de peindre la portrait classique de la famille étrange et délirante.

— et toi ? tu es toujours au pensionnat, ou tu es rentré chez toi ?

Parce que si Thérèse n'avait jamais vu Ray en présence de sa sœur, cela voulait peut être dire que les Edwards étaient rentrés chez eux. Puis elle était intéressée, histoire d'en savoir un peu plus.

(j'suis en train d'écouter leur playlist là ;))

Ray Edwards;

Apparemment elle ne trouvait pas la vaisselle cassée sympathique. Dans un sens tant mieux, même si c'était pour ses beaux yeux, il préférait éviter d'éclater des assiettes au sol comme ça, sans raison particulière. 

Il était tard et sa maison était dans un quartier plutôt calme de la ville. Cependant, de sa fenêtre, il pouvait voir les lumières du centre d'Orlando. Ça faisait longtemps qu'il n'était pas sorti, qu'il n'avait pas profité de la fièvre si particulière de sa ville natale.

— Tant mieux.

Ça piquait encore un peu plus sa curiosité. Son foyer avait l'air un peu chaotique et Ray aimait beaucoup les choses chaotiques. Il trouvait ça particulièrement fascinant.

— Oh non, j'suis rentré en Floride.

Parce que Ray aimait bien Headwinds mais lorsqu'il n'avait pas cours, il n'avait que peu de raisons de rester à Eastwood. L'une desdites raisons était Thérèse et elle était partie. 

— J'me la coule douce avec mes super potes les moustiques.

(mooh ;; elle est même pas remplis tant que ça ptdr)

Thérèse Sherman;

C'était fou comme quand Thérèse s'amusait et faisait la fête, le bruit omniprésent n'était qu'un arrière fond à son amusement. Là, sur son lit, la chaleur commençant à s'insinuer dans sa chambre, la cacophonie qui commençait à s'élever des foules aurait eu le don de l'irriter. Encore heureux, ce n'était que les grandes vacances et non pas Mardi Gras, Thérèse n'aurait sans doute pas apprécié.

— j'vois qu'on a les mêmes fréquentations.

Les moustique, en Louisiane, c'était pas un mystère. Encore que, grâce au sens commun de sa mère, les fenêtres restaient le plus souvent fermés, étouffant à petit feu les habitants mais évitant la prolifération de ces petits vampires ailés. Parce que si les Sherman pourraient sans doute s'illustrer dans l'écrasment de moustiques, ils préféraient tout de même éviter de les inviter dans leur doux foyer.

— c'est bien la Floride ?

La famille de Thérèse n'était pas très riche, et c'était rien de le dire. La maison dans la rue Bourbon, cette rue très demandée, ce n'était que parce que les ancêtres lointains des Sherman la possédait déjà. Cette baraque, elle les poursuivaient, elle se léguait de générations en générations. Sans doute que Thérèse en hériterait à son tour. Et les enfants qu'elle avait pas encore envie d'avoir. Alors voyager, c'était impensable. Au plus grand regrets de son âme baroudeuse. Quand elle partait, c'était toujours grâce à un pote qui la trainait un peu partout. Alors la Floride, si elle savait la placer sur une carte et pouvait s'imaginer quelques paysages vu dans les séries policières de Maman Sherman, Thérèse n'en avait qu'une vision foutrement déformée.

La pièce se faisait suffocante. Thérèse se décida à se lever pour chercher de quoi boire, en jouant aux espions, pour pas se faire repérer et embarquer contre son gré.

(elle est cool quand même uwu)

ray edwards;

Apparemment les moustiques étaient un problème récurent chez elle aussi. Comme quoi, au fond ils étaient ensemble dans l'adversité. La climatisation constamment allumée avait tendance à faire fuir les petits monstres ailés mais dès qu'on mettait le pied dehors, ils avaient une fâcheuse tendance à chercher la compagnie.

À vrai dire, à part les parcs d'attraction et les plages, c'était pas terrible. Après il y avait passé la majorité de sa vie alors forcément, ses yeux s'étaient habitués. L'éclat des grands huit et de la mer turquoise n'était plus autant retentissant que lorsqu'il avait 8 ans. Après, ce n'était pas l'enfer sur terre non plus, c'était déjà bien mieux que la Pologne, selon sa mère.

— Franchement, bof. Les plages sont bien mais les gens sont chiants.

Ray était loin d'être un loup solitaire, loin de là, mais des fois il aimerait bien faire dégager toute la population d'Orlando pour avoir la ville que pour lui, pour pouvoir se balader dans les rues sans le brouhaha incessant des passants et les regards insistants sur ses ailes. Niveau ouverture d'esprit, on repassera.

Il entendit des pas à l'autre bout du fil mais ne fit pas de commentaire.

— On échange quand tu veux.

Parce que ça avait l'air vraiment cool la Lousianne. C'était surement plus animé que la Floride mais c'était une animation qui semblait être toujours euphorique et qui ne dérangeait pas Ray. Enfin en théorie, parce qu'il n'y était jamais allé. 

( c'est gentil ;; ) (P.S: j'ai édité parce que j'avais que ça à faire à minuit passé)

Thérèse Sherman;

Les gens avaient tout un tas de points communs avec les moustiques. Ils étaient des nuisibles dont on ne voulait la présence, et qui abrutissait par leur brouhaha agaçant incessant. Mais si Thérèse se faisait une joie d'abréger la vie de ces créatures du diable, il n'en était pas de même pour les passants. Peut-être y avait-il un concert dans un bar, pas loin. Elle ne devait pourtant se plaindre, les vacanciers, bien qu'incommodant, permettaient aux parents de Thérèse de travailler et de rapporter un peu d'argent pour remettre sur pieds leur maison bancale.

— Je dis pas non pour échanger.

La Floride. Les plages à perte de vue. Les cocotiers. Tous ces trucs exotiques qu'on ne trouve pas dans les bayous plein d'algues visqueuses. Thérèse les aimaient bien, mais elle n'aurait pas été contre une petite journée sur la côte américaine.

— Les gens ici sont ennuyant aussi, soupira-t-elle, le volume sonore baissant pour ne pas se faire remarquer.

En passant dans le couloir, Thérèse jeta un coup d’œil sur ses parents qui avaient investit le canapé devant la télévision. Sur l'écran se déroulait encore et toujours le même scénario policier. Si Thérèse avait été d'humeur taquine, elle aurait bien révélé la fin de l'affaire. Mais mieux valait faire profil bas, par les temps qui courraient.

— J'pensais pas, mais j'crois qu'headwinds, ça me manque, laissa-t-elle échapper en contemplant le frigo remplit de mets tous plus délicieux les uns que les autres. Elle allait finir par prendre dix kilos.

Ça ne faisait que quelques jours, une semaine et demi tout au plus, que Thérèse était rentrée pour passer une portion de ses vacances avec sa famille, et ce manque, Headwinds n'y était pas pour grand chose. Mais ce n'était pas tant les cours assommant de bon matin qui lui manquait, ni les repas inégaux de la cantine, et encore moins le couvre-feu plus qu'ennuyant qui rendait ses journées si courtes et pourtant si longues.

— Pas toi ?

Une bouteille à la main, Thérèse se décida à annexer le petit balcon qui donnait sur une ruelle plus calme. Avec un peu de chance, un courant d'air viendra la sauver d'une asphyxie proche.

(mes leds ils rendent super bien)

ray edwards,

Elle avait répondu vite. La Louisiane c'était peut-être pas le paradis pour elle. En même temps elle venait de là bas alors depuis le temps, elle voyait surement derrière le décor de carte postale. Comme pour Ray et la Floride. Il roula sur le ventre, secouant un peu ses ailes engourdies, activant le haut parleur sur son téléphone. Il posa l'appareil à côté de lui, sur la partie de son drap encore sèche.

— Les gens sont ennuyants de partout, marmonna le blond.

Parce que ce soit ici où ailleurs, les gens restaient bruyants, trop intrusifs et rarement aussi ouverts d'esprit que ce Ray aurait souhaité. Ah il était beau le rêve américain. 

Il entendit une série de bruits non identifiés de l'autre côtés, des pas, surement, et d'autres sons un peu étouffés. Et puis elle déclara qu'Headwinds lui manquait.

Ray ne partageait qu'à moitié son opinion. Les cours, les réveils bien trop matinaux, les examens, l'interdiction de sortie —souvent contournée, après une certaine heure; tout ça ne lui manquait pas. Ici, dans sa maison trop grande (qui n'était d'ailleurs même pas sa maison), il était libre de se lever quand il voulait, de sortir jusqu'à pas d'heure, de manger pour 4, il avait troqué les cours pour les séances de bronzage intensives dans le jardin. 

Mais, à part sa soeur qui ne lui parlait pas de toute manière, il était seul.

— Ugh, j'aurais jamais cru dire ça un jour mais ouais.

La climatisation était définitivement trop forte alors, dans un effort qui parut insurmontable, Ray se leva et alla l'éteindre. Ouvrant sa fenêtre, il avait une vue improbable sur la piscine en contre bas, et sur Charlie qui faisait des longueurs. Bon sang mais qui faisait des longueurs à plus de 23 heures ?

Thérèse Sherman;

Bercé par le doux ronronnement d'une routine qui avait très vite su retrouver sa place, les journées de Thérèse n'étaient pas aussi mouvementées qu'elle aurait pu l'espérer, plus habituée à passer son temps libre avec ses amis qu'avec une famille qui, si elle l'appréciait du plus profond de son cœur, n'avait plus grand chose à ce dire. Ses journées se limitaient à sa maison et les ruelles qu'elle connaissait comme le dos de sa main. Et à part écouter les anecdotes farfelues que ramenaient ses parents, Thérèse finissait sa course affalée sur son lit, à tenter de ne pas mourir de chaud.

— ça fait longtemps que j'ai plus rien à faire chez moi.

Thérèse glissa contre le mur et laissa reposer son crâne contre le crépis vieillissant. Au moins, ici, elle pouvait faire ce qu'elle voulait de ses journées. Même si le résultat n'était pas bien productif ou particulièrement excitant.

— j'propose qu'en rentrant, on aille faire la fête.

Parce que ça faisait partit de son ADN, faire la fête. Et que c'était pas ici, malgré les vacanciers et le tourisme certains qu'on vivait ses meilleures soirées. Les petites bars était bien sympa, mais son quartier était sans doute plus reconnu pour sa teneur historique que ses rencontres étudiantes festives.

— si je survis d'ici là.

La nuit tombée rendait l'air à peine plus respirable, et c'était pas dans cette maison presque délabrée qu'on pouvait espérer un peu de répit. Et puis le vent, n'en parlons pas. Franchement, parfois Thérèse regrettait de pas pouvoir se noyer dans une baignoire, se contentant de la douche qui lui était autorisé de fréquenter.

Ray Edwards,

Le fils Edwards était toujours partant pour sortir. Toujours. Qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente, qu'il soit en pleine forme ou au bord de la mort, il n'en manquait jamais une.

— C'est parce que j'ai dis que je me déssapait facilement en soirée que soudainement tu veux qu'on sorte ?

Il essaya de garder un ton sérieux mais son sourire s'entendait dans sa voix. Évidemment qu'il était partant. 

La fatigue commençait peu à peu à se faire sentir, ses paupières devenaient aussi lourdes que l'air ambiant. Il s'allongea proprement sur son lit, calant sa joue contre un oreiller. Il n'avait pas envie de raccrocher, il était bien, là.

— Si tu survis t'auras l'immense privilège que je t'accompagne en soirée.

Ce serait bête que, à cause d'un malheureux accident d'assiette qui vole, entre autres, elle ne soit pas en état de le revoir. Tragique vraiment, ça sonnait ironique et un peu exagéré mais pour une fois il le pensait vraiment.

— J'suis sûr que ça peut te motiver ça !

Si ce n'était pas lui, peut-être serait-ce la perspective d'une bringue jusqu'au bout de la nuit qui la garderait en vie.

Thérèse Sherman;

Un soupir, affligé, retenant un éclat de rire qui menaçait de s'échapper à l'autre bout du combiner.

— Ça doit être pour ça, oue.

On avait pas idée de faire preuve d'autant de plaisanterie. Surtout quand la réponse se faisait à double tranchant.

Sure de son coup, Ray ne pouvait qu'accepter une proposition aussi alléchante que de sortir faire la fête avec la plus fêtarde de ses camarades. Voyons, un peu de bon sens. Et la réciproque était toute aussi vraie. C'est ainsi que Thérèse allait avoir le privilège d'être en si bonne compagnie.

— J'vais commencer à prendre la grosse tête si une star comme toi veux bien passer une soirée avec moi.

Son ton aussi solennelle qu'elle le pouvait, Thérèse ne pouvait s'empêcher de sourire, sans autre témoin que le téléphone dans sa main et les moustiques qui tournaient devant le balcon, gênés par l'odeur de citronnelle d'une pauvre bougie qui tentait du mieux qu'elle le pouvait de défendre la propriété Sherman des envahisseurs.

— Dans ce cas, je porterais une armure, histoire de pas me prendre une assiette volante sur la gueule.

Puis ça serait dommage d'abimé son minois. Ou de se faire éclater la tronche, tout simplement. Amusée à cette idée, Thérèse secoua légèrement sa tête. Elle n'avait définitivement pas envie de finir à l'hopital le nez cassé pour une connerie.

Ray Edwards;

 Une star. Ray lui-même ne serait pas allé aussi loin mais après tout c'est vrai qu'il était brillant à tout points de vue. 

L'idée d'aller en soirée avec sa camarade le rendait euphorique. Parce qu'il aimait les soirées. Et puis parce que c'était Thérèse dont il était question. Sa joie ne transparaissait pas vraiment actuellement, fatigue oblige, mais derrières ses paupières désormais closes, ses yeux brillaient surement d'impatience.

 Il bailla si fort que ça couvrit tout bruit aux alentours pendant un court instant. Ses pensées étaient un peu brumeuses et son cerveau semblait lui supplier de raccrocher. Mais il ne le fit pas, malmenant encore un peu plus son organe cérébral.

— J'suis sûr que même en armure t'es sexy.

Puis, fidèle à lui même, il ajouta;

— Bon surement pas autant que moi mais tu rivalises quand même.

Le filtre de ses pensées semblait avoir disparu, emporté par la fatigue. Il racontait vraiment n'importe quoi mais il était convaincu que Thérèse n'allait pas en tenir vigueur. Il l'espérait, du moins.