"drink responsability" means don't spill it [ fermé ]

Thérèse Sherman;

La tête qui danse une valse endiablée, les jambes lourdes menaçant pourtant de céder à tout instant, c'était là le spectacle déplorable qu'elle offrait à Ray. La chaleur étouffante d'un été peu clément finissait d'achever sa bonne volonté, et lui donnait envie de sauter à pieds joints dans l'eau fraiche d'une piscine. Ou de s'enfermer dans un des congélateurs en cuisines du pensionnat, chose qu'elle aurait sans doute tenter de faire si Hershell ne l'avait pas expressément raccompagnée jusqu'à son dortoir. La situation aurait pu être ingérable, et Thérèse, une fois endormis, se laisserait sans doute aller, inerte, tout au long du week-end, tentant de retrouver un peu de composition et retrouver sa fierté une fois le souvenir de sa soirée réapparu. Au moins, cette fois, elle n'avait refait le portrait de personne.

— tu déranges pas!

Une réponse un peu trop précipité à une question qui n'attendait apparemment pas un tel empressement.

— enfin, je veux dire-

Elle s’accrochait à sa porte avec une hargne étonnante pour sa frêle carrure et les effets de l'alcool agissant à une vitesse incroyable dans son métabolisme. Quatre verres, c'était assez pour la rendre saoul, lui faire prendre des décisions pas toujours très éclairées, mais pas assez non plus pour se rouler par terre, dans son propre vomis. Elle avait fait cette expérience, une fois, et espérait bien que ce serait la dernière.

— je crois pas.

Elle lança un regard hagard en direction de la chambre qu'elle était censée partager. Mais avec qui? Thérèse n'avait pas vraiment fait l'effort de retenir leur visages ou leur noms. Une chose était cependant sure: si qui que ce soit était présent dans ce dortoir, il aurait du être mort pour ne pas être réveillé par les jérémiades de Thérèse. A moitié sourde, elle parlait bien plus fort qu'elle ne le pensait.

— ça tape la dedans.

Une certaine concentration était requise pour comprendre les syllabes qui se détachaient des mots de Ray. Parce que dans sa tête, c'était le second round de la soirée, les enceintes à fonds et les stroboscopes qui se déchainaient. Et puis qu'est-ce qu'il faisait chaud, putain, mélange de boisson, d'été, et de trouble pas tout à fait assumé.

Ray;

Est-ce qu'en temps normal, Thérèse lui aurait donné son autorisation pour entrer aussi vite ? Et est-ce qu'en temps normal il aurait eut ce genre de reflexion concernant la vitesse et l'engouement de ses réponses ? Non, probablement pas. L'alcool créait une curieuse réaction chez Thérèse, réaction qui pouvait sembler un peu drôle à première vue mais qui ne rassurait pas forcément Ray.

Elle criait presque, vraisemblablement elle ne s'entendait pas vraiment, son mal de crâne devait être monstrueux et si elle continuer à parler aussi fort, elle allait réveiller ses voisins. Enfin, voisines du coup, puisque Ray était le seul homme présent dans cette partie du pensionnat à cette heure là. Normalement.

Ray dépassait Thérèse d'une bonne quinzaine de centimètres alors il jeta un coup d'oeil dans la chambre plongée dans la pénombre, histoire d'être sûr qu'effectivement, il y avait personne. En tout cas il n'y avait pas de bruit et rien, à part la brune qui glissait contre la porte, ne semblait bouger.

Alors il passa le bras de sa camarade autour de ses épaules, histoire de ménager un peu la pauvre porte et l'amena à l'intérieur de la chambre. 

Allumer la lumière serait surement un peu trop violent pour les pauvres yeux de Thérèse alors, après l'avoir déposée sur un lit qui, il l'espérait, était le sien, il se dirigea vers la fenêtre et entrouvrit les volets pour laisser passer un peu de lumière naturelle. Ray, de part sa nature d'oiseau, avait une bonne vue alors il n'en avait pas vraiment besoin mais si Thérèse voulait se lever, c'était préférable qu'elle voie où elle mette les pieds. Toujours tourné vers la fenêtre, il murmura:

— Tu devrais te changer, tu serais plus à l'aise.

Parce que sa robe, bien que très jolie, ne devait pas être très confortable.

— Je regarde pas t'inquiètes pas.

Pour appuyer ses propos, il déploya ses ailes, si bien que même si il voulait tourner la tête, la seule chose qu'il voyait était des plumes flamboyantes.

Thérèse Sherman;

La porte à laquelle elle s'accrochait désespérément glissa entre ses doigts fébriles. Quelques protestations dans le vide et Thérèse se retrouva sur un lit qui n'était probablement pas le sien. Manque de volonté flagrant, la jeune femme se laissa toutefois tomber en arrière, la tête sur un oreille un peu trop dur à son gout. Quelques secondes de plus et elle aurait pu s'abandonner aux séduisants bras de Morphée, seulement tenue éveillée par la chaleur étouffante et la présence de son camarade ailé.

Ce changer, ça s'en était une bonne idée. Mais cela rimait aussi avec abdiquer sa place dans les draps. Après s'être frottée les yeux avec un peu trop de convictions, Thérèse se releva nonchalamment jusqu'à atteindre son armoire. Du bout de son pied nu, elle se frayait un chemin au travers des vêtements éparpillés sur le tapis tout en essayant de garder un semblant de gravité. Heureusement, la porte du meuble était tout aussi pratique que la porte de son dortoir.

Il aurait été, bien entendu, trop utopiste de penser que Thérèse réussirait à se changer. Sa robe, balancée dans un coin de la pièce, fut vite remplacé par un pyjama. Si le short n'avait connu aucun obstacle, le tshirt et ses trois trous devenait bien plus complexe a enfiler. Et si les bras avaient rejoins les bons embranchement, le dessin était étrangement invisible. Tant pis, Thérèse était dans un état second qui empêchait tout discernement quand la fatigue arrivant lui aurait enlevé toute envie de recommencer la manœuvre.

— c'est bon, fit-elle d'une voix trainante.

Ray avait gentiment ouvert les volets de sa fenêtre. Cela, Thérèse ne s'en rendit compte qu'une fois habillé. Le temps passait de plus en plus vite, ou bien? Maintenant, il fallait faire le chemin inverse. Et c'était toujours pas une mince à faire.

— t'tais pas obligé de venir.

Loin d'elle l'envie de renvoyer Ray dans son dortoir, mais ça aurait été mentir que de cacher sa surprise. Personnellement, dans la situation inverse, elle aurait simplement maudit sur trois générations son camarade avant de s'enfoncer la tête dans son coussin. Il était bien gentil. Ça lui faisait tout drôle au cœur. Foutu alcool.

— mais euh- merci?

Et elle se laissa une fois de plus retombée sur le lit dans un bruit sourd, tenta du mieux qu'elle le pouvait, dans l'obscurité plus si obscure, de distinguer les yeux de Ray. C'était quand même plus poli. Non mais.

ray edwards;

Il attendit patiemment, jetant des regards séducteurs à son reflet sur la vitre. Elle en mettait du temps pour mettre un pyjama. Finalement elle lui donna le signal pour qu'il se retourne et il replia ses ailes avant de lui refaire face. Sa tenue était beaucoup moins attirante que la précédente mais il était évident qu'elle devait se sentir mieux. Il se garda de rire à la vue de son haut mais lui fit quand même la remarque:

— Ton t-shirt est à l'envers je crois.

Il s'approcha d'elle, observant la pièce alors qu'elle lui disait qu'il n'était pas obligé de venir. En effet, il aurait très bien pu rester dans son dortoir et pioncer 3 heures de plus. Mais maintenant qu'il était là il n'avait pas envie d'être autre part ou avec quelqu'un d'autre. Pourtant le cadre n'était pas forcément pas agréable, la chambre était mal rangée, sombre et la chaleur y était étouffante. Enfin si il voulait qu'il parte, il pouvait. Il n'en avait pas envie, mais il pouvait.

— J'peux partir si tu veux.

Le lit grinça et Ray reporta son attention sur la demoiselle désormais allongée. Il haussa les épaules, accompagna son geste d'un "c'est normal" nonchalant. Il aurait pu aller la rejoindre sur le matelas mais ne le fit pas, elle n'en avait pas fait la demande alors il préférait rester loin. Au lieu de ça, il attrapa une chaise et la tira pour s'assoir dessus, option moins confortable mais plus raisonnable au vu de la situation.

C'était la première fois depuis un bout de temps qu'il passait autant de temps habillé dans la chambre d'une femme qui n'était pas de sa famille. Ça lui faisait tout drôle, il devait bien l'avouer.

Thérèse Sherman;

Son t-shirt était à l'envers. Sympa. Cette information ne tira de Thérèse qu'un soupire las. Qu'est-ce que la vie pouvait être compliqué, vraiment, on avait pas idée. Avec une difficulté nullement dissimulée, elle roula jusqu'à attendre le mur contre lequel elle avait décidé de coller son lit après deux réveils douloureux, au sol. Si elle restait allongée, le sommeil aurait raison d'elle, et comme ni l'un ni l'autre n'avait apparemment pas envie de se retrouver seul, Thérèse pouvait bien faire l'effort de rester éveillée un peu plus longtemps. Dans son cerveau ramollis, la jeune femme pesa le pour et le contre: devait-elle remettre son tshirt en place? A quoi bon, elle devait avoir une sale gueule de toute façon, alors foutu pour foutu.

— oue... Pause. Non!

La douleur dans sa tête commençait a se répandre dans tout son corps. Ses pieds meurtris par les talons criaient qu'on les achèves, sa nuque hurlait d'être décapitée. Thérèse avait l'impression d'être une petite vieille. Depuis quand ne tenait-elle plus l'alcool? Ça devenait grave, la majorité n'était pas encore atteinte qu'elle trainait sa carcasse sur son lit en pyjama dépareillé après seulement quelques petites heures dans une boite même pas si folle que ça.

Puis de toute façon, il faisait déjà comme chez lui. Enfin, à la grande surprise de Thérèse, Ray gardait comme un périmètre de sécurité entre elle et lui. Mais maintenant qu'ils se trouvaient comme deux cons assit l'un en face de l'autre sans autre raison que les escapades nocturnes de Thérèse, la situation allait vite devenir foutrement gênante.

— et, eeuuh, sinon.

Elle savait faire la conversation, Thérèse, mais dans cet état, ça risquait d'être un beau bordel, un flot inconsistant de mots mis les uns après les autres. Puis elle dépensait déjà pas mal d'énergie à se maitriser, histoire de pas se faire cramer. Parce que là, ce serait la fin du monde.

T'es gentil, qu'elle venait de dire, brisant le silence, un sourire sur les lèvres. Parce que c'était vrai, qui aurait fait le déplacement pour elle sinon? Bon, peut être Hershell qui l'avait accompagné, sans doute dans l'idée saugrenue de lui servir de chaperon. Mais Ray, c'était pas Hershell. Enfin, c'était évident que ce n'était pas les même personnes.

— tu veux pas aller là, demanda-t-elle en pointant du menton le lit de sa supposée colocataire qu'elle n'avait jamais vu. Peut être n'existait-elle que dans son imagination. Cette idée lui fit froid dans le dos. De toute façon, elle ne s'en rendrait pas compte. Où là? Et part là, elle entendait la place qu'il y avait désormais à côté d'elle sur son lit défait par l'impact pas tout à fait gracieux de son corps mort contre le sommier plus tout jeune. Parce que c'était pas très poli en fait, de s'asseoir sur un lit dont on avait pas l'autorisation. Et puis cette chaise, elle devait pas être agréable, et Ray méritait bien un peu plus de considération pour son dévouement. Quel chevalier dans son armure scintillante. Ou peut être simplement parce que Thérèse venait d'avoir une subite lubie et avait envie que son camarade s'assoit à ses côtés.

ray edwards;

L'oiseau se pencha en avant, posant ses avant bras sur ses cuisses et entrelaçant ses doigts. La chaise n'était pas confortable du tout mais c'était déjà mieux que de rester debout. Le corps fatigué de Ray n'aurait sans doute pas supporté cette option là. oue... non ! Est-ce que Thérèse hésitait ou c'était l'alcool qui l'empêchait de s'exprimer clairement ? Le blond espérait vraiment que la seconde option était la bonne.

Ray avait l'habitude des compliments. 'T'es beau', 't'es charmant', 't'as des beaux cheveux', 'wow cool les ailes', ça faisait toujours plaisir mais à force ça perdait un peu de son impact. On le complimentait toujours sur son physique, parfois sur ses prestations nocturnes mais rarement sur des traits de sa personnalité. Alors ce "t'es gentil", bien que surement amené par la boisson, provoqua une drôle de sensation au creux du ventre de Ray. Et des rougeurs sur ses joues ainsi qu'un grand sourire. C'est vrai qu'il était gentil, en plus d'être beau et modeste.

Il se leva, s'apprêtait à s'affaler sur le lit qu'elle lui montrait. Et puis elle énonça une autre proposition, bien plus interessante que la première. Son lit à elle. Avec elle dedans. Si Ray était un beauf, il aurait sifflé d'émerveillement. Mais l'ainé Edwards était un homme classe alors il siffla intérieurement. Le lit de Thérèse n'avait pas l'air plus confortable que l'autre mais la brune lui avait sans doute demandé de venir à côté d'elle parce qu'elle avait besoin de compagnie. Et Ray était gentil, elle venait de le dire, alors il n'allait surement pas dire non. Quelle grandeur d'âme, quel sens du dévouement.

Il enleva ses tongs et s'affala à côté d'elle, sur le ventre, les yeux tournés vers elle, un petit sourire d'imbécile heureux sur ses lèvres pâles. Quelle invention fantastique le matelas.

— T'es sortie toute seule ?

Thérèse Sherman;

L'alcool amenait à Thérèse une franchise toute nouvelle. D'un naturel franc, Thérèse savait surtout exprimer le fond de sa pensée lorsqu'il s'agissait de son agacement, et souvent aussi lorsqu'il s'agissait de faire comprendre son intérêt à un beau jeune homme ou une jolie jeune fille. Mais avec ses grammes là, c'était un abandon franc et sentimental qui se saisissait de son petit cœur d'artichaut. Parce qu'au fond, Thérèse était au moins aussi romantique qu'elle pouvait intimider les moins téméraires des élèves du pensionnats. Tant pis pour Ray. Il en était expressément devenu la cible.

Elle le suivit jusqu'à sa destination. Avec, à nouveau, très peu de surprise, il décida de la rejoindre. Non pas que ça dérangeait Thérèse. Au contraire. Le petit sourire qui se dessinait sur ses lèvres fatiguées en témoignait. Il avait vraiment l'air fatiguée. Mais ce n'était pas le temps des remords. Des regrets, elle en aurait probablement à son réveil quand un petit rappel des faits serait nécessaire. Si elle survivait à cette nuit de débauche, pas sur que la honte ne la pousse dans sa propre tombe.

T'es sortie toute seule ?

Thérèse secoua la tête.

— Hershell.

Les mots devenaient compliqués, alors la jeune femme se contentait du minimum syndical, jonglant entre des périodes de silence reposant les yeux fermés et sa tête reposant contre le mur miraculeusement encore un peu frais, et ses prises de paroles où, magnanime, elle faisait l'effort de poser son regard sur son camarade étalé à côté d'elle. Il en prenait de la place en plus.

— Apparemment j'ai besoin qu'on me surveille.

Thérèse fit la moue. Comme à son habitude. Elle omis bien entendu la petite nuance qui voulait que ce soit elle qui avait appelé Hershell pour le trainer dans des boites étranges. Lui n'avait que sembler affolé lorsqu'elle ne se défila pas, prête à enjamber elle même les herses des barrières du pensionnat.

— J'aurais pu les passer toutes seules, les clôtures.

Elle aurait se serait sans doute cassé la figure avec ses talons et arrachés un bout de robe. Ou cassé le nez. Mais Thérèse semblait persuadé de sa propre connerie. Elle pouvait être belle, intelligente, marrante, mais parfois, elle manquait de discernement. Et c'était flagrant. Un peu trop casse-cou, ou inconsidérée.

— 'u voulais venir?

Parce qu'elle aurait bien pu lui proposer, maintenant qu'elle y réfléchissait.

Ray Edwards;

Il profita qu'elle ait les yeux fermés pour la détailler sans vergogne, détournant les yeux lorsqu'elle ouvrait les siens, histoire de ne pas trop l'effrayer. Il était dans son lit à 4 heures du matin, si il commençait à la fixer sans gêne, elle aurait pu trouver ça inquiétant.

Le lit n'était pas bien grand, la cuisse de Thérèse touchait le bras de Ray mais ce dernier ne pouvait pas bien faire autrement. Si il se poussait, il tombait par terre. Ray connaissait Hershell de loin, ils avaient des amis en communs et s'étaient déjà parlés quelques fois mais le fait qu'il était anglais, Ray ne connaissait pas grand chose de lui. Enfin, il avait l'air gentil, sinon Thérèse n'aurait surement pas acceptée qu'il l'accompagne.

Elle se vanta un peu, expliquant qu'elle était tout à fait capable de passer les clotures seules. Ray ricana, son rire étant un peu étouffé par les draps.

— C'est évident. Avec tes bras super musclés.

Et pour prouver la véracité de ce qu'il avançait, il leva sa main doucement, trop fatigué pour faire des gestes plus rapides et pinça tout doucement le biceps de Thérèse. Heureusement qu'elle n'avait pas escaladé les dites clôtures parce qu'il ne pinçait pas grand chose actuellement. Déjà qu'elle était pas mal amoché, ç'aurait pu être pire.

Il haussa les épaules. Peut-être pas ce soir là parce qu'il était claqué et n'aurait pas profité de sa soirée mais sinon oui, en temps normal il aimait aller en boîte alors pourquoi pas.

— J'serais surement rentré bourré, marmonna t-il, je s'rais p'têtre même pas rentré du tout. 

C'était fréquent qu'il squatte le lit d'une inconnue en sortie de boîte. Ça arrivait même quasiment à chaque fois. Enfin peut-être que si Thérèse était là, il s'abstiendrait. Surement, même.

Thérèse Sherman;

Bien entendu qu'elle y arriverait. Thérèse avait déjà fait pire. Les anecdotes n'étaient pas une mince à faire avec elle, la terrible Sherman. De toute la famille, c'était bien elle la pire, et pour tout. Sans prétention, Thérèse avait fugué, un beau jour, en passant par le balcon et la gouttière. Si dans son esprit de jeune fille rebelle de 14 ans la scène ressemblait au dernier Mission:Impossible, avec elle en tête d'affiche aux côtés de Tom Cruise, de l'extérieur, il n'y avait rien de bien épiques à voir. Surtout que le tuyau avait finit par céder, à moins que ce ne soit ses bras, et qu'à minuit, Thérèse se retrouvait le cul sur le trottoir, le maquillage délavé par la gouttière, et la grand-mère à la rescousse pour lui remonter les bretelles. Décidément, il fallait qu'elle s'abstienne, pour son intégrité et sa santé physique, elle qui était déjà vendu en kit.

Elle laissa s'échapper un petit gémissement de douleur lorsqu'on vient effrontément pincer son bras; Si tout son corps lui paraissait mort, la pression que Ray avait exercé avait suffit à lui tirer un petit cri.

— Faut pas s'gêner surtout!

Avec un peu plus de vivacité dans ses bras, Thérèse se serait sans doute venger, et pas qu'un peu. Mais vu l'état des deux cadavres sur le matelas, la jeune femme n'avait aucune énergie à déployer dans ce genre de chamaillerie enfantine.

— On aurait été deux.

Elle pouffa. Sa remarque s'appliquait vraisemblablement plus à l'état passablement éméché qu'à la possibilité de ne pas rentrer, en train de se triturer les méninges pour comprendre le sens de cette affirmation.

— heureusement qu'y avait Shelly alors.

Parce qu'en plus de devenir sentimentale, Thérèse en devenait presque niaise, elle qui n'avait arrêté d'utiliser ce surnom tout à fait amical avec l'anglais. Elle avait un petit sourire niais: Shelly, c'était vraiment un surnom aussi pourri que mignon.

— ç'aurait pu et'e marrant.

Tout les deux, bourrés, ça aurait valu le coup d'oeil. C'est du moins ce que pensait Thérèse, toutefois bien contente d'avoir été ramené par son ami si gentleman plutôt qu'abandonné au beau milieu de la boite par Ray.

— m'aurait vraiment abandonné? marmonna-t-elle à son tour.

Ray Edwards;

Nouveau petit ricanement étouffé par le matelas. Il avait envie de dormir mais il avait encore plus envie d'embêter Thérèse. Faut pas se gêner surtout. Oh ça il ne fallait pas lui dire deux fois.

— Dis pas ça, je suis capable de me déssapper là maintenant tellement j'ai chaud.

Bien sûr il plaisantait, il se doutait bien que Thérèse allait de nouveau montrer sa désapprobation. 

Ils auraient étés bien malins, tout les deux, bourrés au milieu de la boîte. En plus Ray, déjà pas très bon danseur habituellement, devenait encore plus médiocre avec de l'alcool dans le sang. Le blond ne put s'empêcher de se demander comment était Thérèse quand elle sortait le soir, lorsqu'elle n'était pas ivre sans être tout à fait sobre. Décidément il se devait de l'emmener en boîte une fois dans sa vie, juste pour voir ça de ses propres yeux.

— Pfff, Shelly ça fait nom de brebis.

À vrai dire, bien que ce surnom-ci soit vraiment pas terrible, Ray était un peu jaloux. Son prénom ne permettait pas les diminutifs mais lui aussi il voulait que Thérèse lui donne un surnom. Un surnom cool par contre, pas un surnom de brebis.

Son ton presque enfantin eut le don de faire culpabiliser l'oiseau. Oui, en sachant qu'il y'avait Hershell, si une jolie demoiselle avait expressément exprimé le souhait qu'il rentre avec elle, il aurait hésité. Ray était toujours partant pour passer la nuit dans les bras d'une demoiselle. Mais en vérité il serait quand même resté avec Thérèse, même bourré il s'inquiétait beaucoup.

— chais pas, sûrement pas, répondit t-il si bas qu'il se demandait si elle allait pouvoir l'entendre.