• how do you say "sorry" in french ? [terminé]


    Dimanche 24 Janvier 2021 à 20:54
    Weana

    ray edwards,

    Pour être tout à fait honnête, il n'avait que très peu de souvenirs de cette fameuse soirée. Seulement des bribes, un peu floues, imbibées d'alcool bon marché. Le matin qui avait suivi, il s'était réveillé seul, avec un mal de crâne du tonnerre et un goût amer dans la gorge, l'estomac et la tête en vrac.

    Il se souvenait qu'il avait été vraiment con, qu'il avait battu des records, atteint des sommets. Il se souvenait de Thérèse qui lui sifflait de bien fermer sa gueule, il se rappelait de son visage crispé par la colère. Et il s'en était voulu, il s'en voulait dès qu'il y pensait. Et il y pensait souvent, Thérèse ne quittait jamais vraiment son esprit ces derniers temps de toute manière.

    Il aurait pu passer à autre chose, aller noyer sa frustration dans les bras de quelqu'un d'autre, très peu enclin à l'idée de s'excuser. Il aurait également pu attendre que ce soit elle qui lui dise en premier qu'elle était désolée. Au départ, cette option lui paraissait être la bonne, après tout, qui pouvait décemment se passer de sa compagnie ? 

    Sauf que Thérèse était encore plus têtue que lui et d'un côté elle avait toutes les raisons du monde d'être froide avec lui. Tant pis pour sa fierté, tant pis si il se reprenait un "ferme ta gueule" monumental dans la tronche, au moins il aurait tenté. Et puis maintenant l'incident commençait à dater un peu, près de deux semaines après, peut-être que l'eau avait coulé sous les ponts. Peut-être qu'elle n'allait pas essayer de lui arracher la tête.

    Dans le doute, le fils Edwards avait attendu que son amie se rende à la bibliothèque. Temple du silence, là bas Thérèse n'allait pas pouvoir lui hurler dessus.

    Il déboula dans la grande salle les mains dans les poches, son sac sur l'épaule et, après avoir choppé le premier livre qui lui tombait sous la main, histoire de, il se dirigea vers la table à laquelle la brune était assise. Il tira la chaise en face d'elle et s'y écrasa, sortant de quoi écrire de son sac tout en guettant la réaction de la jeune femme.

    Dimanche 24 Janvier 2021 à 21:47
    Cafevy

    Thérèse Sherman;

    Deux semaines étaient passés. Deux semaines la séparait, elle, et cette soirée dramatique qu'elle avait pu passer. Deux semaine entre elle et l'affront le plus effronté qu'elle avait du essuyer de toute sa vie. Thérèse, dramatique, très peu. Et si Ray n'avait que de vagues souvenirs bercés par des flots alcoolisés émanant des verres bon marchés qu'il avait du s'envoyer, la jeune femme, elle, se souvenait à la perfection de sa longue attente. Trois heures à se perdre dans des conversations d'inconnus tous plus inintéressant les uns que les autres, quand tout ce à quoi elle pensait avait été la liste non exhaustive des bonnes raisons qui lui avait fait accepté ce deal qui puait à des kilomètres. Ca lui apprendrait à faire confiance à un homme; Elle s'était jurée qu'on ne l'y reprendrait plus. Ah ça non ! Foi de Sherman.

    Après une longue introspection qui l'avait saisi en pleine nuit, alors qu'elle observait avec attention le plafond au dessus de son lit, Thérèse en était arrivée à la conclusion qu'il s'agissait peut-être en fait là d'une profonde déception qui n'avait su se révéler qu'au jour d'une colère noire dont elle était devenue l'experte il y avait quelques années de cela. De toute façon, elle ne savait qu'être en colère, quand les choses n'allaient pas. La tristesse, la déception, l'angoisse, quand Thérèse perdait le controle, c'était la tornade dans son esprit. Et dramatiquement, cette tempête touchait toute personne autour d'elle. Alors peut-être aussi qu'elle s'en voulait, d'avoir hurlé sur le pauvre petit idiot qu'était Ray, mais il l'avait quand même bien cherché.

    Et comme elle cherchait, elle, à l'éviter savamment, et qu'il fallait peut-être qu'elle se mette à travailler plus sérieusement sur ses cours - passant plus de temps en soirées qu'à son bureau - elle avait décidé de se rendre à la bibliothèque. Ici, elle serait tranquille. Pas de Ray, ses ailes flamboyantes et sa belle gueule. Ni ses sourires d'abrutis finis qui lui en tirait toujours un en réponse. Et encore moins son humilité naturelle qui la faisait tant rire. Entre ces quatre murs, Thérèse était protégé, dans sa bulle, et rien n'aurait pu troubler sa paix intérieur précaire à peine retrouvée.

    Rien, si ce n'était Ray lui même. Qui venait de tirer une chaise juste en face d'elle, avant d'y poser son derrière dans un fracas notable. De toute façon, elle l'avait entendu venir de loin, parce que la discrétion c'était pas vraiment son domaine. Déposant le stylo qui gigotait entre ses doigts parfaitement vernis avec la plus grande délicatesse du monde, elle avait relevé son visage vers lui, sans lui adresser un seul sourire. Seulement un regard déjà bien agacé. Il allait devoir sortir les rames, pour se faire pardonner. Et Thérèse allait sans doute devoir ravaler sa fierté et son égo par la même occasion. Parce que ça lui faisait du mal, de s'avouer qu'elle était très probablement intéressée par un con comme Ray Edwards.

    Dimanche 24 Janvier 2021 à 22:11
    Weana

    ray edwards;

    Comme prévu, elle n'avait pas l'air ravie de sa présence, mais, contrairement à la dernière fois, elle ne le fit pas remarquer tout haut. C'était déjà un bon point pour Ray qui rassemblait son courage, ne sachant pas vraiment comment engager la conversation. Il craignait qu'un mot de travers la mette de mauvaise humeur, parce qu'il savait qu'elle n'était pas à son paroxysme actuellement.

    Toujours avec une discretion bien relative, il attrapa un bout de papier et un stylo dans son sac avant de gratter rapidement quelques mots sur la feuille un peu froissée. Les sourcils froncés, il tenta de rendre les mots un minimum lisible, lissant un peu son écriture de médecin. 

    "Comment on dit 'désolé' en français ?"

    Soutenant sa tête avec sa main, il poussa doucement la missive vers sa camarade, feignant de regarder ailleurs alors que toute son attention était portée sur Thérèse. Il n'avait pas l'habitude de s'excuser, pas en le pensant sincèrement du moins, et il trouvait ça un peu terrifiant et pas bien simple.

    Il aurait pu aussi lui lancer une phrase de drague un peu nulle avec ses sourires en coin mais pas sûr que ça se révèle efficace. Il réservait ça pour le moment ou les sourcils de la brune se défronceraient enfin. Pour l'instant il gardait ça dans un coin de sa tête, bien au fond, avec les souvenirs peu clairs de la soirée.

     

    Lundi 25 Janvier 2021 à 10:34
    Cafevy

    Thérèse Sherman;

    Par respect pour les étudiants alentours qui planchaient studieusement sur leurs devoirs, Thérèse s'était contenu du mieux qu'elle avait pu. Puis ce n'était pas bon pour son coeur, de s'emballer pour un rien. Même si là, le comportement outrageant de Ray ne pouvait décemment être qualifié de rien. Agacée, on pouvait entendre le bruit de ses talons contre le sol briser le silence presque complet qui régnait d'habitude sur la bibliothèque, simplement bercée par les bruits de pages qu'on tournait et de stylo qui mourrait sur des feuilles froissées. Thérèse s'était demandé combien de temps ils allaient rester là, à se regarder en chien de faïence, avant qu'ils ne finissent par se lasser. A ce petit jeu, elle était forte, jamais elle n'aurait plié la première de toute manière.

    Sur un petit bout de papier, elle l'avait vu s'activer pour griffonner quelques mots d'une écriture aussi adroite qu'illisible. De toute façon, elle pouvait bien parler, elle et sa maitrise tout à fait approximative du stylo bille. C'était sans aucun doute pour cela qu'elle chérissait avec un amour tout particulier le vieil ordinateur qu'elle avait su se payer à force de travail dans un bistrot de son quartier, en Louisiane.

    Comment on dit 'désolé' en français ?

    C'était les quelques mots qui figuraient alors sur la feuille qu'on venait de lui tendre. C'était donc ça, la technique infaillible de Ray pour se faire pardonner ? Ou ce n'était qu'une étape parmi tout un plan machiavélique qui était censé lui attirer à nouveau les faveurs de son amie ? Franchement énervée, elle s'était emparée du mot avec ferveur avant de rédiger quatre mots en capitales, en français.

    Va te faire foutre.

    Mais chose étrange, pour Thérèse du moins. Elle avait été prise de remords après avoir contempler quelques secondes l'encre noir. Alors, poussant un long soupir exaspéré, et sous la contrainte d'un regard inquisiteur qu'elle sentait toujours peser sur elle malgré les regards qu'il lançait ça et là, elle avait bien voulu jouer le jeu. Et d'une écriture un peu plus douce, elle avait rattrapé le coup, en barrant la première mention.

    Désolé.

    Et d'un geste négligeant, elle lui avait rendu sa missive abimée et raturée avant de se replonger dans son livre. Ca lui évitait notamment d'avoir à croiser son regard et sa gueule d'ange qui lui donnait des envies de meurtres. En souvenir du bon vieux temps de cette soirée catastrophique.

    Lundi 25 Janvier 2021 à 18:29
    Weana

    ray edwards;

    Le blond n'avait rarement autant appréhendé la lecture d'un simple bout de papier. Alors que la brune écrivait plutôt vite, la rédaction de sa réponse sembla prendre une éternité. Alors que non, en réalité, la missive était de nouveau devant lui après une minuscule poignée de secondes.

    Ses yeux perçants se posèrent finalement sur les lignes d'encre devant lui, le claquement des talons de Thérèse en bruit de fond.

    Les sourcils froncés, il se demanda bien évidemment pourquoi une première réponse était barrée. Est-ce qu'il y avait plusieurs façons de dire pardon ? Surement, comme dans toutes les langues, mais Ray se doutait bien que les petits mots en majuscules barrés un peu rageusement étaient moins doux que ceux inscrits plus bas.

    Ses prunelles dorées toujours posé sur le papier, il sortit son téléphone de la poche de son sweat-shirt avant de demander une réponse à Google, tapant "va te faire foutre" dans l'onglet traduction.

    En effet, ce n'était pas bien doux. Ray haussa les sourcils avant de lever les yeux vers Thérèse. 

    Il ne le prenait pas mal, ça faisait bien longtemps qu'il avait arrêté de s'en formaliser. Et puis il le méritait bien, en vrai. Jetant un nouveau coup d'oeil aux quatre petits mots sur le papier, comme pour s'assurer qu'il les avait bien lui, il releva de nouveau la tête vers sa camarade, ses lèvres formant silencieusement une phrase elle aussi toute simple:

    — Sans toi c'est pas drôle.

    Elle allait vraiment finir par l'étrangler un jour. Et surement pas dans des conditions qui feraient plaisir à Ray. Pour rendre ce moment le plus lointain possible, il ajouta, pas bien sûr de son accent français.

    Désolé.

    Jeudi 28 Janvier 2021 à 18:04
    Cafevy

    Thérèse Sherman;

    La tentative de Ray était tout à fait louable, et même plus que de circonstances. Seulement, il s'était peut-être attaqué à plus gros que lui, sur le coup. Deux semaines n'avaient pas eu l'air suffisantes pour apaiser le torrent de colère qui l'avait saisi, et qui ne l'avait semble-t-il toujours pas lâché. Elle ne s'était dès lors que froidit, chose étonnante pour son tempérament de feu. Se doutant bien qu'il ne la laisserait pas tranquille avant un bon moment, elle s'était empressée de refermer son livre dans un moindre fracas, avant de planter son regard meurtrier dans celui du jeune homme en face d'elle.

    C'était tout de même facile, de venir la bouche en cœur, deux semaines plus tard pour s'excuser. C'était toujours plus facile que de passer l'éponge sur ses attentes bafouées. Parce que c'était là tout le nœud du problème, même si le principal intéressé n'en était probablement pas avertit. Mais, grand seigneur, elle lui avait laissé le bénéfice du doute, pour une durée indéterminée. La patience, c'était carrément pas son fort, à Thérèse. Et beaucoup pouvait en témoigner. S'ils étaient encore en vie.

    Sans toi c'est pas drôle. Lire sur les lèvres, ça non plus c'était pas son fort, mais elle s'était plutôt pas trop mal débrouillé. Apparemment, son premier message pas très discret n'avait pas eu l'air d'avoir été assez clair. Sous quel forme était-elle censée lui faire comprendre qu'elle se portait bien mieux loin de lui, ces dernier jours ? Va te faire foutre n'avait pas l'air assez fort, assez clair, assez explicite. Et encore, elle avait sans doute évité de peu la très maigre probabilité que Ray rebondisse dessus et le transforme en remarque désobligeante. On était jamais trop prudent.

    Désolé ? C'est tout ?

    Sa voix avait résonné avec un peu trop de ferveur dans l'enceinte de la bibliothèque, si bien qu'elle avait sentit, en plus du regard de Ray, celui des autres élèves qui la fusillait à son tour. Grommelant quelques insultes en français, dans le texte, elle avait reporté toute son attention sur son camarade assit en face d'elle.

    Il allait devoir se poser quelques questions, et les bonnes. Et manier avec une grâce certaine ses excuses, parce que Thérèse en attendait bien plus pour pouvoir effleurer la possibilité de peut-être l'excuser. Après une longue concertation avec son égo bien trop fort mais pourtant si facilement piétiné.

    Vendredi 9 Avril 2021 à 20:00
    Weana

    Ray Edwards;

    Le regard perçant de Thérèse était écrasant. L'étudiant avait tout bonnement l'impression que sa camarade pouvait l'écraser à tout moment avec ses talons et ses mots cassants. C'était quand même un peu paradoxal qu'un si petit bout de femme foute autant la pression à un jeune homme —accessoirement créature mythologique qui la dépassait d'une bonne tête.

    Si il n'avait pas eu peur des hurlements de harpie de la documentaliste qui surveillait la bibliothèque derrière son bureau, il aurait surement fait un discours très théâtral sur à quel point il se sentait minable et qu'il était prêt à tout pour que l'étudiante qui le fusillait du regard lui accorde son pardon. Il serait monté sur la table, prenant les élèves présents à témoin.

    Mais au fond, Eleanor et ses cris déchirants n'étaient qu'une excuse, il avait juste honte d'avouer qu'il se sentait vraiment débile. Ray comprenait son amie, c'était facile de se pointer avec des jolies paroles après deux semaines à faire le mort.

    — J'aurais du venir plus tôt.

    C'était un fait, il ne s'attendait pas à ce qu'elle le confirme.

    — En fait j'aurais pas du te laisser toute seule là bas en premier lieu. C'était une attitude de connard égoïste et je manie pas assez bien les excuses pour que tu te mettes à penser que je ne suis pas un connard égoïste.

    Il avait l'impression de se tirer lui même une balle dans le pied, que Thérèse l'observait creuser sa tombe. Vraiment super move de balancer ses propres défauts à la fille qui lui plaisait, Ray expert en séduction hein ?

    — J'essaye même pas de te convaincre du contraire parce que t'es quelqu'un d'intelligent et va pas croire que je te flatte ou quoi.

    Il la flattait quand même un peu. Mais bon, n'oublions pas que c'était de Ray dont il était question.

    — Je savais que t'étais super en colère contre moi et je pensais que si je venais te parler tout de suite, t'allais encore plus m'en vouloir. J'aurais pas du, faut croire que j'ai pas un aussi bon jugement que ce que je pensais. 

    Il sentait le ton de sa voix s'élever au fur et à mesure que son égo se fissurait un peu plus sous le poids de ses propres paroles. Ses mains à plat contre la surface en bois de la table, si il avait détourné ses yeux de ceux de la fille Sherman, il aurait vu ses phalanges blanchir. 

    — Et si ça s'trouve tu vas plus vouloir aller nul part avec moi parce que justement j'suis giga con mais si jamais tu décide de passer outre... et même si tu veux pas passer outre en fait, j'te jure de faire des efforts et de plus jamais te donner l'impression que je me préoccupe pas de toi.

    C'est un "silence" sonore de la documentaliste qui servit de ponctuation à ses excuses maladroites. Il n'était pas monté dramatiquement sur la table et il n'avait pris personne à parti mais c'était tout comme, le haut de ses joues était légèrement rouge. C'était terriblement gênant de s'excuser sincèrement, pas étonnant qu'il ne le fasse aussi peu souvent.

    Dimanche 11 Avril 2021 à 14:15
    Cafevy

    Thérèse Sherman;

    Nerveusement, elle s'était employée à taper le bout de ses doigts sur le livre qu'elle avait du refermer pour écouter les maigres tentatives de Ray pour se faire excuser. Et elle n'avait semble-t-il même pas eu besoin de l'enfoncer, parce qu'il se débrouillait tout à fait en l'art que consistait de creuser sa propre tombe. A peu de choses près, Thérèse n'aurait même pas à remettre de la terre sur son cadavre et se contenterait d'une gerbe de fleurs pour ornementer le souvenir pas si agréable de cette fameuse soirée.

    J'aurais du venir plus tôt.

    C'était un fait qu'elle n'avait pas jugé bon de confirmer. Parce que c'était bien beau de faire le mort, de faire comme s'il ne s'était rien passé. Pire, de faire comme si elle n'existait pas, à l'éviter avec une grâce qu'elle ne lui connaissait même pas. Mais elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle, après tout: qu'à son caractère de merde, son inclinaison particulière à faire tout un tas de pas grand chose, de s'emporter pour un oui, pour un non. La malédiction familiale, comme elle aimait parfois l'appeler. Puis il était plus aisé de s'en prendre à son ami, plutôt qu'à elle. Notamment pour s'être imaginée deux ou trois choses qui ne s'étaient pas produites, et qu'elle espérait toujours, secrètement.

    C'était une attitude de connard égoïste.

    Un point pour Ray, quoique les mots étaient un peu trop lourds de sens. Après tout, il n'avait aucun compte à lui rendre et pouvait bien faire ce qu'il voulait à sa soirée. Quand bien même ce n'était sans doute pas là le fait de l'avoir laissé qu'il impliquait. Il avait tout de même eu l'audace de jouer les jaloux - parce qu'il s'agissait bien de cela non ? - après l'avoir abandonné pendant elle ne savait trop combien d'heures.

    Et elle l'avait écouté encore cinq bonnes minutes s'enfoncer toujours et encore plus dans ses excuses inconsistantes. Il pensait vraiment se présenter sous son meilleur jour ? Il pensait vraiment réussir à se vendre de la sorte ? Thérèse en doutait, parce que lui aussi n'était pas complètement con. Enfin. C'était encore à prouver, à ce stade. Jetant un coup d'oeil à la documentaliste qui n'avait pas eu l'air d'apprécier les démonstrations du jeune homme, elle avait fini par reposer son regard sur ses joues presque aussi rouges que ses ailes.

    Vu qui lui tirait un étrange sourire amusé. Si la colère était là, et qu'elle ne comptait pas le laisser s'en sortir si facilement, il fallait dire que le voir aussi gêné de devoir s'excuser avait quelque chose d'adorable. De touchant. A moins qu'elle ne se perde encore une fois un peu trop.

    — T'es giga con, oue.

    C'était là tout ce qu'elle avait trouvé à dire, un long soupir remplaçant le ton cinglant qu'elle lui avait servi. Des excuses, c'était tout ce qu'elle attendait, et ce qu'on venait de lui servir. Seulement, il y avait toujours cette petite voix qui lui disait de lui en vouloir pour ce qu'il avait fait. Ou plutôt, pour ce qu'il n'avait pas fait.

    — T'as fini, où tu comptes te tirer une balle dans l'autre pieds ?

    Derrière tout le sarcasme de ses réponses, Thérèse tentait de dissimuler la fierté de ne pas avoir cédé à l'envie de lui parler. Et derrière ses cheveux, elle avait tenté de cacher le léger trouble qu'avait pu suscité ses dernières paroles: cela faisait toujours plaisir de s'entendre dire qu'on se préoccupait d'elle. Enfin, c'était ce qu'elle avait bien voulu comprendre là.

    Jeudi 15 Avril 2021 à 16:50
    Weana

    Ray Edwards;

    Le court silence qui suivit sa tirade était lourd, comme si le regard perçant de Thérèse appuyait sur ses épaules, son dos, sa poitrine, empêchant l'air de passer. La brune lui coupait le souffle, peut-être pas pour les bonnes raisons. 

    Il espérait que c'était assez pour elle et sa fierté amochée, parce que là, il voyait mal comment diable il était censé faire mieux. Il était suspendu aux lèvres de son amie, attendant que la sentence tombe, qu'elle prononce son jugement. 

    T'es giga con, oue.

    Il pinça les lèvres, passant une main dans sa tignasse blonde pour ramener les mèches qui encadraient son visage vers l'arrière. Et allez, encore un tacle dans son égo, simple, efficace et pourtant débordant de vérité. Il pouvait l'accepter, ça lui faisait mal mais au moins elle lui parlait.

    Posant dramatiquement sa main au niveau de son coeur, il prit une mine blessée et se laissa tomber contre le dossier de sa chaise dans un bruit sourd. Les pieds de l'objet raclèrent le parquet ciré de la bibliothèque et il sentit les regards agacés des autres pensionnaires lui bruler les ailes. 

    — Ça fait plus mal quand c'est toi qui le dit, maronna t-il en se redressant.

    Le soupir qui suivit était encore plus lourd de sens que le reste et Ray avait l'impression qu'elle pouvait se barrer d'ici à tout moment. Lui aussi il avait envie de lâcher le soupir de sa vie, d'expirer pour faire partir la sensation lourde et désagréable qui pesait sur ses épaules. Sauf que s'il faisait ça, il savait que ça pouvait être interprété comme de l'ennui et c'était la dernière chose qu'il voulait exprimer à Thérèse.

    Oui, il avait fini, il avait l'impression que sa gorge ne pouvait plus sortir le moindre mot d'excuse, pas parce qu'il n'était pas désolé mais parce qu'il avait la sensation d'avoir exploré tout son vocabulaire.

    — Je suis prêt à faire pas mal de trucs pour toi mais je préférerais qu'on n'en arrive pas là, si tu veux bien.

    Il posa ses avant bras à plat sur la table, essayant de trouver une position un peu sérieuse à maintenir alors qu'il mourrait envie de se lever et de partir de la bibliothèque avec Thérèse. C'était chiant de chuchoter quand on avait des trucs sincères à dire.

     

     

    Jeudi 15 Avril 2021 à 17:59
    Cafevy

    Thérèse Sherman;

    Comme engluée sur sa chaise, Thérèse ne comprenait pas vraiment ce qui la retenait ainsi, à écouter son camarade se démener pour lui adresser quelques excuses minables qui auraient eu pour valeur de témoigner toute sa sincérité. D'ailleurs, sa sincérité, il fallait en parler: son petit discours à la limite du dramatique sonnait juste, et peut-être aussi un peu dépassé. Ray ne devait pas avoir l'habitude de présenter quelconques excuses, sans doute encore un peu moins aux filles qu'il avait du rencontrer. Pas que ça intéressait foncièrement la jeune femme, mais plutôt que son égo à elle avait été flattée par cette idée. S'il prenait la peine de faire tant d'efforts, c'était qu'il regrettait d'avoir passé une soirée entière dans cette foutue baignoire plutôt qu'avec elle. A défaut d'avoir pu le voir retirer son tshirt, elle avait vu quelque chose qui semblait bien plus rare et précieux.

    Pourtant, cela n'enlevait rien à toute la colère froide qu'elle avait nourri depuis quelques semaines déjà. A moins que ce ne soit sa fierté qui tambourine encore à la porte pour la supplier de la faire rentrer. Qui d'autre qu'elle, sinon, pour l'empêcher aussi savamment de passer l'éponge et de laisser une chance à son ami de se rattraper réellement. De reprendre leur amitié - s'il s'agissait encore de cela pour les deux partis - là où ils semblaient l'avoir arrêté pour quelques jours.

    — Si ça fait plus mal c'est parce que tu réalises que je le pense, avait-elle soufflé durement.

    C'était pas que les regards désobligeants des autres étudiants la dérangeait, mais presque. Enfin, non, c'était plutôt tout comme. Abandonnant le pauvre livre qu'elle était en train de torturer, elle avait croisé les jambes, observant avec attention l'air sérieux qu'il semblait vouloir se donner. Air qui lui allait aussi mal que ses plates excuses. Et sa fausse modestie, aussi.

    Et il était prêt à beaucoup de choses pour elle. Ca aussi, c'était quelque chose qui venait de lui ravir les oreilles. Et pas que les oreilles, d'ailleurs Thérèse s'était fait violence pour ne pas qu'un léger sourire pointe le bout de son nez, sur le coin de ses lèvres. S'il était prêt à beaucoup de chose, c'était bien qu'il tenait vraiment à elle, non ? Ou alors, Ray s'ennuyait vraiment dans sa vie pour s'acharner comme ça sur quelqu'un d'aussi têtu et aussi peu tempéré que l'était la fille Sherman.

    — Moi aussi, je préfèrerais qu'on en arrive pas là.

    Cette phrase, c'était sa façon de baisser les armes. Peut-être pas complètement, mais juste assez pour lui faire comprendre que, malgré l'agacement encore bien présent suscité par son comportement, elle était prête à lui laisser le temps de faire ses preuves. A quoi ? Elle n'en savait foutrement rien, mais là n'était pas la question, si ?

    — D'autres choses à rajouter pour ta défense, où le jury à le droit de délibérer ?

    Thérèse était dure avec Ray, mais c'était sa peine pour avoir osé lui poser un semblant de lapin. Parce qu'il s'agissait bien de ça: un lapin qu'on lui avait posé, quand bien même ils ne s'étaient mis en rien d'accord sur la signification de cette soirée. Après tout, ce n'était qu'une soirée comme une autre, entre deux amis un peu fêtard.

    Amis, et plus si affinités.




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