• et ça fait bim, bam, boum [ privé ]


    Mercredi 24 Mars 2021 à 16:06
    Cafevy

    Bonnie Baxter;

    Elle aurait voulu pouvoir se faire oublier, Bonnie. Se faire discrète, avec sa crinière verdâtre. Se faire petite, avec ses hauts talons qu'elle arborait quand le week-end arrivait. Elle aurait voulu être invisible, même, et passer inaperçue quand elle se faufiler docilement à contre courant, entre les étudiants un peu trop enjoué par la vie. Ca n'était qu'un constat un peu amer, de se dire qu'on était heureux, autour d'elle, quand tout ce qui emplissait son coeur était cette lancinante culpabilité qui ne l'avait quitté depuis dix neufs foutues années. Ce corps qu'on lui avait offert, cette vie qu'on avait subtilisé, Bonnie ne savait qu'en faire et se sentait parfois étouffée par cette abjection qu'elle connaissait en regardant cette enveloppe gracile dans les reflets des miroirs et des glaces quand elle croisait son propre regard. Elle avait l'impression d'être une inconnue, pour elle même, encore plus que pour les autres qui croyaient la connaitre mais à qui elle ne pouvait s'empêcher de mentir. Presque maladive.

    Les jours devenaient de plus en plus chaud pour elle qui était habituée au temps capricieux de la Grande-Bretagne, des jours de pluie sans fin, du vent à décorner les bœufs - elle n'en avait pourtant jamais vu, des cornes voler sans leurs vaches - et il aurait été idiot de ne pas en profiter. Seulement, ça n'était pas un terme bien courant, dans le vocabulaire de Baxter. Elle avait pourtant bien tenté de sortir un peu, de flâner dans les rues de l'île, de se mêler à la foule anonyme pour le devenir tout autant. Pourtant, à peine avait-elle mit un pied dehors qu'une vague de panique s'était saisit d'elle, venant s'écraser froidement contre sa poitrine, lui coupant la respiration - et l'herbe sous le pieds par la même occasion.

    S'en était suivie une course folle, très certainement maladroite, à travers un dédale de couloirs, la tête qui tourne, les jambes qui flanches, et les larmes aux bords de ses yeux. Et encore là, Bonnie n'avait pas l'impression d'être elle, mais plutôt de contrôler un amas de chairs, d'os, de terminaisons nerveuses, sans être elle même. C'était ainsi qu'elle s'était engouffrée dans une salle de classe qu'elle pensait vide si ce n'était de sa présence et du flot de pensée incontrôlable qui s'amusait vilement à la tourmenter.

    Le souffle court, elle s'était adossée au mur sans prêter attention à quoi que ce soit, envelopper par cette douce sensation de perdre pieds. Une crise de panique, sans aucun doute. Bonnie en avait assez fait pour savoir les reconnaitre. Elle s'était alors dit qu'en passant quelques minutes dans cette pièce, le temps de reprendre ses esprits, elle pourrait reprendre le cours de sa journée comme si de rien n'était. A ceci près qu'au lieu de batifoler dans les ruelles fraiches d'Eastwood, elle s'enfouirait sous sa couette, à se maudire, à se déteste encore un peu plus que la veille pour son incapacité à se surpasser. A surpasser ses impressions et craintes pas si idiotes que ça et qui lui pourrissaient une existence déjà bien bancale.

    Samedi 22 Mai 2021 à 12:55
    Upside

    Hershell:

    L'esprit à vif, les pensées tourbillonnant dans un flux infini d'idées toutes aussi loufoques les unes que les autres. Son imagination malade ne parviendrait pas à trouver le repos s'il n'allait pas expérimenter encore un peu l'invention sur laquelle il avait commencé à travailler.

    Il emporta quelques plans sous le bras avec sa créativité au bord de l'ébullition vers une salle dans laquelle il mettrait tout ça en oeuvre. Le temps était bon, les oiseaux chantait mais Hershell n'avait pas envie d'aller flâner sous le soleil, préférant s'enfermer malgré le beau temps. Sa tranquillité ne serait peut-être pas troublée si tout le pensionnat s'en allait profiter des quelques rayons chauds qui montraient le bout de leur nez.

    Il organisa son plan de travail dans une salle de travaux pratiques, disposant ses affaires avec soin tout en récupérant le matériel dont il aurait besoin. Hershell avait un projet, les voitures volantes, le train qui lévite et toutes cette science-fiction, véritable source d'inspiration sans fin. Ca lui avait donné envie d'essayer. Faire léviter un objet avec des procédés physiques et éventuellement étendre sa création à une planche. Qui sait s'il pourrait se balader sur le dos de son overboard made in Gainsborough.

    Ses lunettes de protection sur le visage, ses gants en latex sur les mains, il commença à travailler. Plongé dans son invention passionnée, il n'entendit pas la petite souris qui s'était glissée dans la même salle que lui, à pas feutrés au souffle pourtant paniqué. De ses mouvements contrôlés, il mettait en oeuvre petit à petit ce qui lui trottait dans l'esprit. Encore quelques manipulations... Il tirait machinalement la langue à mesure que ses doigts se précisaient sur sa machine.

    Quand soudain, ô maladresse! D'un tremblement mal réglé, petit dérapage, ça commença à fumer. Il s'éloigna d'un pas ne pouvant réprimé un cri de surprise, se doutant trop bien de ce qu'il allait arriver. Hershell fit tomber sa chaise tandis qu'il recula à quelques mètres de son plan de travail. D'un crépitement naquit quelques étincelles et ce fut un feu d'artifice. Quelques pièces volèrent dans un sifflement imprévu et le savant fou grimaça alors que sa création se désarticula. Il soupira de déception, quoiqu'un peu soulagé que l'explosion ne se soit pas mue en un incendie.

    Il s'apprêta à ranger son bazar un peu roussi lorsqu'il vit qu'il n'était pas seul. Une demoiselle aux cheveux verts avait eu le malheur d'entrer dans la même salle que lui, et pas forcément au meilleur moment. Elle avait l'air terrorisée, le jeune homme aux idées saugrenues leva ses lunettes sur le haut de sa tête en s'avançant doucement vers elle. Il ne voulait pas la brusquer.

    - Ca va? Tu n'as rien?

    Elle s'était peut-être pris un bout de ce qu'il était en train de confectionné, ou bien elle était allergique à la fumée? Hershell s'en voulut un peu de ne pas avoir fait plus attention avant de tout faire péter.

    Jeudi 1er Juillet 2021 à 19:23
    Cafevy

    Bonnie Baxter;

    Les jambes tremblantes, le souffle erratique, la poitrine se soulevant à un rythme irrégulier quand elle avait l'impression d'étouffer, l'irlandaise s'était maudite pour l'idée stupide qui avait pu la prendre de sortir de sa chambre. Ne pouvait-elle pas rester, comme toutes ces journées sans cours, dans sa chambre, sous sa couette ? Elle ne dérangeait personne, là-bas, puis ses colocataires n'étaient pas bien ennuyantes, et plutôt arrangeantes. Surtout Sasha, avec qui elle avait pu passer un peu de temps, devant un film, quoi que la communication semblait plutôt difficile avec cette dernière. Mais ça n'était pas bien grave, Bonnie n'était pas du genre à beaucoup parler, mais plutôt à celui de se faire toute petite, discrète, oublier, comme si son existence n'avait aucune importance.

    Perdue dans ses pensées, elle avait entendu un bruit.

    Un cri.

    Des lumières.

    L'enfer.

    Et l'angoisse avait été remplacé par la peur, cette fois si bien réelle, qu'il lui arrive quelque chose. Un peu de répit, un peu de repos, c'était trop demandé ?

    Comme premier réflexe, Bonnie s'était repliée sur elle même, quand ses jambes avaient eu, elles, la merveilleuse idée de céder sous son poids, et sous le coup de la crainte. Une pirouette mal exécutée, elle s'était retrouvée accroupie, adossée à un mur, tremblant comme une feuille, de tout son corps. Ce petit feu d'artifice lui rappelait d'étranges manifestations de sa naissance qu'elle aurait aisément préféré laisser derrière elle, et oublier, par la même occasion.

    Et une voix, à nouveau, qui la tirait de ses pensées.

    Ca va? Tu n'as rien?

    Heureusement que son esprit était bien trop embrumé par le voile pas si subtile que ça de la terreur, lorsqu'elle aurait pu se perdre en déclaration fumeuses (autant que la pièce) qui n'auraient eu grand sens pour des oreilles non averties. Rien n'allait, pour elle. Rien n'allait jamais, et c'était un mal bien enfoui au fond d'elle qu'elle espérait pouvoir surpasser un jour. Si elle n'avait rien ? Rien de plus que le bagage, que les blessures, qu'elle trainait à longueur de journée.

    —  Plus de peur que de mal.

    Une articulation approximative et son regard de biche prise devant des feux se relevait dans l'expression d'inquiétude qu'on lui servait. Pas franchement du genre à se souvenir des noms et des visages, elle n'avait alors su lui donner un nom, quand son inconscient avait été tout à fait charmé par cette chevelure soyeuse.

    — Enfin je crois.

    Plus de peur que de mal, c'était bien ce que l'on disait pour ne pas affoler qui que ce soit, n'est-ce pas ? Puis, ça collait bien à la situation: Bonnie avait été sincèrement épouvantée par le spectacle de son et lumière qui avait pris vie (presque feu) dans la pièce, mais rien de grave ne lui était arrivé.

    — Et toi, avait-elle alors demandé machinalement, la voix tremblante.

    Pas qu'elle se fichait de la réponse, mais plutôt qu'elle n'était plus franchement à même de réagir, de réfléchir, comme mise sur pilote automatique, en mode survie.

    Lundi 9 Août 2021 à 04:04
    Upside

    Herhsell:

    L'anglais et ses explosions qui faisaient face à la petite demoiselle apeurée dans un coin de la salle, c'était un peu comme ces camions qui fonçaient plein phares sur un renard sauvage sidéré au milieu de la route, fixant la mort arriver de ses grands yeux. Pourtant Hershell n'avait rien d'un camion et il comptait encore moins faucher la tête verte qui s'était réfugiée dans la même salle que lui. Le regard hagard qu'elle lui servait ne pouvait l'empêcher de se sentir infiniment coupable. Coupable de quoi? Il ne saurait le dire pour le moment.

    Sa question sembla la tirer d'une torpeur silencieuse et il crut un instant que ça n'allait vraiment pas. Il se préparait mentalement à taper le sprint de sa vie jusqu'à l'infirmerie, voire passer courageusement un appel aux urgences pour venir sauver la malheureuse de quel sort funeste son explosion l'avait destinée.

    - Plus de peur que de mal.

    Le jeune homme ne put s'empêcher de soupirer, légèrement soulagé à l'entente de la nouvelle qui laissait supposer qu'il n'avait été responsable d'aucun mal, tout du moins physique en tout cas. À moins que la peur qu'elle a ressenti ait été si forte qu'elle avait réussi à étouffer la douleur insoutenable d'un quelconque choc collatéral. En voilà des théories terribles qui venaient alimenter l'angoisse qu'il éprouvait en réfléchissant à l'étendue des dégâts de ses bêtises.

    - Enfin je crois.

    Coup de grâce, il ne sut pas s'il devait s'en inquiéter ou non. Elle lui retourna alors la question, s’enquérant sur son état à lui. Il fut un peu pris de court, il ne se sentait pas légitime à une telle question alors qu'il était l'instigateur de tout ce grabuge alors il bégaya un instant.

    -Je- oui! Tout va bien pour moi.

    Le scientifique en herbe avait pris ses dispositions afin de se protéger au mieux de ce qui pouvait arriver de pire. Qu'est-ce qui aurait pu mal se passer? Pas grand chose si vous voulez mon avis. Donc tout allait vraiment pour le mieux dans sa tête de linotte d'anglais un peu excentrique.

    - Mais c'est pas moi le plus important là maintenant! Ajouta-t-il en secouant un peu les mains. Tu es vraiment sûre que tout va bien, que t'es pas blessée?

    Il se risqua à lui demander une deuxième fois au cas où elle n'aurait pas oser la première.

    - Je suis vraiment désolé pour le désagrément causé, je voulais pas te faire peur. J'aurais dû mettre un panneau sur la porte ou faire plus attention avant de me lancer dans mes expériences. Tu avais besoin de la salle?

    Auquel cas, Hershell déménagerait toutes ses affaires et passerait un brin de ménage afin de la lui céder.

    Dimanche 22 Août 2021 à 19:35
    Cafevy

    Bonnie Baxter;

    Une douleur dans la poitrine, le cœur palpitant, le souffle court, les yeux balayant la salle embrumée d'un fin voile de fumée provoquée par l'explosion dont elle n'avait trop compris ni la cause ni la naissance ; Bonnie avait cru sa dernière heure arrivée, des souvenirs et recommandations funestes plein la tête. Le monde, dehors, là-bas, était un monde dangereux pour les êtres de sa nature, et si la date fatidique était dépassée depuis de longues et misérables années, la fée de malheur craignait toujours un coup du destin qui la renverrait chez elle. A son vrai chez elle, où ce que l'on appelait le foyer qui avait vu notre prime naissance, les premiers pas et les balbutiement enfantins mais qui n'était pour elle que quelques pantins désarticulés sur une musique mal accordée. Chez elle, entre ses touffes d'herbes et quelques cailloux nonchalant sur le sol, loin de la chance exquise qu'on lui avait donné sans se demander ce qu'il adviendrait de sa prédécesseur. Une dette était une dette, et, impayée, elle ne porterait sur la famille qui l'avait contracté qu'une esquisse maladroite du dernier enfant né. Des souvenirs, là aussi, aussi terrassant que coupables.

    Et, si tout allait bien pour l'alchimiste, le changeling n'aurait trop su en répondre. Tu es vraiment sûre que tout va bien, que t'es pas blessée? Il n'y avait là que son propre esprit qui l'était et ses certitudes, quand son derme, lui, était vierge de toute blessure, même superficielle. Alors, elle hochait la tête avec une force un peu trop brusque, un peu trop précipitée pour n'inquiétait un peu plus son camarade.

    — Pas de soucis.

    Une voix fluette, douce, presque absente, elle avait porté une main à sa poitrine, à son cœur, comme si ce simple geste aurait su faire taire les battements incessants de son myocarde affolé. Sans trop savoir si cette état second lui était provoqué par la frayeur qu'elle venait d'avoir ou la cause de tout ce grabuge qui se tenait juste devant elle. La proximité avec ses paires, où ceux qu'elle faisaient passer pour tels, n'était pas son fort, et, dans de pareilles circonstances, sa présence ne faisait qu'accentuer son malaise. Il avait pourtant l'air gentil. Il avait pourtant tout l'air d'un adorable humain, à s'inquiéter pour elle.

    Je suis vraiment désolé.

    Et ils se confondaient en excuses, prêt à s'éclipser comme si de rien n'était pour laisser la jeune femme vaquer à des occupations toutes sommaires et fictives. Si elle était entrée dans cette pièce, ce n'était que pour fuir la foule, et se fuir elle même et l'angoisse qui grandissait au creux de sa poitrine.

    — Oh, non, non, je n'ai pas besoin de la salle !

    Aussi embêtée que l'anglais, elle balbutiait de son accent à couper au couteau, rappels d'un pays lointain qu'elle avait, lui aussi, lâchement fuit dans l'espoir de ne plus être suivie par ces démons et ces fantômes que son esprit bien trop tendre lui avait infligé pour des accords qu'elle n'avait même pas passé.

    — Je passais simplement....je passais simplement par là, j'aurais du vérifier si quelqu'un était là avant moi, désolé !

    Des excuses servie sur un plateau d'argent. Des excuses à ne plus savoir quoi en faire. Des excuses qu'elle sortait, à longueur de journée, pour son existence même et l'oxygène qu'elle respirait, qu'elle volait à ses congénères, comme elle avait volé celle de ce bébé.

    — Qu'est-ce qui...hm...qu'est-ce qui a explosé ?

    D'une voix toujours mal avisée, poussée par une morbide curiosité, Bonnie s'était empressée de demander la cause de ce rafût, et de cette frayeur dont elle ne savait tout à fait se remettre sur le moment.




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